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  ‘……LE VAUTOUR….’

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LES MEMOIRES D’UN GOULETTOIS

L’ENFANT DE LA GOULETTE

PAR ALBERT SIMEONI (BEBERT)

DANS LA SERIE TEMOIGNAGE…..

                                                                                                                                       18/06/89     19/5/01

 

                                                  ‘……LE VAUTOUR….’

 

‘Monsieur Charles Simeoni Mouchi né le…..à……La Goulette….   vous êtes convoqué le…………à la salle du  Tribunal de Grande Instance de Marseille  sur plainte ……………………etc…..’

A mesure qu’il progressait dans la lecture de son avis de convocation, ses yeux (èllah lèy warrina= que D.ieu nous préserve) s’embrouillèrent à un tel point qu’il trébucha sur la première marche qui mène à son appartement, oubliant l’ascenseur.

(C’est Richard qui parle)

‘Bébèrt….’me dit t’il ‘…je me suis demandé comment j’ai fais pour arriver là haut.. ?..

je ne savais pas si mes jambes me portaient ou si   c’est   mes fesses qui glissaient sur des roulettes ….’ Me raconta t’il  avec son humour, sa façon et ses mimiques digne d’un maître dans le ‘racontage ‘ des histoires drôles.

Voici les faits réels relatés aujourd’hui.

Mon frère Sauveur, le roi des entourloupettes, surnommé Scapin d’ailleurs, fût contrôlé sur la Canebière à 23 heures sans casque.. sans lumière.. sans assurance  et sans freins. Sa moto avait tout juste deux roues. Et lui par-dessus. Le vélomoteur était au nom de   Richard. Il tût son nom au C.R.S et vomit celui de son frère Charles.. D’où la convocation 4 mois plus tard au palais de justice. Ma mère débarqua, une nouvelle fois, à Marseille pour assister mon frère. Un avocat, un compatriote, fût choisi   afin de défendre l’affaire du siècle.

L’audience était prévue un certain jour à 9 h 30. Voici relaté par lui-même ces moments uniques.

‘ Je gravissais les marches des escaliers du Tribunal en serrant la main de ma mère ( IL avait 18 ans à l’époque). Une diarrhée impromptue , qui avait pris naissance le jour même de ma convocation habitait mon sac à merde. Pour plus de précaution, j’intercalais entre mes jambes une couche ‘Pampers’ au cas….une autre de remplacement  attendait dans le sac de ma mère. Par sagesse, maman s’équipa d’ une bouteille de ‘ Mazar’ ( eau de fleur d’oranger) de la Goulette. Dans la salle des pas perdus, je sentais cet exquis parfum qui faisait retourner les compatriotes. Mon avocat    nous fis asseoir dans la salle pleine à craquer….

                        ‘Attendez-moi un instant, j’arrive…’

Ils nous laissa écouter les affaires plus ou moins incongrues et drôles qui se jugeaient dans une ambiance typiquement marseillaise. A se tordre de rire. Mon avocat revint. Il était 13 h 20 quand…..

                         ‘Affaire le Préfet de Police contre Monsieur Simèoni Charles…..’

A l’appel de mon nom, je restais ‘gluè’ sur mon banc, retenant le bras de ma protégée.

2 ième appel…….

                        ‘Le Préfet de…………..ni….‘…eoni’ parvint à mes oreilles complètement bouchées. El fèyjya (La peur).

Ma mère me poussa de son bras….’

                      ‘On t’appelle….’

Mon avocat était déjà près du prétoire.

Je sentais  sur moi des coups, le regard du public qui m’observait avec insistance et qui accompagnait la marche funèbre d’un macchabée rétréci marchant vers la potence. Je retournais mille fois la tête vers ma mère…

                        ‘Maman….maman….ton fils….je n’ai rien fait…. !’

J’arrivais enfin, à la barre, si court sur le lieu de mon supplice que….

Le président…….’Monsieur Simèoni….je ne vous vois pas…. ?’

Je remontais légèrement. Mes cheveux,  à ras le bord de la barre…

Lui                ‘Monsieur, s’il vous plait.. relevez -vous… ?’

Moi, d’une voix aphone….

                     ‘J’ai rien fait….c’est pas moi…. !’

Lui                ‘Mais…parlez plus fort… ?’

Moi, vers ma mère…

                     ‘Ma…au secours….ton fils….. !’

Mes pieds baignaient dans une baignoire de sueur.

Puis              ‘Maître…maître…. j’ai rien fait… !’

Le président énuméra les circonstances. Mon avocat pris finalement la parole…

                    ‘Un jeune homme …sérieux….docile…aimant…’

Je me relevais petit à petit….

                    ‘…qui n’a jamais rien commis de fort répréhensif …..’

Je retrouvais une soudaine énergie défaillante….j’étais à genoux et  m’agrippais à la barre …ma tête de ‘corse’ émergea de par-dessus ….

                   ‘….un enfant doux dont la maman, venue spécialement de Tunisie, en est fière….’

J’étais complètement subjugué …ragaillardi…bombant le torse…retrouvant mon allure hautaine. J’affrontais   à présent le regard du Président et de ses assesseurs….du monde entier. Une confiance et un aplomb   qui me fit pousser des ailes. Je planais. Mon avocat termina son envolée lyrique quand le procureur se leva tel un vautour et déploya ses ailes noires (sa robe).

                                    ‘Monsieur Simèoni….dont maître veut……_étranger….

A cet instant précis….’Avez vous mis du sel sur une limace.. ? je retournais à la case départ….en bas…plus bas que la balustrade….plus bas que le carrelage….

                                 ‘Ces ètrangers qui viennent en France sous couvert ….’

Plus bas que la cave……

                                 ‘…Sans casque…..

Sous la terre………….. 

                                 ‘…Sans freins….sans assurance….’

Plus bas que sous la terre…..

                                ‘….Sans phare….sur la Canebière…en plus…’

Plus bas que sous la terre de la terre….

Je me mis à pleurer à chaudes larmes pensant attendrir le vautour…

                ‘Je réclame à son encontre 15  jours de prison avec sursis et 1500 frs d’amende….’

Je suis mort.  Les anges volent autour de moi….je rencontre mon ancien rabbin Akiba et ma tante Louise qui me demande son couffin qu’elle a oublié du temps où elle habitait chez  ma mère, dans sa chambre.

Bref, ma première   émotion passèe, j’entendis derrière moi comme un long ronflement. Maman…. ?   Criais-je en pleine salle…Je ne voyais plus ma mère….Elle s’était assoupie sur le banc évitant ainsi une syncope à l’annonce de la sentence.

1000 frs furent requis plus la confiscation de la source de mes malheurs.

Voilà ce qu’il arrive à un étranger si vous roulez en mobylette sur la Canebière la nuit sans….

 
"albertsimeoni" albertsimeoni@wanadoo.fr


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