5 Février 2002


Ce marché bizarre, "la paix contre la terre", est d'autant plus fallacieux qu'il semble désigner l'Etat d'Israël comme l’unique obstacle à la paix. Qu'Israël "rende des terres", et il y aura la paix, affirme ce slogan ! Ce traité étrange, surtout lorsqu’il est ponctués de violents attentats de plus en plus meurtriers, me fait plutôt l'effet d'une menace, et je pense que beaucoup partagent mon sentiment. Pour que les Arabes acceptent de "donner" la paix, c'est à dire qu'ils s'abstiennent de nous exterminer, ils exigent qu'Israël donne des terres.
De leur côté, ils se déclarent prêts, par amour de la paix, à faire un compromis extrêmement douloureux, je dirais même presque insoutenable : reconnaître l'Etat d'Israël. Oui, mais bien sûr, à certaines conditions : d'abord les frontières d'Israël devront être resserrées jusqu'à son étranglement, son territoire devra être entrecoupé par les couloirs continus reliant les différentes zones du nouvel Etat palestinien, et évidemment, ses portes devront rester grandes ouvertes aux travailleurs palestiniens et aux millions de réfugiés provenant des pays arabes alentours, lesquels pourront librement réintégrer les villes internes israéliennes que leurs grands parents ont quittées une génération plus tôt. Alléchant, ce programme de paix, non ? Je ne vois franchement pas pourquoi on refuserait !
Autrement dit, en échange de la paix Israël doit céder à son partenaire une chance de l'anéantir "pacifiquement". Sinon, il nous menace de poursuivre, voire d’intensifier, ses attentats terroristes contre nous jusqu’à ce que mort s’ensuive. En somme, "la paix contre la terre" n'est rien d’autre qu’une petite variante améliorée de "la bourse ou la vie", sauf que dans le cas qui nous occupe, même "la bourse" ne garantie pas forcément la vie, bien au contraire !
Ne perdons pas de temps inutilement à nous interroger sur la question de savoir si une telle paix est fiable, ni même si elle est viable. Reconnaissons simplement que la mention d'une telle formule ne fait que légitimer, donc encourager la violence. Certains diront qu'il faut être pragmatique, et accepter la présence de l'Autorité terroriste palestinienne avec sa violence et ses exigences comme un fait accompli. Et effectivement, en déclarant officiellement qu'"il n'y a pas de solution militaire au terrorisme", nos dirigeants ont d'ors et déjà brandi le drapeau blanc. Terroristes, ne vous gênez plus : dites votre prix !
Mais si certains sont si convaincus, malgré tout, que la formule "la paix contre la terre" est juste et équitable, qu’elle va de pair avec les valeurs morales d'une société progressiste, et qu'une telle formule est une garantie de paix et de sécurité pour tout le Moyen Orient, pourquoi ne pas procéder à la formule inverse ? Pourquoi Israël n'exigerait-il pas des Arabes "des terres", en échange de quoi il leur accorderait "une paix juste et durable" ? Nos revendications seraient parfaitement fondées, compte tenu de l'exiguïté de l'Etat d'Israël face à l'immensité territoriale du monde arabe, non ?
Par exemple, nous pourrions réclamer l'annexion de toutes les régions "disputées" y compris la Jérusalem antique, en soulignant la nécessité stratégique et spirituelle pour Israël de vivre dans ses frontières historiques reconstituées, en échange de quoi nous signerions un accord de non belligérance avec nos voisins arabes. Ceci nous permettrait également de collaborer à leur développement agricole et de faire du Moyen-Orient un vrai paradis terrestre, n'est-ce pas une idée explosive ? Etonnant que personne, parmi les partisans d’Oslo, n'y ait jamais pensé ! Le problème démographique, dites-vous ? Mais si, j’y ai pensé : ce problème serait réglé très rapidement par le flux de citoyens juifs provenant de toutes les régions du pays, qui viendraient peupler nos villages existants et en bâtir des nouveaux. Ce n’est pas la place qui manque, dans la région ! Il existe en Judée et en Samarie d’immenses étendues de territoire complètement inhabitées. C’est d’ailleurs dans ce type de territoires que nous avons construit nos villages juifs. Aucun habitant arabe n’a été chassé de sa maison, aucune demeure arabe n’a été détruite, aucun village arabe n’a été vidé de ses habitants au profit du repeuplement juif, après 67, de ces régions.
En échange de la paix, les Arabes pourraient accepter comme un "fait accompli" l'existence d'Israël, et la présence de localités juives florissante en Judée, Samarie et Gaza. Ceci ne serait pas plus aberrant que d’exiger d'Israël qu'il accepte le terrorisme comme un "fait accompli" ! Nous ne sommes pas une "réalité sur le terrain" de valeur moindre que la leur, tout de même ! Et les commerçants arabes gagneront, entre autre, de voir leurs boutiques envahies par des clients juifs, les touristes visiteraient leurs merveilles en même temps que les nôtres, les ouvriers arabes trouveraient des emplois sur nos chantiers et dans nos différentes zones industrielles érigées dans nos villages, etc. Ce serait pour eux la fin de la misère et de la guerre. Bref, tout le monde y gagnerait, à cette paix de braves !
Nous pourrions créer un nouveau Moyen-Orient florissant et heureux. Si seulement les Arabes voulaient bien accepter la formule inversée de : "la terre contre la paix", et nous rendre gentiment nos terres juives occupées depuis deux mille ans !
Mais non, je ne rêve pas. Je suis au contraire très pragmatique ! Les rêveurs, ce sont ceux qui confèrent à la faiblesse et au défaitisme une chance d'aboutir à la paix. Les irréalistes, ce sont ceux qui imaginent qu'un beau jour, les terroristes, fatigués du Djihad, cesseront volontairement de transmettre leur tradition haineuse de génération en génération, et qu'ils renonceront, contre quelques hectares de territoire, à leurs ambitions meurtrières et expansionnistes !
Non, vraiment, faut pas rêver !

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