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Refus d’identité ? Livournais et Tunisiens   


   

 Par Elia Boccara, professeur de littérature française

 

 Sympathie ne se discute pas

 

   «De plus en plus nombreux, de plus en plus riches, de plus en plus influents, [...] les Grana (les Livournais) devinrent de plus en plus arrogants, écrasant de leur superbe, leurs humbles coreligionnaires africains »[1]. Ainsi Jacques Taïeb décrivait-il en 1998, devant l’auditoire de l’Université de Tunis-Manouba, ses coreligionnaires livournais. Il y avait là comme une antipathie déclarée. Sympathie et antipathie ne se discutent pas, il est vrai, mais ne devraient pas compter dans le discours d’un historien. Est-ce ce sentiment-là qui interdirait à Taïeb de citer le plus important des historiens du groupe livournais, Lionel Lévy ? Celui-ci est connu notamment à travers une importante thèse de doctorat publiée en 1999 par l’Harmattan[2], puis une étude fouillée sur les noms des juifs livournais, échelonnée sur plusieurs numéros de La Lettre Sépharade[3] (réponse au livre de Paul Sebag sur Les noms des Juifs de Tunisie[4]) ? Ce silence se poursuit d’ailleurs dans l’article que Taïeb vient de publier sur la même question[5]. J’y reviendrai.

   Jacques Taïeb semble écrire en spécialiste de ce sujet et je ne discute certes pas sa valeur d’historien chevronné des juifs d’Afrique du Nord, à la solide culture. C’est lorsqu’il traite des Livournais de Tunisie qu’il paraît parfois comme empêché de tirer toutes les conclusions de ses prémisses. La citation placée en tête de cet article ne signifierait-elle pas qu’il n’aurait pas encore surmonté un regard particulier, jusqu’au XIXe siècle, de certains juifs autochtones de Tunisie, voyant arrogance là où n’existait à vrai dire qu’une certaine distance sociale ? Depuis lors, les Juifs tunisiens, ou une grande partie d’entre eux, ont fait bien du chemin, égalant, voire dépassant leurs coreligionnaires naguère plus favorisés ! Quant aux Livournais[6], c’est bien, je crois ; le but qu’ils se proposaient en Tunisie: on a suffisamment écrit sur ce sujet pour insister. Et n’est-il pas classique de voir l’assistant, par son paternalisme, se rendre peu sympathique à l’assisté ?

   Avouons que les Juifs livournais, travers à la fois bourgeois et ibérique, n’étaient pas toujours modestes, et cela sans égard à leur portefeuille, qui pouvait être vide : il faudrait n’avoir pas rencontré les hidalgos désargentés défilant dans Lazarillo de Tormes (œuvre écrite par des marranes) pour l’ignorer. Myriam Bodian, historienne américaine, a bien analysé ce phénomène : les descendants de conversos ont voulu restaurer un authentique héritage perdu comme les peuples colonisés qui recouvrent leur indépendance. La fierté d’être ibériques est une composante importante de leur mentalité collective. Plus loin elle explique : Les conversos ont développé une contre-mythologie assez puissante pour soutenir leur sens de dignité en un milieu saturé de symboles et de rhétorique de supériorité espagnole. Taïeb dit d’ailleurs : «Leur niveau de richesse était très supérieur à celui de leurs humbles coreligionnaires autochtones. Leur orgueil de caste de juifs espagnols [...], la connaissance des langues européennes, une certaine endogamie [...] composaient une personnalité socio-culturelle fort contrastée par rapport aux Twansa »[7].

 

L’histoire dramatique et tourmentée des Portugais

 

   Mais il ne rappelle guère l’histoire dramatique et tourmentée vécue par ces Portugais. Souvent juifs espagnols réfugiés au Portugal en 1492 pour éviter la conversion, ils connurent le rapt de leurs jeunes enfants destinés à peupler l’île équatoriale de São Tomé, à la merci des crocodiles et des serpents. On les leur arracha au dessous de quatorze ans, pour les confier à des familles catholiques. Eux-mêmes, enfin, furent convertis de force en 1497 avec défense de s’expatrier. Puis, victimes de l’Inquisition portugaise, nombreux regagnèrent l’Espagne où ils jouèrent un rôle économique et financier de tout premier plan, sans pour autant éviter de retomber sous la coupe de l’Inquisition, ce qui les poussa souvent à trouver asile dans les terres de liberté : Venise, Livourne, Amsterdam, Tunis, par exemple, où ils retournèrent à la foi de leurs ancêtres, après plus d’un siècle parfois de crypto-judaïsme. Entre temps l’épreuve commune de la conversion forcée[8] avait eu pour effet de créer une internationale portugaise, vraie nationalité d’un peuple solidaire ayant tissé des liens dans toute la Méditerranée et dans le monde entier. « Nation » fière d’avoir surmonté les plus terribles épreuves, bûchers, geôles inquisitoriales, pour le seul crime de n’avoir pas mangé de porc ou de n’avoir pas cuisiné le samedi. Les historiens contemporains espagnols et portugais ont largement exalté les deux rôles économique et culturel de ces crypto-juifs dans un monde qu’un catholicisme fanatique orientait vers l’ignorance et l’obscurantisme. C’est cet arrière-plan que n’aperçoit sans doute pas Taïeb lorsqu’il s’il s’étonne de la création officielle de la communauté portugaise de Tunis, en 1710, et l’analyse comme un « schisme ». « Le curieux de l’affaire - écrit-il est qu’il se soit produit justement au début du XVIIIe siècle. À cette date en effet, les grana s’étaient largement arabisés et tunisifiés. Ils employaient l’arabe dans leurs écrits communautaires, s’habillaient comme des indigènes, payaient la jizya ce qui démontrait qu’ils étaient devenus sujets du beys. Pourquoi s’être séparés... ? »[9].

 

Frères schismatiques ? Non, mais séparés

 

   Une première rapide remarque : le mot schisme est ici inapproprié. L’auteur s’en est rendu compte. Dans un tout récent article, en effet, il se contente d’écrire : « En 1710 les Livournais prirent la décision de se séparer des institutions communautaires ». Observons que jusqu’en 1710 nous ne disposons pas d’écrits communautaires. Le registre le plus important de ces écrits, publié par Avrahami, contient 114 pièces en quatre langues : hébreu rabbinique (47 pièces), judéo-arabe de Tunis (46), italien (12) et espagnol (9) »[10]. Nul doute que l’hébreu ait été largement employé par les rabbins de même que le judéo-arabe, langue locale officielle commune, entre autres, des écoles rabbiniques prioritairement tunisiennes. Les juifs étant traditionnellement polyglottes, l’arabe leur était connu, sans être leur langue principale. Les documents en espagnol, présents pendant le XVIIIe siècle, concernent les Escamot, c’est-à-dire les règles particulières édictées par les parnassim, auxquelles tous les membres se devaient d’obéir, ce qui implique que cette langue était bien la plus populaire parmi les juifs livournais de Tunis. La primauté de l’espagnol, langue toujours connue par les juifs portugais, peut être due au fait qu’ils avaient, pour la plupart, longuement séjourné en Espagne avant de gagner l’Italie et Tunis. Les contrats de mariage étaient signés en espagnol jusqu’au début du XIXe siècle. Certes, les Actes de la Chancellerie du Consulat de France à Tunis concernant les juifs italo-ibériques sont presque toujours rédigés en italien, langue européenne la plus répandue à Tunis. Ces juifs, passés par l’Italie, connaissaient aussi cette langue. Toutefois un détail est révélateur : lorsqu’ils présentaient un document prêt à enregistrer, il était presque toujours rédigé. en espagnol.

   Pour l’usage de l’espagnol par les juifs ibériques, l’exemple de ceux qui avaient trouvé refuge dans l’Empire Ottoman est éloquent. Jusqu’au début du XXe siècle, ils parlaient encore un dialecte judéo-espagnol tandis que les hispano-portugais de Livourne avaient adopté plus rapidement l’italien. En effet, l’acclimatation était beaucoup plus facile dans un monde chrétien qu’ils connaissaient par cœur et dont la langue latine était proche de leur langue maternelle, que dans un univers plus lointain, comme celui de la Turquie : il en était de même en Tunisie.

 

Forte identité dans un cadre binational

 

   Ce n’est d’ailleurs qu’au XIXe siècle que paraissent, dans le recueil publié par Avrahami, les documents en langue italienne devenue langue véhiculaire de la majorité des juifs livournais sous la poussée de la nouvelle immigration provenant d’Italie, et surtout de l’apparition du fait national dans la péninsule. Loin d’éloigner les juifs livournais de leur monde ancestral, les impositions du Bey étaient considérées comme des avatars parmi d’autres, d’autant plus que la renonciation officielle du Grand Duc au maintien de leur nationalité toscane ne date que de 1822. Pendant tout le XVIIIe siècle les Actes enregistrés à la Chancellerie du Consulat de France font suivre le nom des marchands originaires de Livourne de la mention marchand livournais ou di Nazione livornese. Ce n’est qu’au XIXe siècle, après l’accord de 1822, qu’apparaît dans les Actes notariés de cette Chancellerie la mention tunisien ou de nationalité tunisienne.

   Le phénomène est plus complexe si l’on souligne l’importance du Consulat de France comme pôle d’attraction, grâce à une protection qui, de fait sinon de droit, s’exerçait depuis le XVIIe siècle sur les juifs portugais, protection que quelques familles, tels les Valensi et les Garsin, s’assurèrent à part entière, dès lors qu’ils faisaient partie du personnel du Consulat de France. Cette protection, le Bey refusait opiniâtrement de la reconnaître lorsqu’elle s’exerçait en faveur d’autres juifs européens ; abstraitement tunisifiés pour des raisons purement fiscales, acceptées à contrecœur par les Livournais.

 

Création de la communauté livournaise, pourquoi, comment 

 

   Reste à expliquer le choix du moment retenu par les Juifs livournais pour fonder leur communauté, acte jugé absurde par Taïeb. Je me suis longuement occupé du cheminement des juifs livournais à Tunis tout au cours du XVIIe siècle à l’occasion de la publication de deux articles[11], dont je vais essayer de résumer l’essentiel.

   Dans le premier, je démontrais qu’au cours des premières décennies du XVIIe siècle l’arrivée des Livournais à Tunis était loin d’être un phénomène stable. Il se place sous le signe de la mobilité. Venus souvent de Venise, avant de choisir Pise ou Livourne comme port d’attache, nombre de ces marchands pratiquaient le va-et-vient en des séjours plus ou moins prolongés à Tunis où, généralement, ils ne mouraient qu’accidentellement.

   Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, la présence des livournais à Tunis commence à devenir stable et définitive : c’est de cette deuxième période que je me suis occupé dans le deuxième des articles cités, où j’indiquais les différentes étapes ayant conduit les Livournais, non seulement à une prise de distance vis-à-vis du judaïsme local, mais aussi à une forte et explicite affirmation de leur propre identité. Loin de s’être « largement arabisés et tunisifiés », comme l’affirme Taïeb, on peut dire qu’en particulier pendant les années quatre-vingt, dans la tourmente, l’isolement et une extrême détresse financière et sociale renforcent le sentiment d’une forte identité jamais démentie, dont je crois avoir parcouru les principales étapes, telles qu’elles découlent des Actes du Consulat de France à Tunis, consultés au Centre des Archives Diplomatiques de Nantes (désormais CADN), de la correspondance (conservée elle aussi au CADN) du marchand marseillais Nicolas Béranger, présent à Tunis de 1684 à 1707 (en étroit rapport avec les juifs livournais, grand ami en particulier de Jacob Lombroso, qui a patiemment planifié l’éclosion de la communauté portugaise). L’information est complétée par deux textes de Jacob Sasportas, grand adversaire de Shebbatai Zevi. Ci-dessous quelques points importants, dignes selon moi d’attention.

   La situation politique pendant les règnes des derniers beys mouradites fut perturbée par des guerres civiles, des invasions algériennes et des usurpations du pouvoir. Cela exposa les Livournais à des exactions arbitraires, voire des emprisonnements et des assassinats dans des périodes d’arrêt complet du commerce et de dénuement presque total.

   Un fait divers de moindre importance eut de graves répercussions psychologiques et financières sur le groupe livournais, compromettant les rapports avec la communauté locale. En août 1685 le jeune juif livournais David de Rafael Salon, en état d’ivresse, était entré dans une synagogue et avait poursuivi de ses assiduités une femme juive du service de nettoyage. Cela se passait au cours d’une des nombreuses usurpations du pouvoir. Le Dey Ahmed Shalabi avait évincé les deux Beys mouradites Mohamed et Ali, qui assiégeaient la ville. Au lieu de régler en famille cette malencontreuse affaire qui ne concernait que des juifs, le Caïd des juifs avait livré le garçon à l’Agha des Turcs, qui lui fit administrer une sévère bastonnade. Ne supportant pas le supplice, le jeune Livournais crut s’y soustraire en déclarant qu’il se faisait musulman. De graves complications surgirent à la suite desquelles David Salon courait le risque de succomber, ce qui mobilisa tout le groupe livournais pour sauver et sa vie et sa foi juive. Déjà largement spoliés par Shalabi les Livournais durent emprunter cinq cents pièces d’or de huit réaux au consul d’Angleterre pour corrompre les gardiens de la prison et embarquer en toute hâte le jeune Salon pour Livourne[12]. Ausstôt après, complètement privés d’une protection internationale convaincante, dans un acte en espagnol (qui commence ainsi : « Nos abaxo firmados en nombre de toda la Nation ebrea liorneses en Tunes ») quarante-neuf notables livournais décident de nommer un représentant officiel de cette embryonnaire communauté en la personne de Samuel de Medina[13], marchand de Livourne.

   Le pire devait encore venir. Le 24 Avril 1686 les chefs livournais, conduits par Jacob et Rafael Lombroso se rendent chez le Consul de France auquel en un mauvais italien, que j’essaye de rendre en français, ils représentent «l’extrême nécessité où ils se trouvent réduits par les vexations et les assassinats auxquels ils sont soumis, aussi bien dans le passé que dans le présent » : ils viennent donc « les larmes aux yeux » afin de « pouvoir affranchir une communauté, une congrégation... ». Bref, le dey Shalabi les obligeant a verser une somme de mille pièces de huit réaux qu’ils ne possèdent pas, ils risquent la prison et peut-être leur vie. Ils ont recours au Consul de France pour qu’il leur prête cette somme à titre personnel. Le Consul accepte, posant différentes conditions : la somme sera remboursée à Livourne avec un intérêt de 16% sous forme de risque maritime; le prêt est garanti par la réduction en esclavage de deux membres de la communauté livournaise, transférés au bagne du Grand Duc de Toscane où ils resteront jusqu’au remboursement de la dette[14].

   Les grands mots entre-temps ont été lâchés. Cette Nation livournaise, à laquelle d’ailleurs le Dey s’adresse comme à une institution légalement constituée, se présente de fait comme une communauté et comme une congrégation indépendante. Rien de nouveau sous le soleil. Aucun schisme religieux. C’est ainsi qu’il est advenu dans les différentes villes européennes où se sont rencontrés des groupes juifs de différentes origines : ainsi à Venise, ainsi à Rome, ainsi à Amsterdam, ainsi donc à Tunis, même s’il n’en est pas ainsi à Livourne pour des raisons tout à fait particulières dont il sera question plus loin.

 

La difficile situation des Livournais à Tunis à la fin du XVIIe.

 

   Différents témoignages de Béranger confirment le fait que la difficile situation des Livournais à Tunis se prolongera dans les années suivantes, vraisemblablement jusqu’à la prise de pouvoir par la dynastie husseinite en 1705. Dans une lettre du 3 Décembre 1694 il écrit : « On lie toujours quelques juifs pour avoir de l’argent qu’ils ne doivent pas, ce qui signifie misère et cessation d’affaires, emprisonnements [...] ; ce matin même, on a emprisonné Daniel Lombroso, juif de Venise, pour n’avoir su bien faire le mesquin. »[15]. Et encore en mars 1704 : « Moy, par pure compassion de la rigueur avec laquelle on traitait les sindics des dits juifs, je leur preste gratis p. 200 [...]. Nous voici au quatorzième mois sans en avoir encore pu sortir nonobstant que j’aye en main les lampes d’argent de leur synagogue.»[16] Ce qui confirme d’ailleurs d’autres indices selon lesquels les juifs livournais disposaient déjà à Tunis d’une ou plusieurs synagogues.

   J’ai mis en évidence le rôle primordial de la famille Lombroso, en particulier de Jacob Lombroso durant tout le parcours qui conduira graduellement vers la création officielle de la communauté portugaise de Tunis. Jacob Lombroso ne fut pas seulement le marchand livournais (livournais au sens large : les Lombroso étaient des juifs vénitiens d’origine ibérique) le plus important, entre les XVIIe et XVIIIe siècles. Ce fut un homme prévoyant en vue de la décision de 1710. Cette décision fut retardée par la dramatique situation dans laquelle se trouvait tout le groupe à la fin du XVIIe siècle, mais aussi par la nécessité de pourvoir la communauté naissante d’une direction rabbinique issue de son sein même. Donnant l’exemple, Jacob pensa à ses propres fils, Daniel, Itshaq et Avraham. Daniel était destiné à lui succéder comme homme d’affaires. Il dirigea les deux autres vers les études rabbiniques. Malheureusement Daniel disparut après quelques mois des registres du consulat de France. Décès prématuré ? Grave maladie ? On l’ignore. Le fait est que nous apprenons qu’Avraham dut renoncer à la carrière rabbinique déjà entreprise, pour remplacer Daniel dans le négoce. Il est évident qu’Itshaq s’était entre temps révélé le plus doué comme rabbin. Il devait parfaire sa formation dans le cadre du rabbinat tunisien, qui ne manquait pas de personnalités de valeur, dont le rabbin Abraham Taîeb. Il est fort possible, mais non prouvé, qu’Itshaq ait été envoyé à Venise pour un stage supplémentaire.

 

Différent autour du « faux messie » Shebbatai Tsevì 

 

   Suivant une piste déjà signalée par Hanna Avrahami Foa[17], j’ai personnellement présenté, entièrement traduits en italien, deux passages du livre (écrit en hébreu) Tsitsat Novel Tsevì du rabbin Jacob Sasportas (Oran 1610-Amsterdam 1698), dont le manuscrit n’a été publié qu’au siècle dernier en Israël[18]. En résumé il s’agit d’un sérieux différent surgi vers 1674 entre les deux branches du judaïsme tunisien à propos de l’identité messianique de Shebbatai Tsevì : les juifs tunisiens étaient partisans du « faux messie », alors que les juifs livournais, guidés par le rabbinat vénitien, le contestaient. L’agitation était née à la suite de l’arrivée à Tunis du sabbatien Michael Cardoso. Les livournais soudoyèrent le gouverneur de la ville, qui exila le propagandiste. Celui-ci tenta de se rendre à Livourne avec ses quatre femmes, mais la communauté de cette ville lui en refusa l’entrée, si bien qu’il dut rembarquer.

 

« …une fusion qui serait une violation flagrante des droits de la conscience »

 

   Je crois avoir démontré que la thèse négatrice du caractère fortement identitaire du groupe italo-ibérique juif de Tunis, connu sous le nom de Livournais, n’est pas confirmée par la documentation dont nous disposons aussi bien pour le XVIIe que pour le XVIIIe siècle. Quant au XIXe siècle, ce fut celui de l’italianisation. Il est fort possible qu’entre les deux périodes, par suite de la déception que le Grand Duc de Toscane avait causée à ses ressortissants de Tunis en 1822, il y eût des mouvements d’arabisation linguistique, vite inversés à la suite de l’Unité de l’Italie. Si nous faisons un saut de deux siècles nous rencontrons encore la thèse parallèlement négationniste du grand rabbin tunisien Eliau Borgel, à laquelle le Grand rabbin français Zadoc Kahn répondit en ces termes. « Jamais il n’est venu à l’esprit de personne d’imposer de force une fusion qui serait une violation flagrante des droits de la conscience. [...] Venus du dehors, les ancêtres auxquels se rattache le groupe livournais ont introduit à Tunis leurs traditions religieuses, leurs coutumes, leurs minhagim [...]. Ils étaient assez nombreux pour se constituer en communauté distincte et assez attachés à leurs habitudes pour vouloir maintenir leur autonomie grâce à l’esprit large et tolérant qui guidait les communautés juives d’autrefois »[19].

 

L’œuvre philanthropique des juifs livournais

 

   Quant à l’œuvre philanthropique des juifs livournais en faveur de leurs coreligionnaires tunisiens défavorisés je me contente ici de remarquer qu’on a beaucoup brodé sur l’éviction de l’italien Giacomo Castelnuovo de la présidence du comité tunisien de l’A.I.U. au profit du français Raymond Valensi, à la faveur du grand bouleversement politique représenté par l’introduction du protectorat français sur la Régence. Le changement avait pu ne pas plaire, vu qu’il éliminait des écoles de l’A.I.U. l’enseignement de l’italien, ce qui du point de vue culturel représentait une grave amputation. Mais au-delà de cette fâcheuse initiative due aux rivalités coloniales franco-italiennes, dont les juifs livournais n’étaient que des pions, il ne faudrait pas oublier que Raymond Valensi, appartenant à une famille d’origine italo-ibérique, installée en Tunisie depuis le XVIIe siècle[20], ne devait pas tarder à devenir membre du comité central parisien de l’A.I.U, étant, une soixantaine d’années, un des principaux traits d’union entre les judaïsmes portugais et tunisien. C’est en faveur de ce dernier qu’il se dévoua à travers l’œuvre en Tunisie de l’A.I.U, dont il fut le principal correspondant au moins jusqu’en 1939 (année où, à 92 ans, il était encore interpellé par la direction parisienne de l’Alliance, sous la forme constante de « Cher Président ». Les archives de l’A.I.U. en témoignent. C’est lui qui signalait à Paris toute violence dirigée contre les juifs de Tunisie, les fréquents assassinats, les actes antisémites. Concomitamment, Raymond Valensi succédait à son père Gabriel à la présidence de la Communauté juive portugaise de Tunis, présidence qu’il assumerait jusqu’à sa mort en septembre 1942. Si j’ose introduire un petit détail autobiographique, c’est bien la figure de Raymond Valensi, mon arrière-grand-père (que j’ai connu) qui me lie à la France, tandis que mon lien avec l’Italie est dû à mon grand-père Isaac Boccara, que son père Judah Hai envoya tout jeune à Venise, pendant deux ans, pour qu’il y fréquentât l’école italienne.

 

Les noms des juifs livournais de Tunis

 

   Ceci dit, j’en viens au récent article de Jacques Taïeb sur les noms des juifs livournais de Tunis, dont le but semble être de démontrer qu’au XXe siècle il ne restait pratiquement plus rien du passé ibérique puisque la grande majorité des noms n’étaient plus espagnole. C’est évidemment une nouvelle démarche qui viserait au même résultat : déplorer un particularisme de groupe, qui en réalité n’aurait plus rien de particulier. J’aborderai ce sujet en énumérant préalablement les prémisses devant guider le chercheur qui s’interrogerait sur l’origine de ces noms, avec le souci de distinguer les familles d’origine ibérique des autres, et en recherchant dans quelle mesure l’auteur en a tenu compte.

   1) Une partie importante des marranes ayant quitté la péninsule ibérique pour revenir au judaïsme changea de nom et de prénom. Le changement se fit le plus souvent en faveur d’un nom espagnol, mais pas toujours. Il convenait de choisir un nom italien en particulier dans les États où l’origine ibérique aurait constitué un sérieux danger pour des baptisés ayant renié le catholicisme. Un nom italien n’exclue donc pas à priori l’origine ibériqe.

   2) La communauté juive de Livourne a été fondée exclusivement par des juifs ibériques et, selon l’édit de 1593 du Grand Duc de Toscane, il ne pouvait exister à Livourne qu’une seule synagogue adoptant uniquement le rite hispano-portugais : tout autre immigré juif qui devait être balloté par les massari admettait implicitement cette condition. Dans un passage célèbre, Renzo Toaff écrivait : « Le modèle de communauté créé par les habiles législateurs de la Nation [...] n’admettait pas de dérogation [...] : la Nation était et demeurait séfarade; volens nolens : tous séfarades.[21] ». En effet un certain nombre de juifs italiens d’origine non ibérique s’établit à Livourne après la création de la communauté. Avant de rejoindre Tunis, les descendants de ces juifs italiens s’étaient fondus dans le creuset séfarade que représentait Livourne et étaient les premiers à revendiquer avec fierté leur origine livournaise. À Tunis, on avait beau s’appeler Veroli ou Piperno, ce qui comptait c’était Livourne où ses propres ancêtres avaient séjourné pendant des générations. Par ailleurs à Tunis disparaissait toujours l’éventuelle distinction entre ibériques et italiens, même lorsque ces derniers étaient immigrés au XIXe siècle. Les mariages entre les uns et les autres avaient effacé tout particularisme intérieur, il était bien rare d’ailleurs dans la Communauté portugaise de trouver une personne qui n’ait pas eu des juifs ibériques dans son ascendance. La chose était rare aussi dans la bourgeoisie juive tunisienne. Psychologiquement, le phénomène est d’ailleurs fort semblable à ce qui se passe en cas de conversion : la conversion au judaïsme correspond à une adoption, à la suite de laquelle on devient juif à part entière, fils d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il en a été de même pour les non ibériques adoptés par la grande famille livournaise, ou portugaise si l’on préfère. Et si j’en crois les nombreux courriels que je reçois, cette origine est souvent recherchée, à tort ou à raison, comme une sorte de titre de noblesse.

   3) Il y a eu une Espagne et un Portugal arabes avec des juifs qui portaient des noms arabes ou hébreux ; ces noms sont restés après leur passage dans l’Espagne ou le Portugal chrétiens. Un nom arabe ne peut donc pas exclure l’origine ibérique. Je cite mon propre nom Boccara.

   4) Les noms italiens sont souvent des traductions de noms hébreux, qui sont, eux, universels et qui ne peuvent donc pas exclure l’origine ibérique. De même d’autres noms franchement italiens ne sont que la traduction de noms ibériques : Bono, par exemple, est généralement une traduction de l’espagnol Bueno.

   5) Enfin, l’espagnol et l’italien sont des langues latines. Certains noms pourraient être aussi bien italiens qu’espagnols, seule une bonne connaissance des sources ibériques peut permettre de trancher. Et l’expérience démontre qu’on n’a jamais fini de découvrir des origines ibériques auparavant insoupçonnées. Dans le cas du nom Eminente, comme nous le verrons, une pratique élémentaire des sources inquisitoriales espagnoles ne devrait laisser aucun doute : le nom est bel et bien ibérique ! C’est là que le chercheur devrait être muni d’un bagage de connaissances dépassant de loin les bornes d’un seul cadre nord-africain.

 

Des noms classés « à vue de nez »

 

   Une certaine hâte avait conduit Paul Sebag à publier une annexe à son livre sur Les noms des Juifs de Tunisie sous le titre Les noms des Livournais, dans lequel il se basait sur des listes de noms livournais classés à vue de nez, selon les sonorités présumées, croyant démontrer que l’écrasante majorité de ces noms excluait à priori l’origine ibérique. Lionel Lévy y répondit par un long article où il démontra l’absence de fondement de la majorité de ces attributions. Sebag, qui malheureusement n’est plus parmi nous, et par ailleurs réunissait d’autres grands mérites, est pardonnable ; errare humanum est. Or, Jacques Taïeb, dans son article[22], répète, avec quelques variantes, les mêmes erreurs, occultant d’ailleurs tout le travail antérieur de Lévy.

   C est que les prémisses générales sus indiquées ont été largement ignorées au service de l’option négatrice de l’auteur, basée cette fois sur la fausse apparence de noms dont les origines espagnoles ou portugaises auraient semblé minoritaires. Or, l’œuvre des chercheurs est un travail collectif où chacun contribue à préciser un tableau, au début souvent très flou. Si on avance en vase clos, excluant à priori ceux qui énoncent quelques vérités inopportunes, on ne fait plus de l’Histoire, mais de la plaidoirie.

   Que penser, quand je vois mon nom, Boccara, classé parmi les patronymes d’origine arabe, sans que nulle part ne soit précisé que des patronymes arabes étaient couramment portés par des juifs espagnols ? Il suffit de feuilleter un important ouvrage publié récemment en France pour savoir qu’en 1670 une Doña Isabel Henriquez Bocarra, madrilène dont la famille provenait du Portugal, fut condamnée à la prison irrémissible à perpétuité par l’Inquisition de Tolède[23] ? Je trouve entre autres le nom Eminente (qui était porté par des amis livournais réfugiés en Tunisie en 1938, à la suite des lois raciales italiennes) classé parmi les patronymes de langue italienne. Or, je lis dans l’ouvrage précité qu’en 1691 Francisco Baez Eminente, un important financier, était condamné par l’Inquisition espagnole[24]. Ces deux personnages n’étaient-ils pas des Espagnols à part entière ? Lorsque je lis le nom Valensi classé parmi les noms hébraïques, dois-je croire que l’on s’est trompé en pensant à la ville espagnole de Valence (ou à une petite localité portugaise au nom semblable) ?  Et je ne fais que citer quelques fruits de mes recherches personnelles au milieu de la mer d’informations que Lionel Lévy nous offre. Un vieil adage, légèrement judaïsé, dit qu’ « on ne répète pas le kaddish pour les sourds ». Mais —mieux vaut tard que jamais —. Taïeb trouvera bien un moment pour parcourir l’article de Lévy, éventuellement le contredire s’il a de bons éléments. Sinon, c’est forcément cet article qui servira d’unique référence en la matière. Il n’y a aucune honte à admettre quelque erreur, c’est au contraire un signe qui vous grandit. Que celui qui ne s’est jamais trompé jette la première pierre.

 

Noms traités par Lionel Lévy

 

   Sans répéter toutes les informations fournies par Lévy pour chaque patronyme, je me bornerai à énumérer les noms qu’il traite, dans le cadre des classements de Taïeb : Fano-Modigliani, Fiorentino, Donato, Bensasson, Coen, Israêl, Levy, Menasce, Ouziel, Semah, Abeasis, Abouaf, Arous, Attia (selon Taïeb d’origine arabe, alors que, toujours selon lui, Attias serait d’origine espagnole...), Bembaron, Darmon (je fais ici une exception pour signaler que Mordechai Darmon et d’autres de sa famille furent à la fin du XVIIe siècle parmi les piliers de la Nation livournaise de Tunis), El-Haïk, Flak ou Flah, Halfon, Hayoun, Lasry, Meimon, Moatty, Sebouk, Zerafa, Boccara. Nombre des patronymes étudiés par Lévy dans son article ne sont pas cités ici parce qu’ils sont absents de l’article de Taïeb. L’impression que l’on retire de l’article de Lévy confirme finalement l’impression négative que provoque celui de Taïeb. Le noyau central de la population juive livournaise nous apparaît ainsi comme fortement ibérique d’origine, outre la séfardisation poussée des juifs italiens, aussi bien à Livourne qu’à Tunis. Si la communauté s’est appelée Portugaise (jusque dans la majorité de ses documents du milieu du XIXe siècle), ce ne fut pas un choix malheureux. C’est le nom qu’elle porta dès ses premiers débuts en 1710. Ce nom implique une origine largement majoritaire de ses membres, les mariages ayant fondu les éléments minoritaires dans un creuset unique. Ces mariages étaient largement ouverts depuis le XIXe siècle. Nous sommes mieux renseignés, en effet, sur les unions avec les membres de la Communauté sœur, généralement à parité de classe sociale. Quant aux barrières entre juifs portugais français et italiens, leurs motivations étant exclusivement politiques, les mariages finissaient toujours par unir sentimentalement ceux qui œuvraient pour deux patries différentes, souvent rivales. Raymond Valensi, français chauvin, maria trois de ses filles à un Molco, un Boccara et un Darmon, italiens, tandis que la quatrième avait épousé un Bessis, tunisien. Lui-même avait épousé une Cardoso, italienne, et dans ses vieux jours, cohabitait avec son gendre le Dr. Emilio Molco, florentin de naissance.

 

Conclusion : Zachor ! Souviens-toi

 

   Bien sûr, si l’on pense au Portugal moderne, on peut bien dire qu’au XXe siècle les juifs portugais de Tunis avaient très peu de choses en commun. Peut-être avaient-ils conservé inconsciemment dans leurs mœurs ataviques un souvenir des valeurs transmises par les ancêtres. Nous nous somme bien raillés les uns les autres, nous juifs livournais et tunisiens. Les uns riaient de l’arkeka gornia[25] tandis que les autres s’amusaient à imiter l’accent des Tunisiens parlant français. Les Livournais enfermaient leurs enfants dans les bonnes manières, alors que les tunisiens étaient souvent plus libres et plus heureux. Il y a là une complémentarité qui faisait le charme de notre vieille Tunisie et qui devrait nous unir, nous qui sommes arrivés au crépuscule de notre âge, nous pousser à nous respecter et, pourquoi pas, nous aimer.

   Quant à ce devoir : ne pas renier son propre passé, sa propre histoire, la mémoire des ancêtres, ce long passé ibérique à la fois dramatique et exaltant, je m’en tiendrai à cette vieille devise juive que nul ne devrait ignorer : Zachor ! Souviens-toi          

 

                                                     

 

 

 

   

 


 

[1] J. Taïeb, Les Juifs livournais de 1660 à 1881, ouvrage collectif, « Histoire communautaire, Histoire plurielle – la communauté juive de Tunisie, Tunis 1999, p. 161

[2] L. Lévy, La Nation juive portugaise : Livourne, Amsterdam, Tunis, 1591-1951, Paris 1999.

[3] L. Lévy, sur Paul Sebag, Les noms des Juifs de Tunisie, in « La Lettre Sépharade, nos 46, 47 et 48 de Juin, Septembre et Décembre 2003, respectivement pp. 6-8, 9-11 et 11-13.

[4] P. Sebag, Les noms des Juifs de Tunisie, Paris 2002.

[5] J, Taïeb, Les Juifs livournais de Tunis: démographie et anthroponymie historiques, in « Revue du cercle de Généalogie juive », n. 95 – Juillet-Septembre 2008, pp. 14-19.

[6] Il faut bien préciser que depuis le départ ce nom de livournais avait été adopté par les juifs italo-ibériques de Tunis au nom du rapport privilégié qui s’était instauré entre Tunis et Livourne. J’ai pu constater que, au début en particulier, nombre de ces Juifs venaient de Venise qui les avait accueillis avant Livourne. Dans certains cas ces juifs vénitiens avaient gagné directement Tunis, dans d’autres (les Valensi par exemple) ils avaient préalablement séjourné en Toscane, parfois à Pise avant  Livourne. Dans les Actes du  Consulat de France on trouve parfois l’indication juif de Venise, mais finalement, même pour la grande famille des Lombroso, d’origine vénitienne, c’est l’appellation juif livournais qui prédomine.

[7] J. Taïeb, Les Juifs livournais de 1661…, op. cit., pp. 157-158.

[8] Voir sur www.harissa.com: E.Boccara, Le drame des Juifs portugais.

[9] J. Taïeb, ibidem, pp. 157-158.

[10] I. Avrahami, Le Mémorial de la Communauté Israélite Portugaise de Tunis, Lod 1997, p. 6.

[11] E. Boccara, Gli ebrei italo-iberici presenti a Tunisi (o in relazione con Tunisi) dalla conquista turca al regno di Yusuf Dey, in Pier Cesare Ioly Zorattini (dir.), “Percorsi di storia ebraica” (Actes du colloque international de Cividale del Friuli – Gorizia – 7-9 Septembre 2004), Udine 2005; Una famiglia di mercanti ebrei italo-iberici a Tunisi nella seconda metà del XVII secolo: i Lombroso, in Materia Giudaica, XII/1-2 2007 (Actes du XXème Colloqui international de l’AISG, Ravenna 11-13 septembre 2006).

[12] CADN, Tunisie, 1er versement, vol. 422, 5 septembre 1686, feuillet non numéroté. Cet acte porte entre autres les signatures de Gabriel de Manuel Valensy, de Rafael et Benjamin Boccara (aïeul de l’auteur de cet article), dont la descendance résida à Tunis jusqu’à nos jours. Cet acte a été rédigé un an après l’événement à l’occasion du remboursement du prêt.

[13] Ibidem, 30 Août 1685, f. non num.

[14] Ibidem, 24 Avril 1686, f. non  num.

[15]CADN Tunisie, 1er versement Papiers Béranger, 557*, 3 Décembre 1694.

[16] Ibidem, 558*, 3 Mai 1704.

[17] H. Avrahami Foa, Yehude Livornese-qsharehem ‘im Tunis be-meot, Ramat Gan 1979, pp. 38-39.

[18] J. Sasportas, Tsitsat Novel Tsevì, Jérusalem 1954, pp. 38-39 et 42; E. Boccara, Una famiglia…, op. cit. pp. 209-210.

[19] Les Cahiers de l’Alliance Israélite Universelle, Août 1995, n. 11, pp. 21-22.

[20] Selon mes récentes recherches au CADN (qui feront l’objet d’un livre qui sera publié prochainement), Raymond Valensi, né en 1847, mais français seulement depuis 1873, descend en droite ligne de Samuel Valensin attesté à Pise, depuis 1602, vraisemblablement immigré de la péninsule ibérique, via Venise.

[21] R. Toaff, La Nazione ebrea a Livorno e a Pisa – 1591-1700, Firenze 1990, pp. 418-417.

[22] J. Taïeb, Les Juifs livournais de Tunis: démographie..., op cité.

[23] M. Escamilla-Colin, Crime set châtiments dans l’Espagne Inquisitoriale, Paris 1992, T. 1, pp. 640-641.

[24] Ibidem, T. 1, p. 312.

[25]  Lourdeur ou antipathie livournaise, mais “Arkèka” est peu traduisible en français.

 

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