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Ariel Sharon |
L'Express du 27/12/2001
Ariel Sharon
«C'est comme vous en Algérie, mais nous, nous resterons»
propos receuillis par Alain Louyot
Un entretien avec Ariel Sharon, Premier ministre israélien, au lendemain de
l'appel de Yasser Arafat à la cessation des violences contre Israël
Que pensez-vous de la dernière déclaration de Yasser Arafat, jugée «constructive»
par Washington?
Nous sommes las et fatigués des mots, des déclarations et des promesses sans
lendemain. Ce qui nous importe, désormais, ce sont les actes et les résultats
concrets. A peine Arafat avait-il fini son intervention télévisée que nous
avons de nouveau essuyé des tirs de mortier. Et ces tirs continuent à l'heure
où je vous parle. En outre, Hamas et le Jihad islamique ont annoncé, aussitôt
après son discours, qu'ils poursuivraient leurs attaques. Quant au Fatah, il
n'est pas en reste, bien qu'il soit sous le contrôle absolu d'Arafat. Voilà
pourquoi, en résumé, nous ne nous laisserons plus bercer par de belles déclarations.
Cette fois, pourtant, Arafat a été plus loin que d'ordinaire en exigeant que
les Palestiniens cessent l'Intifada et toutes les opérations armées contre
Israël..
Je crois savoir que vous n'êtes en Israël que pour un jour seulement, à
l'occasion de cette interview. Alors, si vous voulez que j'énumère toutes les
promesses non tenues d'Arafat, tous ses mensonges, croyez-moi, cela prendra plus
d'une journée, et vous raterez votre avion! Le nombre de fois où les
Palestiniens ont annoncé un cessez-le-feu sans le respecter dépasse
l'imagination! Lors d'une récente rencontre entre Shimon Peres et Arafat, ce
dernier avait à peine tourné les talons que les tirs reprenaient de plus
belle! Comment peut-on faire encore confiance à cet homme?
«J'ai chargé mon fils de dire à Arafat que je n'avais pas l'intention de m'en
prendre physiquement à sa personne»
L'Union européenne vient pourtant de réaffirmer qu'elle considérait Arafat
comme le «seul représentant légitime du peuple palestinien» et les
Etats-Unis assurent qu'ils continueront à parler avec lui en tant que «leader
élu».
Elu? Ce fut plus une sélection qu'une élection! En outre, le «président»
Arafat s'est disqualifié en tant que leader en refusant de prendre les
décisions stratégiques nécessaires pour combattre le terrorisme. Il s'est
disqualifié en trahissant les espoirs de son peuple et en se dérobant, au lieu
de s'engager résolument dans le processus de paix.
Voilà quelques jours, cependant, vous avez envoyé votre fils Omri le
rencontrer...
C'est que je ne veux plus avoir moi-même affaire à lui. Alors j'ai décidé de
mandater mon fils afin qu'il lui remette personnellement la liste des
terroristes que nous souhaitons voir jeter en prison. Et puis, comme Arafat prétendait
que je voulais l'éliminer physiquement, j'ai chargé mon
fils de le rassurer et de lui dire que je n'avais nullement l'intention de m'en
prendre physiquement à sa personne. Enfin, mon fils lui a rappelé que nous ne
bombarderions pas les prisons s'il procédait à des arrestations.
Tous ces engagements, nous les respecterons, car, à la différence d'Arafat,
nous, nous faisons ce que nous disons.
Si vous ne vous en prenez pas physiquement à Arafat, vous n'hésitez pas
cependant à mettre en danger l'Autorité palestinienne...
Il n'est pas du tout dans notre intention de la démanteler. Ce n'est pas à
nous de nous immiscer dans ses affaires. Mais, un jour peut-être,
quelqu'un, au sein de l'Autorité palestinienne, aura le courage de désigner
Arafat comme le vrai responsable des souffrances de son peuple.
J'insiste sur ce point: nous n'avons aucun plan visant à détruire l'Autorité
palestinienne.
Hors de question également de contraindre Arafat à l'exil?
Ce n'est pas mon intérêt! Pourquoi même le laisserais-je partir alors qu'il a
tant de pain sur la planche ici? Il a tant de choses à faire:
jeter les terroristes en prison, confisquer et détruire les armes, etc.
«A la différence d'Arafat, nous, nous faisons ce que nous disons»
Mais comment pourrait-il se montrer efficace alors qu'il est bloqué à Ramallah
et que la police palestinienne est prise sous les bombardements?
Arafat n'a pas besoin de se déplacer pour donner des ordres. Vous n'imaginez
quand même pas que c'est lui qui va aller passer les menottes aux terroristes!
Quant à ses policiers, ils ne sont pas sous les bombardements. Ils savent que,
chaque fois qu'ils veulent agir contre la
violence, je leur garantis l'ouverture des routes. La nuit dernière, nous leur
avons demandé de procéder à des arrestations précises à Jénine et à
Naplouse, auxquelles ils ont librement accès. On leur a assuré qu'Israël ne
les attaquerait pas. En vain. Quant à Ramallah, parlons-en! Dans cette ville, où
se trouve en ce moment Arafat, il y a plusieurs hauts responsables du Front
populaire de libération de la Palestine qui sont impliqués dans le meurtre [le
17 octobre dernier] de notre ministre du
> Tourisme Rehavam Zeevi. Ses deux assassins sont aussi à Ramallah. Arafat
connaît leurs noms et sait très bien où les trouver. Donc, qu'attend-il
pour agir alors qu'il est sur place? Je l'ai d'ailleurs dit à Jacques Chirac,
que j'ai eu longuement, hier, au téléphone: comment pouvez-vous penser,
monsieur le Président, que je puisse laisser Arafat sortir de Ramallah tant que
des meurtriers palestiniens s'y promèneront librement?
Reste que, lorsque vous bombardez les casernes des forces de sécurité
palestiniennes, ça leur est tout de même difficile de se montrer
performantes...
Si les responsables palestiniens avaient fait ce qu'il fallait pour démanteler
les organisations terroristes, nous n'aurions pas recours à ce
type d'actions.
Vous reprochez à l'Autorité palestinienne de ne pas empêcher les attaques
suicides. Mais les forces de sécurité et les services de renseignement israéliens
eux-mêmes n'ont pas été capables d'empêcher l'assassinat d'Itzhak Rabin, en
plein centre de Tel-Aviv, par un extrémiste juif.
Sachez que, personnellement, j'estime que cela n'aurait jamais dû se produire.
Mais je ne vois pas le rapport. Ce qui compte, c'est que tous
les efforts soient entrepris pour que de telles choses n'adviennent pas.
Et, si cela se produit quand même, au moins doit-on pouvoir se dire qu'on a
tout fait pour l'empêcher. Ce n'est évidemment pas le cas avec Arafat, qui,
lui, ne tente rien.
Ne craignez-vous pas une radicalisation si la situation continue de se dégrader
et qu'ainsi vous vous retrouviez avec pour seuls interlocuteurs les extrémistes
de Hamas ou du Jihad, avec leurs exigences maximalistes?
Mais pourquoi donc n'évoquez-vous pas aussi la garde présidentielle d'Arafat,
la fameuse Force 17, qui a des relations étroites avec le Hezbollah? Vous
imaginez un pays où la garde présidentielle entretiendrait des relations avec
une organisation terroriste? Avec les membres du Tanzim [noyau dur du Fatah],
appointés par Arafat, et le Front populaire de libération de la Palestine, ils
sont à eux seuls responsables de plus du tiers des victimes israéliennes!
Reste que je doute fort que Hamas puisse se substituer un jour à Arafat. Je ne
crois pas à un tel danger.
Vous ne croyez plus en Arafat, mais avez-vous davantage confiance en d'autres
responsables palestiniens?
Bien sûr, il y a des responsables palestiniens plus pragmatiques et fiables que
lui. Je les connais et les ai rencontrés lorsque j'étais ministre des Affaires
étrangères. Aujourd'hui, il est vrai, ils ne se manifestent guère... Mais,
encore une fois, dites-vous bien une chose: je n'ai pas l'intention de parler
avec qui que ce soit pour l'instant, puisque notre sécurité n'est pas assurée.
Néanmoins, je suis prêt à m'engager auprès de tous les Européens, comme
vous, à ce qu'il n'y ait pas d'escalade. Nous connaissons bien cette région du
Moyen-Orient où nous sommes nés. Nous connaissons le danger d'une escalade.
Mais, si nous gardons la tête froide, cela ne nous empêchera évidemment pas
de continuer à prendre toutes les mesures que nous jugerons nécessaires pour
nous défendre. Mes grands-parents, mes parents, moi-même tout au long de ma
vie, et enfin mes fils, qui sont aujourd'hui officiers de réserve, tous, dans
notre famille, nous avons été, les uns après les autres, confrontés au
terrorisme arabe.
Actuellement, estimez-vous qu'Israël est en guerre?
Vous savez, nous sommes un minuscule pays qui est le seul endroit au monde où
les juifs ont enfin la possibilité de défendre leur vie par eux-mêmes, de
prendre en main leur destin. Si l'on rapporte nos chiffres des victimes du
terrorisme à la proportion d'un pays comme la France, cela signifie que, en un
an seulement, il y aurait eu chez vous 2 420 tués et 23 800 blessés! Nous ne
pouvons pas nous laisser massacrer sans rien faire!
Lorsque nous savons qu'une attaque suicide se prépare, nous avertissons aussitôt
l'Autorité palestinienne. Si elle n'entreprend rien pour l'empêcher d'avoir
lieu, alors nous agissons; si elle n'arrête pas les terroristes, c'est nous qui
le faisons. En parlant hier au téléphone avec le président Chirac, qui m'a
invité à venir en France quand je le pourrai, je lui ai dit que j'étais en
train de lire un ouvrage terrible sur la guerre d'Algérie. Un livre dont le
titre en hébreu signifie: «La guerre sauvage pour la paix». Je sais que le président
Chirac s'est battu en tant qu'officier durant ce conflit et qu'il a même été
décoré pour sa bravoure.
Aussi, très amicalement, je lui ai dit: «Monsieur le Président, comprenez que
nous, ici, nous sommes comme en Algérie. Nous n'avons aucun endroit où aller.
Et d'ailleurs nous n'avons nullement l'intention de partir.»
Vous allez vous rendre bientôt en France?
En ce moment, il m'est difficile de faire des projets au-delà de quarante-huit
heures. La situation dépend d'Arafat. Je me rendrais très volontiers à Paris.
Dans les années 50, les relations entre la France et Israël étaient
merveilleuses. C'était la lune de miel. Je me souviens de cette époque, de Guy
Mollet, de Bourgès-Maunoury... Aujourd'hui, les relations sont plutôt bonnes,
mais j'aimerais les renforcer, notamment dans le domaine des échanges
commerciaux et de la coopération scientifique.
Etes-vous disposé à faire des concessions pour la paix?
Oui. Je suis même prêt à consentir à des compromis douloureux pour obtenir
une véritable paix, une paix durable. Mais je ne ferai jamais le moindre
compromis, ni aujourd'hui ni demain, tant que la sécurité des citoyens israéliens
sera en jeu ou que l'existence de l'Etat d'Israël se trouvera menacée. J'ai été
élu par le peuple d'Israël, et c'est mon premier engagement à son égard. Je
ne transigerai pas sur ce chapitre. Nous ne commencerons jamais à négocier
quoi que ce soit sous la pression de la terreur.
Que faudrait-il pour reprendre les négociations?
Il faudrait sept jours de cessez-le-feu total, puis, comme nous en sommes
convenus avec les Américains, obtenir une période de calme de six semaines
pour que la confiance soit rétablie. Ensuite seulement nous pourrons commencer
à discuter. Mais Arafat ne se rend pas compte qu'il est peut-être en train de
perdre sa toute dernière chance d'obtenir un accord de paix avec Israël. Même
la gauche israélienne y croit de moins en moins.
Qu'êtes-vous prêt, concrètement, à concéder? Deux Etats?
A cette heure, je me refuse à entrer dans de telles considérations. Je vous le
répète: si la sécurité est restaurée durablement, je serai disposé à
faire des concessions, fussent-elles douloureuses.
Admettons que la sécurité soit restaurée. Seriez-vous prêt, par exemple, à
démanteler certaines colonies de peuplement?
Je ne veux rien dire sur aucun de ces chapitres, car ce serait interprété
comme un point de départ des négociations. Or nous n'en sommes pas là!
Dans l'histoire de nos relations avec les Arabes, il n'y a jamais eu d'accord
politique sans que celui-ci soit précédé d'une période de calme
significative. Et, s'il y a un cessez-le-feu durable, je serai prêt à aller très
loin s'il le faut pour obtenir un accord.
S'il n'y a pas de cessez-le-feu durable, vous continuerez donc à occuper des
zones palestiniennes?
Ce n'est pas une occupation! Ce n'est nullement notre intérêt de nous
installer dans ces zones relevant de l'Autorité palestinienne. Nous nous y
rendons ponctuellement si nous sommes attaqués. Puis nous cherchons, avant de
nous retirer, un accord avec les commandants palestiniens locaux, faute de
pouvoir le faire avec Arafat. Hélas! parfois, il faut revenir, comme à Beit
Jala, car les attaques reprennent.
Depuis le 11 septembre, qu'est-ce qui a changé, à vos yeux?
Depuis cette date, le monde a pris conscience que le terrorisme est le plus
grand danger de notre époque, car il met non seulement nos vies en péril, mais
également nos démocraties, nos valeurs. Je rends hommage au président Bush,
ainsi qu'aux dirigeants européens, comme le président Chirac, le Premier
ministre Blair ou le chancelier Schröder, mais aussi au président Poutine pour
s'être ainsi mobilisés dans ce combat vital.
Espérez-vous obtenir un accord politique tant que vous serez au pouvoir?
J'ai 73 ans. J'ai participé à de nombreuses guerres, j'ai commandé les unités
les plus prestigieuses de Tsahal: les commandos, les parachutistes... Mes
meilleurs amis sont tombés sur des champs de bataille et moi-même j'ai été
par deux fois grièvement blessé. Il m'a souvent fallu prendre des décisions
qui engageaient la vie et la mort d'autrui. Alors, mieux que d'autres hommes
politiques, je sais sans doute combien la paix implique la sécurité. Je vous
le répète, j'ai 73 ans et j'ai rencontré un nombre incalculable de rois, de
présidents et de chefs de gouvernement. Je n'ai plus d'ambition politique, désormais,
mais ce que je veux par-dessus tout, avant de m'en retourner m'occuper de ma
ferme, c'est obtenir un accord politique sûr et durable entre Israël et le
monde arabe. Voilà mon objectif, tant que je resterai au pouvoir. Mais, évidemment,
pour l'atteindre, il me faudra un partenaire fiable.
En dépit de la situation actuelle, demeurez-vous confiant pour l'avenir d'Israël?
Oui, je reste néanmoins optimiste. Ce qui m'aide, c'est de voir tout ce que
nous avons déjà accompli. Je me souviens d'une histoire qui m'est arrivée
avec mon père voilà bien longtemps. J'avais 10 ans et je travaillais avec lui
dans les champs par une chaleur caniculaire. J'étais éreinté et assoiffé. Découragé,
je me suis étendu un moment sous un arbre.
Mon père s'est alors approché de moi et m'a dit: «Retourne-toi et regarde
tout le travail que nous venons déjà d'abattre.» Cela m'a redonné courage et
je suis reparti travailler. Eh bien, c'est pareil aujourd'hui: malgré les
difficultés, j'ai confiance en l'avenir en regardant derrière moi le chemin
parcouru par Israël.
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