Vous etes le parfum de cette terre, par Slaheddine ben Abid

J'ai ouvert les yeux parmi vous. J'ai grandi avec vous. Nous avons joué ensemble; nous nous sommes disputés dans les terrains vagues. Nous nous sommes réconciliés...sur la table de Madame Hassid qui nous servait les Cakes. Le samedi, j'allumai les feux de vos gazinières.
Puis, j'ai grandi et j'ai découvert le problème palestinien. Déchirement provisoire et sans conséquences car l'amour, la culture (familiale surtout) et les bons principes m'ont aidé à faire la part des choses. Années de militantisme pour la cause palestinienne mais sans haine pour les juifs qui ont entouré mon enfance (dans notre immeuble il y avait 2 familles musulmanes - dont la mienne - et 6 familles juives. Une chance pour un jeune arabe.
La Paix israélo - palestinienne que j'avais vécue en coulisses (j'étais l'ami des collaborateurs directs d'Abou Mazen, grand négociateur palestinien à Oslo). Puis je m'engage ouvertement dans l'action pour la Paix:
- Première correspondance "publique" (dans un hebdomadaire tunisien) avec Yoram Dinstein, Président de l'Université de Tel Aviv et Shimon Peres, quelques jours avant Oslo (sept 1993)
- Rédacteur de l'Appel de la Paix, Tunis octobre 1993;
- Plusieurs contacts avec les Pacifistes Israéliens;
- Fais partie du premier voyage d'intellectuels arabes en Israël pour le premier anniversaire d'Oslo. En toute modestie, je suis le premier arabe à avoir affiché sa photo avec une personnalité israélienne (Monsieur Shimon Peres) dans un hebdomadaire arabe (Tunis, Réalités, fin sept 1994). Je ne connais pas d'autres initiatives de ce genre.
Puis le début d'une série de contacts avec les pacifistes israéliens. Jusqu'à nos jours.

Mais pourquoi je vous parle de tout cela? Pour moi les Juifs de Tunis font partie du cadre rêvé de ma vision de la tolérance. Un jour que je terminais un procès où j'avais défendu un jeune juif victime d'une machination (vite réparée par la justice, 1985) un Président de Cour d'Appel (à qui revint l'honneur de la réparation) me demandais pourquoi je m'étais acharné dans cette défense. Je lui répondis: "tout simplement parce que les Juifs dans une société sont un indicateur de tolérance. Si on commence par les persécuter, on ne va pas s'arrêter et on ira vers les autres.

Mais plus simplement, les Juifs tunisiens sont pour moi, Madame Liscia qui me faisait dormir sur ses genoux. C'est Alain Allal, l'ami d'enfance. C'est Madame Haroun (la belle Irène) amie de ma mère. Et tant d'autres et tant d'autres...

LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

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