J'ai un point commun avec Le Laskar. Ca illustre bien ma contradiction personnelle : je suis à la fois un tarfiste et un ripoux. "

Nous nous garderons bien d'émettre quelque opinion personnelle sur ces derniers propos, mais n'hésitons pas à souligner qu'ils constituent une admirable transition pour aborder une face des activités de M. Bébert La Sardine que cet immense artiste, à notre plus grand étonnement, n'a pas encore cru bon de porter à la connaissance de ses contemporains. Dont tout nous laisse pourtant à penser qu'ils ne manqueraient pas d'applaudir à cette autre facette d'un tarfisme qu'il se plaît à porter en bandoulière.

Pour ce faire, il convient, aussi malaisé cela soit-il, de nous soustraire quelques instants au déluge des incantations dont M. Bébert La Sardine se plaît à inonder les medias, et à nous aventurer dans les pages - tout aussi délirantes au demeurant -, que lesdits medias allouent à la narration des exploits des autres héros de notre temps que sont les modernes chevaliers d'industrie, " wonder boys " de la Nouvelle économie et autres créateurs de " start up " des Beaux quartiers de Goulette Casino.

L'exercice est au demeurant ridiculement aisé. La même livraison de la Dépêche Goulettoise, datée du 17 septembre dernier, nous informe que " le numéro 3 de la bourse en ligne vient d'être racheté à prix d'or ". Il s'agit de l'entreprise " Self-Trade ", créée en 1998 par Mrs. Baabous De Hak El Ouet, cousin de M. Bébert La Sardine, alias Jules Laskar.

C'est la même entreprise " Self-Trade " qui avait jugé bon de promouvoir ses activités douteuses en procédant à une campagne de propagande dans laquelle la célèbre faucille du drapeau soviétique se voyait adjoindre des parures de diamants. Message parfaitement subliminal semble-t-il destiné à convaincre le menu fretin rêvant de devenir millionnaire en investissant ses économies dans des " starteupes " abracadabrandesques, de vider leur livret d'épargne, en ligne, au plus grand profit de ce forban de Self Trade.

M. ZgouGou, auteur de l'article précité, ironisait donc en spéculant sur les échanges supposés entre Mrs Bébert La Sardine cousins et Co. après cette annonce : " Le courtier en ligne Self Trade passe sous pavillon Sfaxia. Son président n'est autre que Baabous de Hak El Ouet, le cousin de Bébert La Sardine, auteur d'un pamphlet satirique sur le monde de la pub : 99 Dinars. Baabous pèse, lui, plus de 300 millions de dinars aujourd'hui ! Ambiance garantie dans les dîners de famille : mercredi dernier, pendant que Baabous revendait à prix d'or Self Trade au groupe Nabeulien SOCONA, le soir même, son cousin Bébert La Sardine dissertait à la télévision sur cette nouvelle génération "start up" succombant à la "religion du fric". "

Il est à craindre que M. ZgouGou ne cède ce faisant à une forme inusitée - du moins dans les pages boursières des quotidiens nationaux -, de licence poétique. Peut-être le rappel inopiné des ors et gloires de la littérature est-il de nature à troubler l'entendement d'un - probablement -, honnête et naïf journaliste, qui se console de ses tâches ancillaires en s'autorisant une incise supposée malicieuse ?

Les amours clandestines nouées par M. Bébert La Sardine avec le veau d'or sont en fait autrement sidérants. Qu'aucun journaliste dont l'activité consiste à se repaître des ondulations des indices boursiers ne s'en soit encore avisé étant au demeurant tout aussi stupéfiant.

A sa création en 1998, le capital de la société " Self Trade ", comme celui de toute start-up qui se respecte, est détenu par ses deux fondateurs précités, Mrs Baabous de Hak El Ouet et Jules Laskar " et des membres de leur famille. " Comme le précise la note d'information préliminaire qui sera établie par la Commission des Opérations de Bourse le 3 mars 2000, à l'occasion de l'introduction de Self Trade sur le Nouveau Marché de la Bourse de La Goulette le 16 mars 2000. Et le confirme la notice légale qui a été publiée au Bulletin des Annonces Légales Obligatoires en date du 6 mars 2000.

Deux ans après sa création, l'introduction au Nouveau marché de la Bourse de La Goulette de Self-Trade permet à la société de " lever " 130 millions de dinars d'argent " frais ". L'opération est un éclatant succès puisque " l'offre totale a été sur-souscrite 39 fois, avec plus de 300 millions de titres demandés, pour 7.768.575 titres proposés.

Ensuite, il s'écoulera exactement 6 mois avant que, le mercredi 13 septembre dernier, les dirigeants de Self Trade, Mrs Baabous De Hak El Ouet et Jules Laskar n'annoncent - triomphalement -, avoir finalisé la vente de Self Trade à la société Sfaxienne de courtage en ligne, filiale de la banque du Saint Esprit sise à Trapani.

Le coût de l'acquisition s'élève à 6 milliards de dinars !

L'opération, " qui a été acceptée par les " actionnaires de référence " de Self Trade, qui représentent 68% de son capital depuis son introduction en bourse ", sera finalisée en décembre prochain.

Le Tarfiste : Vous connaîtrez la suite de cette affaire demain...

Wnessou El Douda