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Juste avec nos plumes ! |
Juste avec nos plumes ! (info # 013112)
Metula News Agency
Six mois ont passé, qui nous paraissent un siècle, depuis que nous avons
quitté nos tours d’ivoire. Nous étions des analystes pantouflards, qui
vivions sans problèmes, de nos activités confortables. Ils étaient une
centaine à peine, mes propres pairs, habitués à la lecture du codage sémantique
des analyses géopolitiques. Je savais ce qu’ils attendaient de moi, je
savais qu’ils disposaient de l’éducation nécessaire afin de me
comprendre. Je leurs proposais des documents complets et structurés ; c’était
long à faire, complexe mais à vrai dire, ça n’était pas très ardu et je
savais à l’avance, comment mon travail allait être reçu.
Mes amis français, israéliens, libanais et palestiniens connaissaient les mêmes
phénomènes et nous évoluions, chacun de notre côté, dans les langueurs de
nos presqu’îles douceâtres. Celui-ci, grand éditorialiste d’un journal
bourgeois et cet autre, là, universitaire arabe, dont les salons à la mode
se disputaient les apparitions.
Nous souffrions pourtant d’un même mal et nous étions rongés par la même
révolte. Pendant que nous dormions, bien à l’abri des vagues, les mondes
que nous aimions s’écroulaient autour de nous. Sous nos yeux s’étalait
toute la misère de la guerre mais nous, nous en parlions dans des mots qui la
rendaient supportable. D’autres que nous décrivaient nos malheurs mais ils
le faisaient loin d’ici et dans les termes qui seyaient à leurs vues et aux
intérêts de leurs employeurs.
On nous volait nos guerres et on faisait de nos peuples des espèces
d’assistés, aux mobiles ridicules, dont les journalistes étrangers,
ballottaient les destinées au gré de leurs envies. Comment auraient-ils pu réagir,
nos semblables, qui ne lisent pas la langue de Voltaire et de Chateaubriand et
qui ne voient même pas, ce qu’on écrit sur eux ?
Alors, devant l’inadmissible, de Beyrouth, de Naplouse, d’Aman et de Métula,
nous avons remisé nos tabliers de docteurs dans des armoires en bois et nous
avons entrepris de vous parler nous-mêmes. La Ména, existait déjà mais
elle était une plate-forme d’auteurs bien perçus, qui servait
occasionnellement, à faire connaître nos vues. Le 15 juin 2001, le jour où
nous avons décidé de devenir une vraie agence de presse, la Metula News
Agency comptait 117 clients ; aujourd’hui, vous êtes cependant des dizaines
de milliers, à prendre régulièrement connaissance de nos analyses et de nos
commentaires.
Si nous sommes descendus dans la rue, c’est pour participer à l’émeute.
Certains hobereaux de l’info, habitués à prêcher parmi les consentants,
ont été les premiers à essuyer nos plâtres ! La Ména s’est souvent
trouvée sur le chemin des mésinformateurs et des adeptes des raccourcis
politiques gratifiants. Bernard Pivot, qui avait exclu de ses jeux les
participants juifs, ne mit que huit heures, après que nous l’avons
interpellé, afin d’en modifier les règles. La Ména a aussi été à
l’origine du scandale du Nouvel Observateur, dénonçant tour à tour, Sara
Daniel qui avait signé
l’article d’une autre, en y insérant des calomnies racistes et son père
Jean, qui se foutait du monde. Plus récemment, c’est l’ambassadeur de
France à Londres, Daniel Bernard, que nous avons du corriger. Il avait lui
aussi commis l’erreur d’une résurgence raciste.
Ce qui est bien plus inquiétant, c’est que ces égarements personnels
n’existeraient pas, s’ils ne poussaient, tels les champignons de Paris,
sur un terrain favorable. Jusqu’à l’irruption de la Ména, la ré-information
n’était qu’un cri de rage, face au poids de l’information malhonnête.
Depuis, la ré-information est une technique scientifique, un regard systématique,
une menace pour les indécis et une sentence publique pénible pour les
contrevenants. Depuis l’avènement de la Ména, les politiciens mal
intentionnés, les incitateurs à la haine ethnique, les désinformateurs et
les manipulateurs de l’événement factuel, n’évoluent plus en milieu stérile
et ils l’ont assurément remarqué ! On assiste déjà à un début de
restreinte volontaire au niveau des terminologies médiatiques et à un peu
plus de rigueur dans le convoyage de l’actualité. Bien sûr, on est encore
très loin du compte et la situation globale des médias français, au titre
de la désinformation, est toujours catastrophique.
L’AFP est une calamité contre la décence et l’étique. Cette agence
officielle de presse de l’État français, reproduite in extenso, à l’économie
de toute critique professionnelle, par la plupart des organes d’information
de l’Hexagone, constitue la source principale de la désinformation caractérisée,
de la mal-information et partant, elle est le vecteur principal de
l’incitation à la haine ethnique sur le sol français. L’AFP commet, dans
chacune de ses dépêches, des multitudes d’erreurs journalistiques graves,
quoique parfaitement préméditées, qui dénaturent l’information perçue
par l’opinion publique francophone. L’AFP fortifie artificiellement la
renommée de politiciens corrompus et véreux, comme le Président libanais
Rafik El-Hariri. Elle justifie l’action d’organisations terroristes, en créant,
à la force du poignet et de la sémantique, des équilibres factices entre
les protagonistes du conflit israélo-arabe. L’AFP occulte systématiquement
tous les événements qui contredisent le discours propagandiste du Président
Chirac et de son Ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine. Que
Yasser Arafat affirme publiquement, par exemple, qu’il est prêt sacrifier
70 Palestiniens pour assassiner chaque Israélien et les télescripteurs de
l’Agence France Presse omettront de diffuser cette information, même si son
existence, de même que l’importance de son contenu informationnel pour la
compréhension du peuple, ne sont sujets à aucun doute naturel.
L’installation de la mainmise de l’AFP sur l’information internationale
constitue la concrétisation de l’intention politique des gouvernements français.
Elle est l’instrumentalisation du « rayonnement » international de la
France, à côté de moyens périphériques, que sont la diffusion de TV 5 par
satellite, de même que celle de FR 2. En ce qui concerne TF1, Chirac n’a
aucun souci à se faire, puisque ses patrons sont parties prenantes des plus
gros contrats industriels, auprès des régimes putrides qu’il défend lui-même.
Comme lors de tout processus anti-naturel, l’accaparement de la « réalité
» et sa canalisation par l’État français, a fait des dégâts presque irréparables
dans la presse tricolore. Par l’uniformité, d’abord. Que sert-il
d’avoir des dizaines de voix, si elles disent toutes la même chose ? Et
l’uniformité a suscité la modularité, la modularité, le simplisme et le
simplisme, la médiocrité. La non-information !
La modularité, le propagandisme politique et la ségrégation sont de
mauvaises muses, qui ont atteint de plein fouet toute l’expression
informationnelle française. Il suffit de lire certains éditoriaux récents
du Monde ou de Libération, pour s’en persuader. Ils sont indigents.
Indigents au plan de l’information et nuls au niveau de l’analyse (c’est
du mauvais café du commerce). Les raisons qui permettent à un Marc Roche de
s’exprimer à la une du Monde sont celles qui propulsent Richard Labévière
dans les pages de Libération, elles sont l’assurance du fourvoiement de la
liberté de la presse française et de son anesthésie.
Tous les journaux télévisés sont identiques. Ils ont la même longueur, la
même chronologie et dénotent des mêmes sensibilités. Il suffit que Védrine
s’enrhume pour que Béatrice Schoenberg et Poivre d’Arvor éternuent.
L’information moderne est un Golem électronique. En France et par la
malveillance d’intérêts étroits, le Golem est devenu fou et il s’est
mis à cracher des histoires de bombardements de civils, de meurtres
d’enfants et de génocides imaginaires. Il a perdu toute nuance et toute
notion de proportion, pire, il ne fait plus appel à la logique. Ceux qui ont
enclenché ce Golem moderne, ignorent encore la dangerosité de leur acte, de
même qu’ils ne sauront plus comment arrêter leur robot.
Le succès quasi instantané de la Ména nous a surpris. Nous savions que la
niche de la ré-information élaborée était libre mais nous ignorions
qu’autant de gens souffraient de la savoir vide. C’est maintenant le
respect de cette audience, qui nous invite à progresser. La rigueur de la Ména,
la justesse de ses analyses et sa crédibilité sans tache, ne suffisent plus
à satisfaire notre exigeant public. Le concept même de la ré-information
est incompatible avec celui d’intimité, tant il faut qu’elle soit connue
pour recréer l’équilibre. Non-satisfaits d’être lus par des centaines
de responsables politiques et d’éditorialistes, non contents d’avoir,
malgré notre grande spécificité de Moyen-orientaux, réussi à briser le
signe indien de l’isolement et de la marginalité, nous comprenons que nous
devons être importants, afin d’être écoutés ! Durant l’année 2002,
nous allons organiser la Ména en anglais et en espagnol ; nous allons aussi
étoffer notre cadre rédactionnel par de nouveaux talents. Nous allons nous
doter de nouveaux moyens techniques et d’un site Internet de référence et
pour la communication.
Pour parvenir à nos fins, nous allons sûrement ouvrir le capital de la
Metula News Agency à l’investissement privé et permettre à des amis, de
partager notre goût de l’indépendance et notre passion pour
l’information bien faite. Ce sont bien là les orientations que je souhaite,
en tant que capitaine de cette petite arche. Je vais aussi veiller, à ce
qu’elle continue à servir de domus à des hommes de toutes les cultures et
de tous les courants de pensée. Laissez-moi vous dire mon privilège d’œuvrer
avec eux, de côtoyer autant de talent et autant d’honnêteté.
Permettez-moi de souhaiter, enfin, aux abonnés de la Ména, qui se
manifestent par des centaines de courriers, à la veille de l’année 2001,
les trois seuls présents qui sont indispensables aux hommes : la santé, la
paix et la qualité !Stéphane Juffa
Sami Al-Soudi (Jérusalem) Pour moi, servir l’information, c’est avant
tout servir le progrès. Sans avoir la possibilité de savoir ce qui se passe
vraiment, la paix n’a aucune chance. On ne peut pas construire un avenir sur
des fondations tordues. On ne peut pas tartiner de vains espoirs les peuples
qui souffrent vraiment.
Mon peuple, le peuple palestinien, a traversé de vrais calvaires. Plus encore
que notre différend national avec les Israéliens, nous avons souffert de ces
délires informationnels et de notre manque d’éducation. Combien de mes
semblables ont cru aux promesses guerrières d’Arafat et s’imaginaient déjà
habiter dans un hôtel de Tel Aviv « libérée ». Ils ont cru à ces délires,
jusqu’à ce qu’ils se retrouvent nez à nez avec le canon d’un tank
Markava.
L’information erronée, même celle découlant des meilleurs sentiments, a
fait des Palestiniens un peuple de pantins dénués de crédibilité. Je
souffre de cette image, elle ne correspond pas à la Palestine que j’appelle
de mes vœux et que je voudrais voir naître. J’aime la Ména, elle me
permet de montrer des aspects de mon peuple qui ne parviennent pas à
traverser les barrières de la caricature. La Ména est hybride, elle est
complexe, elle est pacifique. Bref, elle est intelligente.
J’ai été ému par les très nombreux messages d’appréciation qui ont
suivi chacun de mes articles. Nous allons vivre ensemble, dans la dignité, la
différence et la fraternité. Un jour il y aura la paix.
Jean Tsadik (Métula) La Ména est une aubaine, un espace virtuel dans lequel
se sont rencontrés des hommes animés des mêmes sensibilités. Nous nous y
comprenons, même sans nous parler et la plupart du temps, sans nous voir.
Le travail au sein de cette équipe, au milieu de cette qualité
exceptionnelle, est extrêmement enrichissant d’un point de vue personnel.
J’y suis bien, paisible et je m’y sens fort. J’apprécie les lettres
(les E-mails Ndlr) des lecteurs ; elles donnent l’impression d’être écouté
et critiqué et ça me change de mes autres jobs.
Je vous souhaite la paix.
Michaël Béhé (Beyrouth) Pour Noël, je me suis offert un voyage dans le sud
Liban. Je n’y étais pas revenu depuis le retrait des Israéliens. J’ai pu
approcher, dans Kfar Kiléh, jusqu’à la barrière de M’tula. Là, parmi
des dizaines d’autres Libanais curieux, j’ai vu, à 400 mètres, mes amis
de la Ména, sur le balcon de l’agence, qui me saluaient.
C’était la première fois que je voyais Ilan et son père. Je veux que vous
sachiez que rien ne me sépare de ces personnes et que je maudis ce petit
barbelé de rien du tout, qui m’empêche d’entrer dans MON agence.
Vous êtes des milliers de Libanais, agrippés aux nouvelles de la Ména et
tentant d’y déceler le moindre augure de notre libération. Le Liban est
occupé par une puissance barbare, son peuple est ridiculisé et nos
institutions sont sans cesse bafouées. Ces exactions ne pourraient pas se
produire sans l’appui massif de la France officielle aux bourreaux de mes
libertés.
Hier, la France et la Syrie ont organisé l’élection de Miss Europe à
quelques centaines de mètres de l’endroit où mes collègues et amis
attendent leur verdict capital. J’ai pensé, en regardant ce show, que c’était
la première fois que durant l’élection de Miss Europe, des personnes étaient
empêchées d’y assister en raison de leur race et de leur nationalité.
Cela s’est passé chez moi, au Liban, le pays de l’ouverture et de la
cohabitation harmonieuse et j’ai honte.
Paix et liberté pour tous nos amis et pour les Libanais au pays et sur leur
terre d’exil. De la part de Michaël et des collaborateurs libanais de la Ména.
Guy Senbel (Netanya) Chers amis,
En cette fin d'année, j’assure mon pote Ilan, le pseudo cancre de la Ména,
de mon soutien sans limites. Cela signifie que nous serons encore plus
incisifs et même, peut-être, en opposition avec les autres plumes qui sévissent
à Métula.
Le fait que certains soient laïcs et de gauche et moi juif pratiquant et
proche du Likoud, ne change rien au fait que c'est l'union qui règne à
l'agence et ce grâce à Stéphane Juffa (ce qui, entre nous, est bien sa
seule qualité).
La raison pour laquelle je vous conte ces petits secrets internes, en cette
fin d'année, c’est pour vous dire qu'à la Ména tous les courants
politiques sont représentés mais qu'un ciment de tolérance réunis toutes
ces tendances.
Il serait bien qu'en 2002 la Ména devienne une agence spécialisée dans les
critiques littéraires ou cinématographiques car cela voudrait dire que le
monde aura pris exemple sur nous et que l'humanité sera enfin en paix !
A tous, merci d'être avec nous, et que cette nouvelle année vous soit de
bonheur, de joies et de réussites...
Ilan Tsadik (Métula) Si les hommes se connaissaient, ils ne pourraient plus
se faire la guerre !
C’est parce que je crois en cela, que je passe mon temps à me mêler
d’analyses politiques, plutôt que des jeux de mon âge. Si j’ai choqué
certains, Amen, j’ai fais exprès, parce que vous aviez tendance à vous
endormir ! Et si j’en ai blessé d’autres, c’est parcequ’ils le méritaient
assurément !
J’espère que ceux qui voudraient vous priver de mon humour, choisissent le
nouvel an pour changer d’agence de presse. Pour paraphraser Groucho Marx, je
dirai que je refuserais aussi d’être abonné aux dépêches d’une agence
qui emploierait des collaborateurs comme moi !
Ca va. C’est joli, Métula en hiver. J’ai pas perdu l’espoir.
Denis Elkoubi (Paris) 2002 sera une année électorale en France : le vote
juif, qui n'existe que dans les craintes des hommes politiques qui ont quelque
chose à se reprocher, sera de nouveau évoqué.
Souhaitons, qu'à défaut d'exister, il donne à réfléchir à nos
politiciens en quête de voix.
Gageons que toutes les promesses seront faites et que par la magie de la
langue de bois elles satisferont tous les électeurs.
Prévenons cependant les futurs candidats qu'à la Ména, nous ne serons pas
dupes, et que nous serons aussi vigilants en 2002 quels que soient les
vainqueurs.
Puisque c'est l'époque des vœux pieux, souhaitons que la France s'occupe
d'abord de la France et en particulier de ses problèmes de banlieues et
d'antisémitisme.
Que la France participe, sans réserve, à toutes les campagnes
anti-terroristes qui seront programmées en 2002.
Et surtout que la France cesse d'être une fouteuse de merde* au Proche-orient
( *Shit Maker, en anglais dans le texte).
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