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LE TUNE SANS PEINE EN QUELQUES LECONS ? |
Pour ceux qui ne le savent pas, les Tunes sont les israélites de Tunisie, en
français.
Ce sont des humains (eh, oui !) affables, gentils, mais qui peuvent aussi
employer des expressions excessives et définitives qui seront ressenties
comme blessantes pour ceux qui ne connaissent les codes méditerranéens.
Ainsi, ils n'hésitent pas revendiquer pour eux le summum de la Torah : en
effet, elle est composée de la Torah écrite et de la Torah orale, et les
deux sont..."tune". L'argument est indéniable.
Il faut dire que les israélites d'Afrique du Nord sont coutumiers de cette
assurance, se revendiquant comme les témoins de la Torate "émete"
(la Torah de vérité), puisque le mot éméte en hébreu est composé des
initiales de aleph (Algérie), mém (Maroc), tav (Tunisie). Puisque c'est écrit
dans l'hébreu, il faut bien l'accepter. Vous le voyez, leur humour est
direct, gai et gentil.
Pour sourire, dans ce lexique du Tune parlé, il a été glissé quelques mots
d'autres communautés. A vous de les dépister.
Un défi à toi Ya Bébert : de compléter, corriger cette liste ; et postes
les termes identiques utilisés dans les différentes communautés.
Recueillir, écrire, lire et comprendre ce langage vivant, c'est une façon
d'aimer tous les Tunes : ce n'est qu'un début, continuons...
Abil, le deuil. Pendant les sept premiers jours. C'est la prononciation
correspondant à l'hébreu avél.
Adjalouq, aajlouk, salade d'aubergines citronnée. Egalement avec des
courgettes, potiron, etc.
Adma, oeuf ou déformé en adima (contre le mauvais oeil).
Afs, noix de galle qui colore.
Ahl al-kitâb, les gens du Livre, les Juifs. En arabe.
Akoud, plat de tripes au cumin, avec harissa.
Alla Hiatek, sur votre vie, équivalent de Blabès chez les Marocains, pour
dire que vous avez manqué quelque chose et qu'on aurait aimé vous avoir avec
nous.
Al-Najma, l'Etoile, journal local en judéo-arabe.
Al qallaline, les potiers.
Amine, nom de l'expert dans un métier et qui enseigne et forme des
compagnons.
Aoud, luth.
Aoud kronfel, clou de girofle.
Ayine ha râ, le mauvais oeil.
Aranje, salade pimentée de navets violets, assaisonnés avec des oranges amères
et cariouia (carvi).
Arissa el Louz, gâteau à la semoule fine, aux amandes et à la fleur
d'oranger.
Aroussa ghelbeta, la mariée a vaincu son époux, c'est elle qui lui a marché
sur le pied ; cris de joie poussés durant la cérémonie nuptiale.
Arricha, c'est une dafina au boeuf et au blé.
Bab, la porte. A Tunis, Bab Menara, Bab el Bahr (la porte de la mer), Bab
Saadoun, Bab el Khadra (la porte verte), etc.
Baballes, semoule fine roulée en forme d'oeufs dits de nikitouche. Plus petit
on dit caoua, café. Savez-vous comment les femmes de Tunis faisaient le
nikitouche ? Elles sortaient entre amies, un petit cabas sous le bras et se
rendaient au cinéma Le Palmarium qui avait des séances de cinéma permanent,
elles regardaient le film tout en roulant leurs minuscules boules de pâtes.
Lorsqu'elles en avaient terminé, elles reprenaient le chemin de la maison et
le nikitouche était fait.
Baniyou, la baignoire.
Basla, confit d'oignons que l'on met au fond de la feuille de brick.
Batata bél kamoune, c'est une tajine aux pommes de terre et cumin.
Béchfa, voeu à quelqu'un qui est en train de boire.
Bchicha, un potage de semoule, aux pois chiches avec épices et parfumé à
l'orange.
Bel'Hout ââlik , "le poisson est sur toi", formule contre le
mauvais oeil.
Belgha, babouches pour les hommes et les femmes, le talon de la babouche est
replié pour la laisser ouverte à l'arrière
Besbes, fenouil en grain, dans la cuisine.
Bessissa, coutume de Djerba la veille du 1e Nissan en souvenir de la fondation
(bassis) du 1e Temple. Il est fait de blé et d'orge moulus, épicés de
cumin, et coriandre avec des dattes, figues, sucre. Le père l'arrose d'huile
d'olive, benit et le distribue. En Tunisie, la bessissa était aussi, ce même
soir, la coutume de placer un instant, dans la lampe à huile, une pièce d'or
ou un bijou que l'on donne.
Bezoz eflouche, pour deux zouzes, dans le chant de 'Had Gadia à Pessa'h.
Bighadilou, viande de boeuf hachée en gros morceaux, avec les oignons, de
l'ail et de l'huile d'olive. Sert aux farces.
Bilada, nuit précédant la circoncision.
Bissara, soupe-crème aux fèves sèches et épluchées nommées févettes, ou
aux pois cassés, et à l'ail.
Bit al muna, zone ou pièce à rangement et à provisions.
Bkaïla, ou épinards. C'est une dafina aux épinards, haricots, avec ail,
menthe, harissa... servie aux fêtes.
Borgel, ou Beit ha'haym Borgel, nouveau cimetière de juif de Tunis où ont été
déplacés les tombes des grands Sages qui étaient situées dans l'ancien
cimetière Béit ha'hayim et Qdima, à partir de 1956 environ. On y trouve à
côté l'une de l'autre les tombes de R. Natane Borgel, R. 'Haï Taïeb lo mét,
R. Yit'haq HaCohen, R. Yechouê Bessis.
Borma, marmite haute pour la soupe.
Boskoutou, gâteau, appelé aussi pain d'Espagne.
Bou nouaya, jeu d'enfant avec des noyaux d'abricots.
Boukara ou elkelbtou, "Boccara et son petit chien", expression de mépris
envers celui qui a un chien, ce que les juifs tunisiens n'appréciaient pas
chez eux, selon l'enseignement de tradition, car le chien est un animal
affecteux mais manquant de pudeur. Contrairement au chat. Voir foum. Il y
avait réellement un Monsieur Boccara qui avait un chien qui le suivait
partout.
Boukha, eau de vie de figues.
Boulou, gâteaux de raisins et coins parfumés au girofle. Spécialement à
Chavouôte. Nom aussi d'un gâteau aux amandes, menus morceaux de chocolat,
raisins secs parfumé d'écorces d'oranges hâchées et de jus d'orange.
Bourim, prononciation de Pourim.
Bournous, le burnou, long vêtement d'extérieur en laine pour les hommes,
avec une capuche.
Boutargue, oeufs de poissons séchés. Aussi, poutargue. Dans la kémia.
Bqayla, plat d'épinards frits avec viande et haricots, avant Chavouôte.
Brache bél aachél, pain perdu aux oeufs, miel et à l'huile.
Braniya, plat de la sortie de Kippour dans lequel ont mijoté poulet, potiron,
aubergines, pois chiches.
Brick, pâte fine de dessert, pliée en triangle (parfois en rouleaux, etc.)
et doublée par prudence, frite. Elles entrent dans la composition des
pastelles et de la mhencha. Elles peuvent être fourrées de pomme de terre, légumes,
poulet, poisson, viande, oeuf, basla, etc.
Bsall, oignon, ou psall. Les Juifs tunisiens prononcent plus facilement le b
(parfois, bourim pour Pourim).
Caïd, administrateur désigné par le Bey et ayant autorité sur touts les
questns communau, y comprisles nominations de dayanes. Deux familles ont été
les dynasties de caïds : 10 fois les Nataf dont le premier R. David Nataf, décédé
en 1719 et les Cohen-Tanugi.
Camisa, une chemise légère.
Camoune, cumin, en cuisine.
Caponata, ratatouille au céleri.
Carouia, carvi, en cuisine.
Ch'ha, héros des histoires drôles, apparemment simplet mais finalement pas
si bête, et donneur de bonnes leçons.
Chachiya, calotte rouge avec un cordon noir pour les hommes, dans le vêtement
jusqu'au début du 20e siècle. Appelé aussi chachiya istambouli.
Chakchouka, légumes de saison revenus dans l'huile d'olive.
Chaytl, perruque en yiddish.
Chefchari, immense foulard des femmes (jusque 5 mètres sur deux) qui
enveloppait tout le corps quand elles sortaient.
Chéimoute, amullete protectrice.
Chept ou béchbéche, aneth, dans la cuisine.
Ch'ha, héros des histoires drôles, naif mais pas si bête que cela.
Chkenjbir, gingembre, dans la cuisine.
Chmala, large ceinture de trente cm et de cinq mètres de long tenant le
pantalon.
Chofar, l'entrée du chabbat était annoncée à Djerba par deux sonneries de
chofar, une pour avertir, une pour indiquer la limite.
Cholent, plat typique juif dû à la nécessité de laisser au chaud un plat
pour les différents repas du chabbat ; il se retrouve avec des variantes dans
les différentes communautés. avec des appellations différentes (hamim.
etc).
Chorba, soupe épaisse et très nourissante (pois chiches, lentilles, riz,
farine, viande, tomates, etc.). Les musulmans la mangent à la sortie du jeûne
du ramadan.
Chou, utilisé dans le court-bouillon asbane (sépharade), et le géfilte maguéne
(alsacien). le gansnäschereise d'Europe centrale.
Chouquettes, choux fourrés.
Chouch ouard, rose séchée.
Cimetière. Voir Borgel.
Couscous kraa. C'est un plat aux fèves, potiron, oeufs, poivrons, merguez qui
se mange particulièrement entre le 17 tamouz et le 9 av, période de
tristesse.
Croustini, pain perdu.
Dabahia, mélange d'oeufs, pain et blanc de poulet, cuit au bain-marie.
Dad, charbon que l'on fait brûler pour éloigner le mauvais sort.
Dafina ou Tafina ou Adafina. ou Skhina. Plat composé de viande, pommes de
terre. pois chiches, riz, ail, huile et paprika, spécialement chez les juifs
marocains, qui mijote longuement après cuisson, en étant maintenu à la
chaleur et mangé le chabbate, dans la majorité des communautés, en raison
de l'interdiction de cuire pendant le chabbat.
Dakourdou, OK, d'accord.
Daqqa, coup frappé à la porte ou à la fenêtre de bonne heure pour réveiller
ceux qui doivent venir à la prière du matin, cha'harite. On crie alors
"déqaqa!".
Dar nouafcha, lieu des accouchements ou, plus couramment, l'établissement
nommé maternité,au singulier, nefcha.
Dar tkya, cantine populaire de la coùmunauté.
Daydou, David.
Debla, gâteau formé d'une pâte fine frite dans le miel.
Déffana, le charbon spécial qui est utilisé pour veiller à la tafina.
Derbali, c'est un plat composé de boeuf, aubergines et haricots, avec bien
entendu, ail, paprika, huile, etc.
Dhimma, statut de "protection" des juifs et des non musulmans en
pays arabes. Cette dite "protection" concédée se traduisait de
fait par une autonomie communautaire et cultuelle mais aussi par de nombreuses
contraintes et vexations et surtout par des impôts prohibitifs nommés
"jiziya". Celui qui est ainsi protégé est un dhimmi.
Djebah, large robe d'intérieur, pour les hommes.
Djou'ha, héros des histoires drôles.
Droo, poudre de sorgho, on en fait une soupe aux écorces d'orange ou au
gingembre, mais surtout au petit déjeuner en hiver et en gâteaux comme du
bouskoutou.
Dukkana, banquettes en maçonnerie dans les maisons, pour s'asseoir ou dormir.
Douni, le mauvais.
Elli fat mat, le passé est fini, mort.
El-Hamma, lieu de pélerinage sur la tombe de Ribbi Yosséf El-Maârabi.
El minhag irleb eddine, le minhag (la coutume transmise) est plus que les règles
de halakha.Cela exprime l'attachement des Juifs tunisiens à leurs coutumes reçues.
Fadd, tajine au foie, coeur, poumon, à l'ail et au coulis de tomates, de la fête
de Pessa'h ; est quelques fois aussi servi la veille de Yom Kippour.
Far'ha, joie.
Farka, gâteau de semoule, dattes et noix. Servi, en particulier, le Roche
'Hoddéche Tévéte, à la fin de Hanoucca - pour Roche Hodèche Le Banot.
(tradition essentiellement tunisienne, le pendant de la Seoudate Yitro)
Fedjel, salade de radis salée et citronnée.
Fékane Cohén, piddiyone habbén, don au Cohen pour la naissance du premier-né.
Felfel akhal, poivre.
Felfel geïna haar, piment fort.
Felfel geïna hlou, piment doux, ou paprika.
Felleye, peigne fin.
Fenjel, petite tasse pour le café turc.
Fermla, gilet que portent les femmes sous la jebba, avec des manches courtes
à dentelle et mousseline.
Fleichig. Voir parvé.
Fom el qatous cachir, fom el kelb trifa, la bouche du chat est cachère, celle
duchien est impure, téréfa. Le chat n'est pas repoussé car il est pudique,
contrairement au chien. Voir Boukara.
Foul, fêves.
Fourma, pâtes agrémentées de poisson , poulet ou viande.
Foutah, grand foulard que les femmes juives se mettaient sur le bas du corps.
Egalement, serviette de coton pour le bain.
Fraji, Raphaël.
Fritèches, boulettes de matsa frites au miel. A Pessa'h.
Ftayir, beignets.
Ftayri, marchand de beignets.
Ganaria, salade d'artichauts citronnée.
Garfou, la fourchette.
Gartel, ceinture noire que les 'hassidim polonais portent autour de la taille
quand ils prient pour séparer les zones du haut et celles du bas. L'usage est
cité dans le Talmud par Abbayé (Traité Chabbate 10 a).
Gegilte fish, Plat typique des juifs d'Europe centrale, le chabbat, à base de
poisson, spécialement de carpe.
Ghassal, mot féminin indiquant celui qui fait la toilette mortuaire.
Ghazza, sable ou poussière.
Ghorbel, tamis pour bien préparer la graine de couscous.
Ghribah, nom de la grande synagogue de Djerba en Tunisie.
Ghriyeba, sablés au beurre. chez les juifs marocains.
Gizata, ou gizada, gâteau fourré d'amandes.
Glatt cachér. Le mot glatt signifie lisse, doux et sans problèm, en yiddish
; il concerne l'examen du foie qui est un point très délicat et rigoureux
dans l'examen de la viande. On comprend donc que l'on ne peut pas dire qu'on
choisit du pain glatt cachér ; cependant. l'usage tend à utiliser ce mot
pour parler de toute cacheroute hyper-rigoureuse. On dit aussi cachér lamméhadrine,
cachér pour ceux qui veulent embellir la mitsva.
Gourbata, une cravate.
Grana, en Tunisie, juifs exilés d'Espagne par le Portugal, et venus par
Livourne. Au singulier, un gerni.
Gréïba (ne pas confondre avec le nom Ghribah), boulettes de farine de pois
chiches grillés et moulus agrémentées de sucre, amandes et vanille.
Guizada, gâteau de la période de Pessa'h, parfumé aux amandes et à
l'orange. On consomme cette délicieuse patisserie toute l'année. Le meilleur
compliment que l'on puisse faire à une jeune fille : "Son teint est
comme une guizada". C'est un gâteau composé presqu'exclusivement de pâte
d'amande et de semoule fine.
Habibi, mon chéri, mon ami.
Hachkava, nomination séfarade de la prière en l'honneur d'un défunt pour le
repos de leur âme. Les achkénazes emploient davantage le terme de yizkor (se
souvenir) ou Hazkarate néchama (faire souvenir de l'âme). La hachkava se dit
dans diverses circonstances, après la montée à la Torah, à la demande et
dans le service de Yizkor qui se déroule le dernier jour de Pessa'h, le
second jour de Chavouôte, à Yom Kippour et à Chémini Âtsérète. Les ashkénazes
utilisent l'expression El malé Ra'hamim. Une grande hachkava comprenant la
liste de tous les rabbins célèbres de Tunisie se dit la veille de Kippour
(voir Kol Nidré).
Hachoua, soupe à la tomate, ail et semoule, avec paprika ou harissa.
Haï, nom ajouté souvent au nom officiel en signe de bon présage pour
l'existence.
Hakétiya, dialecte juif spécifique du Maroc et qui est composé d'hébreu,
arabe et espagnol et écrit en caractères hébraïques.
Halbiya, cruche à eau.
Halka, heurtoir à la porte de la maison.
Halk el aouad, La Goulette. Voir ci-dessous.
Hallab, tasse en poterie à deux anses. Elle conserve très bien l'eau fraîche,
le plus souvent aromatisée de quelques gouttes d'eau de fleur d'oranger.
Hamsa âlik, "la main sur toi", formule contre le mauvais oeil. La
prononciation du 'h est accentuée.
Hamsa. cinq ; dessin de la main avec les cinq doigts, référant à la 5e
lettre de l'alphabet hébraïque qui est le signe du nom de Dieu. Pendentif
portant ce dessin et utilisé pour se rappeler cette présence et protection.
Hara, chez les juifs de Tunisie, quartier juif, ghetto. Avec ses rues
Es-Snadly et Sidi bou Hadid...
Hara Kbira, chez les juifs à Djerba en Tunisie, nom du plus grand quartier
juif. Le second était 'Hara Sghira et le plus petit 'Homt Souq.
Harira, soupe de légumes secs à la coriandre et au citron, spécialement
chez les juifs marocains.
Harissa, purée de piments rouges piquants.
Hatane Torah. Dans toutes les communautés, à Sim'hate Torah deux 'hatanim
montent à la Torah : le hatane Torah qui termine la lecture du livre de la
Torah et le 'hatane Béréchite qui en recommence immédiatement la lecture. A
Tunis on ajoute un 'hatane méôna pour lire Dévarim 33, 27 "méôna
Eloqé qédém...", tu es un refuge.
Hatarate nédarim, au lieu d'être seulement prononcée la veille de Roche
Hachana comme dans toutes les autres communautés, cette annulation des voeux
irréfléchis et superflus se faisait aussi le 20 av (40 jours avant Kippour,
la veille de Roche 'Hoddéche Eloul, et aussi la veille de Kippour après
cha'harite.
Henna ou hénné. Cérémonie des communautés séfarades et orientales, se déroulant
surtout avant le mariage, mais aussi parfois avant la bar mitsva dans laquelle
on teint au henné les mains, les pieds et les cheveux des femmes. La femme
qui décore au hénné est la hennana.
Hilouq, taxe prélevée aux abattoirs pour les juifs pauvres.
Hlalém, plat-soupe de nouilles et pois chiche sans viande que l'on mange à
la sortie du jeûne de Ticheâ bé Av, avec ail, fenouil.
Hlailém, semoule fine roulée en forme de petits rouleaux ou boudins. On les
met dans la soupe.
Hobra, correspond à la 'hévra qaddicha, société de personnes qui
accomplissent le saint devoir de s'occuper des derniers honneurs à rendre aux
défunts.
Homs bel-kamoun, sorte de pois-chiche à l'ail et aux épices. Petit déjeuner
traditionnel d'hiver dans les gargottes juives et musulmanes.
Hougué, surnom de Yits'haq.
Imprimeries juives célèbres à Tunis. Nadjar Maklouf 26 rue de France. Uzan
père 40 rue des Maltais. Mardochée Uzan et frères , 28 rue Sidi Mardoum.
Sion Uzan.
Irani kappara, "que je sois sacrifiée pour toi" (en général un
enfant) ; se dit en tout temps car les Tunisiens ont le drame très facile.
Les hommes, qui ne sont pas si... généreux, n'emploient pas ces mots.
Irani ma netechouah, "que D. fasse que je ne sois pas en deuil de
quelqu'un de très proche".
Irak tfouz, bénédiction après un éternuement, que tu grandisses, dans tous
les sens du terme.
Izourek el khir, "que le bien ou la richesse te rendent visite". Très
jolie bénédiction dite par le maître ou la maîtresse de maison à l'issue
d'une visite par des amis.
Jann, un démon. Pluriel : jnoune. Jenne, se dit aussi de quelqu'un
d'exceptionnel.
Je vais vous tuer". Un tunisien ou une tunisienne vous diront que cela ne
veut rien dire, sinon que "vous n'écoutez pas ce que je vous dis".
- Mais... - Oh, je vais vous tuer.
Jama al-Graâna, synagogue des Livournais.
Jida ou Slata jida, salade de crudités coupées en petits morceaux
(concombres, poivrons, tomates, citron et persil) pour accompagner les viandes
et poissons grillés.
Jiziya, impôts spéciaux imposés aux juifs dans les pays arabes en raison du
statut de dhimmi. statut de "protection" des juifs et des non
musulmans en pays arabes. Cette dite "protection" concédée se
traduisait de fait par une autonomie communautaire et cultuelle mais aussi par
de nombreuses contraintes et vexations.
Joujet el seurk, noix muscade, en cuisine.
Juderia, quartier juif en Espagne.
Kabbar, câpres, en cuisine.
Kmarra âm akhor, "bonne année", voeux formulés à l'issue de
Kippour, ou Kmarra âm akjor kheyr mim hada "bonne année meilleure que
celle-ci". ou Kamarra âm akhor kheyr min hada, "bonne année
meilleure que celle-ci".
Kaki, gâteaux secs salés pour l'apéritif, que l'on sert avec la kémia.
Kalla, alcôve latérale dans une pièce.
Kanawita, coffre à bijoux.
Kanoune, petit fourneau en poterie, aux pieds surélevés, sur lequel on
posait les casseroles.
Karfa, cannelle, en cuisine.
Kassa, gant de toilette en tissu épais.
Kassarola, la casserole.
Kbu, ou renfoncement, salon pour recevoir, trois des murs y sont longés de
banquettes.
Kefta, boulettes de viande et parfumées mises dans le bouillon.
Kémia, amuse-gueule et petit apéritif, en raviers, avant le repas. Il est très
varié ; il y avait des petits poissons frits (minuscules rougets, toutes
sortes de salades et parfois de l'akoud) ; la bkaila, bricks et minina étaient
à part dans le corps du repas ; quelquefois, dans les fêtes, on servait après
la kémia, ce qu'on appelait une assiette anglaise (pourquoi donc?) composée
d'une brick, d'une tranche de minina, de torchi el khel, d'un petit pain et de
quelques tranches de salami avec bien sûr une olive ou deux, vertes - jamais
de noires.
Kérén Ichouâ, synagogue de La Marsa, près de Tunis.
Keskes, marmite trouée sur laquelle on fait étuver le couscous ; aussi,
plateaux ronds pour les patisseries.
Keswa ek kbira, magnifique robe brodée d'or des parures des juives du Maroc.
Keimane séfarim, cérémonie de rentrée des rouleaux de la Torah dans leur
armoire, après Roche 'Hoddéche Hechvane, alors qu'on les en a sortis à
Sim'hate Torah.
Khajem, le coiffeur qui vient préparer le nouveau bar mitsva, le 'hatane.
Khalini nechk ya youdi, chant de Pessa'h, en judeo-arabe, chanté après le
'Had gadya.
Khamsa, cinq, nombre ou geste de la main, symbolisant la lettre hé
correspondant au Nom de D.ieu et utilisé contre le mauvais oeil. On
l'accompagne de formules diverses : 'homsa (5), khmiss (5e), âl âinék (sur
ton oeil), khomsa fi âïnék (5 dans ton oeil), etc ! Le mot Khamous, également,
qui est le nom célèbre du chant de la libération des nazis à Tunis, écrit
par Yacoub Cohen : Khamous jana, le cinq est venu.
Kheffaf, un guérisseur. Egalement : (à Nabeul, nom des petites boules de
matza
moulue que l'on fait frire puis passer au miel, avec beaucoup trop
d'oeufs).
Kim'ha dépis'ha, c'est la caisse des pauvres alimentéee en particulier par
la ponction obligatoire du demi-chéqél en souvenir du Temple. Cela se fait
la veille de Pourim alors que, dans les autres communautés, le demi-chéqél
est donné ailleurs traditionnellement le jour de Pourim.
Kittél, grande blouse blanche. signe de pureté que les askénazes revêtent
le soir de Pessa'h, à Kippour et parfois au mariage et dans lequel ils seront
aussi enterrés.
Kmarra âm akhor, "bonne année", voeux formulés à l'issue de
Kippour, ou Kmarra âm akjor kheyr mim hada "bonne année meilleure que
celle-ci".
Knaidla : reste de pâte à frire que la maman donne aux enfants.
Knèdles, dans la cuisine juive, boulettes composées de pain, de pomme de
terre et assaisonnées.
Kol Nidré, il est dit la veille de Kippour après avoir sorti sous les
rouleaux de la Torah. Ensuite on fait la louange d'une longue liste de rabbins
tunisiens.
Korkob, colorant sans goût dans la cuisine.
Koumidiniou, une commode, meuble. On sent la langue corse, sous le mot.
Kouzina, la cuisine.
Koumita, comité de gestion de la communauté.
Kouttab, école rabbinique ou coranique élémentaire.
Kraâros. C'étaient, en Tunisie, les fiacres à deux chevaux qui étaient
conduits par des Juifs ou des Maltais.
Kraïmi, gros poisson (genre daurade ou cabillaud) au coulis de poivrons,
mariné, poché dans la sauce, accompagné de riz klaya, pommes vapeur etc.
C'est le plat de Roche Hachanna.
Kvittel, C'est un papier que l'on transmet à un tsaddiq en yiddish et sur
lequel on a écrit une demande qu'il transmettra dans sa prière.
Lablabi, soupe aux pois chiches, cumin, citron, harissa, huile d'olive, très
digeste.
Ladino judéo-espagnol. Au sens strict, traduction des textes hébraïques
dans le judéo-espagnol. Au sens large, langage parlé judéo-espagnol que
l'on doit nommer plus exactement judezmo, spaniolish, romance. etc. suivant
les régions de la dispersion d'Espagne. Il comporte une littérature écrite
et chantée.
La Goulette. Petit village jusqu'en 1920 quand les habitants de Tunis commencèrent
à quitter la grande ville pour les villages avoisinants. Nostalgies entendues
: la promenade du chabbate à la Goulette : il n'y a qu'un seul boulevard qui
longe la mer, la rue derrière abritait toutes les gargottes (mechoui, briks,
fricassés), la plupart d'entre elles étaient tenues par des Juifs et la plus
célèbre était " chez Bichi". Tout le monde rencontrait tout le
monde, certains allaient au cinéma en matinée et payaient soit avant soit
après chabbate, même chose pour les petits cafés tenus par des Italiens,
Maltais ou Musulmans, les filles étaient bien habillées. En déambulant indéfiniment
sur le boulevard, les jeunes gens et les jeunes filles en groupes
s'observaient et commentaient. A la Goulette Casino, où les gens louaient une
chambre à l'ancien casino, (voir oukala) les hommes juifs se tenaient sur le
pas de la porte en pyjama et tricot sans manches. (n).
La iouarina, "que D.ieu nous préserve d'une telle chose".
La Javanaise, célèbre patisserie très fréquentée.
Lesqa, Lasqa : cire pour les traitements, onguent pour soigner en particulier
les furoncles. Il y avait à Tunis, avenue de Londres, une femme pieuse qui
avait reçu la recette secrète du Prophète Elie, elle ne prenait jamais
d'argent et si les gens insistaient, elle le donnait à une oeuvre de charité.
La veilleuse (Kandil) de Prophète y brûlait en permanence. Lsaqi, pommades
de guérisseuses.
Lo met, pseudonyme de Ribbi 'Haï Taïeb né le 19 Kislév 5504 (1743), décédé
le 19 Kislév 5598 (1837) et "pas mort" dans la vie essentielle et
dans le souvenir de ses compatriotes.
Loubia bél kamoun, ou camounia, c'est une dafina aux haricots et au cumin. On
l'appelle aregma quand elle ne comporte pas de viande.
Louzata, chez les juifs de Tunisie, sirop d'orgeat.
Maabarotes. Camps d'accueil et de transit pour les immigrés en Israël au début
de la création de l'Etat. Les conditions difficiles d'existence dans ces
camps ont laissé de profondes blessures familiales et entre les communautés.
Maadnouche, persil plat.
Ma beldou, "qu'il est lourd". (Ne se dit pas en présence de l'intéressé).
Maghdoura, "misérable" en arabe, surnom donné à des enfants nés
dans des conditions terribles, comme R. Yits'haq 'Hayim David Hacohen-Tanugi
dit R. Yits'haq Hougué Maghdoura, né vers 1770 juste après la mort de sa mère.
Mai'ha, prénom Sim'ha, joie.
Maïda, table basse.
Makola, fiole à khôl.
Maksoura, petite pièce.
Manicotti, pâte de la reuchta mais en forme de rosaces très belles. Nommées
également débla. C'est frit et passé au miel, évidemment.
Maqoud, plat d'oeufs entiers crus et durs… se nomme minina, car il comprend
seulement poitrine de poulet ou cervelle, oeufs et épices, c'est bien
pourquoi on le sert aux fêtes ; la minina revient très
cher.
Maqroud, gâteau en forme de cylindre découpé, frit, au miel, fourré ou
farci de couscous et dattes, noisettes, amandes pillées, cannelle.
Mara al a'har, que l'année prochaine soit meilleure !
Marmouma (à Sousse) ou Makbouba (à Tunis) composée de poivrons tomates et
ail sautés dans l'huile d'olive ; désaltérant mangé froid. Se nomme frita
quand elle est aux poivrons rouges.
Martba, c'est une chaise recouverte d'un beau tissu sur quel on pose des
fleuret des livres de prièrespendant la circoncision.
Matbkha, cuisine.
Mazar, eau de fleur d'oranger.
Méchoui. Plat de viande grillée à l'huile et aux épices, macéré et cuit
lentement, spécialement chez les juifs marocains. A Tunis ceux de
"Beyza", et ceux de "Bichi" à la Goulette, sur le grill,
étaient appréciés.
Méchouya, salade épicée de tomates, poivrons et ail grillés dans l'huile
d'olive, mangée froid dans un ravier. On peut y ajouter des capres et du
thon.
Méddéd, enseignant des classes élémentaires du kouttab.
Médersa, édifice coranique correspondant à la yeshiva.
Mégorachim Ce sont les juifs expulsés d'Espagne et du Portugal
Mellah, quartier juif au Maroc, en opposition à "la ville", la
medina.
Mélya, vêtement fermé par une agrafe.
Mhamar, aubergines farcies.
Mherqua, ruban de pâte fine frite et sucrée. spécialement chez les juifs
marocains.
Milchig. Voir parvé.
Mimouna (bonne augure. en arabe) ; à l'origine, fête des juifs marocains à
l'issue de Pessa'h pour le retour à la nourriture faite avec du levain ; les
voisins. juifs et musulmans. se rendaient visite et on se rendait en
pique-nique à la campagne. Aujourd'hui cette fête a pris une extention en
Israël comme fête de promotion des juifs séfarades, et fête de l'unité du
peuple. Les divers leaders politiques tiennent à y faire acte ostensible et
utilitaire de présence.
Mlohia, feuilles de corette en poudre, en cuisine. C'est une sorte de feuille
d'épinard. On fait revenir dedans la viande de boeuf ou de merghez. On
appelle ce mets : "le plat qui ne finit jamais". Il est servi très
chaud dans sa sauce épaisse.
Moucharabiéh, sorte de balcon en bois, peint et fermé, permettant de voir
l'extérieur sans être vu.
Mosht, peigne.
Moubiliya, les meubles.
Mrato ghalbatho, chez les Juifs de Tunisie, "sa femme l'a vaincu",
expression dite lors de Qossane el 'houta, cérémonie de la coupe de poisson
qui clôture les festivités du mariage, le chabbat suivant le mariage ; la
mariée y revêt sa robe de noces.
Mraya, miroir.
Mridék, Mordekhaï.
Msoqqi, plat principal de Pessa'h composé d'épinards, de menthe, de légumes,
de viande de mouton et de matsa. On l'appelle aussi tbikha. Quand la verdure
prend le dessus (épinards) on l'appelle tabaa.
Mzaoura, ou mzora, salade de chou-fleur ou carottes cuites et pimentées au
carvi.
Nabeul. On s'y rendait en pélerinage sur la tombe de Ribbi Yaâqoc Slamma?
Nahj, la rue. Nahj El Qallaine, la rue des potiers, Nahj Ennar, la rue du feu.
Nanaa, menthe.
Nafa, tabac à priser que l'on se passe à la synagogue pour éveiller la prière.
Nawba, petite pièce de musique.
Nédaba, don. Correspond à l'hébreu nédava.
Nikitouche, c'est un plat aux poulet et aux pâtes nikitouche ou baballes.
Lire à baballe.
Nomination chez un voisin arabe. Comprendre une nomination arabe complète
inclut 4 éléments : donc la paternité (Abou Yasser), le prénom (Ali), la
filiation (ibnou Mousni) et l'appartenance (al Husseini) : Abou Yasser Ali
Ibnoui Mousni Al 'Husseini.
Nuwwaha, pleureuse pour les enterrements.
Ojja, oeufs brouillés en sauce, accompagnés de merguez éventuellement.
Ouarkét en nefcha, feuille imprimée et couverte de formules de prière et de
cabala, placée à la tête du lit de l'accouchée pour l'aider.
Oukala, un groupe de chambres autour d'une cour centrale où les locataires se
partageaient la cuisine et les toilettes. Il n'en reste presque plus en
Tunisie. Le très joli film : Un été à la Goulette, montre une oukala dans
le quotidien ; également, un groupe de maisons.
Ozné amane, oreilles d'Amane, patisserie typie de la fête de Pourim.
'Osbane ou ôsbana, plat épicé de tripes, abats et salades, à Pessa'h.
C'est aussi la sorte de saucisse aux herbes qui garnit le couscous.
Ouarqate al assél, (feuille de miel). Petite publication distribuée pour
donner les précisions sur toutes les fêtes de l'année ; avant Roche
Hachanna.
Oubbayta, fantôme effrayant de personnes qui ont eu une mort violente.
Oulad el-bayyout, enfants du piyoute, enfants que l'on réunissait chaque
semaine, chez les juifs de Tunisie, pour leur apprendre les chants de la
synagogue.
Patisseries. Rue de Constantine, à Tunis, il y avait de chaque côté de la
rue deux excellentes patisseries juives qui se faisaient concurrence, Gafsi
et... Chaque jeudi et durant toute la journée, les gens peu fortunés
passaient aux magasins et ils recevaient sans compter et de la monnaie par
pleines poignées, et des pâtisseries pour Chabbat
Polpetone, c'est un roti.
Poulet, on n'en mangeait pas à Djerba.
Psall, voir bsall.
Payétane, poète religieux, comme Ribbi Fragi Chaouate, Aharone Peretz de
Djerba, Ribbi Néhoraï Jarmon ou Eliahou Sitbon, contemporain de R. 'Haï Taïeb.
Qabqab, chaussures de bois des femmes, socques, parfois garnies d'argent
repoussé ou incrustés de nacre ; chez les Musulmans, qabqab ragabouz, sabots
spéciaux offerts le jour du mariage par le marié, et que son épouse portera
pour se rendre au Hammam..
Qandil, veilleuse à l'huile. Pluriel : qnadil.
Qossane el 'houta. Chez les juifs de Tunisie, cérémonie de la coupe de
poisson qui clôture la semaine du mariage. La mariée revêtait sa robe de
mariée, on mettait sur la table un gros poisson
sur un beau plateau, et on lui indiquait où le poisson était le plus tendre
; ainsi elle pouvait le couper car, enfoui ailleurs dans le corps du poisson,
il y avait un cadeau, habituellement un bijou, offert par le jeune marié.
Voir Mrato ghalbatho.
Qoufiya, coiffe en forme de cône ou de hénin, porté par les femmes juives
en Tunisie jusqu'au début du 20e siècle. Pluriel : qouafi.
Qra, salade citronnée de courges.
Rabbi iachek, "D. te fait vivre". Se dit quand on demande quelque
chose à quelqu'un, ou en guise de remerciement.(C'est quand même plus gentil
qu'un simple s'il-te-plaît, non ?).
Rabbi mâk, "D. est avec toi". Se dit surtout le matin lorsque le
mari part travailler, ou quand les enfants vont à l'école, et en toutes
circonstances.
Rabbi yaïéchna, "que D.ieu nous prête vie !"
Rabbi yéstor, "que D.ieu nous protège !"
Rébab, violon ne comportant que quelques cordes.
Rébayibiya, séance de guérison par les méthodes traditionnelles de la
musique, dance et transes.
Rebbétzine, la femme du rabbin, en yiddish.
Reuchta, pâte large, étalée et découpée sous différentes formes et mise
dans le bouillon.
Reunde, laurier, en cuisine.
Réourbél, tamis pour bien préparer la graine de couscous.
Rghaif, crêpes chez les juifs du Yémén.
Riz klaya, revenu à la poèle dans l'huile d'olive et le bouillon. Assaisonné.
Roche 'Hoddéche la banote : chez les Juifs tunisiens, c'est un jour de fête
consacré aux jeunes filles célibataires pour leur souhaiter un mariage, le
1e du mois de Tévéte pendant la fête de 'Hanouka, Roche Hoddèche Tévéte.
Ce jour-là, en Tunisie, on célébrait les fiançailles et les pâtissiers ne
suffisaient pas à la demande de pièces montées. Si les fiançailles avaient
été célébrées, c'était la même chose, sauf que le fiancé avait une
"amende" supplémentaire, il devait insérer dans la pièce montée
un bijou. La Maman faisait sa farka, la semoule fine était cuite à la vapeur
au dessus de la marmite à couscous dans laquelle il y avait de l'eau, des écorces
d'orange, du mazar, du sucre. Lorsque le "couscous" était fait,
elle le versait sur un grand plat ovale, la kâssâ, et l'arrosait avec le
bouillon, puis elle le laissait reposer. Elle faisait ensuite cuire les dattes
en pâte, les amandes - ou noix -et faisait un sirop si épais qu'on pouvait
le manger à la fourchette. Elle déposait son couscous sur une planche de
marbre, huilée au point de devenir une patinoire, et l'étalait en rectangle
au centre duquel elle mettait ses dattes etc... et enveloppait la farce dans
la semoule qui maintenant était presque solide, décorait avec encore du
sirop et des moitiés de noix. Environ 2000 calories par cuillerées à soupe,
mais quel délice, une fois l'an. Les enfants recevaient toutes sortes de
cadeaux du papa. On allait voir un film ou autre distraction selon les
disponibilités du jour. La tradition continue là où vivent aujourd'hui les
Juifs originaires de Tunisie.
Rozada, boisson à l'eau de rose.
Saba ou Cheba, nomination de la fille, sept jours après la naissance.
Safsaf, le café très populaire et celui des Juifs à La Marsa, station balnéaire,
ancienne résidence des Beys de Tunisie, La particularité de ce café était
le puits au centre et le chameau aux oeillères qui tourne la poulie du puits
sans arrêt pour faire remonter les gargoulettes d'eau délicieusement rafraîchissante,
servie dans des haleb. Le sol était fait de sable marin et on sentait l'odeur
des chameaux.
Saha !, (demandez-le à vos amis tunisiens. Un excellent exercice)
Samsar (samsara), arrangeur de mariages, comme le nom chadrane en hébreu. Ce
qui est étrange c'est que ce nom vient du sanscrit et signifie le cycle éternel
qui mène vers l'harmonie. Pour cela Jean-Paul Guerlain en a fait son parfum
de 1989 qu'il définit comme réincarnation du très féminin, composé de
jasmin, roses, santal, vanille. A Tunis, tout cela était comme ça dans l'air
! (avec les mains).
Sandwich tunisien, fourré de slata jida avec quelques olives, oeufs durs,
thon, harissa, un peu d'huile d'olive et parfois des pommes de terre.
Sarir, lit surélevé.
Sayyéd, "le maître", hassayyed.
Sba, ou déformé en swiba, le doigt, contre le mauvais oeil. Egalement,
"un petit doigt "lorsque l'on demande ou offre quelque chose de
petit.
Schnitzel, escalope panée, dans la cuisine ashkénaze.
Scoudilini, oeufs battus.
Secritou, secret.
Selq, épinards.
Séoudate bourim, le repas de fête de Pourim.
Serrajines, brodeurs sur cuir ou selliers.
Séoudate Yitro, chez les juifs de Tunisie, festin le jeudi qui précède la
paracha de Yitro.
Sérara, en arabe. charge héréditaire de rabbin.
Séroual, pantalon bouffant porté jusqu'au début du 20e siècle par les
juifs et rabbins de pays musulmans, spécialement en Tunisie et Tunisie.
Egalement par les femmes. Pluriel : sraouil.
Sfargel, coings parfumés de girofle pour le Jour de Kippour ; habituellement
on les apporte la veille, mais parfois les enfants les apportent à la
synagogue.
Sfaxia, originaire de la ville de Sfax ; évidemment, soupe de poissons.
Sfenge, beignets, chez les juifs marocains.
Sigourou, sûrement.
Sisi sidi Bar Yo'haï, ouadi séouda... "Seigneur, Seigneur Bar Yo'haï,
voici ce repas"..., chant en judéo arabe lors du Lag ba Omér.
Sistou, plat du séder en osier en forme de corbeille recouverte d'une petite
nappe brodée.
Skifa, vestibule de la maison, entouré de dunnana.
Sla, salle d'étude, chez les juifs des pays arabes. Nom donné également à
la synagogue. Pluriel : slaoui.
Souk el Attarine, le marché des essences, senteurs et parfums. Dans la Médina
de Tunis, il y a également Souk El Belgha (pantoufles, babouches, cuir en général),
Souk El Barka
(bijoutiers où on achetait l'or au poids et à la criée) et d'autres
souks…
Soussou, Yosséf.
Stambali, chez les juifs de Tunisie, danse extatique accompagnée de musique
pour chasser les mauvais esprits suscitant une maladie mentale.
Strimel, haut chapeau de fourrure porté le chabbate par les juifs polonais et
hongrois.
Taalil, louange chantée à l'occasion d'une fête comme la bar mitsva, le
mariage.
Tabel, coriandre en grains, moulue.
Taffala, récipient en cuivre qui contient du tfel, argile pour les soins de
beauté et toilette.
Tafina ou Dafina ou Adafina. ou Skhina. Plat mijotant longuement en étant
maintenu à la chaleur sans bouillir et mangé le chabbat, dans la majorité
des communautés, en raison de l'interdiction de cuire pendant le chabbat.
Tahfifa, potiron revenant dans l'huile d'olive, les toates et la coriandre (tébél).
Tâgine, marmite basse.
Taïche, formule prononcée quand quelqu'un a éternué et signifiant
"que tu vives". Ou "taïche outékbér outfouz" (que tu
vives et prospères).
Takah, batonnet servant à entrer la corde fermant le pantalon sawal trantal.
Takrita, foulard des femmes.
Talil, chant populaire.
Taliyane, costume à l'européenne.
Taoula, une table.
Tarra'h, porteur de pain.
Tbark 'olla, Tbark Halla, chez les juifs de Tunisie, "Dieu soit béni".
Tbikha, chez les juifs de Tunisie, plat principal de Pessa'h composé de légumes,
de viande de mouton et de matsa ; ou, dans le langage courant, avoir perdu une
partie de foot par exemple: kla tbikha.
Tchabina, la charge très honorifique de tenir l'enfant lors de la
circoncision.
Testour. S'y trouve la tombe de Ribbi Fraji Chaouat où l'on se rend en pélerinage.
(Anecdote: pendant l'occupation allemande, un tankiste allemand voulait démolir
le cimetière juif de Testour, lorsque le tank s'approcha de la tombe du
Tzadik, le tank s'embourba et il y resta de très nombreuses années, le
soldat s'étant enfui, terrifié, en abandonnant son engin).
Thaléte lila, chez les juifs de Tunisie, de l'araméen, repas ayant lieu la
troisième nuit après la circoncision. la coutume veut que l'on invite 3
musiciens : un aveugle, un sourd et un muet, ils étaient de toutes les 3e
nuits et arrivaient l'un derrière l'autre se tenant par l'épaule. Ils
savaient quand venir et très souvent, personne ne les invitait. Tout se sait
en Tunisie, ni fax, ni web, ni tel, ni kloum, ils arrivaient les trois en file
indienne, se tenant par l'épaule, l'un guidant l'autre, s'installaient,
mangeaient tout leur soûl et jouaient des piyoutim, au violon... On
adorait... Il paraît que leur virtuosité était proportionnelle à la générosité
des hôtes.
Thamane, valeur d'un objet dans le commerce.
Thoum, ail.
T'Hour ou Tahour, la mila ou circoncision.
Tiche, repas célébré avec ferveur et chants dans lequel le rabbin
'hassidique est entouré de ses disciples et prononce des commentaires sur la
Torah, spécialement après la fin du Chabbate.
Tikhel, foulard qui recouvre les cheveux, en yiddish. (Mais, qu'est-ce que
vous faites ici, vous ?).
Tita, Esther.
Tounis El Khadra, Tunis la verte.
Torchi ou Torchi el khel, légumes (carottes, poivrons, navets), découpés et
assaisonnés de citron, eau et vinaigre et conservés en bocaux. Se sert avec
les viandes ou en kémia.
Touansa, chez les juifs de Tunisie, les juifs installés depuis très
longtemps, pour les différencier des livournais ou portugais nommés grana.
Treino, le tramway. Il reliait La Goulette, El Karm, Carthage, Gamart, La
Marsa...
Yabrak, feuilles de salade romaine ou de chou vert farcies de boulettes de
viande garnies d'herbes, revenues avec des tomates et du riz klaya. On le sert
à Pessa'h.
Ya Baba, Papa !
Yaïchék, que D.ieu te fasse vivre !
Ya 'habibi, mon chéri, mon ami !
Yasmina, le jasmin, il embaumait, on appréciait d'en mettre un brin sur
l'oreille en restant assis à l'ombre avec des amis taa'ht el yasmina, sous
les jasmins. Taa'ht el yasmina fel leil, chanson très célèbre de Abdel
Awab.
Yazi bla kraka, ne fais pas le (la) lourdeau (ton tellement mignon!)
Yéd, la main
Yéd el-méftou'ha, la main ouverte, dite aussi la main de Fatma.
Yisma'h 'hatani, chant de mariage ("que mon époux se réjouisse").
Yoyo, petits anneaux de pâte joints et frits dans l'huile et le miel puis
parfumés et sucrés.
Youki, Young Pérez ; le héros juif tunisien, champion du monde de boxe en
1931 , exterminé à Auschwitz.
Zafrane, safran. Le safran de moindre qualité et moins fort, se nomme spigol.
Zaouya, édifice qui abrite la tombe d'un Saint. Les noms de rue commençant
par Sidi indiquent qu'il y a une zaouya dans la rue.
Zariya, soupe populaire aux pâtes, riz, tomate, légumes, poissons, viande,
etc.
Zélije, poterie ou céramique émaillée.
Ziyara, pélerinage sur la tombe d'un sage, en Tunisie. En Turquie, visiter la
tombe d'un parent s'appelle aussi Ziyara. Toute visite au cimetière (en
dehors des enterrements) s'y appelle Ziyara.
Zougdida, chez les juifs de Tunisie, mini séder de Pessa'h pour les enfants.
Zrazy, émincés d'entrecôte de boeuf. chez les juifs polonais.
Zrirate, en arabe, les youyous de joie des femmes lors des fêtes, par exemple
quand le jeune monte à la Torah pour la première fois. Egalement zégharite.
Quelques noms de famille des juifs tunisiens :
Abitbol, Abokara, Aboutboul, Accos, Allal, Allali, Alnadjar, Ankry, Azoulay,
Baranes, Bellaïche, Benattia, Benmoussa, Bensimon, Berribi, Bessis, Bidoussa,
Bismouth, Bismuth, Boccara, Bokobza (voyons, la boukha!), Bonan, Borgel,
Boujenah, Brami, Calvo, Castro, Chiche, Chitroug ou Sitruc, Cohen,
Cohen-Hadria, Cohen-Solal, Costaz, Dana, Danon, Darmon, Darmoni, Fellous,
Fitoussi, Galula, Giami, Giamii, Gozlan, Guez, Habib, Haddad, Hadgege, Hagége,
Hassid, Hattab, Jarmon, Journo, Karila, Kayate, Kazim, Khalfon, Khayat,
Koskas, Koskasse, Krief, Labi, Lambroso, Levy, Liscia, Lellouche, Louzoun,
Lumbroso, Madar, Maklouf, Maimoun, Mamou ( Isaac Mamou ayant participé en
tant que représentant au Congrès de Théodore Hetzel en 1897), Marzouk,
Mazouz, Meimoun, Memmi, Métoudi, Msalat, Messika, Mimoun, Mizrahi, Nadjar,
Naqqache, Nataf, Nizard, Nunes, Osuna, Pariente, Parodi, Perez, Racah, Rossi,
Sarfati, Saada, Saadoun, Sadoune, Saporta, Saraf, Sebag, Sfez, Setbon, Silva,
Sitbon, Sitruk, Scemama, Selama, Seroussi, Slama, Smaja, Smila, Suid, Sultan,
Tammam, Tanugi, Taourel, Tapia, Tartour, Temam, Tibi, Tmime, Toubiana,
Tubiana, Uzan, Valensi, Valenzi, Zarka, Zarrouk, Zeitoun, Zemmour, Zerbib…
La Douda
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