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Les erreurs de l'Arabie Saoudite qui ont renforcé Bin Laden

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par Howard Schneider, The Washington Post

Traduit de l'anglais par Daniel Ménard spécialement pour Reponses-Israel

RIAD, Arabie Saoudite -- En tant qu'agent principal de renseignements de l'Arabie Saoudite, le prince Turki al Faisal a contribué à alimenter le mouvement de résistance afghan ayant conduit les Talibans au pouvoir. Ainsi, l'impression de trahison ne pouvait être que vivement ressentie quand, la semaine dernière, il a publiquement attaqué Osama Bin Laden, un autre vétéran saoudien du conflit afghano-soviétique.

"Dieu nous a protégés de Satan" écrivait Faisal dans le journal Shark al-Awsat, cinq semaines après avoir quitté son poste, démission attribuable, selon des analystes à l'incapacité de l'Arabie Saoudite à mettre un frein à Bin Laden. "Tu es de la mauvaise herbes, comme le fils de Noé - qu'il repose en paix. Et le déluge t'emportera, comme il l'a emporté, conclut-il."

Mais les frustrations médiatisées de Faisal - c'est du moins ce qui a été largement ressenti parmi les dirigeants du Royaume - se sont avérées un suite de mauvais calculs de l'Arabie Saoudite, ce qui a contribué à assurer une légitimité aux Talibans au moment même où ceux-ci donnaient asile à Bin Laden, tout lui fournissant le temps et l'espace pour mettre sur pied l'organisation al Qaeda.

C'est après avoir forgé sa philosophie radicale en compagnie de cheiks saoudiens, tel Safar Hawal, et l'avoir propagée à l'étranger avec la bénédiction, en premier lieu, de l'establishment que Bin Laden arriva en 1996 en Afghanistan, un ennemi juré de la monarchie, dépouillé de sa citoyenneté, mais connecté à un réseau terroriste actif s'étendant depuis le Jourdain jusqu'en Algérie, en passant par l'Arabie Saoudite elle-même.

En dépit de cette situation, l'Arabie Saoudite a été l'un des trois pays à offrir aux Talibans une reconnaissance sur le plan diplomatique en 1997. L'aide de l'Arabie Saoudite s'est traduite par un assistance logistique et humanitaire au nouveau régime en plein ascension ainsi qu'un engagement soutenu par la suite. On estime à deux millions de dollars par année les sommes versées en dons caritatifs de la part de l'Arabie Saoudite, soutenant ainsi deux universités, six dispensaires et le bien-être de plus 4 000 orphelins; sans compter l'envoi du roi Fahd, chaque année, d'une cargaison de dattes en guise de cadeau.

Comme l'ont bien mis en lumière les attaques du 11 septembre dernier, les saoudiens n'avaient pas établi des liens qu'avec les Talibans mais aussi avec Bin Laden. On a compté jusqu'à huit saoudiens parmi les 19 terroristes impliqués dans les attaques. Plus de 50 hommes, vraisemblablement de nationalité saoudienne, apparaissent sur la liste des terroristes recherchés par le FBI.

Le Royaume a officiellement manifesté son appui envers les États-Unis dans sa guerre contre le terrorisme et des porte-parole saoudiens ont confirmé, la semaine dernière, qu'ils avaient interpellés un nombre indéterminé de citoyens dans le but de les interroger sur d'éventuelles attaques contre les États-Unis. Plutôt ce mois-ci, une attaque à la bombe dans la partie orientale de la ville de Khobar avait tué un Américain.

Dans un bilan des politiques du Royaume envers l'Afghanistan au cours des dernières années, les diplomates, analystes et porte-parole saoudiens prétendent que les dirigeants d'ici ont sous-estimé l'influence que Bin Laden allait avoir auprès des Talibans en leur offrant, dès son arrivée, des millions de dollars en espèce et une idéologie encourageant le djihad ou la guerre sainte. Cette idéologie a été cultivée, tout au moins en partie, par un courant de pensée théologique radicale en vogue dans les cercles cléricaux saoudiens.

"Mauvaise politique ou tout simplement un accident de l'histoire, à vous de choisir" c'est ce qu'a répondu dernièrement le ministre des Affaires Étrangères, le prince Saud Faisal, interrogé sur la question de la politique Saoudienne envers les Talibans au cours des années cruciales, entre 1995 et 1998 - lorsque l'appui de Bin Laden pour le terrorisme est devenue évident et que ses liens avec les Taliban allaient en s'approfondissant.

"La stabilité du l'Afghanistan semble être l'objet d'une plus grande préoccupation que la présence de Bin Laden" a déclaré le ministre des affaires étrangères. "Quand les Talibans l'ont accueilli, ils lui ont indiqué qu'ils l'empêcheraient certainement d'entreprendre quelque action que ce soit. Notre déclaration était sans équivoque."

Les analystes affirment à présent que les États-Unis et l'Arabie Saoudite se préoccupaient plus des effets de la révolution des Chiites iraniens dans la région que de Bin Laden et pourraient même en être venus à percevoir l'État islamique Sunnite comme un mal nécessaire pour le régime voisin de Téhéran. Les attaques terroristes de l'époque en Arabie Saoudite ont été attribuées au gouvernement iranien, malgré que les suspects interpellés dans le Royaume aient révélé leurs liens avec Bin Laden et avec la résistance afghane.

L'ébauche de la politique saoudienne remonte aux premiers jours de la résistance anti-soviétique en Afghanistan, après l'invasion de 1979. L'appel pour combattre avec les mujaheddin afghan a été fortement entendu dans les années 80, résonnant partout dans les mosquées, les bureaux administratifs ou les centres caritatifs, jusque dans les foyers des classes aisées et des villages ruraux, incitant environ 15 000 saoudiens à joindre la résistance contre l'occupation soviétique de l'Afghanistan musulman. Parmi ces derniers se trouvait Bin Laden, qui avait parrainé des activités de financement au Pakistan et qui allait combattre, plus tard, en Afghanistan.

L'argent coulait à flots des coffres du Royaume, riche en pétrole - jusqu'à un milliard selon certaines sources - en fourniture et en cueillette d'armes de combat sous la tutelle des États-Unis et des services de renseignements pakistanais. Les volontaires s'inscrivaient au "travail de secours", se rappelle un Saoudien, et obtenaient à des prix battant tout compétition des billets d'avion de la société Saudi Arabian Airlines. Même les membres de la garde nationale pouvait réclamer leur paie de départ pour aller se joindre au combat.

"Nous subvenions à tous leurs besoins" affirme un haut-fonctionnaire du service de renseignements saoudien. "Ils croyaient que c'était la guerre islamique, et les musulmans tenaient à apporter leur aide. "

Le départ des troupes soviétiques à la fin de la décennie n'a pas entraîné pour autant la disparition de l'envie du combat. À ce moment-là, les troupes américaines ont été invitées en Arabie Saoudite pour combattre l'invasion irakienne au Koweït - une étape que les religieux du courant dominant ont justifié sur la base de la religion en tant que principe d'autodéfense, mais que Bin Laden et d'autres ont vu comme une menace à la foi elle-même.

Ce sont les religieux saoudiens, dont notamment Hawali, qui ont tracé les contours de la position radicale. Dans un sermon diffusé depuis la Mecque, avant le déclenchement de la guerre du golfe Persique, il a déclaré : "Nous avons demandé l'aide de nos véritables ennemies pour nous défendre. Le fait est que nous avons besoin d'un changement interne. La première guerre, c'est contre les infidèles de l'intérieur qu'elle doit avoir lieu et ainsi, nous serons mieux armés pour faire face à l'ennemie venu de l'extérieur. Frères, vous avez un devoir à accomplir. La guerre sera longue. La confrontation s'en vient. "

Ce type de discours a été dénoncé autant que faire se peut par l'"Islam officiel" du Royaume. Hawali a été condamné à cinq de pénitencier dans les années 90, ainsi que deux autres dissidents cheikhs, de même que des restrictions ont été formulées à l'endroit de sa prédication depuis sa libération en 1999. La libération des cheikhs semblait indiquer que le Royaume se dirigeait vers un compromis entre l'aile fondamentaliste - habilitée à se prononcer sur des questions aussi profondes que le chemin du paradis et sur des questions aussi triviales que les cartes Pokémon - et ceux qui s'inquiètent de la chute des revenus de l'état par habitant, de l'explosion démographique et du manque de travailleurs qualifiés.

Toutefois, l'idée continue de circuler et les événements des cinq dernières semaines ont attiré l'attention sur les possibilités de renouvellement de la force militaire. Les analystes saoudiens soutiennent qu'une théologie exaltée susceptible d'attirer des recrues pour aller se battre à l'étranger se propage actuellement dans les écoles, les mosquées et les groupes religieux du Golfe, autant de terreaux fertiles qui alimentent la violence entre Israéliens et Palestiniens.

"Toute personne qui décide de se joindre à Bin Laden sera surveillée" a affirmé un représentant des forces de l'ordre saoudiennes. "Mais nous ne pouvons empêcher quiconque de se joindre à un groupe musulman... IIs partent pour la Tchétchénie, puis on les perd de vue."

Le ministre des Affaires Étrangères saoudien ainsi que des représentants confirment que le gouvernement a commencé à exercer des pressions en 1998 pour rapatrier Bin Laden depuis l'Afghanistan, dès le moment, en fait, où le gouvernement a devenu convaincu de l'implication de celui-ci dans les attaques terroristes locales. Il a également commencé à réduire ses relations avec les Talibans lorsque Mohammad Omar, chef du régime, a refusé de le livrer.

Les entrevues avec le service de renseignements saoudiens et avec divers représentants, ainsi que les articles de presse de l'époque prouvent que les relations du pays avec les Taliban se sont en fait amplifiées, même après le début des préoccupations du Proche-Orient au sujet de Bin Laden et même après la confirmation de sa participation au bombardement de Riad, en 1995, qui avait tué cinq américains.

Les responsables de la sécurité jordanienne affirment qu'ils ont alerté l'opinion publique sur les activités de Bin Laden dès 1992. L'Égypte s'inquiétait également de la violence entretenue, en partie, par le retour des "Arabes afghans", des alliés de Bin Laden. Les menaces envers la famille royale par la suite ont suffit pour que les Saoudiens retirent à Bin Laden sa citoyenneté, en 1994, au moment où le Soudan était devenu le centre de ses opérations.

Par ailleurs, les ressortissants saoudiens interpellés, vers la fin du premier semestre en 1996, en raison du bombardement de l'année précédente dans un centre d'activités de la garde nationale ont reconnu leurs liens avec Bin Laden.

"Nous avions d'abord pensé à une implication étrangère, mais cette hypothèse a été par la suite démentie" c'est ce que déclarait à l'époque Abdulazis Twaijry, un commandant-adjoint de la garde nationale, dans une entrevue. "C'étaient de jeunes individus qui avaient combattu en Afghanistan, qui sont revenus avec des idées étranges et qui ont commis un crime dénoncé par tous."

Au cours de ces années, ont affirmé les représentants saoudiens, ils ont essayé de mettre fin aux combats entre les factions tribales, religieuses ou ethniques en Afghanistan.

"Plusieurs réunions ont eu lieu en Arabie Saoudite ? à la Mecque et à Taif notamment ?pour les convaincre de cesser les combats" a rapporté un agent de renseignements saoudien.

Les Talibans s'imposant dorénavant comme un force potentiellement stabilisatrice, l'Arabie Saoudite supporta le mouvement - surtout en raison de leur capacité à maîtriser la situation et de leur apparente aptitude à faire cesser les hostilités que pour des motifs idéologiques ou religieux. Mais il est vite apparu, dit-on, que les Talibans avait emprunté un trajet , même du point de vue saoudien, austère au point de devenir étranger à l'Islam.

"Nous avions des problèmes avec leur compréhension de l'Islam" soutient Adnan Khalil Basha, secrétaire général du soutien de l'organisation charitable internationale basée à Jeddah Islamic Relief Organisation. L'impossibilité de séparer les hommes des femmes en ce qui concerne l'utilisation des locaux a obligé l'organisation, affirme Basha, à mettre un terme à sa participation au financement d'un école technique pour cause d'inefficacité.

"Nous leur avions signalé notre intention de mettre en bande vidéo notre projet mais il ont refusé, prétextant que c'était défendu par Dieu", ajoute Basha.

Pas plus que la stratégie saoudienne de reconnaître les Talibans n'a rapporté de dividendes politiques, laissant ainsi l'ex-ministre de la sécurité et les autres dirigeants sans aucune solution de rechange quand ils se sont tournés vers Omar pour implorer son aide vis-à-vis de Bin Laden.

En guise des premiers efforts diplomatiques pour résoudre le problème sans cesse grandissant de l'al Qaeda, les dirigeants saoudiens se sont rendus en Afghanistan en juin 1998 pour demander des compte aux Talibans, à la suite de leur promesse de livrer Bin Laden. Mais ces derniers ont manqué à leur parole. Selon des renseignements fournis récemment par la CIA au Président Bush, Bin Laden, peu après son arrivée, aurait offert trois millions de dollars aux Talibans pour les aider à consolider leur pouvoir et leur aurait fourni jusqu'à 100 M$ depuis qu'il avait été convenu que ceux-ci lui offrirait l'asile.

En août 1998, le groupe de Bin Laden a été tenu responsable du bombardement des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie; responsabilité qui a été aussi étendue au Djihad islamique égyptien, un noyau de combattants s'étant eux-mêmes déclaré en guerre contre les Juif et les Chrétiens et qui remonte aux attaques terroristes en Égypte au début des années 70.

La délégation saoudienne serait prétendument revenue en septembre 1998 et sa requête d'extradition à l'endroit de Bin Laden aurait été une fois de plus rejetée. Les responsables saoudiens ont prétendu qu'ils avait offert à l'époque de juger Bin Laden devant une cour islamique selon la loi islamique, un demande essentielle dans la réponse actuelle des Talibans à la requête américaine de leur livrer Bin Laden.

À ce jour, l'Arabie Saoudite a déprécié ses liens éphémères avec le régime militant en laissant son ambassade de Kaboul en fonction mais en rappelant ses haut-fonctionnaires.

Trois ans plus tard, alors que pèse la menace d'une guerre, le gouvernement saoudien a finalement ouvert une brèche en reconnaissant publiquement qu'un groupe provenant d'une même ferveur s'était développé depuis vingt ans bien au-delà de leur volonté.

Les Talibans "utilise leur terre pour abriter, armer et supporter...des criminels" a affirmé le gouvernement dans une déclaration pour rompre toute relation avec les Talibans. Les dirigeants politiques "diffament l'Islam et diffament la réputation des Musulmans du monde entier.

© The Washington Post, lundi 15 octobre 2001.

 


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