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Des observateurs, mais pour quoi faire? Éditorial du quotidien Ha'aretz |
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Des observateurs, mais pour quoi faire?
Éditorial du quotidien Ha'aretz
A propos du déploiement de forces internationales dans le conflit israélo-arabe, l'expérience
montre que les chances que leur mission a d'être couronnée de succès dépendent fondamentalement
de la volonté des deux parties à appliquer les accords.
Il y a eu deux cas prouvés de déploiement réussi de forces internationales dans la région - le
premier étant celui de la Force des Nations Unies chargée d'observer le désengagement entre la
Syrie et Israël, qui avait été déployée le long de la frontière à la suite de l'accord de 1974;
et l'autre, la Force multinationale d' Observateurs (à laquelle l'ONU ne participa pas, bon
nombre de ses membres s'y étant opposés), qui avaient été déployés dans le cadre de l'accord de
paix avec l'Égypte.
Le succès de ces deux forces internationales résultait du fait que dans les deux cas il
s'agissait de sauvegarder et de superviser des accords signés par des états souverains dotés
d'armées régulières. Leurs missions ne consistaient pas à observer des actes hostiles
sporadiques ou continus. Les deux parties avaient un intérêt manifeste à appliquer les accords
passés entre elles, à en prévenir la violation et à empêcher les activités hostiles. Dans les
deux cas, des zones-tampon entre les deux armées avaient été établies dans le cadre de ces
accords. En outre, les parties avaient pris des mesures énergiques afin de réprimer toute
provocation que des tiers auraient cherché à créer.
Par contre, le résultat globalement obtenu par la Force intérimaire des Nations Unies au Liban
(la FINUL) peut être défini comme un échec durable. Cette force internationale - déployée par
l'ONU en 1978, à la suite de l'Opération Litani [réalisée par Israël contre des objectifs de
l'Organisation de Libération de la Palestine au Sud-Liban] et sans l'accord d'Israël - n'a
rempli aucun rôle significatif dans la région et sa présence est dans le meilleur des cas
controversée.
La FINUL n'a pas réussi à établir la moindre forme d'autorité sur l'équilibre complexe et en
perpétuel changement des forces en présence au Sud-Liban. La Force d'urgence des Nations Unies
mise en place après la Campagne du Sinaï en 1956 s'est aussi terminée sur un échec, quand
l'Égypte exigea son retrait et bloqua le Détroit de Tiran en 1967.
Si la Présence internationale temporaire à Hébron mise en place à la suite du massacre par
Barouch Goldstein de Palestiniens en prière en 1994, ne constitue pas une source de problèmes,
elle n'a toutefois pas réussi à prévenir les actes de violence. Malgré sa présence, Hébron est
restée la ville la plus disputée et la plus violente. Quant à la Commission internationale de
contrôle, mise en place au Liban suite à l'opération israélienne des "Raisins de la Colère" en
1996, elle ne peut également enregistrer à son actif aucun succès majeur, mis à part le fait
qu'elle est devenue une commission pour le dépôt de plaintes et la conduite d'enquêtes
superficielles relatives à celles-ci.
Il n'est donc pas surprenant que dans les conclusions présentées par la Commission Mitchell et
dans le rapport de George Tenet, directeur de la CIA, il n'y ait aucune recommandations
appelant à la mise en place d'une force internationale ou d'un corps d'observateurs,
certainement pas en l'absence d'une volonté des deux parties à voir une telle présence, ou du
moins pas sans leur accord à ce sujet. Sans une totale coopération des deux parties, les
observateurs internationaux n'ont aucune chance réelle de voir leur mission couronnée de
succès. Qui plus est, pour qu'ils puissent réussir, il est nécessaire qu'existe un accord clair
entre les deux parties et une volonté absolue d'appliquer honnêtement ce qui a été convenu. En
plus de cela, les deux parties doivent être prêtes à imposer l'accord à tous les éléments
présents sur leurs terrains respectifs - tant aux forces régulières et semi-irrégulières qu'aux
organisations, groupes et individus.
C'est pourquoi il est bien difficile de mettre un quelconque espoir dans le déploiement
d'observateurs internationaux dans les zones de friction. Les deux parties - Israéliens et
Palestiniens - ne bénéficieront pas de la présence d'une tierce partie dans une région qui doit
encore subir un processus de stabilisation. Si sa présence n'aide pas à soulager ou à
stabiliser la situation, elle risque même de la compliquer bien plus encore.
© Haaretz, 23 juillet 2001.
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