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Dans les banlieues de Paris, la Jihad trouve une résonance" Par Chris Hedges

 "Dans les banlieues de Paris, la Jihad trouve une résonance" Par Chris Hedges

LA COURNEUVE, France ---- La Cité des 4000 est un complexe urbain gris où habitent de nombreux immigrés musulmans, les fenêtres de leurs appartements fermées par des blocs de ciment, des déchets pleins les escaliers, où des gangs dealent ouvertement de la cocaïne et du haschich, et où l'on trouve les épaves carbonisées de voitures dans les parkings.

Comme beaucoup d'autres zones peuplées d'immigrés musulmans aux revenus modestes, La Cite est un monde en soi, où les jeunes gens sont plongés dans une profonde et dérangeante crise identitaire, et sont confrontés à la blessure du racisme et au fléau du chômage. Certains en sont arrivés à voir en Osama Bin Laden, l'homme que l'Amérique veut soumettre par les bombes, un sauveur.

Il ne faut pas beaucoup d'effort, dans la Cité des 4000 surnommée "Le Bronx" en raison de la criminalité élevée qui y règne, de comprendre pourquoi les quatre millions de musulmans en France représentent une poudrière sociale et politique. La France a exprimé un soutien fort à la guerre menée par l'Amérique contre le terrorisme, mais le gouvernement s'efforce de contenir la colère musulmane sur son sol.

Cette colère était manifeste le 6 octobre dernier lorsque, pour la première fois depuis la douloureuse guerre d'indépendance algérienne, les deux pays se sont rencontrés sur un terrain de football. Des musulmans nés en France ont hué et sifflé l'hymne national français. La foule a scandé "Bin Laden ! Bin Laden ! Bin Laden !" et a bombardé deux femmes ministres françaises avec des bouteilles.

Lorsqu'il a été clair que l'équipe algérienne allait perdre le match, les supporters algériens ont investi le terrain, arrêtant définitivement le jeu.

Le trouble était d'autant plus grand que la relation de la France avec sa forte population musulmane semblait s'être améliorée depuis la victoire de l'équipe de France en coupe du monde en 1998, qui contenait des immigrés et des fils d'immigrés. La star de l'équipe était Zinnedine Zidane, un joueur brillant d'origine algérienne.

Ces progrès semblent désormais évanouis. A la Cité, il semble clair que M. Bin Laden a réussi à exprimer la rage de nombreux musulmans remplis d'un sentiment d'exclusion..

"Vous voudriez que nous pleurions pour les Américains quand ils bombardent et tuent des Palestiniens et des Irakiens chaque jour ?" dit Mohaam Abak, 21 ans, un immigré marocain assis avec deux de ses amis sur un banc. "Nous voulons qu'il y ait plus de morts chez les Américains pour qu'ils commencent à comprendre ce que ça fait".

Toutes les tensions entre les musulmans de France, pour la plupart d'origine nord-africaine, et le reste de la société française ont éclaté au grand jour le mois dernier dans l'étendue des "Banlieues", ces villes de classe ouvrière, peuplées de minorités ethniques, à la périphérie de la plupart des grandes villes françaises.

La Cité des 4000 - nommée ainsi à cause des 4000 logements sociaux construits initialement ici- est la plus célèbre. Des policiers particulièrement armés se font plus présents depuis le 11 septembre, patrouillant à côté de graffitis traitant le gouvernement français de fasciste.

Des drapeaux algériens et marocains sont suspendus aux fenêtres, placés ici le jour où les frappes ont commencé en Afghanistan. Quand les nouvelles de l'attaque du World Trade Center ont atteint la cité, des jeunes gens ont déferlé sur les cours en ciment au pied des immeubles de 15 étages pour applaudir, siffler, manifester leur joie et crier en arabe "Dieu est grand".

"L'Amérique a déclaré la guerre aux musulmans il y a longtemps", dit Laala Teula, 66 ans, une immigrée algérienne qui a travaillé pendant longtemps comme mecano dans les chemins de fer. "Ceci est seulement la réponse".

Particulièrement préoccupé, le gouvernement a appelé à l'intégration de la population musulmane. "Les jeunes, quelles que soient leurs origines, sont ici chez eux" a déclaré le ministre de l'intérieur, Daniel Vaillant, samedi dernier, "mais ils doivent se comporter comme des Français aspirant à la paix et à la cohésion nationale".

Dans l'atmosphère désolée des banlieues, de tels appels ont peu d'impact. Claudette Dana, 47 ans, attend l'ascenseur pour monter à son appartement au septième étage. Dans le foyer au dehors, sept jeunes gens, tous d'origine nord-africaine et membres de l'un des trois principaux gangs qui règnent dans la cité attendent, debout. Ils lancent des pierres au journaliste avec lequel elle parle, maudissent les États-Unis et commencent, comme beaucoup d'autres face à ce nouveau visiteur dans la Cité, à scander "Osama Bin Laden ! Osama Bin Laden ! Osama Bin Laden !" Madame Dana, dont le mari est pompier et qui vit d'une pension d'invalidité après ses deux cancers, raconte qu'en trente ans de vie dans la Cité, elle n'avait jamais vu autant de colère.

Lorsque la porte de l'ascenseur s'ouvre au septième étage, elle montre une bande blanche fraîchement peinte sur le mur. Madame Dana, une des rares juives de la Cité, est rentrée il y a quelques jours à la maison et a trouvé étalée sur le mur à côté de sa porte l'inscription "Mort aux juifs".

"J'ai du repeindre pour cacher ce slogan" nous dit-elle. "Cela a terrorisé mes deux fils. Ils veulent que nous partions".

Le gouvernement français a prévu de détruire ces blocs d'immeubles lugubres construits dans le nord-est de Paris dans les années soixante, aujourd'hui fatigués et irrécupérables.

Un immeuble de 15 étages, où habitaient 1200 personnes a été détruit il y a un an, et Madame Dana nous dit que le tour de son immeuble viendra, dès que le gouvernement aura trouvé où reloger tout le monde. La destruction de ces bâtiments contribuera cependant peu à rapprocher les personnes d'origine nord-africaine et le reste de la société européenne.

Les responsables du ministère français de l'intérieur qui mènent la bataille contre les cellules liées au réseau de Bin Laden ont arrêté ces derniers jours 30 musulmans soupçonnés de planifier des attaques, quatre d'entre eux ayant selon eux planifié une attaque devant avoir lieu pendant le match de football France-Algérie.

Plusieurs membres de cellules terroristes armées, notamment les deux qui avaient mitraillé le hall d'un hôtel à Marrakech, tuant deux touristes espagnols et en blessant sérieusement un troisième, venaient de la Cité des 4000. Au moins deux douzaines de jeunes gens de la Cité ont reçu un entraînement dans des camps en Afghanistan, selon des sources officielles françaises.

"Ils ont du mal à donner un sens à leur vie", disait un responsable du ministère de l'intérieur. "Ils trouvent dans l'Islam radical une cause à défendre".

© The New York Times


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