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La Douda ( Agence comique alternative )
Chronique d’El Fenech le Jurisconsult : Un contrat sur parole :
Un commerçant Marzoubane s’installa un jour à Hak El Ouet.
Comme chacun le sait les Marzoubanes sont les habitants de la Marzoubanie, une
province du Sahara où il ne pousse pas grand chose, excepté peut-être des
épines, et de la gomme arabique.
Notre Marzoubane avait émigré à Hak El Ouet, car histoire de voire si
l’herbe y était bien plus verte que dans son Bled perdu, entre le fin fond
du Grand Erg et la Hamada El Hamra, autrement dit en patois Goulettois « Fel
Bled M’neïkine «, et en bon anglais « In the middle of nowhere «.
Or le Marzoubane avait traité une affaire sur parole, avec un jeune
goulettois à peine sorti des jupons de sa mêre , qui sans témoins et sans
écrits avait remis à notre Marzoubane, un lot de marchandises contre
promesse de paiement à trente jours, d’une somme de trois mille dinars.
Au bout de trois mois ne voyant toujours pas la couleur de son argent, notre
jeune Goulettois sur les conseils de ses parents, se rendit chez El Fenech
notre Jurisconsult lui conter son affaire, celui-ci lui dit :
- Fils ! ton affaire est très simple, paye moi cent dinars, et je règle
cette affaire en vingt quatre heure.
Le jeune paya et El Fenech lui donna les instructions suivantes :
- Tu vas te rendre en compagnie de trois Goulettois, dignes de fois, des
hommes libres et de bonne mœurs, des hommes d’honneurs et de probité, des
hommes bien connus pour leur haute notoriété et leur bonne réputation, et
devant ces trois compagnons tu dira au Marzoubane, qu’il te paie mille
dinars au titre de l’avance sur les trois mille qu’il te dois, car tu dois
partir en voyage de pèlerinage, et que tu as pour se faire, impérativement
besoin de ces mille dinars. S’il te paye, tu prends l’argent, et tu lui
dis que j’aimerais le rencontrer chez moi le lendemain vers quinze heures,
je l’y attendrai en compagnie des trois témoins.
Il fut ainsi fait, le Marzoubane impressionné par la délégation paya les
mille dinars, pensant chouraver le reste, et quand il se présenta à El
Fenech, celui-ci lui dit :
- Paye moi cent dinars !
- Et pourquoi donc ? répondit le Marzoubane.
- Pour le jugement que je vais prononcer à ton encontre, car je suis le
Jurisconsult officiel de Hak El Ouet, parce que pour avoir essayer
d’escroquer un fils de Hak El Ouet, ce pays qui t’a accueilli, t’a
ouvert les bras, sans arrière pensée, tu te comportes comme un vulgaire
brigand, et n’essaie pas de nier, les témoins ici présents ont tous attesté,
que tu avais reconnu devant eux que les mille dinars, que tu as payé
chichement au jeune commerçant qui t’a fait confiance, et dont tu essaies
de profiter de l’inexpérience en matière commerciale, pour ne pas payer le
reste de ce que tu lui dois ! aimerais tu peut-être connaître les tourments
des Janissaires, et finir aux galères, ou mieux que nous te fassions une
telle réputations, que tu pourrais bien finir par crever de faim ?
- Non ya Baba, voici les deux mille dinars pour le jeune homme, cent pour toi
et encore cent pour tes enfants ! Je te promets de m’amender et de ne plus
recommencer.
- Allons donc repris El Fenech, je vois que tu commence à comprendre qu’à
Hak El Ouet, on est entre gens civilisés, je prends donc acte de ta promesse,
prends un bon départ et passes ton chemin, j’ai dit fils !
Depuis cet incident, on raconte à Hak El Ouet, que le Marzoubane devint le
plus honnête des hommes, un riche et estimé commerçant, qui fit souche, et
contribua à la grande richesse de notre cité.
Extrait du livre : La Jurisprudence de notre Bey –Que salut soit avec lui.
La Douda
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