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LE MUET, par Albert Simeoni


    J’imagine un instant ce qu’échangeaient ma mère et ma grand-mère au sujet de mon sérieux et grand handicap.

 Un mutisme jusqu’à mes 4 ans d’après ma mère.

Durant toute cette période je n’ai pas dit un mot. A part pleurer par trop de pipi et cacas.

Pas un papa ni mama, ni mémé ni en judéo ni en français durant cet intervalle.

Intervalle qui a dû certainement fait frémir mes parents au risque de se demander si en plus de mon anémie, je n’allais pas être muet.

Lors d’ un détour d’une conversation/sketch avec maman, je lui rappelais ce fait. Elle me disait ‘Horna fic’ ‘Nous étions épuisés après toi, ta tante, ta grand-mère et moi.’  Comme je les comprends.

Quand je pense que les enfants d’aujourd’hui parlent dés l’âge de deux ans, je me rends compte que j’étais une sans doute une exception quoique que celle ci ne fait pas la règle.

Il n’y avait d’orthophoniste à la Goulette à cette époque.

 Pour me faire sortir qqs mots, elles usaient, selon les dires de ma maman, de stratagèmes, comme par exemple me montrer des photos d’elles ou de mon pére, ma tante, mon oncle etc… en insistant  sur ‘…Qui est celle là… ? Qui est celui là… ? Ca c’est mémé… ?’ Dis mémé… ! Dis Papa… ! Dis maman… ! Dis Tata… ! Dis Tonton… !’ Qu’est ce qui n’on pas voulu me faire dire à cette époque.

Seulement voilà, lorsqu’il me montrait une photo de ma tante, je la pointais du doigt  la nature sans rien dire, à leur grande déception. Et ainsi de suite.

‘…En dalli ye Hayé béch yet’là baccouch Bibert… ?’ Meiha.

( Je crois qu’il va être muet ton fils… ?’)

Mon père qui était très ‘hachichi’ nerveux lui répondait parait t’il.

‘…Aâlla rasséc… ! In yadin rabéc…’ Sur ta tête, juron.

 

Depuis, ce genre de remarques ne se disaient plus devant mon père.

Il a su se faire respecter par une grossièreté.

Mais lorsqu’elles étaient seules, elles se disputaient mon cas.

‘…Béch nédi el tbib ouldi… !’ Je vais le faire visiter chez un médecin, mon fils… !’

A cela ma grand-mère disait.

‘…Aâléch el flouch jeî’din e’dou, yakhir él tbib rabi ouhé… !’

(Pourquoi cette dépense inutile, est ce le médecin est D ieu… ?’)

‘…Taréf yé Hayé, loucen yech’mââ, yandou boudir teoué yent’ac… !’

(…Tu sais ma fille, s’il l’entend, il serait capable de parler… !)

‘…Loucen mé yech’mach, meï i daourch rassou lic ou lé liyè… !’

(…S’il n’entendait pas, il ne tournerait pas la tête vers la personne qui lui parle… !)

‘…Jââ’mââ youssél l’ascoula bed’wi… ?’

(…Arrivera-t-il à l’âge de sa scolarité en parlant… ?’

‘…Ouhé khir loucen sacet fi amrou setté snin… ! Aqel ouakt nem’chi narmi rouhi mél darbouz… !’

(…Drôle de prédilection que tu me fais là, car si t’elle était le cas, il ne me reste plus qu’à me jeter par le balcon… !)

Heureusement, que cela ne c’est pas produit car j’aurai été celui qui a concouru au balancement de maman par le balcon.

Ma grand-mère était du genre à se faire du souci et chez elle le souci de ‘l’angoisse calme’ durablement à tel point qu’elle énervait  et angoissait maman car à force de répéter des ‘….Loucen…’ dés ‘Si’ maman perdait les pédales par une situation qu’elle jugeait dramatique alors qu’elle ne l’était pas.

Les voisins avaient beau la réconforter en lui citant moult exemples d’enfants un peu en retard dans le langage, dans la marche, dans l’éclosion des dents, dans la pollution des draps, les cauchemars etc…

Elle ne croyait  plus en  rien.

Elle était jeune, nouvelle maman, et cette la situation était un  vrai  à un casse tête. Elle n’avait aucune connaissance de ce genre de problème à part  les conseils du   docteur Finzi qui la rassurait en lui disant de ne pas s’en inquiétait. Il avait confiance dans son diagnostic.

Cela est arrivé par un matin de fortune alors que maman me changeait ma pointe (couche).

Je lui ai dis ‘…Ye mâa belt… ?’ ‘ J’ai encore fait pipi, maman… ?’

Ce mot de ‘belt’, je l’entendais mille fois plus encore lorsque mon frère vient au monde.

Maman n’en croyait pas ses oreilles quant à ma grand-mère, elle a dit ‘…Ouriririr en tac… !’ J’ai parlé.

Elle me raconte que ce matin là fut le plus beau jour de sa vie car je lui épargnais un gros souci.

Il a fallu attendre le soir pour annoncer la nouvelle à mon père qui s’en tarder avait fait un acte de charité, tamet tourah à la syna. (Distribution de pain et chocolat à la syna pour toute l’assistance.)

Ca valait bien un pipi.

Et depuis….

NB. Chez nous, mes parents dialoguaient le plus souvent en judéo arabe.

Plus tard, maman, ma  tante et mon oncle Jo ont commencé par la force des choses à me causer en français afin que je sois fin prêt pour ma grande entrée dans l’académie des Beyem. Anes.


 

  


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