En reference a l’article de Amos Oz apparu dans Yediot, par Emile Tubiana

En reference a l’article de Amos Oz apparu dans Yediot

Combien c'est beau de parler de l'humanité et de se montrer humain ! Qui ne voudrait pas être dans cette position ? Mais hélas, le monde est bien rond mais pas encore humain. Ce monde est loin d'être ce que nous aurions voulu qu'il soit. Tout d'abord, les êtres de ce monde doivent être avant tout nourris, logés et blanchis, avant de les entrainer dans les histoires d'humanité. Les voisins aujourd'hui, à peine s'ils se parlent. J'ai eu la chance d'avoir survécu la deuxième guerre mondiale, sous les bombardements aériens et les tirs d'artillerie allemands. Des dizaines de ma famille avaient laissé leurs vies sous les décombres. Puis vint la fuite causée par la peur des bombes et du typhus qui laissent des morts au passage.

La mort nous hantait de partout, nous nous dirigeâmes vers les fermes et les montagnes. Mais, même si les bombes s'éloignaient de nous, nous portions en nous le germe du typhus, celui‑ci ne nous avait pas épargnés. Nous étions sans soins ni hygiène, jetés dans des grottes, sans nourriture et surtout loin des autorités. Oui, c'est une expérience. J'ai connu les tirs aveugles de la légion arabe de Jordanie qui à chaque fois laissait des innocents morts dans les rues de Jérusalem. J'ai connu l'armée iraquienne qui joignait la légion arabe pour détruire notre avant poste du kibboutz, qui était pas loin du kibboutz Ein Hashofet et Mizra. J'ai connu les tirs aveugles de l'armée syrienne contre le kibboutz Ein Gev.

En 1952 j'ai été rappelé à nouveau sous les drapeaux, pour chasser les Syriens qui venaient d'occuper deux collines. J'ai subi les tirs d'artillerie et de mortiers lourds, puis les tirs rapides des mitrailleuses françaises Hotchkis du début du XXème siècle. Là aussi j'ai vu mes camarades tomber morts sur ces collines de Tel el Mutilla, dont les Syriens s'étaient accaparées en silence durant la nuit et nous avons dû les dénicher de ces collines stratégiques qui protégeaient le nord du lac de Tibérias et ses environs. Nous avons subi de grandes pertes de vies humaines.

J'ai connu les menaces de Nasser et la défaite de son armée dans l'année 1956. J'étais aussi un jeune officier et là aussi j'ai vu mes camarades tomber sur le sable brûlant du Sinaï. Alors nous voulions vivre en paix sans menace ni terreur. Israël n'avait aucune ambition de conquérir des territoires ni d'occuper les masses arabes. Israël n'avait pas d'autre choix que de se défendre et de conquérir des terres pour éloigner le danger d'être effacé de la carte du Moyen Orient, comme le disent depuis les Arabes, et aujourd'hui l'Iran.

Je comprends tres bien le rêve d'Amos Oz, mais pas quand les Arabes guettent Israël et attendent le moment propice pour tuer des Israéliens. Nous sommes loin de comprendre la mentalité arabe. Les Juifs sont guidés par plus de deux mille ans d'histoire et les Arabes sont guidés par les principes du Coran, qui selon les extémistes musulmans ne laissent ni de la place aux compromis ni de la place pour les sentiments humains. Nous sommes nombreux, les Juifs qui sont peut-être croyants mais qui ne sont ni religieux, ni fanatiques. Nous ne pouvons pas nous permettre d'aller à l'encontre de notre religion et de notre histoire qui ont été notre identité jusqu’à ce jour ou de nier notre bible qui justement nous donnent le droit à la terre sainte.

Nous avons besoin de nos religieux, même s'ils dérangent votre rêve. Sans eux il faudrait recommencer toute l'éducation de la jeunesse juive et commencer à les exporter je ne sais où, puisqu'il faudrait alors reconnaître qu'en tant que sioniste sans la bible, nous aurions alors éliminé ce qui nous donnait le droit à cette terre sainte. Avez‑vous pensé à cette hypothèse ? Je suppose que vos parents et des millions de Juifs l'avaient alors bien considérée. Peut‑être votre place n'est plus en Israël, tout comme ma place, qui n'est plus dans mon pays natal.

Si les Arabes voulaient vivre en paix avec les Juifs, ils avaient 50 années de temps pour le faire. Je suis certain que lorsqu'ils seront prêts à la paix ils trouveront un Israël humain et prêt à signer une paix qui respecte notre peuple et la vie humaine et crée les conditions paisibles dans tout le Moyen Orient où chacun trouve sa dignité. La balle n'avait jamais été dans le camp d'Israël, mais dans le camp des Arabes. La France avait sa guerre de cent ans avec les Anglais et avec les Allemands. La paix ne vient pas parce qu'on la veut, mais quand les hommes seront prêts et les conditions le permettront.

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