| Accueil | Annonces | Arts | Calendar | Cartes | Chat | Commentaires | Communautés | Coutumes | Culture | Délires
| Enregistrement | e-Souks | Forum | Fun | Galerie Photo | Genealogie | Harissatheque | Histoire | JRencontre
 | Kandil | KesTuCherch | La bouffe | Links | Loterie | Medias | Musique | Objectif | Paracha | Plan du site | Portail
| Recherche | Religion | Sommaire | Sondages | Souvenirs | Telecom | Tunes Célèbres | Voyages  |
 

 

LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

 

L'EXCURSION PAISIBLE

   Forum     Medias     Culture     Sommaire      Harissatheque     Genealogie      Plan du site       Kandil

 

Savez-vous, qu'aujourd'hui c'est le jour du pèlerinage de Rebbi Fraji Chaouat de Béja? Comme nous sommes loin, et qu'à l'heure actuelle tout le monde semble sans espoir pour ce qui se passe entre Juifs et Musulmans, il me paraît plus sage d'écrire sur mon pèlerinage dans ma ville natale, où les relations amicales et fraternelles entre Musulmans et Juifs n'étaient pas des rêves, mais une réalité. Mon petit monde, c'est bien ma ville natale, que je sois aux Etats Unis ou ailleurs, elle m'accompagne partout. A tout moment, sans même avoir une carte topographique, j'y entreprends, réveillé ou endormi, des promenades clandestines. Je ne sais pas toujours par quelle rue commencer, mais j'aime bien faire des excursions sans passeport et sans moyens de locomotion. N'est-ce pas merveilleux, de se sentir libre dans sa peau? Parfois lorsque je suis dans le train et le chemin commence à être ennuyant, je me promène secrètement dans les rues de Béja, sans que quelqu'un puisse s'en appercevoir. Lorsque que je me trouve chez le docteur ou chez le dentiste, comme c'est souvent le cas lorsqu'on prend un peu de l'age, je fais une promenade parfois courte et parfois longue. Cette fois-ci je devais attendre chez mon dentiste. J'avais passé en revue tous les journeaux et les magazines qui traînaient sur la table, il n'y avait pas un journal du jour ou une revue du mois en cours, tous étaient des mois précedents et pour me faire la vie facile, je commençai la marche clandestine à partir de notre maison de la rue François Faure-Dère, aujourd'hui on l'a renommée rue Habib Thameur. Heureusement que mes voisins m'avaient tenu au courant du changement de nom.. Lorsque je l'avais appris, j'étais un peu triste car je trouvais que personne de notre ville ne nous avait demandé notre avis, puis je me suis dit: "Peu importe ce que les personnes responsables décident, pour moi rien ne change." Béja est toujours Béja. Soudain une grosse femme accompagnée de son mari entra. "Good morning!"elle disait. Elle m'avait arraché pour un moment à ma belle excursion matinale mais je retournais aussitôt. Je descendis les escaliers du premier étage et j'entrepris une petite marche, à partir de notre rue. Mme Beneinous venait d'arriver en bicyclette, elle portait son Bernous(cape) noir, je la saluais et continuais mon chemin. Devant moi je voyais la maison des Ferrara et des Vulo, un peu plus loin et à ma gauche la gare je disais bonjour à monsieur Cotard et à ma droite la maison Saint Frères était toujours là telle que je l'avais laisse, cette maison louait les sacs vides aux paysans afin de pouvoir transporter leurs récolte de céréales. Un peu plus haut, dans la rue de France et toujours du même côté, après la fin des bombardements, les Chaouat avaient occupé un grand magasin qui faisait dépôt commercial, ils l'avaient transformé en habitation. Je revoyais encore la mère Chaouat, Marie au seuil de la porte et j'entrevoyais dans le fond du dépôt le père Chaouat, Fraji qui terminait sa prière matinale. Ses fils Rémi et Jojo, étaient déja en haut de la rue, ils allaient vers l'école. Je continuais le long du trottoir et j'entrecroisais en sens inverse Simon Bellaïche qui allait à son travail à la station Shell qui était dans notre rue et qui était à côté de la maison Cotard. Un peu plus haut je voyais la femme de Monsieur Berdah qui était à sa fenêtre elle était là à observer les passants. Tous les jeunes de mon âge aimaient bien la regarder, car elle était belle et elle n'était pas de notre ville. Nous les garçons nous la trouvions très charmante et à notre age nous étions très attirés par la beauté extérieure. A ma gauche et sur le trottoir opposé le jeune Ottman sortaient juste de sa maison, qui est au-dessus du magasin de chaussures Bata et un peu plus loin, le bureau de ravitaillement. Celui-ci avait été créé à cause de la guerre. Mon oncle Alfred descendait en bicyclette vers le dépôt. Il ne m'avait pas vu et moi je préférais continuer mon chemin lentement sans être interrompu. La fille Beneinous, une des filles dont le père étais charron, allait aussi à l'école. Simone Rabot son cartable en cuir à la main sortait à peine de sa maison, je la saluais, elle me retournait le salut et m'invita de l'accompagner, elle allait prendre un baignet chez le Ftaïri (le marchand de beignets) qui était à l'opposé de la Rohba. De ce fait je me trouvais entraîné à lui tenir compagnie. Tout en traversant la rue vers le trottoir opposé notre ami Ottman nous avait entrevus, tout naturellement il nous joignait,. Je me trouvais changer de chemin et ainsi nous allions maintenant à trois chez le marchand de beignets. Je me disait en moi-même: "Puisque je suis là, autant prendre aussi un beignet." Là il y avait Chaloum Bellity qui attendait son beignet à l'oeuf et insistait à haute voix: "ODROBHA BE SAFOUT" (le faire croquant à l'aide de sa broche pointue). Le marchand de beignets tout souriant et obéissant lui dit: "EYOUA YA SIDI." (Bien sûr, Monsieur). Ce marchand avait une mémoire extraordinaire, tout en faisant frire ses beignets, il écoutait les désirata de ses clients et répondait à chacun, avec un gentil sourire. Après ce repas frugal, je disais au revoir à mes amis et je continuais mon chemin à partir de la place où j'avais rencontré Mademoiselle Rabot. Je recroisais la route et retournais sur l'autre côté du trottoir pour flâner tranquillement. Je passais le long du portail de la Rohba, et soudain je voyais Baqbaq qui était debout devant la porte du petit débit de tabac. Les cigarettes étaient rationnées, et Baqbaq se pointait souvant avant l'ouverture pour obtenir sa ration de cigarettes. Je le saluais et je continuais mon chemin, puis je passais près de l'épicerie Levy qui fait le coin avec la rue de Tunis, de l'autre côté l'atelier de Houani (Victor) Temmam le bourrelier. Victor était toujours matinal car il aimait lire son journal. La plupart de ses clients ne savait pas lire, donc il était toujours prêt à leur donner les nouvelles du jour. Je ne voulais pas m'attarder avec Temmam car dans la rue de Tunis j'avais plusieurs membres de la famille qui habitaient cette rue, la famille de Sassi Lilouff, la famille de Moumou Cohen, les Saadoun, puis, au fond de la rue, mon oncle Alfred. Sa maison était adossée à la forge de Bosco. A part celà, la famille du rabin Hagège qui était marié avec la soeur de Chalom Levy, sa maison était en face de la rue de Tunis, ensuite et plus haut d'un côté de l'avenue de France les bourreliers et de l'autre côté la Compagnie Algérienne et la brasserie du Phoenix, en face l'Hotel Restaurant qui est près des magasins des bourreliers et plus haut sur le même côté les ruines de l'immeuble des Tubiana qui a était bombardé pendant la guerre. Cette maison avait deux étages, elle était juste en face de la mairie. Elle avait la forme de la lettre majuscule "L" Les Tubiana avaient leur propre synagogue et une salle de réception. De temps à autre j'allais prier dans cette synagogue. Tout en marchant vers la mairie je rencontrais le père Bouzigue, le facteur de chez nous, il parlait avec le policier, Monsieur Galia le Maltais. Je faisais semblant de ne pas les voir car je voulais continuer vers le café Bijaoui, là j'entrecroisais Haim Etouil, l'ami de papa. Je le connaissais depuis l'age de trois ans lorsque j'allais au café Bijaoui d'avant guerre, sur le même trottoir les magasins étaient encore fermés, le fils Albou, était en train d'ouvrir le magasin de coiffure de Monsieur Monfré, puis, plus loin je m'arrêtais dans la boulangerie Durani où je prenais un croissant bien chaud. Ensuite je croisais la route et me dirigeais vers la rue Keredine. La maison des Bellity était là debout depuis près d'un siècle. Certains élèves qui allaient à l'école des garçons passaient devant moi, ensuite une foule de jeune filles allaient dans le sens inverse à l'école des filles, celle-ci était situé près de Bab Boutefaha. Mademoiselle Natalie, la directrice de cette école, les accueillait avec un regard sévère. Dans le fond de la rue Keredine il y avait le magasin de papa mais avant et au début de cette rue il y avait le magasin de Doumar Memmi, le vendeur de Drou'a et de gâteaux, celui-ci était adossé au magasin de Haim et de son père Lalou Fargeon. Quand j'avais atteint le magasin de papa il était presque midi... Du coup, l'infirmière prononça mon nom: "Tubiana!" "Yes, madam!" Je disait adieu Béja, c'est le tour de la perceuse qui va commencer. Mon dentiste me fit un sourire, puis: "Open your mouth!"(Ouvrez la bouche). Je pensais pouvoir continuer ma promenade, mais je me suis dit: Il vaut mieux garder les bons souvenirs sans douleur. J'intérompis mon pèlerinage de Béja pour me soumettre aux instructions du dentiste, en espérant un jour continuer mon excursion..

Emile Tubiana

miro-direct@metconnect.com  


| Accueil | Annonces | Arts | Calendar | Cartes | Chat | Commentaires | Communautés | Coutumes | Culture | Délires
| Enregistrement | e-Souks | Forum | Fun | Galerie Photo | Genealogie | Harissatheque | Histoire | JRencontre
 | Kandil | KesTuCherch | La bouffe | Links | Loterie | Medias | Musique | Objectif | Paracha | Plan du site | Portail
| Recherche | Religion | Sommaire | Sondages | Souvenirs | Telecom | Tunes Célèbres | Voyages  |
 

Cherche Harissa

Pour toutes informations, critiques et commentaires, envoyez un émail a : jhalfon@mediaone.net
copyright 2000. J. Halfon. All rights reserved.