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Les Palestiniens et le "Droit au Retour" par Efraim Karsh - Commentary Magazine, Mai 2001 |
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Traduit
par Stéphane Biton
1. Jusqu'au début des années 1990, la plupart des Israéliens, des deux
côtés de l'éventail politique, en étaient arrivés à adopter l'idée d'une
solution binationale à leur conflit long de deux décennies avec les Arabes
palestiniens, une solution basée sur l'idée de l'échange "terre contre
paix" . Pour ces Israéliens, et spécialement les colombes, les heures
troubles du gouvernement Barak dissous avant terme ont été un terrible choc.
Pendant une durée de six mois, du sommet de Camp David de Juillet 2000 aux
pourparlers de Taba, quelques jours avant l'écrasante défaite électorale en février
2001, Barak dépassa chacune des "lignes rouges" territoriales
maintenues par les précédents gouvernement israéliens dans sa quête frénétique
pour un arrangement avec les Palestiniens basés sur la formule de la terre
contre la paix. Sans se poser de question, en acceptant l'interprétation de la
partie arabe sur la Résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies,
passée à la suite de la guerre des Six Jours de 1967, le gouvernement Barak
offrit de céder virtuellement la totalité de la Cisjordanie et de la Bande de
Gaza à l'État palestinien en gestation, et a fait des concessions à couper le
souffle sur la capitale d'Israël, Jérusalem.
Mais à son grand étonnement, plutôt que de répondre réciproquement à cette
généreuse offre de terre avec une offre similaire de paix, les Palestiniens
ont répondu par une violence systématique et destructrice. A Taba, les
palestiniens ont aussi insisté, avec une inflexibilité toute nouvelle, sur une
autre condition non négociable qui avait été en quelque sorte laissée en
sommeil au début du processus d'Oslo en 1993. Aucune paix ne serait possible,
ont-ils déclaré, à moins qu'Israël ne garantisse le droit des réfugiés
arabes de la guerre de 1948-49, et leurs descendants, à retourner dans des
terres qui font maintenant partie de l'état d'Israël, et d'être compensés
financièrement pour la perte de leurs biens, pour les décennies de privation
et de souffrance.
La réintroduction de ce problème, à un moment où Israël a effectivement
accepté de se retirer sur ses lignes d'avant 1967, a choqué le camp de la paix
israélien en plein coeur. Tout soudainement, il est apparu que les États
arabes et les Palestiniens pensaient vraiment ce que l'on suspectait de puis si
longtemps - littéralement, que la paix n'était pas une question de réajustement
de frontières et de territoires mais plutôt un euphémisme pour éliminer tout
à fait l'état Juif, dans ce cas au moyen de l'arme démographique.
"La mise en ouvre du 'droit au retour' signifie l'éradication d'Israël"
s'est lamenté Amos Oz, l'écrivain reconnu et l'avocat de la paix. "Cela
fera du peuple Juif un groupe ethnique minoritaire à la merci des musulmans,
une 'minorité protégée', juste comme le conçoit l'Islam
fondamentaliste". Le cri de détresse d'Oz ne reçut aucun écho de la part
des palestiniens, cependant: "Nous, en tant que Palestiniens, ne pensons
pas que notre tâche soit de sauvegarder le Sionisme. Notre tâche est de défendre
nos droits," a déclaré la politicienne [palestinienne] Hanan Ashrawi,
jurant de soutenir le " droit du retour" même si le prix est un déficit
démographique du côté israélien. "Le problème des réfugiés,"
continue-t-elle, "doit être totalement résolu en tant que problème
central sur la résolution de la question palestinienne basée sur la mise en
application du droit international"; non seulement, ce droit du retour
"n'a jamais été abandonné ou en aucune façon modifiée," mais il a
"été réaffirmé annuellement par les états membres des Nations
Unies".
Comme cela arrive, Hanan Ashrawi se trompe lourdement; et également, à sa manière
Amos Oz. Il n'y a aucun "droit du retour" collectif à mettre en
application. Mais pour mieux saisir le problème, il est nécessaire d'étudier
en profondeur l'histoire, le droit international et les sciences politiques.
2. Quelles que soient les forces et faiblesses de la position juridique
des Palestiniens, leur premier argument pour le " droit du retour" a
toujours reposé sur une revendication de statut de victime innocente. Du point
de vue des Palestiniens, ils étaient et ils restent les cibles non défendues
d'un Sionisme dont le grand projet est de les déposséder de leurs terres, un
tort historique qu'ils ont le droit de rectifier. Des mots même de Mahmoud
Abbas (alias Abu Mazen), le commandant en second de Yasser Arafat et
l'architecte en chef des accords d'Oslo de 1993: " quand nous parlons du
droit du retour, nous parlons du retour des réfugiés en Israël, parce que
c'est Israël qui les a déportés."
L'activiste politique Salman Abu Sitta s'est même exprimé en termes plus
implacables: "Il n'y a rien de tel dans l'histoire moderne. Une minorité
étrangère attaquant une majorité nationale dans sa propre patrie, expulsant
virtuellement toute sa population, effaçant ses points de repères physiques et
culturels, planifiant et soutenant son entreprise satanique depuis l'étranger,
et déclarant que ce crime hideux est une intervention divine et une victoire
pour la civilisation. C'est la plus grande opération de purification ethnique
de l'histoire moderne."
Arrêtons-nous si vous le permettez sur cette dernière phrase. Pour identifier
l'exode des Palestiniens - tout au plus 600 000 personnes - comme étant
"la plus grande opération de purification ethnique de l'histoire
moderne" il faut au moins avoir sévèrement dévalué d'autres épisodes
de l'histoire très bien documentés: les 15 millions de personnes d'origine
allemande expulsées de force de leurs domiciles en Europe de l'Est après la
Seconde Guerre Mondiale; les millions de musulmans et d'hindouistes fuyant les
états nouvellement déclarés de l'Inde et du Pakistan durant la partition du
sous-continent indien en 1948; les millions d'Arméniens, de Grecs, de Turcs, de
Finnois, de Bulgares et de Kurdes, parmi tant d'autres, conduits hors de leurs
pays et rétablis ailleurs pendant le 20ème siècle; et ainsi de suite.
Mais mettons de côté cette hyperbole. La revendication portant sur la dépossession
[des terres des Palestiniens] préméditée [par les sionistes] est non
seulement sans fondement, mais elle est également contraire à la vérité.
Loin d'être les victimes sans secours des assauts prédateurs des sionistes,
les Palestiniens étaient eux-mêmes les agresseurs pendant la guerre de
1948-1949, et ce sont eux qui ont tenté, presque sans succès, de
"nettoyer" une communauté ethnique voisine. Si les Palestiniens et
les monde Arabe avaient accepté la résolution des Nations Unies du 29 Novembre
1947 appelant à l'établissement de deux états en Palestine, et n'avaient pas
tenté de s'y opposer par la force des armes, il n'y aurait pas eu de problème
de réfugiés à la base.
Ce n'est pas une coïncidence que ni les propagandistes arabes ni les
"nouveaux historiens" israéliens n'ont jamais pu produire aucune
preuve d'un plan d'ensemble des sionistes visant à expulser les Palestiniens
pendant la guerre de 1948-49. Et pour cause, un tel plan n'a jamais existé! En
acceptant la résolution de partition de l'ONU, les dirigeant juifs de Palestine
ont accepté le principe d'une solution basée sur deux états, et toutes les délibérations
qui en suivirent furent basées sur la supposition que les arabes de Palestine
resteraient des citoyens égaux dans l'état Juif qui devrait naître avec la
fin du mandat britannique.
Comme l'a dit David Ben-Gurion, qui allait bientôt devenir le premier Premier
Ministre [de l'état d'Israël], aux cadres de son parti, le parti travailliste
(Mapai) le 3 décembre 1947: "Dans notre état, il y aura aussi bien des
Juifs que des Non Juifs - et ils seront tous des citoyens égaux; égaux en tout
sans aucune exception; cet état sera celui des Juifs aussi bien que celui des
non juifs [qui y sont citoyens]".
Dans la foulée de ce concept, des comités qui établissaient les fondations de
l'État Juif en gestation, discutaient en détail de l'établissement d'une
presse en langue arabe, de l'amélioration de la santé [publique] dans le
secteur arabe, de l'incorporation de notables arabes dans le gouvernement, dans
la police et au ministère de l 'éducation, ainsi que des interactions
intellectuelles et culturelles entre Juifs et Arabes.
Non moins important, les plans militaires de la Hagana (la plus importante
organisation militaire clandestine juive en Palestine mandataire) qui visaient
à repousser une invasion pan arabe anticipée était, selon les instruction
explicites de Israël Galilée, le commandant en chef de la Hagana, "en
reconnaissance des pleins droits, besoins et libertés des arabes vivant au sein
de l'état Hébreu sans aucune discrimination, et un désire de coexistence basée
sur la liberté mutuelle et la dignité".
Malgré tout, les Arabes restèrent insensibles aux manifestations juives pour
la paix. Quelques jours avant le passages de la résolution de partition de
l'ONU, Hajj Amin al-Husseini, l'ancien mufti de Jérusalem et alors à la tête
du Haut Comité Arabe (HCA), dit dans un journal égyptien que "nous préférerions
mourir plutôt que d'accepter des droits d'une minorité" dans la
perspective d'un Etat Juif. Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Abd
al-Rahman Azzam, promit de "défendre la Palestine quelque soit la force de
l'opposition". "Vous n'arriverez à rien avec des pourparlers sur un
compromis ou la paix," dit-il à une délégation secrète de Sionistes à
la recherche d'une solution pacifique en septembre 1947: "Pour nous il
n'existe qu'un test, celui de la force. ... Nous essaierons de vous mettre en déroute.
Je ne suis pas sûr que nous réussirons, mais nous essaierons. Nous avons réussi
à expulser les Croisés, mais nous avons perdu l'Espagne et la Perse, et nous
perdrons peut-être la Palestine. Mais il est trop tard pour une solution
pacifique."
Ainsi, les menaces visant à empêcher la naissance de l'État d'Israël par la
violence ont mené à la déroute collective des Palestiniens. Même avant l'éclatement
des hostilités, la plupart d'entre eux avaient déjà fui leurs domiciles. Et
de nombreux autres avaient déjà fui avant que la guerre n'ait atteint le pas
de leur porte.
Jusqu'à avril 1948, un mois avant la déclaration d'indépendance de l'État
d'Israël, et à un moment où les arabes semblaient gagner la guerre, quelques
100 000 Palestiniens, pour la plupart résidents dans les principaux centres
urbains de Jaffa, Haifa et Jérusalem, et de villages de la plaine côtière
avaient fui. En un autre mois, ce nombre avait à peu près doublé; et au début
du mois de Juin, selon un rapport interne de la Hagana, quelques 390 000
Palestiniens étaient partis. Au moment où la guerre s'est arrêtée en 1949,
le nombre de réfugiés s'élevait à 550 000/600 000.
Pourquoi un si grand nombre de Palestiniens a pris la route? Il y avait des
raisons évidentes communément associées à la guerre: la peur, la désorientation,
les privations économiques. Mais on doit ajouter à cela la désillusion des
Palestiniens locaux avec leurs propres dirigeants, le rôle que ces dirigeants
ont joué en forçant les évacuations à grande échelle, et, peut-être par
dessus tout, un manque de cohésion commune ou de volonté, spécialement aux
plus hauts niveaux, pour faire passer les intérêts personnels derrière le
bien commun. Sur ce dernier point, de nombreux Palestiniens en ont parlé par
eux-mêmes avec éloquence.
"Il y avait un navire belge," rappelle Ibrahim Abu Lughod, un
professeur qui a fui Jaffa en 1948, "et l'un des marins, un jeune homme,
nous regardait - et le navire était plein de gens de Jaffa, certains d'entre
nous étaient de jeunes adultes - et il dit:'pourquoi vous ne restez pas et ne
combattez pas?' Je n'ai jamais oublié son visage, et je n'avais aucune bonne réponse
à lui donner."
Un autre ancien résident de Jaffa était l'intellectuel palestinien très connu
Hisham Sharabi, qui est parti en décembre 1947 pour les Etats-Unis. Trois décennies
après il s'est demandé "comment avons nous pu quitter notre pays alors
que la guerre faisait rage et que les Juifs s'apprêtaient à dévorer la
Palestine." Sa réponse: "D'autres étaient là pour se battre pour
nous; ceux qui avaient combattu pendant la révolte de 1936 et qui prendraient
part au combat futur. C'étaient des paysans [dont] la place naturelle était là,
sur ce pays. Et nous - qui avions reçu une éducation - nous nous situions sur
un autre plan. Nous combattions sur le front intellectuel."
En fait les paysans palestiniens ne se sont pas plus montrés attachés à leur
pays que les classes éduquées. Plutôt que de rester derrière et combattre,
ils ont suivi les traces de leur frères des villes et ont pris la route dès le
début des hostilités. De plus, la part du lion de la culpabilité pour
l'effondrement et la dispersion des Palestiniens revient indubitablement aux
"éduqués", dont le manque de sentiment national, si grossièrement
mis en lumière par Sharabi et Abu Lughod, qui ont mis en route la totalité de
l'exode des Palestiniens.
En 1948, à la fois les communautés juives et arabes de Palestine étaient
prises dans un tourbillon de privations, de dislocation, et de conditions de
guerre totale auxquelles aucune société ne peut survivre sans l'implication
absolue de ses forces vives. Aussi, pendant que la communauté Juive (ou
Yishuv), un mouvement national cohérent, a passé la tourmente en mettant en
ouvre un effort extrême, la communauté Palestinienne atomisée, manquant de l'équivalent
de ce sens d'une identité consolidée, est tombée en petits morceaux. Du
moment que ses membres dirigeants avaient choisi de placer leur propre sécurité
devant toutes autres considérations, l'exode devenait la conclusion inévitable.
Le Haut Commissaire Britannique pour la Palestine, le Général Sir Alan
Cunningham, a résumé ce qui arrivait de manière typiquement britannique:
"L'effondrement du moral des arabes en Palestine est dans une certaine
mesure dû à la tendance croissante à quitter le pays de la part de ceux qui
devraient le diriger. ... Dans toutes les parties du pays, la classe des
'effendi' a évacué les lieux en grand nombre sur une période de temps considérable
et à fréquence croissante". Hussein Khalidi, Secrétaire du Haut Comité
Arabe, était plus franc. "En 1936 il y avait 60000 troupes [Britanniques]
et [les Arabes] n'ont pas eu peur," se plaignait-il au mufti le 2 Janvier
1948. "Maintenant, nous avons affaire à 30 000 Juifs et [les Arabes]
tremblent de peur." Dix jours après, il était encore plus acerbe.
"Quarante jour après la déclaration d'un Djihad, et je suis brisé,"
se plaignait-il à un ami Palestinien. "Ils m'ont tous abandonnés. Six
[membres du HCA] sont au Caire, deux sont à Damas - je ne vais pas pouvoir
tenir plus longtemps ... Tout le monde s'en va. Quiconque a un chèque ou de
l'argent de côté va en Egypte, au Liban ou à Damas."
La désertion des élites eut pour effet de provoquer la ruée hors du pays des
classes moyennes et de la paysannerie. Mais un nombre énorme de Palestiniens
ont aussi été conduit hors de chez eux par leur propres chefs et/ou par les
forces armées arabes, que ce soit pour des considérations militaires ou, plus
activement, pour les empêcher de devenir des citoyens de l'État Juif. Dans le
plus grand et mieux connu des exemples d'un exode forcé de cette sorte, des
dizaines de milliers d'arabes, qui ont soit reçu un ordre soit ont été
intimidés, ont quitté la cité de Haïfa contre leur gré et à peu près
certainement sur instructions du Haut Comité Arabe, en dépit des efforts
soutenus des juifs pour les convaincre de rester. *
Seulement quelques jours plus tard, des milliers d'Arabes de Tibériade ont été
forcés à partir de manière similaire par leurs propres dirigeants. A Jaffa,
la plus grande communauté Arabe de la Palestine mandataire, la municipalité a
organisé le transfert de milliers de résidants par terre et par mer, pendant
que dans la ville de Beisan, dans la vallée du Jourdain, on a ordonné aux
enfants et aux femmes de partir alors que la Légion Arabe y faisait une percée.
Et alors il y a eu les dizaines de milliers de villageois ruraux qui furent pour
ainsi dire mis dehors de chez eux par la force sur ordre du HCA, des milices
locales arabes, ou par les armées des états arabes.
Rien de tout ce qui vient d'être dit est là pour nier que les forces israéliennes
n'ont pas à l'occasion expulsé des Palestiniens. Mais cela arrivait non pas
dans le cadre d'un plan prémédité mais au plus chaud de la bataille, et c'était
imposé pour l'essentiel par des considérations militaires ad-hoc (notamment,
le besoin de priver l 'ennemi de sites stratégiques si il n'y avait pas de
force juives disponibles pour les tenir). Même la plus grande de ces expulsions
- pendant la bataille de Lydda en juillet 1948 - fut l'émanation d'une suite
inattendue de développements sur le terrain et n'était en aucun cas prévue
dans des plans militaires pour capturer la ville.
Finalement, quelque soit l'étendue des expulsions du fait des Israéliens,
elles ne comptent que pour une petite fraction de l'exode total. Il est vrai que
ni le Haut Comité Arabe ni les états Arabes n'envisageaient une dispersion des
Palestiniens de cette ampleur, et que tous deux ont songé à la contenir une
fois que l'effet boule de neige avait commencé. Mais il n'est pas moins vrai
qu'ils ont agit d'une manière qui condamnait à l 'exil des centaines de
milliers de Palestiniens.
Au début de mars 1948, les HCA a sorti une circulaire faisant de la fuite du
pays comme une tache à la fois sur "le mouvement du Djihad et la réputation
des Palestiniens," et stipulait que "dans les endroits très
dangereux, les enfants, les femmes et les vieillards devraient être déplacés
vers des endroits plus sûrs" au sein de la Palestine. Mais seulement une
semaine plus tard, le HCA permettait à l'évidence à ces mêmes catégories de
personnes de quitter Jérusalem pour le Liban, et a aussi ordonné le retrait
des femmes et des enfants de Haifa. Vers la fin d'avril, il ne restait plus rien
des instructions du HCA dans la mesure où la Transjordanie avait grand ouvert
ses portes pour l'arrivée en masse des femmes et des enfants Palestiniens et
que la Légion Arabe avait carte blanche pour se charger des transferts de
population.
Muhammad Nimr al-Khatib, un important chef palestinien pendant la guerre de
1948, a résumé la dispersion de sa nation en ces termes: "Les
Palestiniens ont eu des états arabes voisins qui ont ouvert leurs frontières
et leurs portes à leurs réfugiés alors que les Juifs n'avait d'autre
alternative que le triomphe ou la mort." C'est vrai et cela minimise l'étendue
des récriminations entre les Palestiniens et leurs supposés sauveurs. Dès
leur arrivée dans ceux "des États arabes voisins qui ont ouvert leurs
frontières et leurs portes," des tensions entre les réfugiés et les sociétés
d'accueil sont montées très haut. Les anciens ont considéré que ces états
les ont abandonnés en faisant des promesses de soutien militaire, promesses
qu'ils n'ont jamais tenues. Ces derniers considèrent les Palestiniens comme un
tas de couards qui ont honteusement déserté leur patrie en attendant que
d'autres se battent pour eux.
Cette animosité mutuelle s'est également manifestée en Palestine elle-même,
quand les force des volontaire pan arabes qui sont entrés dans le pays au début
de 1948 se sont trouvés eux-mêmes à couteaux tirés face au communautés
qu'ils étaient supposés défendre. Les dénonciations et les affrontement
violents étaient courants avec la population locale qui refusait souvent de
fournir à l'Armée de Libération Arabe le support logistique de base quotidien
pour la vie courante et les opérations militaires. Et le personnel militaire
abusait de ses hôtes Palestiniens qu'ils méprisaient ouvertement. Quand on
demanda à un officier irakien de Jérusalem de s'expliquer sur son constant
refus de remercier la populace locale, il rétorqua avec colère qu' "on ne
remerciait pas ces chiens fuyant, dont la couardise était la cause de la mort
de pauvres Irakiens."
Les Palestiniens n'hésitaient pas à répondre sur le même registre. Dans une
interview avec le London Telegraph en Août 1948, le chef Palestinien Emile
Ghoury ne blâmait pas Israël mais les États arabes sur le thème de la création
du problème des réfugiés. Les organisateurs des manifestations de
protestation qui eurent lieu dans de nombreuses villes de la Cisjordanie au
premier anniversaire de l'établissement de l'État d'Israël avaient la même
opinion [que Ghoury].
Pendant la mission d'établissement des faits à Gaza en juin 1949, Sir John
Troutbeck, chef du bureau Moyen Orient pour la Grande-Bretagne au Caire, et pas
un amis ni d'Israël ni des Juifs, eut la surprise de découvrir que quand les réfugiés
n'exprimaient pas d'amertume à l'encontre des Juifs (ou à l'occasion contre
les Américains ou nous-mêmes) il parlaient avec la plus grande amertume des
Egyptiens et des autres états Arabes. "Nous savons qui sont nos
ennemis," disent-ils en référence à leur frères Arabes qui, selon eux,
les ont persuadé sans raison de quitter leur maison. ... J'ai même entendu
beaucoup de ces réfugiés qui disaient qu'ils souhaiteraient la bienvenue aux
Israéliens si ils venaient prendre le contrôle de district.
La conviction généralement partagée parmi les Palestiniens selon laquelle ils
furent, et sont restés, les victimes de leurs chers amis Arabes plutôt que de
l'agression israélienne est fondée non seulement sur l 'expérience mais sur
des faits plus généraux de politique inter arabe. En effet, même si l'État
Juif avait perdu la guerre, son territoire n'aurait pas été placé entre les
main des Palestiniens mais plutôt divisé parmi les forces d'invasion, pour la
simple raison qu'aucun des régimes arabes ne voyait les Palestiniens comme une
nation distincte. Peut-être que le signe le plus clair de ceci et que ni l'Égypte
ni la Jordanie n'ont permis aux Palestiniens d'exercer l'autodétermination dans
les parties de la Palestine qu'ils ont conquises pendant la guerre de 1948:
respectivement Gaza et la Cisjordanie. Comme un universitaire américain, Philip
Hitti, l'a exprimé dans le point de Arabe ajouté au comité conjoint américano-
britannique d'enquête de 1946: "Il n'existe pas de Palestine dans
l'histoire, absolument pas." On conclut de la même manière à propos de
"la plus grande opération de nettoyage ethnique dans l'histoire
moderne."
3. Mais faire appel à l'histoire - de ce qui est arrivé ou n 'est pas
arrivé en 1948-49 est seulement une des flèches dans le carquois des
Palestiniens. Un autre est l'appel au droit international, et en particulier a
la résolution des Nations Unies qui, comme Hanan Ashrawi nous le rappelle sévèrement,
"a été affirmé annuellement par les États membres de l'ONU."
La résolution en question, numéro 194, est passée par l'Assemblée Générale
de l'ONU le 11 décembre 1948, au milieu de la guerre israélo-arabe. La première
chose à noter à propos de cela est que, comme toutes les résolutions de
l'Assemblée Générale (contrairement au résolutions du Conseil de Sécurité),
c'est l'expression d'un sentiment et cela n'a aucune force de loi. La seconde
chose à noter est que l'objectif premier de cette résolution n'est pas de régler
le problème des réfugiés mais de créer plutôt une "commission de
conciliation" dont le but est de faciliter une paix globale entre Israël
et ses voisins Arabes. L'un seulement de ses quinze paragraphes fait allusion
aux réfugiés en général - non pas les "réfugiés Arabes" -- dans
un langage qui peut également être lu comme s'appliquant aux centaines de
milliers de Juifs qui ont été mis dehors par les états Arabes par vengeance
pour ce qui se passait en Palestine.
Cette interprétation n'est pas purement fantaisiste. La résolution stipule
expressément que la compensation qu'une compensation pour la [perte de] propriété
de ceux des réfugier choisissant de ne pas retourner "doit être menée à
bien par les gouvernements ou les autorités responsables". Si la
disposition ne s'appliquait qu'aux Palestiniens, Israël aurait été désigné
comme était la partie compensatrice; au lieu de cela, les termes employés
indiquent que les États arabes sont pareillement susceptibles d'être des
compensateurs des réfugiés qu'ils ont créés.
Plus important, loin de recommander le retour des réfugiés palestiniens comme
la seule solution viable, la Résolution 194 met cette option au même niveau
que leur rétablissement ailleurs. Dans ses propres mots, elle recommande que
"les réfugiés souhaitant rentrer chez eux et vivre en paix avec leurs
voisins doivent pouvoir le faire aussi tôt que possible," mais également
que des efforts doivent être fait pour faciliter la "réinstallation et la
réhabilitation sociale et économique des réfugiés." En fait, ce sont
justement ces clauses de la Résolution 194 qui, à l'époque, furent l'objet
d'un anathème de la part des Arabes, qui s'y opposèrent avec véhémence et
ont voté contre unanimement.
Lier la résolution du problème des réfugiés à l'obtention d'une paix
globale israélo-arabe, placer sur les États arabes une partie du fardeau pour
résoudre le problème, mettre sur un pied d'égalité le retour et la réinstallation
[ailleurs] comme des solutions possibles, et diluer ces solutions au moyen d'une
phrase vague, "aussi tôt que possible", et par dessus tout en n'établissant
aucun " droit du retour" absolu, la mesure a été vue, correctement,
comme un pis aller pour les intérêts arabes. C'est seulement dans les années
1960, et avec la connivence de leurs alliés Soviétiques et du Tiers Monde, que
les Arabes on commencé à transformer la Résolution 194 en la pierre angulaire
d'une réclamation légale complètement fausse sur le "droit au
retour" en la renforçant avec de minces références aux autres réunions
internationales sur le traitement des réfugiés et des personnes déplacées.
Aujourd'hui, après des décennies de rejet Palestinien de l'idée même de
vivre "en paix avec ses voisins", le moins que l'on puisse dire de
ceux qui invoquent le langage de la Résolution 194 et qu'ils sont mal inspirés
- bien que des mots plus fort et précis viennent à l'esprit.
4. Et les réfugiés eux-mêmes? Comme c'est bien connu, ils ont été
placé dans des camps sordides pendant des décennies comme un moyen de dégrader
l'image d'Israël aux yeux de l'Occident et d'alimenter les sentiments pan
arabes. Et un grand nombre d'entre eux sont restés [des réfugiés], à
l'exception notable de ceux qui ont été autorisés à s'installer et prendre
la citoyenneté [jordanien] en Jordanie. A la fin de la guerre de 1948-1949, le
gouvernement israélien a fixé le nombre de réfugiés palestiniens à
550000-600000. Le département de la recherche des Affaires Étrangères de la
Grande Bretagne tend vers la limite supérieure de cette estimation.
Mais en un an, une grande masse de personnes voulut bénéficier de l'influx
sans précédent de fonds provenant des aides internationales dans cette région.
Ainsi, quelque 914000 prétendus réfugiés furent enregistrés par l'Agence
pour le Travail et le Secours de l'ONU (UNWRA -UN Relief And Works Agency). Plus
d'un demi siècle plus tard, ces nombres initialement exagérés se sont encore
enflés: comme en Juin 2000, selon l'UNRWA, le total a grimpé de près de trois
quart de millions.
Bien sûr, l'UNRWA admet elle-même que les statistiques ont été gonflées,
"dans la mesure ou elles sont basées sur des information fournies
volontairement par des réfugiés qui dès le début ont répondu pour avoir accès
aux services de l'Agence." ( Les chiffres incluent également un nombre
proche d'un million et demi de citoyens jordaniens.) Mais l'OLP, pour sa part, a
fixé un nombre encore plus haut s'élevant à 5 millions de réfugiés,
revendiquant que beaucoup d'entre eux ne s'étaient jamais enregistré auprès
de l'UNWRA. En plus de demander un droit au retour inconditionnel pour ces
personnes, le porte-parole palestinien a calculé que d'un point de vue
judiciaire, il faudra des "réparations" monétaires s'élevant à un
montant d'environ 500 milliards de dollars - pour moitié pour les prétendues
pertes matérielles, et le reste pour les pertes de revenu, le traumatisme
psychologique, et les pertes immatérielles. A cette somme doit s'ajouter les
centaines de milliards qui seront réclamées par les pays d'accueil des réfugiés
(notamment le Liban, la Syrie et la Jordanie) pour les services rendus, amenant
le total de la somme à 1000 milliards de dollars.
Inutile de dire qu'Israël a contesté les chiffres de l'UNWRA, sans parler de
ceux de l'OLP. Israël a non officiellement estimé le nombre actuelle de réfugiés
avec leur familles à environ 2 millions. Mais même si la plus restrictive des
estimations israéliennes était acceptée, il est certainement vrai comme l'a
sombrement prédit Amos Oz, que l'influx de ces réfugiés dans l'état Juif
transformerait irrévocablement sa composition démographique. Pour le moment,
les Juifs constituent 79 % de la population d'Israël s'élevant à plus de 6
millions, un chiffre qui pourrait décroître rapidement à 60 %. Etant donné
que le taux de natalité des Palestiniens et de loin plus élevé [que celui des
Juifs], la mise en ouvre d'un "droit du retour", même dans le cas le
plus restrictif, équivaudrait à la destruction d'Israël.
Notons que ce scénario désolant ne devrait pas surprendre. Dès octobre 1949,
le politicien Égyptien Muhammad Salah al-Din, qui devait bientôt devenir le
ministre des affaires étrangères de son pays, écrivit dans l'influant
quotidien al-Misri que "en demandant la restauration des réfugiés en
Palestine, les Arabes ont l'intention de les voir revenir comme les maître de
la patrie et non comme les esclaves. Plus précisément, ils souhaitent
annihiler l'état d'Israël."
Dans les année qui suivirent, cette franche définition de ce que devait être
le "droit du retour" serait répété par la plupart des chef Arabes,
de Gamal Abdel Nasser, à Hafez al-Assad, et Yasir Arafat.
Il n'y a que pendant les année 1990, que l'OLP a temporairement éludé la
question en se concentrant sur l'objectif de gagner le contrôle des territoires
évacués par Israël dans le cadre du processus de paix d'Oslo. Ses
interlocuteurs israéliens, de leur côté, ont choisi de considérer le "
droit du retour" comme un élément de marchandage à réserver aux
pourparlers sur l'accord du statut final et étaient d'un certaine manière
disposés à symboliquement ou par le biais d'un geste de bonne volonté ( comme
concéder un certain degré de responsabilité - "pratique" -- mais
pas "morale" -- des Israéliens pour l'exode de 1948-49).
A travers les années 1990, une succession de groupes d'études universitaires,
composé des Israéliens les plus sérieux dans leur bonne volonté et des
Palestiniens qui se laissaient attirer à contre coeur, se sont dévoués pour
formaliser une proposition de compromis sur ce problème. Ils ont tous échoué
- un fait qui aurait dû faire lever un grand signal d'alarme, mais qui ne le
fit pas, même si la raison de l'échec était assez grave.
Car le "droit au retour" n'est pas un objet de marchandage, c'est le
coeur du problème. C'est pourquoi, pendant des décennies, les autres gestes
israéliens traitant du sort des réfugiés ont constamment fait l'objet
d'indifférence ou de rejet. En 1949, Israël a offert de reprendre 100 000 réfugiés
Palestiniens. Les États Arabes ont refusé. Malgré tout, quelques 50 000 réfugiés
sont rentrés à travers les décennies dans le cadre du programme israélien de
réunification des familles, et 75 000 autres qui avaient été déplacés de la
Cisjordanie et Gaza pendant la guerre de 1967 sont aussi retournés dans ces
territoires. Comme Alexander Safian de CAMERA l'écrit, 90 000 Palestiniens ont
aussi été autorisé à prendre possession de leur résidence dans les
territoire contrôlés par l'Autorité Palestinienne depuis le début du
processus d'Oslo. De même, Safian met en avant que des millions [de dollars]
ont été payés par Israël en application des revendications individuelles de
pertes de propriété - "en dépit du fait que pas un centime de
compensation n'a été payé a aucun des 500 000 Juifs réfugiés des pays
arabes".
En effet, si quelqu'un devait insister sur l'applicabilité d'une loi
internationale, voici un exemple très parlant. En 1948-49, les états Arabes et
les Palestiniens lancent une guerre d'agression contre la communauté juive et
le tout nouvel État d'Israël, dans le même temps, des centaines de milliers
de juifs innocents sont conduits hors de leurs terres et sont privé de leurs
biens. Même après, ces mêmes agresseurs entament des poursuite pour être
compensés des conséquences de l'échec de leur propre agression. Imaginez
l'Allemagne Nazi, après sa défaite, demandant des réparations de la Grande
Bretagne ou des États Unis, ou l'Irak demandant compensation pour les pertes
dont il a souffert durant la guerre de Golfe de 1991. L'idée est grotesque à
la fois légalement et moralement.
Mais finalement peu importe. Le problème dans la controverse sur le "droit
du retour" n'est pas d'ordre pratique, démographique, juridique et
certainement pas d'ordre historique. Ce qui fait problème, ce ne sont même pas
les réfugiés eux-mêmes, délaissés honteusement sans domicile fixe et démunis,
nourri de haine et de faux rêves, alors que de par le monde des dizaines de
millions d'individus dans des situation similaires ou pires encore se sont réinstallés
[ailleurs] et on reconstruit leurs vies. Ce qui pose problème est assez
simplement l'existence d'Israël - ou plutôt, pour l'exprimer dans les termes
plus honnêtes de Muhammed Salah al-Din, l'espoir encore vibrant parmi beaucoup
d'Arabes et de Palestiniens d'annihiler son existence, si ce n'est pas par un
moyen, alors par un autre.
Tactiquement, "nous pouvons gagner ou perdre," a déclaré Faysal
al-Husseini, le ministre "modéré" des affaires pour Jérusalem dans
l'Autorité Palestinienne de Yasir Arafat, à la fin du mois de mars de cette
année, "mais nos yeux continueront d'aspirer à l'objectif stratégique,
nommément, la Palestine allant du fleuve [Jourdain] jusqu'à la mer [Méditerranée]"
-- c'est à dire une Palestine à la place d'un Israël. "Quoique nous
obtenions maintenant," continue-t-il, "on ne pourra pas nous faire
oublier cette vérité suprême."
Tant que cette " vérité suprême" n'est pas enterrée une bonne fois
pour toutes, aucune bonne volonté des Israéliens, aucune compensation
partielle, ou acceptation symbolique de responsabilité ne peut espérer créer
autre chose qu'une nouvelle réclamation.
*J'ai raconté en partie l'histoire de Haifa dans "Est-ce que les
Palestiniens ont été expulsés?", Commentary, Juillet-Août 2000.
© Commentary Magazine, Efraim Karsh, 2001.
Efraim Karsh, qui dirige les études méditerranéennes au King's College,
Université de Londres, est l'auteur (avec Inari Karsh) de "Les Empires du
Sables: la Lutte pour la Connaissance au Moyen-Orient, 1789-1923" et
"La Fabrication de l'Histoire Israélienne: Les Nouveaux Historien"s.
Parmi ses contributions à Commentary, il y a "Intifada II: La Longue Piste
de l'Antisémitisme Arabe" (Décembre 2000)
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