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LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

 

LA VIE A LA GOULETTE, PART 9


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Tous ceux qui ont vecu a la Goulette (1952-1970) ont connu les docteurs Finzi, Lellouche, Hatab et Berrebi et la pharmacie qui etaient tenue par 3 soeurs juives dont je ne me souviens plus du nom. Le dentiste etait Eugene Gozlan qui avait 2 cabinets et faisait 3 jours a la Goulette et 3 jours a Tunis. Les gens allaient le voir en cas d'urgence et il enlevait la dent qui causait le probleme ou il faisait un plombage. Il y avait tres peu de soins preventifs. Les docteurs venaient nous voir a la maison et ils avaient aussi des visites par rendez vous dans leur cabinet.
Lorsque j'etais petite on utilisait les services d'une dame qui nous mettait des ventouses lorsqu'on avait un froid. Pour ceux qui ne savent pas ce que sont les ventouses : ce sont des verres en formes rondes un peu comme des ampoules mais ouvertes a une extremite et elles y mettaient des morceaux de journal allumes avec une sorte de liquide je crois et elle posait ca sur notre dos ou notre ventre pour absorber le froid. C'etait une pratique tres primitive qui n'avait pas tellement de merite car une grippe prenait une semaine a guerir, que l'on utilisait ses services ou pas.
Une autre pratique primitive, c'etait les piqures : on appelait une infirmiere qui nous faisait des piqures ordonnees par les medecins. Piqures ou pas, les froids prenaient toujours une semaine a guerir! On buvait des ampoules de vitamines que l'on melangeait avec de l'eau.
A la Goulette, toutes les meres qui avaient des enfants nes prematures les perdaient. Donc, il n'y avait pas interet a avoir des jumeaux prematures car en general ils ne vivaient pas. Il n'y avait pas de couveuses a la Goulette. Notre voisine eut des jumaux, ils ne vecurent pas.  Un an plus tard, ma mere a eu des jumelles prematuremment, elles vecurent : une quelques jours, l'autre une semaine. Les couveuses existaient en France mais personne ne voulait payer pour le voyage pour les transporter en France.
Ce n'etait pas que leurs amis ou famille proche n'avaient pas d'argent ou que les avions etaient complets: c'est que les gens etaient un peu criminels et ne voulaient pas aider ou preter de l'argent a des gens qu'ils craignaient ne les rembourseraient pas: ils preferaient laisser les nouveaux nes mourrir. "Chacun pour soi et Dieu pour tous" etait l'expression que tout le monde utilisait. La vie humaine n'avait pas beaucoup de valeur.
C'etait en 1960, je crois. L'ironie du sort c'est qu'une loi fut instituee : que les juifs ne pouvaient emporter que 50 dinars avec eux en sortant du pays. Tout cet argent economise en n'aidant personne resta dans les banques. Si quelqu'un se faisait attraper avec plus de 50 dinars, l'argent etait confisque et ils se faisaient arreter et payaient des grosses amendes. La loi etait differente pour les gens de nationalite francaise. Certains faisaient plusieurs voyages pour faire sortir a chaque fois 50 dinars. Certains aussi engageaient des autres a faire des voyages pour faire sortir a chaque fois 50 dinars par personne. Un juif nous paya a tous un voyage en France pour une semaine pour que l'on lui fasse sortir de l'argent du pays. Il fit ca deux fois.  Et on passa des vacances de Noel a Marseille.
On fit le voyage en bateau (24h). Une autre peripetie que je n'oublierai pas car j'avais le mal de mer. Et ca puait dans le bateau. Un cauchemar vecu a oublier.
D'autres choses qui se passaient, c'est que les bruits courraient que certaines femmes musulmanes tuaient leur bebe lorsque c'etait une fille parce qu'elles avaient peur de leur mari qui voulait un garcon. Une femme avait avoue ca a ses amies: qu'elle avait enleve le cordon ombilical a son nouveau ne. Comme personne n'etait prosecute, les gens parlaient de ca ouvertement et n'avaient pas peur d'aller en prison. C'etait accepte et il n'y avait aucune loi ou police pour ce genre de chose. Comme l'avortement est accepte dans les pays ou c'est legal, de tuer un nouveau ne etait tout autant tolere en Tunisie ou du moins a la   Goulette.
Qui defendrait un nouveau ne? Il n'y avait meme pas assez d'avocats pour prosecuter les adultes, encore moins pour defendre les droits des enfants ou nouveaux nes.
Une mere juive avait fait la meme chose mais ils disaient qu'elle etait folle et qu'elle devait etre soignee dans un asile. En d'autres mots, tous ceux qui touchaient les "sans defense" n'etaient pas punis. Ma tante m'avait raconte l'histoire d'une dame qui avait etouffe ses jumelles avec un oreiller parce que c'etait des filles et que son mari voulait un garcon. Elle etait traumatisee. Certaines femmes dans ce temps la, devaient avoir tres peur de leur mari.  Notre voisine etait mariee avec un homme qui avait un sang incompatible avec le sien et chaque enfant qu'elle avait, mourrait mais elle recommencait a en avoir. Elle a eu plusieurs grossesses et savaient que l'enfant ne vivrait pas, finalement elle est allee voir un docteur  et je ne sais pas ce qui s'est passe apres sa derniere grossesse.
Un des docteurs n'examinait pas les patients : il venait a la maison et en un coup d'oeil faisait son diagnostic et ecrivait une ordonnance donc les visites des docteurs etaient tres breves, souvent moins de 5 minutes. Pour les cas graves, on emmenait les gens a l'hopital de Tunis. Une fois, apres un grand froid, j'ai eu une hemorragie du nez, le docteur, (c'etait un docteur algerien dont j'ai oublie le nom), dit qu'il fallait me faire une suture des vaisseaux dans mon nez et j'ai ete a l'hopital de Tunis.
L' infirmiere, la nuit nous faisait une piqure pour nous endormir et allait dormir elle meme. Le lendemain debout en ligne un docteur nous fit la meme petite procedure dans le nez, a tous dans le meme cas, et on pouvait rentrer chez nous. Les enfants et bebes a l'hopital n'avaient pas tellement de soins et certains hurlaient de peine. Il y avait des cas d'enfants avec brulure sur une partie de leur corps ou autre. Je ne pouvais rien y faire et je suis rentree bouleversee a la maison me sentant absolument impuissante a changer quoi que ce soit.
La fille d'un des docteurs epousa un docteur noir pendant ses etudes de doctoresse et les gens n'arretaient pas de commerer : "comment est ce qu'une juive aussi belle pouvait se marier avec un noir?" Ca n'arretait pas. A cette epoque, les gens etaient racistes ouvertement. Ce qui etait anormal c'etait de ne pas etre raciste. Tout le monde disait que le docteur etait accable de peine mais personne ne savait la verite, chacun inventait ce qu'il voulait dire et ca passait de bouche a oreille. Heureusement, les enfants ne se souciaient pas de ces choses, On preferait sauter a la corde, ou jouer au carre dans la rue. On dessinait des grands carres sur l'avenue Habib Bourguiba et on jouait quelque fois jusqu'a la tombee de la nuit. On jouait aussi a cache cache en equipe. Lorsqu'on grandit, on commencait a lire des livres illustres ou des romans qui circulaient. C'etait des histoires d'amour illustrees en photos avec un texte en haut de la personne qui parle.  Ca nous occupait quand on s'ennuyait. On lisait et relisait les romans et on echangeait les romans avec les voisines pendant les jours d'hiver.  Les adultes quelques fois se rencontraient et parlaient de leurs souvenirs de guerre et c'etait de longues conversations ou ils parlaient des bombardements, des allemands, des americains, etc... Chaque personne avait sa propre histoire de guerre a raconter. Ce sera peut etre pour la prochaine fois.

Aline GUETTA DINOIA


ALINEDI@aol.com


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