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LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

 

LA VIE A LA GOULETTE, PART XI


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Ce qui me manque des fois de la vie a la Goulette, c'est le menage. Ca ne doit pas manquer aux hommes car les hommes ne faisaient pas le menage. Les femmes et les hommes avaient des roles bien definis et il n'etait pas question pour un homme de faire la vaisselle ou de laver le linge a la main. Ca, c'etait le travail de leur femme.
Eux, ils allaient a Tunis ou a leur travail a la Goulette et rentraient pour etre servis et manger. Tout etait prepare pour eux. Les lits etaient propres, le parterre lave et les enfants changes et nourris.
Mais ils payaient pour tout car la plupart des femmes a la Goulette (1950 a 1970) ne travaillaient pas (dehors), a part les veuves, les divorcees ou les celibataires qui n'avaient pas de mari pour les entretenir.
Le matin, le menage commencait par les lits que l'on laisser aerer pendant que l'on faisait la vaisselle a la main. Avec quoi  lavait-on la vaisselle ? avec du savon vert ou blanc que l'on achetait au poids et que l'on faisait fondre ou simplement que l'on utilisait avec du "jex" ou une sorte de fibre qui frottait bien les casseroles
et les assiettes. (c'etait une corde que l'on ouvrait et que l'on mettait en boule: "la Halfe", c'est ca). Le tout se faisait dans le meme evier:  un par un, on lavait puis on rinceait les ustensiles. Rien n'etait lave ou  rince dans la meme eau (pas chez nous, en tout cas). On faisait briller les casseroles avec du citron coupe en deux.
Pour le linge, deux ou trois fois par semaine, on avait une ou deux bonnes qui nous aidaient a laver le linge. Il y avait une bassine pour faire tremper le linge pendant la nuit. Le lendemain, une bassine pour laver le linge et une autre pour rincer le linge. Le linge prenait une demi-journee a finir. On le froittait piece par piece, a la main et il y avait une planche sur la bassine ou le linge etait battu et frotte  puis essore et puis trempe, puis rince et re-essore pour etre pret a etendre.
Ouf!
On le mettait dans des bassinettes et on allait l'etendre sur la terrasse.  Quelques heures plus tard, on allait enlever le linge sec et on etendait encore du linge mouille avec des epingles a linge sur des cordes. Les cordes et les epingles a linge etaient un bon business car les epingles a linge disparaissaient ou se cassaient avec le vent et il fallait tout le temps en acheter de nouvelles.
En hiver, le linge etait plus difficile a secher. On faisait secher les draps et quelques affaires sur les portes. Si c'etait urgent, on repassait le linge mouille jusqu'a ce que ca seche. Le linge seulement etait un travail a plein temps, je dirai.
Dans les annees 50 on lavait le linge avec du savon vert ou blanc fondu et apres, la lessive en poudre est apparue vers les annees 60s.  A l'age de 9 mois, on m'a dit que j'avais grimpe dans une bassine d'eau parterre pendant que ma mere etait dehors ou a la terrasse et j'ai failli me noyer. J'hurlais et c'est ma tante qui avait entendu mes cris qui m'a sauvee la vie en coupant le grillage metallique de la fenetre de la cuisine et en passant a travers.  J'ai encore une cicatrice sur la tete.
On lavait le parterre le matin et apres le dejeuner. J'ai oublie: d'abord on balayait. Ca doit etre ca qui me manque: de balayer. Car maintenant je passe l'aspirateur. (quelle horreur!)
J'aimais aussi laver le parterre. On mettait de l'eau parterre. On frottait avec un peu de detergent et apres on rinceait et on poussait  l'eau dehors avec un balai vers la cours et ca allait dans les egouts. Pour secher, on avait un seau d'eau. On trempait un chiffon (de parterre) dedans et on l'essorait et apres on essuyait le parterre avec les deux mains, baissees ou penchees vers le parterre. Ca nous permettait de rester en forme et d'avoir le ventre plat.
Et le parterre apres sechait tres vite, naturellement. Pour les lits, on eventait les draps et les remettait sur les lits ou on changeait les draps. Pour les lits des enfants on mettait des toiles cirees pour proteger les matelas car les petits ne mettaient   pas de couches (disposables diapers) et quelquefois pissaient au lit.
On essayait d'eduquer les enfants d'aller au pot tout seul vers l'age d'un an mais la nuit, ca variait d'apres la maturite de l'enfant.  Lorsque le linge etait sec, bien sur on le pliait et on repassait le reste.
Pour les affaires a degraisser, comme les tailleurs et les manteaux, on allait chez une francaise en face de chez nous sur l'avenue Habib Bourguiba (qui avant de s'appeler l'avenue Habib Bourguiba, s'appelait la rue Doumer je crois) qui nous les nettoyait a sec chez elle.
Encore une fois, je parle des annees 50 et 60. Si vous avez vecu a la Goulette dans une autre periode, vos souvenirs sont surement differents. (Je plaisante. meme de nos jours les gens font le nettoyage a sec).
De temps en temps, on nettoyait les vitres des fenetres avec du papier journal trempe dans de l'eau ou du vinaigre, je ne me rappelle plus.
Comme le manger etait prepare matin, midi et soir, chez nous c'etait comme un restaurant. Le matin c'etait le lait avec du pain (francais) et du beurre et quelquefois de la confiture faite a la maison avec des fruits frais et du sucre. Quand il n'y avait pas de confiture, on mettait du sucre en poudre sur le beurre. Quand on etait plus grand, on ajoutait un peu de cafe dans le lait. Je parle de chez nous, je ne sais pas ce que les voisines ou les goulettois avaient au petit dejeuner
car je ne mangeais pas chez eux. Quelquefois on mangeait du droah chaud.
A midi, le manger de midi, comme checkchouka ou couscous (le mardi et le vendredi) ou poisson et frites ou pates a la sauce (le dimanche) ou autre, les autres jours.
On coupait les legumes et les salades et on servait le tout en moins d'une heure. Le vendredi midi, on mangeait les boulettes frites qui n'avaient pas encore ete marinees et cuites dans l'eau, avec un peu de couscous et du bouillon a moitie cuit. Le soir le tout etait super bien prepare avec salades et c'etait un festin.
Le diner, c'etait surtout des ragouts a base d'huile, d'ail, d'oignons et de tomates, le tout avec de la viande ou du poulet et des legumes differents a chaque fois comme artichauds, haricots, pommes de terre, oignons ou petits pois (attention : frais).
On n'achetait presque rien en conserve. C'etait au jour le jour et on mangeait tres bien. Chez nous, souvent on mangeait les fruits avant le repas. On faisait a l'envers et ca nous donnait de l'appetit. En ete, les diners etaient plus legers, avec plus de salades et fruits. Les gens mangeaient souvent des "complet poisson" dehors, c'est-a-dire du mulet avec les salades, "mechouia" ou autre,  aperitifs et tout ce qui s'en suit et pour dessert une tranche de pasteque.  Le samedi, il y avait le "Boulou" qui est un gateau avec de la vanille et des oeufs et que l'on coupe en tranches ou en morceaux; que l'on mange sec ou avec du lait. Ou le "bouscoutou" qui est un gateau plus leger et leve, fait avec plus de levure et cuit dans un ustensile rond comme une couronne.
Les autres gateaux de fetes etaient les caques, les manicottis, les yoyos et les makrouds que toute goulettoise qui se respecte savait faire.  Comme elles faisaient ca a plein temps, elles etaient une meilleure que l'autre, des championnes de la cuisine. J'ecrivais a ma mere que je lui offrirai la casserole d'or pour la fete des meres quand son manger me manquait.
Ce qui etait populaire sur les tables, c'etait les nappes en plastique, colorees avec motifs fleuris ou geometriques. On achetait une nouvelle nappe a chaque Paque.
Pour le menage de Paque, on lavait la vaisselle puis on la rinceait a l'eau bouillie; presque chaque annee, on blanchissait la maison a l'interieur et on changeait la couleur des murs. Notre voisin nous faisait ca rapido presto en deux ou trois jours. et les portes etaient lavees de haut en bas et quelques annees peintes; les fenetres aussi.
Tout ce qui ne nous servait plus, etait donne. Et on renouvellait un peu la vaisselle et les serviettes de table. Je rigole parce que chez nous la vaisselle etait renouvellee constamment car les enfants cassaient tous les verres et les assiettes progressivement au fil des jours.
On donnait bien sur, tout ce qui n'etait pas "casher" comme les pates ou les epices a nos bonnes. Et on remplacait les epices par de nouvelles epices et on ne gardait pas de farine a la maison.
Meme le sucre etait remplace par un autre sucre.
On achetait des galettes tres grosses et lourdes en paquet et comme tous les goulettois juifs, on mangeait du riz sous plusieurs formes : avec des legumes, au safran, dans du bouillon de poulet, avec des sauces ou je ne sais quoi et Paque passait plus ou moins vite.

Comme mon pere n'etait pas religieux, on allait des fois chez son ami pour les prieres et les traditions du premier soir.  Une fois Paque terminee, le pain etait tres apprecie et deguste comme un aliment precieux et rare.
Le shabbat etait le seul jour ou il n'y avait ni menage ni cuisine. Le samedi on se reposait. Le manger avait deja ete prepare le vendredi et on le servait froid a midi. Apres la sortie du shabbat, le manger du shabbat etait rechauffe et servi ou on faisait quelque chose de nouveau.
Pendant la journee, on allait a la synagogue de la Goulette Casino voir les amis ou on allait rendre visite a la famille et aux voisins. Les femmes ne participaient pas a la priere et on ne nous enseignait rien. La seule chose qu'elles disaient, assises en haut, au balcon,  c'etait "Amen" a tout ce que les hommes recitaient en hebreu et qu'elles  ne comprenaient pas. (C'etait comme ca aussi dans la vie de tous les jours: tout ce que les hommes disaient, etait un commandement de Dieu)
Personne n'allumait le feu a part les gens qui ne pouvaient pas attendre la sortie du shabbat pour fumer. Ils n'etaient qu'une minorite car la plupart des goulettois que je connaissais ne fumait pas. Je me souviens de ca car notre voisin faisait rouler ses propres cigarettes. Mon oncle fumait des Gauloises et des Camels je crois. Je ne me souviens pas s'il attendait la sortie du shabbat. Je sais qu'il achetait de la "boukha" et de la boutargue pour le samedi.
Chez nous, il n'y avait jamais d'alcool ou de vin, meme pas pour le shabbat. Mon pere ni ne fumait ni ne buvait. Pour moi, le vin etait comme du vinaigre et je n'ai jamais aime le gout du vin. On buvait de l'eau pour la sortie du shabbat et tous les jours. On ne buvait jamais de jus de fruit ou de limonades. Par contre, chez mon oncle, ils en achetaient de temps en temps.
A la Goulette, il y avait une charcuterie qui vendait du jambon "Casher". Je me demande avec quoi etait fait ce jambon car les juifs ne mangaient pas du porc.
C'est encore un mystere pour moi. Je sais qu'ils en vendent aussi en France de nos jours.
Le menage, le manger et les enfants etaient donc la raison d'exister des femmes. Les hommes etaient en charge de tout payer. Les hommes etaient les chefs de famille et les femmes, les maitresses de maison. Nous, les enfants on aimait nos parents egalement. On avait besoin des deux. L'un ne remplacait pas l'autre et ne jouait pas deux roles comme on le voit souvent de nos jours.


aline@french-american-tv.com


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