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Henri BELLICHA a dit un
jour,
« On ne peut être orphelin de son passe et de ses racines.
Il est toujours un moment ou la quête de "qui suis je, d'ou viens je et ou vais
je" devient un besoin irrésistible.
Et si , une main amie vous aide a retrouver le chemin de la maison de l'araméen
fatigue de nomadiser , alors tout est parfait.
Pose ta valise, tu es arrivée, tu es chez toi.
zaretna brakha »
On dit que certaines personnes peuvent vous transmettre la sagesse, le courage,
l’humilité, le savoir, et l’amour des belles choses, surtout des choses simples
Henri Bellicha faisait partie de ces êtres rares, il m’aura fait partager son
amour pour sa Tunisie, en m’ouvrant les portes de ses souvenirs, aujourd’hui il
nous a quitté, paix à son âme, mais il est toujours présent dans nos cœurs, il
m’aura fait découvrir avant de rejoindre l’éternel une collection de photos
anciennes qu’il voulait publier sur harissa, il n’a pu le faire, je me suis fait
le serment de le faire, et de vous faire découvrir ce trésor parce qu ils
appartiennent à notre site.
De tous les portraits qui m’ont été donnés, vous êtes lella ma favorite, la plus
belle, quand la tristesse envahit mon cœur, je vous regarde, et l’espoir
enveloppe mon âme, de tous vos bijoux votre maguen David est la plus magnifique,
vous portez cette étoile symbole de votre appartenance au peuple d’Abraham,
Jacob et Isaac comme une reine porterait sa couronne, elle est l’emblème de
votre judaïsme, de votre appartenance au peuple de l’éternel.
J’ai envie de vous parler, de vous poser des questions, de vous raconter
l’histoire de votre progéniture,
Savez vous que l’enfant que vous portez dans vos bras à quitte la terre de vos
ancêtres ?
Pour beaucoup juste en refermant discrètement la porte de leurs maisons, en
emportant le minimum,
Pour ne pas attirer l’attention sur eux,
Pour ne pas encore donner l’impression que le juif n’est qu un éternel nomade,
Ton enfant et les enfants de ton peuple ont tous perdu, leurs terres et leurs
biens, leur tranquillité et leur prospérité,
Pour se protéger,
Pour continuer à raconter votre souvenir
Pour construire leur présent et réussir leur lendemain.
Oui ma belle si le juif est particulier par le vocable qui le désigne, il est
simultanément universel, par sa condition, car peu de déracinés aujourd’hui
peuvent se revendiquer juifs,
Vous qui avez quitte la maison de votre père pour celle de votre mari ne dit on
pas « él bénete diffa fi dar babaha ( la fille n’est qu une invitée dans la
maison de son père) sachez que depuis, les pieds de vos petits enfants frôlent
les sols de continents qui vous sont inconnus et parlent plusieurs langues
étrangères, vos petites filles sont mères de famille, institutrices, chef
d’entreprises, journalistes, ingénieurs, médecins, soyez fière ma belle, elles
donnent la vie et font la vie.
Il m’arrive en vous admirant de vous trouver triste, de quoi avez-vous peur ?
Que le temps vous engloutisse vous et vos traditions dans le passé, non n’ayez
crainte, nous ne vous avons pas oublié, Henri Bellicha vous a donné à moi en
héritage, il a voulu vous faire revivre vous et vos sœurs, dans le souvenir et
le cœur de chacun de nous, et Jaco Halfon vous ouvre les portes d’harissa où
l’éternité historique vous attend.
Vous avez peur dites moi pourquoi ? Qu’il n’y ait personne qui prie sur la tombe
de votre père et de votre mère.
Non lella séchez vos larmes, nous n’oublions pas nos morts, nous continuons à
aimer ceux qui nous ont quittés, à vénérer leur souvenir, à allumer des bougies
pour la paix de leur âme, et tout comme je m’adresse ce soir à vous, on leur
parle on leur demande conseils, et je sais que leur protection accompagne chacun
de nos pas, vous êtes et ils sont à nos cotés.
Mon père ne m’a-t-il pas dit un jour, si tu ne trouves pas de réponses à tes
questions, si tu ne trouves pas le courage d’affronter les problèmes que le vie
te réservera par la force des choses, prie tes ancêtres, prie les âmes qui te
sont chères, ils seront à ton écoute et ils guideront ton âme et ton esprit,
leur lumière te montera le chemin à prendre et ne doute jamais, benti, parce que
ma bénédiction t’est acquise, koudamek ou werak elle t’accompagnera toute ta
vie.
Lella continuez à être belle comme le premier jour ou mon regard s’est posé sur
vous, continuez à me faire rêver, continuez à me donner envie de fredonner mes
veilles chansons de musique judéo arabe, continuez à me donner envie d’aimer
d’amour et d’être fière de mon passé, continuez à me donner envie de parler de
vous à ma fille, à lui faire connaître ma langue et ma culture, je ne veux pas
qu’elle oublie, je veux qu’un jour elle aussi continue à raconter , et qu’elle
vous préserve dans sa mémoire.
Je voudrai prendre votre main dans la mienne et y déposer le baiser du respect,
pouvoir sentir sur votre paume, le souvenir du henné celui que votre grand mère
a déposé délicatement, pour sceller votre destin à celui qui vous aura fait
promettre un soir prenant pour seul témoin la bénédiction du ciel etoilé, de
jurer devant l’éternel notre Dieu que vous serez son épouse sa femme et que
votre âme portera son nom dans l’infini du temps.
J’aimerai vous poser une question indiscrète, que connaissez vous de l’amour
d’un homme, comment avez-vous vécu votre vie de femme, est ce que vous étiez
l’amie, la mère ou la femme amoureuse obéissante et respectueuse, votre regard
me parle et me chante votre réponse le cantique des cantiques « je suis à mon
bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi (son regard me parle et me dit) tu es
belle, mon amie, comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, redoutable comme des
troupes sous leurs bannières »
Je côtoie dans ma vie le pouvoir, l’argent, et le faire voir et valoir, pour
certains avec le savoir né d’une instruction dépourvue d’intelligence et
pourtant sans vouloir noircir le tableau que reflète en moi ce monde, parce
qu’il est réalité une réalité qui a peut être perdu de vue des valeurs simples,
mais le monde que j’observe autour de moi a oublié qu’il suffisait de si peu
pour être heureux, mais CHAY MAY DOUM, ma belle CHAY, sauf l’éducation que vous
avez donné à nos mères et qu’elles nous ont transmise, nous ne sommes pas tel
cet arbre poussant en terre d’occident et dont les racines orientales se cachent
sous terre , nous sommes fidèle à nos origines , ils sont notre force, ils sont
notre courage , ils sont notre fierté, nous sommes l’orient avec ses senteurs de
jasmin, d’amandier et de fleurs d’orangers, nous sommes l’histoire d’un peuple
qui a subsisté et survécu dans la fierté
Je m’en vais maintenant Lella, je cœur empli d’émotions, mais je reviendrai avec
le reste de mes souvenirs parler à tes sœurs dont je continuerai à préserver le
souvenir, prends moi dans tes bras, serre moi contre toi, et donne moi ta
bénédiction.
Asfoura
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