Cette année plusieurs alertes:

-Des sportifs Israéliens qui devaient participer à une compétition internationale ont été refoulés

-Une chanson (Vive la Tunisie, on ne pouvait pas faire mieux!) a été interdite dans un hotel, parce que la chanteuse était Juive.

-Lors d'une fête judéo-tunisienne, probablement bien imprégné de boukha, un chanteur arabe, tunisien et âgé s'est laissé aller à un « Yahia Bibi! », après avoir fait acclamer un « Yahia Ben Ali », depuis on veut l'égorger, le destituer de sa nationalité tunisienne (bonne idée, Sarko!).

-Un spectacle annulé au festival de Carthage pour « Collaboration » avec des Israéliens

-Une manifestation avait été prévue à La Goulette dans l' esprit de tolérance œcuménique de « un été à La Goulette ». La sortie symbolique de la madone de Trapani à finalement été interdite

Tout ceci alors que l'ambiance pour nos juifs de Tunisie tourne à l'angoisse. On vous isole, les amis d'hier colportent sur vous une réputation d' «espions du Mossad », on vous pourrit la vie par toutes sortes de tracasseries administratives, on vous transforme en bouffons.

Je discutais cet été avec un jeune tunisien. Comme nous abordions le probleme qui fâche, il me dit : « Mais, toi, tu es juif, mais tu ne soutiens pas Israël, puisque tu es là »

Sur le blog d'une jeune tunisienne, je lis un compte-rendu laudateur de l'infecte livre de Shlomo Sand. La blogueuse avoue être surprise de la liberté démocratique Israélienne qui permet qu'un tel brulot puisse y être publié, mais dans les commentaires on lit: « Quel dommage que les anti-sionistes ne puissent lire ce livre, puisque c'est un juif qui l' a écrit »

Sur un fond de retour à certaines valeurs, c'est à un enterrement de la modernité et de la tolérance auquel nous assistons.

Le régime est débordé sur son aile Islamiste, barbus et voilées, à priori interdits prennent le haut du pavé, les investisseurs étrangers se détournent. Et ce n'est pas en multipliant les projets touristiques supposés haut de gamme et les tripots alcoolisés tandis qu'il y aura bientôt plus de mosquées que d'habitants que l'on va combattre cette dérive funeste .

La solidarité avec le peuple palestinien, que je comprends, ne doit pas faire perdre à la Tunisie son originalité. Après tout, je ne suis pas sur que les tunisiens aient un souvenir tellement agréable du séjour de la famille Arafat et du respect qu'ils ont eu pour ce pays frère.

J'attends de la Tunisie un message fort, un message d'indépendance de courage et de liberté.

Il faut couper l'herbe sous les pieds de la Charia.

Je ne demande pas d'appliquer mon rêve d'une constitution laïque, mais:

Qu'est ce qui empêche la Tunisie de condamner les pays qui pratiquent la lapidation, le fouet, les amputations?

Qu'est ce qui empêche la Tunisie de modifier sa constitution pour supprimer la peine de mort définitivement alors qu'elle n'est même plus appliquée dans les faits?

Un régime qui se fait surtout remarquer par la multiplication de ses portraits obligés doit craindre un avenir à la Ceaucescu.

Richard Dian