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Par
Stéphane Juffa © Metula News Agency
Ne
pas manger italien!
A
peine trois heures se sont écoulées, depuis l’attentat du « Sbarro»,
que j’assiste sur la deuxième chaîne israélienne à l’interview, en
direct, du Dr Muhammad A-Zoher. Le Dr Zoher est l’un des leaders de
l’organisation palestinienne « Hamas». L’interviewer est Ehud Yehari,
qui est à mes yeux et à ceux de plusieurs dirigeants arabes, le plus grand
analyste « arabiste » du moment.
Zoher
s’exprime depuis un studio à Gaza. Les télévisions israéliennes ont
d’ailleurs des représentants permanents palestiniens à Gaza, dont le travail
est avalisé par l’AP. Ces derniers interviennent, en direct dans les
journaux, quasi quotidiennement.
L’interview
se déroule en arabe palestinien. Yehari demande au dirigeant du Hamas, s’il
justifie l’assassinat des victimes civiles de la pizzeria ? Le
Palestinien lui répond calmement, sans haine apparente, sans gêne, non plus,
que son mouvement approuve sans retenue l’attentat et que les Arabes
continueront à tuer les juifs, civils et militaires, jusqu’à ce que ceux-ci
quittent toute la Palestine (Tel Aviv, Haifa, Métula etc.).
Ehud
Yehari prend congé de son interlocuteur, en le remerciant d’avoir répondu à
ses questions. Cette interview n’a rien d’exceptionnel, à la télévision
israélienne. Elle est même très banale. Dans la suite du Dr Zoher, d’autres
dirigeants palestiniens interviennent en direct. La plupart, comme Barghuti, le
chef des Tanzim de Bethléem ou Jibril Rajub, le commandant palestinien des
force spéciales de l’intérieur, s’expriment dans un hébreu très correct,
que les téléspectateurs comprennent sans efforts.
Le
représentant du Djihad islamique, qui a revendiqué l’attentat et qui a
diffusé l’image du Shahyd, portant une Kalachnikov dans une main et le Coran,
de l’autre, s’exprime dans des termes semblables à ceux du Dr Zoher.
« Il s’agit d’une guerre sainte de l’Islam, » dit-il, « ces
attentats ont pour but de persuader les juifs à quitter la terre arabe ! »
Entre
les interviews, qui font partie de journaux télévisés qui vont durer jusqu’à
une heure du matin, sur les deux chaînes principales, les Israéliens assistent
aux scènes de triomphe populaire, qui se déroulent dans toutes les villes
palestiniennes et qui atteignent des sommets euphoriques à Tulkarem et dans
certains camps palestiniens au Liban. La rue arabe fête l’effusion du sang
juif et le meurtre de bébés et d’adolescents, coupables de trop aimer les
spaghetti à la Bolognaise.
Je
vous ai apporté des bonbons !
Un
seul, d’entre les intervenants arabes exprime un regret. Il s’agit de Zyhad
Abu Zyhad, membre du cabinet de l’Autonomie palestinienne. Je veux croire en
sa sincérité. Abu Zyhad et une poignée d’autre intellectuels palestiniens,
telle Hanan Ashrawi, procèdent d’une démarche politique. Bien qu’ils font
reposer la responsabilité de l’attentat sur le dos de Sharon, leur position
est articulée autour d’une approche rationnelle des choses. Lors d’une
intervention précédente, Zyhad avait reconnu « que la faute du
non-respect du cessez-le-feu incombait à l’AP de Yasser Arafat ». Il y
demandait une rallonge de temps, afin de « raisonner » les
provocateurs. Je ne doute pas que ces Palestiniens-là sont partisans d’un
arrangement territorial avec Israël et qu’ils étaient désespérés de voir
le Raïs refuser le plan Clinton et précipiter son peuple dans sa démence et
dans la désolation. Voyons cependant les choses en face, ces Palestiniens ne
sont qu’une poignée, une minuscule poignée. La scène arabe appartient au mélange
de nationalisme palestinien, de panarabisme lyrique et d’exaltation
religieuse. La scène appartient, malheureusement, à ces centaines de « militants »
qui ont distribué des friandises aux passants, dans un grand nombre de villes
arabes, pour fêter la mort des civils juifs.
Malheureusement
aussi, je n’interprète rien ici, je n’analyse pas, je me contente
d’observer et de répercuter honnêtement ce que je vois! Les Arabes
assassinent les civils juifs et les juifs éliminent les assassins. Voilà, résumé
en une phrase, l’essentiel de ce conflit.
Il n’y a d’ailleurs rien à interpréter, il suffit de diffuser les
communiqués des organisations palestiniennes et de les lire. Tout y est. Il
suffit de répercuter le communiqué du gouvernement de Damas et de celui de
Bagdad. Tout y est aussi.
On
peut alors naïvement se demander pourquoi l’AFP et l’AP ne diffusent jamais
ces communiqués ? Les intellectuels et les journalistes honnêtes, (et il
en reste !) devraient veiller à ce que les intentions de ceux qui perpètrent
les actes de guerre soient reproduits tels quels. Ils devraient donner au public
occidental un aperçu des émissions de la télévision palestinienne et alors,
la grande mascarade de la guerre virtuelle, inventée et entretenue de toutes pièces
par les agences de la presse monopolistique et par leurs patrons, mi-hommes
politiques, mi-hommes d’affaires, s’écroulerait instantanément et
totalement. Avec elle, s’écroulerait le cortège des diffamations, que ce
puissant cartel propage à l’encontre d’Israël.
Il
en reste !
On
n’est pourtant pas là pour rêver mais pour rétablir des pans de vraie
information, destinés à l’audience grandissante de la Metula News Agency.
Ce matin, j’ai bu le café avec un défecteur de l’AFP et un ancien
haut fonctionnaire du Quai (aucun d’eux n’étant juif). Ils ont fait le long
déplacement de Métula, pour soutenir notre action professionnelle et pour nous
aider à faire le point. Ce sont eux qui m’ont rappelé que la Ména
n’existe que depuis un mois et ils trouvent « confortant », que
nous ayons eu « autant de succès et aussi rapidement ». Nos
deux lecteurs assidus attribuent, sans le moindre doute (sic), à notre petite
agence, d’avoir fait plier Bernard Pivot et modifier la substance des
communiqués des AE français. Le plus grand (haut) des deux visiteurs me plaque
sur la table en zinc du bistrot, le communiqué du Quai d’Orsay, faisant suite
à l’attentat du boulevard du Roi Georges à Jérusalem : « Paris
condamne cet acte criminel et odieux que rien ne saurait justifier ». Ca
faisait longtemps que Paris ne condamnait plus l’horreur des crimes arabes,
insiste l’homme fin et discret, qui porte un complet cravate, par 32 degrés
à l’ombre ! Vous n’imaginez pas le b..l qu’a fait votre article
« Le jeu des sept erreurs » dit-il.
Il n’a pas fallu moins de huit heures, pour que les divers bureaux se
mettent d’accord sur les formules. « Huit heures de foire d’empoigne,
dans laquelle des éléments qui, selon les usages établis, ne mettaient pas
leur grain de sel dans la soupe de Védrine, n’ont pas laissé sortir le
communiqué, jusqu’à ce qu’il reflète cette fois la décence de l’émotion
de la France ». A en croire ces deux messieurs, le nom de la Ména
serait sur toutes les lèvres et « on aurait évoqué, en haut lieu, la gêne
considérable que fait endurer au message de la France l’initiative de
ces petits m…x ! »
Conclusion
intermédiaire : Sur les bords de la Seine, on devient vite grossier
lorsqu’on est contrarié ! Nous, comme à notre habitude factualiste, de
vous inviter à constater par vous-mêmes sur le site du Quai d’Orsay, le
style de la prose ante-Sept erreurs et celui du dernier communiqué, ce
sur quoi, nous n’avons, pour l’instant, rien d’autre à ajouter !
Dépravation
Objectivement,
il y a bien une initiative éradicatrice et génocidaire au Moyen Orient mais
l’attribuer aux Israéliens, c’est faire étalage de son parti pris ou de
son ignorance. Faire croire au public de France, que la revendication arabe est
d’ordre politique et territorial ou que la présence (insupportable, j’en
conviens volontiers) des édennistes dans les implantations, serait la cause de
la violence arabe, contribue absolument à dénaturer les causes du conflit et
à dissimuler les véritables objectifs des uns et des autres.
L’information
française est un faisceau de projecteur, dont le manche est tenu par des désinformateurs
serviles et systématiques. Ceux-ci inter changent les couleurs des filtres,
afin de servir les besoins de continuité des scénarios, qu’ils ont eux-mêmes
substitués à la réalité. Malheur à tout ce qui échappe au faisceau du
projecteur, car il échappera aussi à tous les compte-rendus de la presse française.
Il sera privé d’existence informationnelle ! Quant à moi, je mangerai
mon chapeau, lorsque l’interview du Dr
Muhammad a-Zoher passera en direct sur Tf1 et que le communiqué de victoire du
Jihad sera retransmis sur Fr2.
C’est
bien la première fois qu’un analyste demande qu’on laisse parler ses
adversaires, non ?
L’AFP
en noir et blanc
Bien
évidemment, en matière d’AE, le principe du balayage sélectif du
projecteur, ne s’applique pas qu’à Israël, loin s’en faut ! En
fait, l’Élysée se sert du Quai d’Orsay, comme d’un vulgaire instrument
de propagande économique, soumis aux intérêts (très) rapprochés du Président !
L’effet de cette situation est double: D’une part il nous renvoie à l’époque
du noir et blanc, en caricaturant l’un des partis à un conflit, comme s’il
était constitué d’anges et l’autre, comme étant l’expression même du
Trismégiste ! Secondement, il procède par extrémisation des actes des
protagonistes : Les Israéliens, les Belzébuthiens, dans cette affaire, opèrent
par génocide, épuration ethnique, empoisonnement de l’eau des Palestiniens,
bombardements etc. alors qu’aucune de ces accusations ne survit à la moindre
analyse sérieuse. Les Palestiniens, les gentils, réclament leurs droits,
tentent de faire respecter le cessez-le-feu, défendent leur terre, même si,
dans les faits, ils procèdent d’une dynamique sanglante dans le but avoué
(par eux) de détruire l’État juif !
De
plus, le système informationnel étatique français évacue purement et
simplement, sans états d’âmes, des colonnes des journaux et des moyens
hertziens, toutes les informations qui pourraient confondre les gentils ou dé-démoniser
les méchants. Le choix des rôles, par ce mécanisme rustique, grossier mais
terriblement efficace, demeure la chasse gardée du Président de la République
et n’est en aucun cas influencé par l’attitude des protagonistes sur le
terrain.
Le
ridicule ne tue pas ?
Parfois
la nécessité d’escamoter certaines réalités amène à des excès dignes de
la Comedia del Arte et beaucoup moins flatteurs pour la France. Par exemple,
lorsque le Liban est soumis à « un coup de force contre le pouvoir civil »
(Noyala Moawad, députée de Zghorta) et que le président libanais,
responsable de ce coup de force, est un allié, un ami et un partenaire
d’affaires du Président Chirac. Lorsque le peuple du pays du Cèdre, tente de
se soulever contre la (vraie) occupation de son sol national par l’armée du
dictateur alawite syrien, Bechar Al-Assad, autre allié de l’Élysée et que
la révolte du peuple libanais, est réprimée avec une brutalité extrême.
Je
ne parle pas ici d’un hypothétique scénario catastrophe mais des événements
d’une extrême gravité, qui se sont bel et bien déroulés, durant toute
cette semaine, au nord de Métula ! J’ai consulté le site des grands
titres de l’AFP, durant tous ces jours de répression et je n’y ai trouvé
aucune trace des événements dont je traite. Et quand la plus grande agence
d’information du monde, jouet politique des intérêts (du chef) de l’État
France, escamote l’importance d’un événement, c’est toute la presse qui
lui emboîte le pas ! C’est ça, le système ! J’ai recherché la relation de cette actualité dans les
colonnes de l’Express et du Nouvel Obs virtuels et je n’y ai strictement
rien trouvé. Seul le Monde, y a consacré un filet, dont je vais brièvement
vous entretenir par la suite.
Les
amis de Chirac, que la paix irrite !
Je
me dois d’abord au travail d’information de la Ména et à la révolte de
mes voisins libanais et je veux donc vous INFORMER des événements du Liban, en
lieu et place (une fois de plus !) des médias français.
C’est
un événement pacifiste par essence et réjouissant pour le rapprochement
inter-communautaire au Liban, qui est à l’origine du coup de force militaire.
C’est en effet la visite du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir,
dans le Chouf, à l’invitation du leader druse, chef du parti socialiste PSP,
Walid Joumblatt, qui a déclenché la répression des services secrets de
l’armée. Pourtant, cette visite marquait une étape importante du renouveau
du « dialogue libanais ». Le cardinal avait été reçu par tous les
dignitaires druses avec chaleur et amitié, en point d’orgue de la réconciliation
qui s’était faite jour entre les ennemis d’hier.
Cependant,
moins de deux jours après la fin de cette visite, les Renseignements
militaires, noyautés par l’occupant syrien, on procédé à l’arrestation
de 150 personnes, sympathisantes du courant aouniste et des Forces libanaises.
De nombreux responsables chrétiens ont été appréhendés à leur domicile.
Citons entre autres, parmi les personnalités faites prisonnières, le général
Nadim Lteif, représentant officiel du courant aouniste, M Toufic Hindi, proche
du leader des FL, Samir Gagea, le responsable estudiantin, M. Selmane Samaha,
ainsi qu’Elie Keyrouz, qui a été arraché à son domicile, ainsi que ses
trois enfants en bas âge, dans la localité de Becharré.
Les
militaires ont également investi les locaux des partis chrétiens dans la
localité d’Antelias. Un cinéaste amateur a réussi a filmer l’opération,
qui a été diffusée par la chaîne de télévision indépendante Middle East
Television, suite à quoi, le gouvernement libanais a décidé la fermeture de
ladite station.
Le
coup de force militaro-syrien a déclenché la colère de tous les partis
politiques libanais et notamment des responsables des partis socialiste,
communiste et de nombreux hommes politiques musulmans. Le chef du Parti national
libanais, Dory Chamoun, le Amid
du Bloc national, Carlos Eddé, les députés Nassib Lahoud et Boutros Harb ont
vivement stigmatisé l’atteinte portée par le pouvoir aux libertés
fondamentales, garanties pourtant par
la constitution libanaise.
L’ancien
Président de la République, Amine Gemayel, a comparé les rafles « aux
pires moments vécus par les pays totalitaires », avant d’ajouter, que
« ces arrestations font honneur aux personnes appréhendées ».
L’Ordre
des avocats de Beyrouth s’est mis en grève, afin de protester contre
l’inconstitutionnalité de la répression, en parlant « d’une
violation de la loi ».
Malgré
cette levée de boucliers généralisée, la normalisation musclée entreprise
par les amis de monsieur Chirac s’est poursuivie de plus belle jeudi. On ne
compte désormais pas moins de 350 civils sous les verrous et certains ont déjà
été soumis à des mauvais traitements. L’armée a par ailleurs fait état de
son intention de traduire les personnes arrêtées devant des cours martiales !
Jeudi,
les unités des Services de Renseignement interrompaient par la force des
manifestations en vue d’exiger la libération des prisonniers politiques.
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