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Par Albert Soued
Géographie
- Le Moyen Orient est devenu important pour l'Occident au
20ème siècle du fait du canal de Suez et des réserves
pétrolières. Ces 2 facteurs perdront de leur importance au
fur et à mesure du déroulement du siècle en cours.
Aujourd'hui, ce qui intéresse les Occidentaux ce sont les
marchés potentiels liés au développement économique des pays
de la région. Mais en dehors de quelques poches (émirats,
Israël) et de quelques besoins militaires ou de faste, la
tendance est au déclin socio-économique du Moyen Orient.
- Dans l'antiquité et jusqu'à la naissance de l'Islam, le
Moyen Orient était stratégique parce qu'un lieu de passage
entre les 3 continents. Délaissé depuis, il est redevenu
stratégique à la renaissance d'Israël qui s'est conjuguée
avec le développement des besoins mondiaux en pétrole.
Histoire
- Au début du 20ème siècle, dans le contexte d'un empire
ottoman modéré et en déclin, les pays arabes étaient prêts à
accepter un état juif en Palestine, qui aurait pu servir de
catalyseur pour leur développement. Les interférences
étrangères, notamment anglaises, puis américaines ont
empêché ce projet, les grandes puissances occidentales ne
s'intéressant qu'à l'approvisionnement en pétrole et à son
acheminement.
- Pendant un demi-siècle, les pays arabes n'ont jamais
souhaité la création d'un état palestinien laïc et
démocratique qui aurait été un facteur de trouble pour leurs
régimes. L'acceptation d'Israël signifiait également
l'acceptation de cet état palestinien. D'où "le triple non"
des arabes vis-à-vis d'Israël depuis 1948 (1). Aujourd'hui
ils ne veulent pas plus d'un état palestinien qui serait
islamique et radical, un facteur de trouble encore plus
important pour leurs régimes.
- La nation palestinienne est constituée de tribus arabes
sédentarisées, d'immigrés arabes venant notamment de Syrie,
d'Irak, d'Egypte et de musulmans africains et asiatiques.
Cet ensemble hétéroclite est similaire à celui de la
Jordanie, état artificiel créé par les Anglais pour
indemniser la dynastie hachémite chassée de Médine et de la
Mecque, dans les années 30 du siècle dernier (2).
Religion
- Les 3 religions monothéistes du Moyen Orient sont
d'origine sémite. Innovante et singulière, la plus ancienne
des trois, la religion juive a été imprégnée par la sagesse
des traditions environnantes, notamment sumérienne,
égyptienne et tyrienne. Elle ne pratique pas le
prosélytisme, ne se développe pas par la conquête et elle
est difficile d'accès.
- La chrétienté s'est développée en milieu gréco-romain et
païen, tout en gardant certains fondements du judaïsme.
- Issue des 2 premières, la religion musulmane est la plus
sémitique des 3 du fait de l'importance de la tradition
arabe dans son développement, du moins pour la composante
principale sunnite. En Islam, il y a confusion entre
religion et politique et la séparation entre l'état et la
religion est rare et difficile.
- Les 3 religions ont évolué, la 1ère dans un exil de 2000
ans à travers le monde, les 2 autres par le prosélytisme et
les conquêtes. La chrétienté est en nette régression au
Moyen Orient. La seule branche du christianisme qui s'y
développe est évangélique et c'est la seule qui soit
favorable à Israël dans la région.
- Après 2 siècles de pause ou de repli (3), l'Islam repart à
la conquête du monde, mû par une doctrine extrémiste issue
du centre de l'Arabie, le wahabisme, dont le développement
fulgurant est financé par la manne pétrolière. La branche
contestataire et minoritaire de l'Islam, la shia'h, n'est
pas en reste et, munie de revenus pétroliers et de la
science nucléaire, elle cherche à islamiser le monde à
travers une eschatologie apocalyptique. Et, dans une
compétition qui frôle l'antagonisme, les 2 branches de
l'Islam sont pressées d'aboutir avant que leur carburant ne
s'épuise.
Société
- La logique cartésienne ou le questionnement talmudique
n'ont pas cours dans cette société. Ce qui déroute tous les
stratèges occidentaux et explique certaines déroutes
américaines en territoire irakien ou afghan.
- L'imagination l'emporte sur la raison, ce qui expliquerait
les guerres inutiles menées par des potentats velléitaires
contre un état minuscule au régime démocratique. Et l'entrée
de la branche minoritaire et contestataire de l'Islam dans
la ronde du Moyen Orient, par le biais de l'Iran, complique
et précipite le mouvement.
- Aucune proposition de paix actuellement sur la table n'est
sérieuse ni viable, car aucune d'elle ne tient compte des
réalités du terrain (4).
- Israël reste un exutoire idéal pour les nombreuses
frustrations des peuples du Moyen Orient, et, à travers
l'éducation et l'information, leurs dirigeants soufflent sur
la braise de la haine du Juif, quand cela les arrange (5).
Cette attitude est souvent mimée par de nombreux médias
européens qui pensent obtenir de cette manière les faveurs
arabes.
- Des étincelles de lumière existent néanmoins dans toutes
les sociétés du Moyen Orient. Faibles elles n'éclairent pas
encore. La tendance actuelle est à l'alignement sur le plus
fort, ou à défaut, sur le plus-disant ou le plus extrémiste.
- Au lieu d'être les porte-parole objectifs des tendances
extrêmes, pour des raisons de sécurité de leurs agents
locaux ou d'incompréhension de la situation, les médias
occidentaux devraient en permanence amplifier "ces
étincelles de lumière" qui restent la dernière chance de ce
Moyen Orient au bord du précipice.
Perspectives
- Pourquoi un état naissant dépourvu de moyens a-t-il pu
intégrer en son sein 650 000 réfugiés juifs des pays arabes
et dont personne ne parle aujourd'hui, alors que 22 pays
arabes ont toujours refusé d'intégrer les 650 000 arabes
qu'ils ont fait fuir de Palestine, et devenus après 3 ou 4
générations, plusieurs millions, les parquant dans des camps
indignes ?
- Pourquoi continuer à enseigner la haine du Juif dans les
écoles publiques et coraniques, dans les sermons et les
médias d'état des pays arabes et des territoires autonomes
palestiniens, si par ailleurs on recherche vraiment un
compromis pacifique ?
- Pourquoi un Juif n'aurait-il pas le droit de vivre en paix
en territoire arabe palestinien (6), alors que des centaines
de milliers d'arabes palestiniens vivent en paix en Israël
et y prospèrent ? Deux poids et deux mesures.
Le jour où les pays arabes pourront répondre sans passion à
ces trois questions simples, alors commencera une ère
nouvelle au Moyen Orient. Les réponses exigent un changement
de mentalité et de perspective qui se mesure dans le temps
en générations. Dans l'attente, il faudra beaucoup de
patience et d'abnégation pour juguler un embrasement général
de la région, embrasement souhaité par de nombreux
extrémistes. On n'empêchera pas des conflits locaux.
L'acquisition de territoires par Israël lui sera encore
nécessaire pour qu'il puisse les monnayer contre une trêve
(7). Et de trêve en trêve, on parviendra dans quelques
générations à obtenir la lumière au Moyen Orient, grâce aux
étincelles éparses qu'on aura su conserver et amplifier.
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