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Qui sont les Talibans? |
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Les talibans, mot qui signifie « étudiant » en arabe, sont un mouvement armé, créé
au début des années 1990, composé de moudjahidins pachtounes démobilisés, de jeunes
réfugiés afghans et de Pakistanais défavorisés endoctrinés dans un réseau d'écoles
coraniques (madrasas) établies le long de la frontière afghane. Financées par l'Arabie
saoudite, ces écoles coraniques dispensent à leurs jeunes disciples un islam obscur et
primaire, inspiré des principes les plus durs de la charia, loi canonique islamique.
Également formés pour la guerre, ces jeunes « théologiens », dont la majorité sont
d'origine ethnique pachtoune, ont rallié par milliers les troupes de Mollah Omar, leur
chef, qu'ils ont élevé au rang de demi-dieu.
Qui est leur chef?
Chef suprême des talibans depuis 1996, Amir-ul-Mumineen Mullah Mohamad Omar Muhadjid, dit
Mollah Omar, a établi le siège de son gouvernement dans la ville de Kandahar. Jamais
filmé ni même photographié, il a été vu par très peu de gens. Mollah Omar serait
marié à trois femmes et père de cinq enfants. Issu d'une famille de paysans pachtounes,
il serait né vers 1959, dans le village afghan de Nodeh. Obligé de se réfugier avec sa
famille au Pakistan sous l'occupation soviétique, c'est là qu'il aurait été
endoctriné par le Djihad. Son charisme et ses prouesses militaires lui vaudront par la
suite la plus haute estime de ses compatriotes talibans, qui feront de lui leur chef
spirituel et politique. Mollah Omar vit actuellement dans la ville de Kandahar, dans un
bunker construit et payé par le milliardaire terroriste saoudien, Oussama ben Laden. Ce
dernier serait d'ailleurs marié, en sixième noces, à l'une des soeurs de Mollah Omar.
Depuis, toute parole de Mollah Omar a force de loi. Et c'est avec un zèle fanatique que
les talibans veillent à ce que la population afghane se plie de gré ou de force à tous
les interdits et devoirs religieux que décrète Mollah Omar. On ne compte plus, dans les
rues des villes d'Afghanistan, les exécutions publiques, les lapidations, les mutilations
de toutes sortes et les flagellations. Vivre en Afghanistan était déjà périlleux sous
le régime soviétique; il semble que ce soit devenu un véritable enfer aujourd'hui.
Le 27 février 1998, une foule de 30 000 hommes et adolescents a été rassemblée dans un
stade de Kaboul pour assister à la flagellation d'une jeune femme coupable d'avoir
marché dans la rue avec un homme qui n'était pas de sa famille. Si elle avait été
mariée au moment de son « crime », on l'aurait lapidée à mort plutôt que fouettée.
Également au programme, l'amputation de la main droite de deux hommes accusés de vol.
Quel est leur but?
Profitant du vide idéologique laissé par la guerre civile qui a succédé au départ des
Soviétiques, les talibans se sont donné comme mission de pacifier l'Afghanistan et d'y
rétablir l'ordre et la morale. Une morale en tout point conforme aux principes de la
charia, loi islamique. Porteurs d'une idéologie forte et astreints à des principes
moraux très stricts, les talibans ont rapidement gagné la sympathie des populations
souvent opprimées et rançonnées par les bandes moudjahidins qui se disputaient le
contrôle du pays. On voyait alors en Mollah Omar un réunificateur puissant. Une
perception qui n'a guère duré...
Une conquête commandée à distance
Sur les plans politique et stratégique, toutefois, le règne des talibans ressemble plus
à une prise de contrôle du territoire afghan par le Pakistan, dont la capitale est
Islamabad, qu'à une quelconque croisade unificatrice. En effet, soucieux d'étendre son
influence en Asie centrale et de régler à son avantage l'épineuse question de la ligne
Durand - frontière tracée en 1919 entre les deux pays -, le Pakistan a profité du chaos
en Afghanistan pour y instaurer, par l'entremise des talibans, un régime fidèle à ses
intérêts.
Comme le Pakistan ne pouvait directement envahir l'Afghanistan sans déclencher une crise
majeure dans la région, il a trouvé dans les milliers de réfugiés afghans qui
s'entassaient à sa frontière la clé qu'il lui fallait pour entrer chez son voisin.
Pourquoi, en effet, ne pas confier à des Afghans la tâche de conquérir l'Afghanistan?
Les talibans étaient nés.
Une question d'influence
Endoctrinés dans les écoles coraniques (madrasas) et lourdement armés par les services
secrets pakistanais, ces jeunes qu'on envoyait à la conquête de leur propre pays
allaient en fait offrir à Islamabad, sur un plateau d'argent, un accès vers l'Asie
centrale qui lui permettrait d'étendre son influence idéologique et militaire jusqu'aux
portes des ex-républiques russes et du Nord de l'Iran. De plus, en satellisant
l'Afghanistan, le Pakistan - puissance nucléaire - trouve dans le régime taliban un
allié important dans la lutte qu'il mène depuis des années contre l'Inde, au Cachemire.
Quant aux talibans, ils trouvent aussi leur compte dans cette opération puisque, en plus
d'obtenir le contrôle des deux tiers du pays, ils étendent à l'ensemble du territoire
afghan la domination des Pachtounes (patrie des talibans) face aux autres ethnies qui
composent la population afghane. Les Pachtounes, qui parlent une langue indo-iranienne, le
pachto, tentent en effet depuis longtemps d'imposer leur langue aux autres ethnies, qui,
elles, parlent majoritairement le dari (persan), langue véhiculaire de l'Afghanistan.
« En faisant éclater le pays selon les lignes de partage ethniques et religieuses, la
guerre civile a réduit à néant cette tradition de tolérance. Alors qu'il avait été
un facteur d'unité, l'islam est devenu une arme mortelle entre les mains d'extrémistes,
une force de division et de fragmentation. »
Ahmed Rashid, « Les talibans au cur de la déstabilisation régionale »,
Le Monde diplomatique, novembre 1999
Et les Saoudiens dans tout cela?
Quant aux Saoudiens, les talibans sont pour eux, grâce aux écoles coraniques qu'ils
financent au Pakistan et en Afghanistan, un puissant vecteur de propagation en Asie
centrale de la doctrine orthodoxe wahhabite, ligne idéologique des émirs saoudiens
prônant un islam fondamental et rigoriste. De plus, les talibans étant majoritairement
sunnites, tout comme les Saoudiens, ils maintiennent une pression constante sur leurs
voisins chiites iraniens qui, comme par hasard, sont de farouches opposants de la
monarchie saoudienne.
Washington, toujours à l'affût de bonnes affaires...
Pour ce qui est des États-Unis, qui ont soutenu les talibans jusqu'en 1997, ils voyaient
dans cette milice religieuse un allié qui leur permettrait d'obtenir les droits de
passage et les contrats liés à la construction, par la compagnie Unocal, d'un important
oléoduc qui relierait l'Asie centrale et le Pakistan via le territoire de l'Afghanistan.
De plus, la haine farouche que vouent les talibans aux Iraniens servait également assez
bien les intérêts stratégiques de Washington dans la région.
Mais après les attentats à la bombe contre les ambassades américaines du Kenya et de
Tanzanie, en août 1998, par les hommes d'Oussama Ben Laden, Washington s'est distancié
du Pakistan et des talibans, qui refusent catégoriquement depuis de livrer le
milliardaire terroriste à la justice occidentale.
Leurs assises économiques.
Pour mener une campagne militaire comme l'ont fait les talibans et se maintenir ensuite au
pouvoir malgré une économie nationale totalement improductive et autarcique, les
talibans ont besoin de beaucoup d'argent. Comment financent-ils leurs opérations?
Tout d'abord, bien que la production de pavot en Afghanistan ait officiellement été
réduite à néant par les talibans (le pays fournissait auparavant 75 % de la production
mondiale d'héroïne et d'opium), les talibans tirent tout de même des redevances
substantielles (impôt de 20 %) sur la drogue et les produits de contrebande qui
transitent par leur territoire. À ces redevances s'ajoute un financement occulte
considérable en provenance des États amis des talibans.
Par ailleurs, les troupes de l'Alliance du Nord perçoivent elles aussi des redevances sur
les cargaisons de drogue qui transitent par leur territoire.
Culture du pavot en Afghanistan
Des amis bienveillants...
Bien que le Pakistan nie toute implication dans le régime des talibans, selon l'auteur et
journaliste Ahmed Rashid*, seulement entre 1997 et 1998, Islamabad, la capitale, aurait
fourni une aide de plus de 30 millions de dollars aux talibans. Une somme qui comprend des
chargements de céréales, mais aussi de l'armement, des munitions, des pièces de
rechange pour les blindés, etc. De bonnes réserves de carburants de toutes sortes sont
également fournies gracieusement aux talibans par l'Arabie Saoudite, qui finance aussi
les écoles coraniques (madrasas) de la région.
Oussama Ben Laden
Le milliardaire saoudien Oussama Ben Laden, marié à l'une des soeurs de Mollah Omar, est
également une source de financement et de soutien importante pour le régime taliban. Cet
homme, l'un des terroristes internationaux les plus recherchés, utilise depuis des
années son immense fortune pour financer les opérations terroristes du djihad islamique
dans le monde entier grâce à un réseau criminel complexe et structuré. À tout cela
s'ajoute le trésor de guerre des talibans, amassé au fil de leurs conquêtes.
L'économie nationale étant pratiquement absente, ironiquement, le seul secteur
économique en expansion en Afghanistan est la fabrication de membres artificiels en
raison des millions de mines antipersonnel qui jonchent encore le sol du pays.
*« Qui sont les bourreaux talibans? », Courrier international, 22-03-2001, Numéro 542.
Leurs adversaires.
Le général Massoud et l'Alliance du Nord
Parmi les principaux adversaires des talibans, on retrouve, dans la partie nord-est du
pays, les troupes de l'Alliance du Nord, qui livrent depuis plusieurs années une guerre
désespérée aux talibans. Composés d'anciens moudjahidins, de Tadjiks et d'anciens
symptahisants du gouvernement Rabanni, cette coalition de résistants est le seul rempart
qui a réussi, jusqu'à maintenant, à empêcher les talibans de s'emparer de l'ensemble
du territoire afghan. Prônant l'établissement d'un pouvoir démocratique et moderne pour
rétablir la paix en Afghanistan, l'Alliance du Nord s'est jurée de combattre les
talibans par tous les moyens et de leur reprendre mètre par mètre le territoire conquis.
« Les talibans et le Pakistan veulent nous vaincre. Mais nous les attaquons en plusieurs
endroits, au nord, à l'ouest, à l'est et au centre. Ils ne peuvent concentrer leurs
forces sur un front. Le combat continue partout. »
Général Ahmad Shah Massoud, assassiné le 9 septembre 2001
Majoritairement composée de Tadjiks, l'Alliance du Nord regroupe aussi plusieurs factions
combattantes qui ont uni leurs forces sous l'égide du général Massoud, chef et symbole
charismatique de la résistance, pour combattre les talibans.
Des femmes afghanes ont même été vues, fusil à la main, combattant aux côtés des
hommes de l'Alliance. Mais, en dépit des efforts et des sacrifices de son armée pour
renverser les talibans, le général Massoud n'entrevoyait la paix en Afghanistan qu'avec
des pressions sérieuses, voire des sanctions prises par la communauté internationale à
l'égard du Pakistan, qui soutient les talibans et attise la guerre dans la région. Pour
leur part, les pays limitrophes, dont les anciennes républiques soviétiques ainsi que
l'Inde, la Chine et l'Iran, sont particulièrement inquiets devant la propagation en Asie
centrale de l'idéologie taliban. C'est pourquoi certains d'entre eux viennent en aide aux
troupes du général Massoud en lui fournissant asile et soutien technique.
Le Lion du Panjshir
Décédé le 9 septembre 2001, à l'âge de 47 ans, à la suite d'un attentat, Ahmad Shah
Massoud était l'une des figures légendaires de l'histoire militaire afghane. Surnommé
le « Lion du Panjshir », sa région natale, il était l'un des tacticiens militaires les
plus redoutables d'Afghanistan.
De nationalité tadjike, le général Massoud a d'abord combattu l'armée soviétique
avant de croiser le fer avec les fondamentalistes afghans et même l'armée pakistanaise
au cours de la guerre civile qui a suivi le retrait des Soviétiques, en 1989. Avant la
prise de Kaboul par les talibans, Massoud occupait le poste de ministre de la Défense au
sein du gouvernement du président Rabbani.
Seul homme à avoir réussi à stopper l'avance des talibans, le général Massoud et son
armée, l'Alliance du Nord, ont mené aux talibans une lutte féroce que Massoud
finançait à partir des mines d'émeraudes de sa vallée natale du Panjshir.
Le 9 septembre 2001, le général Massoud a été victime d'un attentat mené par des
tueurs déguisés en équipe de télévision marocaine. La caméra était piégée et
aurait explosé dans le bureau du général. La perte soudaine de leur chef charismatique
a profondément déprimé les partisans de Massoud. C'est le général Mohammad Fahim qui
a succédé à Massoud à la tête de l'Alliance du Nord mais, de l'avis même des
partisans, il n'a pas les aptitudes militaires du héros de la lutte contre l'invasion
soviétique. Privé de leur chef légendaire, les troupes de l'Alliance du Nord
résisteront-elles longtemps encore aux attaques des talibans? Seul l'avenir nous le
dira...
Sunnites, chiites ou wahhabites?
Tout comme la chrétienté, l'islam a connu au cours des siècles des conflits
idéologiques et des schismes qui ont engendré plusieurs « familles » de musulmans.
En voici quelques-unes :
Les sunnites : Constituant la grande majorité de la communauté musulmane (près de 90
%), les sunnites sont considérés comme des orthodoxes par rapport aux autres branches de
l'islam, notamment les chiites. Chez les sunnites, on estime qu'il était légitime que
les successeurs de Mahomet (fondateur de l'église musulmane) émanent de la descendance
des quatre premiers califes de l'islam (Abou Bark, Omar, Othman et Ali). Les successeurs
du prophète Mahomet sont désignés par investiture ou élection, et non selon les
règles de la descendance.
Pour les sunnites, il est possible, donc, d'obéir à un chef religieux institué, en
autant que ce dernier ne commande rien de contraire aux lois du Coran. En outre, le
sunnisme ne tolère aucun mysticisme et ne possède aucun sacrement ni aucune organisation
rappelant un quelconque clergé.
Les chiites : Représentant environ 10 % des musulmans, les chiites se distinguent des
sunnites par des caractéristiques plus politiques que religieuses. En effet, chez les
chiites, on refuse de reconnaître la légitimité de trois des quatre califes reconnus
par les sunnites comme successeurs de Mahomet. Pour les chiites, la succession du
Prophète à la tête de l'église musulmane ne pouvait être confiée qu'aux descendants
du calife Ali, époux de Fatima, fille de Mahomet.
Suivant cette ligne de pensée, tout principe d'élection ou d'investiture visant à
désigner un successeur autre qu'un descendant de la fille du Prophète est rejeté. Plus
mystiques que les sunnites, les chiites vouent un culte très fort à Fatima; l'image de
sa main constitue un objet de protection divine. Les chiites croient également en la
venue de « l'Imam caché », rédempteur de la fin des temps.
Les wahhabites : Le wahhabisme est un mouvement religieux réformateur, d'allégeance
sunnite, qui a vu le jour en Arabie, au XVIIIe siècle. Fondé par Muhammad Abd
al-Wahhâb, ce mouvement vise à épurer l'islam de toutes pratiques jugées déviantes ou
innovatrices. Se basant sur une interprétation littérale de la charia, les wahhabites
réprouvent notamment les philosophes, les soufis et les chiites, qu'ils accusent d'avoir
introduit des changements néfastes dans la pratique de l'islam. C'est en l'honneur du
wahhabisme et de ses principes que Saoud créa le royaume d'Arabie Saoudite, en 1932.
La charia, ses effets... ses victimes
Pour les talibans, tout ce qui représente de près ou de loin le mode de vie ou la
pensée de l'Occident est perçu comme une source de perversion engendrant le chaos. C'est
pourquoi les talibans, dans un effort aveugle de retour aux sources et de réforme, ont
fait de la charia l'ultime référence en matière de justice et de vie religieuse,
politique et sociale.
Soucieux d'anéantir toute aspiration au progrès ou à des idéaux démocratiques, les
talibans ont détruit, dès leur arrivée, tous les livres jugés subversifs et, avec eux,
tous les trésors des musées. Les fêtes traditionnelles ont également été bannies.
Toutes les photos, les bandes vidéo, les téléviseurs, les films et la musique non
religieuse ont également été interdits. Après, ce fut le tour des jouets, des
cerfs-volants, des poupées et des animaux en peluche. Exemple probant du délire
autoritaire des talibans, des objets aussi inoffensifs que les bas blancs et les sacs de
papier ont également été interdits.
Un médecin a été arrêté et battu toute une nuit par les talibans. Son crime : avoir
soigné une femme afghane.
Médecins du monde
Les femmes et les enfants
Sur le plan humain, le régime des talibans est une véritable catastrophe, en particulier
pour les femmes et les enfants, victimes faibles et silencieuses de la folie intégriste
des maîtres de Kaboul. En effet, depuis 1997, les femmes afghanes ont vu s'abattre sur
elles une pluie d'interdits et de règles ségrégationnistes destinés à les priver de
toute liberté et de toute influence dans la société.
« La situation des veuves est particulièrement lamentable. Elles sont plus de 60 000,
vivant avec 200 000 enfants. Elles n'ont pas le droit de travailler et ne reçoivent
aucune aide du gouvernement taliban. »
Extrait d'une audition parlementaire sur la situation des femmes en Afghanistan, novembre
1998, Assemblée nationale
Pratiquement tout est interdit aux femmes. À commencer par le maquillage, les souliers à
talons, les chevilles découvertes et même, le rire aux éclats. À cela s'ajoute
l'interdiction de travailler à l'extérieur de la maison, d'aller à l'école (90 % des
Afghanes sont illettrées) et de sortir dans la rue sans être accompagnées d'un membre
masculin de la famille. On les oblige également à porter le burquaa. Véritable prison
de tissu, ce voile recouvre tout le corps de la tête aux pieds et ne laisse qu'un
grillage de tissu brodé à la hauteur des yeux pour la vue. Ce voile donne aux femmes des
allures de fantômes errant dans les rues. Avant l'arrivée des talibans, la fonction
publique afghane était composée à 70 % de femmes, et 40 % des médecins étaient des
femmes. Maintenant, aucune d'elles ne peut travailler à moins d'obtenir une permission
spéciale des talibans.
La vie des femmes afghanes
« De par sa nature même, la femme est un être faible et vulnérable à la tentation. Si
on la laisse sortir de chez elle, hors de la surveillance des proches, elle aura vite fait
de se laisser entraîner sur la voie du péché par des hommes qui ne recherchent que leur
plaisir. »
Mollah Omar, chef des talibans
Une catastrophe imposée
Toutes ces mesures sont appliquées et contrôlées par une police religieuse inquisitrice
et brutale dont les châtiments particulièrement horribles (mutilations, pendaisons,
bastonnades et flagellations) gardent la population dans un état de terreur perpétuel.
La répression à l'égard du peuple est impitoyable. Et personne n'est épargné, pas
même les enfants, dont 25 % meurent avant l'âge de cinq ans faute de soins, de
nourriture et de vêtements chauds.
Le 14 octobre 1996, une fillette de dix ans est condamnée à l'amputation de ses doigts
pour avoir porté du vernis à ongle.
Médecins du monde
La loi des talibans
Extrait de : Les seize commandements des talibans, traduits et publiés dans «Les
Nouvelles d'Afghanistan», 1997
Les femmes qui sortent de chez elles doivent porter le burquaa sous peine de se voir,
elles et leurs maris, battus ou tués.
Les femmes ne doivent plus travailler.
Toutes les écoles pour filles et femmes sont fermées. Les filles ne peuvent obtenir
qu'une éducation religieuse, jusqu'à 9 ans seulement.
Aucune femme ne doit marcher dans la rue sans être accompagnée d'un membre masculin de
sa famille.
Les personnes coupables d'adultère seront lapidées à mort.
Les auteurs d'homicides seront punis par la famille des victimes.
Les voleurs auront la main droite amputée, parfois après l'avoir plongée dans l'eau
bouillante.
Les hommes doivent porter la barbe et se raser le pubis sous peine d'emprisonnement (on
contrôle souvent ce règlement en public).
Les oiseaux ne doivent pas être gardés en cage.
Les tribunaux religieux ont la priorité sur toute autre instance au pays.
Les changeurs n'ont pas le droit de changer de petites coupures contre des grosses.
Les médecins ne doivent pas soigner les femmes, peu importe leur état, et sont tenus
d'exécuter des amputations en public si la justice le requiert.
Les relations sexuelles hors mariage sont punies par la flagellation en public.
Les principaux interdits
Tous les vêtements, bijoux, maquillages et accessoires rappelant le mode de vie
occidental.
L'usage d'alcool ou de drogue sous peine d'être tué puis pendu pendant trois jours.
Les rassemblements mixtes ou de plus de cinq personnes non talibans.
L'usage du tabac dans les rues ou les bureaux.
Les photos et vidéos, la musique non religieuse et la télévision.
Les fêtes de mariage.
Les cerfs-volants (utilisés, semble-t-il, pour les jeux d'argent).
Les poupées et animaux en peluche.
Le port des bas blancs.
Les sacs en papier.
Rire aux éclats (pour les femmes).
La peinture et le dessin.
Tous les jeux et les sports.
Les fêtes traditionnelles.
Pour les femmes, laver leur linge dans les points d'eau et les déserts.
Chanter et danser.
Un peuple jeté sur les routes
Poussés par la famine, la sécheresse et la répression, un million d'Afghans ont
abandonné leurs terres depuis deux ans pour migrer vers les grandes villes ou fuir vers
les pays voisins. Souvent malades, affamés et mal habillés, une grande partie de ces
réfugiés n'arrivent jamais à destination.
Si certains meurent de faim, d'autres, surtout les enfants, meurent de froid, entassés
dans des camions ou couchés à même le sol par des nuits glaciales. Ces masses humaines
s'ajoutent aux millions d'Afghans qui ont déjà fui leur pays ces dernières années et
qui attendent, massés dans des camps à la frontière, de rentrer un jour chez eux. Quant
à l'aide internationale, on la distribue au compte-gouttes en raison de l'encadrement
très étroit et du faible taux de tolérance des talibans envers les organisations
humanitaires qu'ils suspectent de répandre d'autres religions que l'islam dans le pays.
Famine et sécheresse en Afghanistan
Un champ de mines comme pays
Les millions de mines antipersonnel laissées par les Soviétiques mutilent et tuent
chaque année des milliers de personnes en Afghanistan. Un fléau que les talibans tentent
d'éradiquer comme ils le peuvent, leurs chefs étant pour la plupart eux-mêmes borgnes,
amputés ou mutilés par les mines ou les combats.
La technique de déminage des talibans consiste à sillonner les zones minées avec de
vieux chars russes. Les mines explosent lorsque les chars passent dessus. On estime que de
2 à 10 millions de mines antipersonnel sommeillent encore dans le sol afghan. Plus de 400
000 personnes auraient jusqu'ici été mutilées ou gravement blessées par ces mines.
Une menace pour l'Asie centrale
L'arrivée des talibans aux commandes de l'État afghan a confirmé l'existence d'un
phénomène qu'on craignait et combattait depuis longtemps en Asie centrale : la montée
de l'intégrisme musulman. Un phénomène qui a débordé les frontières afghanes et qui
s'étend aujourd'hui jusqu'en Ouzbékistan, au Tadjikistan et au Kirghizistan. Ces
anciennes républiques soviétiques, avec leurs populations musulmanes sunnites,
constituent de plus une terre particulièrement fertile à l'éclosion de mouvements
intégristes et de cellules terroristes.
Les ex-républiques soviétiques menacées
En Ouzbékistan, des terroristes musulmans ont d'ailleurs déjà tenté d'assassiner le
président du pays, Islam Karimov, en plus d'enlever plusieurs ressortissants japonais et
américains. Même scénario dans les républiques voisines du Tadjikistan et du
Kirghizistan, où les forces gouvernementales croisent régulièrement le fer avec des
mouvements intégristes armés.
Parmi ces cellules terroristes, le Mouvement islamique d'Ouzbékistsan est l'une des plus
actives. Composé d'environ un millier de combattants, le mouvement a juré publiquement
de renverser les pouvoirs en place et de les remplacer par des gouvernements religieux.
Cette vague de déstabilisation personnifiée par les talibans et leurs alliés a
engendré une forte polarisation des États en Asie centrale. D'un côté, le Pakistan et
l'Arabie Saoudite appuient les talibans et les mouvements intégristes tandis que les
gouvernements post-communistes d'Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan
soutiennent l'Alliance du Nord du général Massoud. Avec eux, le gouvernement chinois,
qui partage une frontière commune avec l'Afghanistan, et qui craint qu'un pouvoir
musulman intégriste aussi près de ses frontières n'encourage les musulmans de la
région du Xinjiang à prendre eux aussi les armes.
Les Russes, pour leur part, voient également d'un très mauvais il un pouvoir
musulman gagner en influence si près d'eux alors que les canons sont à peine refroidis
en Tchétchénie. Quant à l'Iran, farouche ennemi des talibans, la solution était fort
simple : boucler la frontière afghane pour parer à toute tentative d'infiltration.
Le piège de la répression
Pour tous ces pays dont les populations sont partiellement ou en totalité musulmanes, la
montée de l'intégrisme est un problème extrêmement complexe et délicat, alors que la
stratégie des intégristes est, elle, fort simple.
En menant des attentats et des attaques terroristes dans les pays limitrophes de
l'Afghanistan, les intégristes engendrent chez leurs voisins une répression musclée des
pouvoirs en place à l'endroit des populations musulmanes. Une répression qui entraîne
généralement une montée de sympathie des opprimés à l'égard des révolutionnaires
intégristes. Un effet pervers qui oblige ensuite les gouvernements en place à resserrer
davantage leurs mesures répressives. C'est notamment le cas de l'Ouzbékistan, où on
soupçonne l'existence de camps de concentration pour musulmans.
La spirale étant sans fin, le régime visé finit un jour ou l'autre par s'effondrer,
laissant le champ libre aux intégristes, qui instaurent généralement un régime pire
encore. Comme ce fut le cas en Iran, au Soudan et en Afghanistan, notamment.
Et la communauté internationale?
Consciente du dilemme auquel font face les gouvernements d'Asie centrale menacés par la
montée de l'intégrisme, la communauté internationale devra, si elle veut endiguer le
phénomène, fournir à ces gouvernements autre chose qu'une aide militaire, qui n'a
jusqu'ici servi qu'à jeter de l'huile sur le feu.
La communauté internationale devra en fait s'investir beaucoup plus qu'elle ne le fait
actuellement. Car si les sanctions économiques sont à première vue inefficaces contre
des groupes idéologiques comme les talibans, une assistance économique et humanitaire
aux populations menacées serait fort utile. Car la pauvreté, l'oppression et le chômage
sont généralement le nid de bien des formes d'intégrisme. Et même si cela peut sembler
paradoxal, les gouvernements des pays menacés devront peut-être, en fin de compte, pour
éviter le chaos, démontrer plus de tolérance à l'égard de l'opposition et,
éventuellement, développer des systèmes politiques démocratiques qui constituent de
nos jours les seuls remparts encore efficaces contre la prolifération des idéologies
extrêmes.
_________________________________
Source : Dominique et Michèle Fremy, Quid 2001
Sources : Les Nouvelles d'Afghanistan, #76, 1997
Le Courrier international, 22/03/2001, #542
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