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Autorite Palestinienne : l'aveu |
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L'Intifada a ete planifiee par les Palestiniens en reponse a Camp David, selon le ministre de la communication d'Arafat.
Par Michel Gurfinkiel
Vendredi dernier, 2 mars, l'Autorité autonome palestinienne est passée aux aveux. Ce jour-là, en effet, son ministre de la Communication, Imad
Faloudji, a déclaré publiquement, au cours d'un meeting organisé au camp de réfugiés de Eil el-Hilweh, au sud de Gaza, que la crise actuelle, la
seconde intifadah, avait été planifiée dès le mois de juillet 2000, soit plus de deux mois avant les premiers affrontements.
L'information a été immédiatement diffusée par l'agence de presse américaine Associated Press ( www.ap.org ), et reprise par la plupart des
médias occidentaux. L'Agence France-Presse, par contre, ne semble pas y avoir attaché beaucoup d'importance jusqu'à ce jour.
Imad Faloudji, le 2 mars, a commencé par affirmer que " ce serait une erreur que de penser que l'insurrection, dans laquelle plus de 400
personnes ont été tuées, a été initiée par la visite d'Ariel Sharon sur le
site de la mosquée El-Aqsa, fin septembre ".
Dont acte. Que n'avons-nous pas entendu, en boucle, sur cette fameuse visite, sur l'arrogance de Sharon, sur les " trois cents soldats armés "
qui l'auraient accompagné sur le Mont du Temple. Combien de fois n'avons-nous pas vu, sur nos écrans de télévision, cette scène originelle,
intercalée entre des images de violence, des jets de pierre, des gamins ensanglantés, des mères palestiniennes au regard étrangement doux affirmant
qu'elles étaient heureuses, oui, heureuses, que leurs enfants meurent en
martyrs à l'âge de douze ans.
Eh bien nous voici rassurés : la relation de cause à effet si
complaisamment colportée ou suggérée pendant des semaines et des mois, n'était, dixit l'un des principaux collaborateurs de Yasser Arafat, qu'une
" erreur ".
Mais les propos que Faloudji a tenus ensuite sont encore plus
extraordinaires. Tout d'abord, le ministre palestinien de la Communication révèle que la nouvelle intifadah "a été planifiée après l'échec du sommet
de Camp David". Ensuite, il précise: "Ce sommet de Camp David... où le président Arafat a envoyé
promener le président américain Bill Clinton et rejeté les conditions américaines " .
Chacune de ces deux affirmations est lourde de signification et de conséquences. "Planifier" délibérément une crise majeure, une guerre, comme
celle où se trouve aujourd'hui le Moyen-Orient, c'est en effet violer délibérément les accords signés à Oslo en août 1993 et paraphés à
Washington en septembre 1993, mais aussi violer la charte de l'Onu.
L'existence même de l'Autorité autonome palestinienne - une institution créée dans le cadre des accords d'Oslo - pourrait désormais être remise en
question. Quant à ses dirigeants, ils pourraient être déclarés fauteurs d'agression au regard de la loi internationale.
La seule excuse dont les dirigeants palestiniens pourraient se targuer à cet égard, ce serait une situation de détresse extrême résultant, par
exemple, d'une violation antérieure des mêmes accords d'Oslo et de la même charte de l'Onu par Israël. Mais Imad Faloudji, à travers sa seconde
affirmation, indique lui-même que ce n'était pas le cas. Que s'était-il en effet passé au sommet tripartite de Camp David, pour qu'Arafat "envoie
promener" Bill Clinton ?
Barak, faut-il le rappeler, a offert une série de concessions sans
précédent : en particulier le partage de Jérusalem entre l'Etat d'Israël et un futur Etat souverain de Palestine, le passage du Mont du Temple sous
souveraineté palestinienne, la cession à la future Palestine de 3 ou 4 % du territoire israélien d'avant 1967 en échange du rattachement à Israël des
principales implantations juives de Cisjordanie, et enfin, last but not least, l'acceptation de principe d'un retour en Israël même d'une partie de
ceux qu'on appelle les réfugiés palestiniens de 1948.
Et ce sont ces concessions, dont maint journaliste ou analyste français, à l'époque, disait qu'elles brisaient définitivement les tabous qui
empêchaient la paix, qu'Arafat a tenues pour insuffisantes et donc rejetées.
Nous savons ce que le président de l'Autorité palestinienne entendait, à Camp David, comme des concessions suffisantes de la part d'Israël. En
effet, il avait résumé ses propres exigences dans un document de travail remis à la fois à Clinton et à Barak. Permettez-moi de mentionner quelques
unes d'entre elles :
1. Israël assurera un dédommagement intégral pour les pertes matérielles et morales cumulées
par les réfugiés palestiniens de 1948 et leurs descendants.
2. L'OLP recevra des compensations pour les biens publics palestiniens passés sous autorité
israélienne depuis 1948.
3. Israël versera des dédommagements à tous les pays arabes qui ont accueilli des réfugiés
palestiniens depuis 1948, notamment la Jordanie, le Liban et la Syrie.
4. Tous les réfugiés de 1948 et leurs descendants, soit près de 4 millions de personnes, auront
le droit de s'installer en Israël, dans des régions où leur sécurité sera assurée et où ils
disposeront d'infrastructures convenables.
5. Les réfuigiés qui reviendront en Israël recevront automatiquement la nationalité
israélienne.
6. Israël devra modifier ses lois pour faciliter l'intégration des réfugiés.
7. Le droit au retour n'aura aucune limite dans le temps.
8. Une commission internationale devra superviser l'intégration des réfugiés.
La juxtaposition des concessions offertes par Barak et des contre-propositions présentées par
Arafat est éloquente. D'un côté, la paix. De l'autre, un retour cynique à la guerre et au vieux
projet de démantèlement intégral de l'Etat d'Israël et de sa société.
Dans ce contexte, les propos d'Imad Faloudji, ministre palestinien de la Communication, membre du cabinet d'Arafat, proche
collaborateur du Raïs, scellent définitivement, pour qui a des yeux et veut voir, pour qui a un
cerveau et veut réfléchir, pour qui a une âme et veut la vérité et la paix,
la question de la responsabilité de la crise actuelle.
Diffusé sur RCJ le 4 mars 2001.
© Michel Gurfinkiel, 2001
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