| Page d'accueil | Objectif | Histoire | Religion | Coutumes | Délires | Commentaires | Arts | La bouffe | |Links | Galerie Photo | Contacts | Musique | Tunes Célèbres | Chatroom | Annonces | Enregistrement | Souvenirs | |Communautés | Recherche | Samsara | Fun |
|
L'onde de choc Q33 NYC |
Forum Medias Culture Sommaire Harissatheque Genealogie Plan du site Kandil |
Q33 NY
. Un «message de la mort» apparu dès 1992 La rumeur des sales
caractères Où comment le hasard d'une police informatique alimente la psychose. Par
EDOUARD LAUNET Le mardi 25 septembre 2001
Avec la police de caractère Wingdings, la suite Q33 NYC donne Où Q33 est censé être le
numéro d'un vol kamikaze (ce qui est faux) et NYC est l'abréviation de New York City.
Plus vite et plus insidieusement qu'un virus, la rumeur court sur le Net. Malgré tous les
démentis. Elle se répand par le biais de messages de ce genre: «Ouvrez le logiciel
Word, tapez dans un texte "Q33 NYC", c'est-à-dire le numéro de vol de l'un des
avions-suicide du 11 septembre. Puis changez la typographie du texte en choisissant le
caractère Wingdings. Vous aurez une drôle de surprise.» Tête de mort. C'est
effectivement surprenant: apparaissent soudain sur l'écran deux images incroyables. La
première, correspondant à Q33, représente un avion fonçant vers deux tours. La
seconde, «traduction» de NYC (pour New York City), réunit une tête de mort, l'étoile
de David et un pouce levé en signe d'approbation. L'expérience peut être répétée
avec succès sur de nombreux autres programmes de Microsoft ou d'autres éditeurs. Autres
variantes signalées: AZ (signe de victoire et symbole de l'islam réunis) ou, le plus
souvent, NY tout court (tête de mort et étoile de David, comme un appel au meurtre de
juifs). «Mais comment expliquez-vous cela?» s'indignent les nombreuses personnes qui,
depuis le début de la semaine, appellent la rédaction de Libération pour dénoncer ces
«messages cachés». Le logiciel Word de Microsoft a-t-il été «infiltré» à distance
par les réseaux Ben Laden? Les programmeurs de Bill Gates ont-ils eu une sorte de
prescience des événements de New York? Y a-t-il un complot mondial jusque dans
l'informatique? Réponses: non, non et non. La police de caractères Wingdings a été
conçue au début des années 90 par Kris Holmes et Charles Bigelow, alors membres du
groupe de recherches en typographie numérique de l'université de Stanford (Californie).
Créée sous le nom de Lucida Icons pour compléter le jeu de caractères alphabétiques
Lucida, cette police n'est composée que de symboles de natures diverses: icônes souvent
utilisées en informatique, signes astrologiques, symboles religieux, signes de la main,
etc. En 1992, la police devient propriété de Microsoft, qui la rebaptise Wingdings et
réorganise les correspondances entre touches et symboles. L'éditeur commence à la
distribuer la même année avec la nouvelle version de son système d'exploitation Windows
3.1. C'est alors que les choses se gâtent. «Program of Hate». En installant Windows 3.1
chez un client, un consultant en informatique new-yorkais remarque, de manière fortuite,
que les initiales de sa ville, NYC, deviennent en Wingdings le fameux «message de mort».
Dès le lendemain, le 29 avril 1992, l'affaire fait la manchette du tabloïd New York
Post. Titre barrant toute la une: «Program of Hate» (programme de haine). Sous-titre:
«Des millions d'ordinateurs contiennent un message secret appelant à la mort des juifs
de New York.» Et le reste à l'avenant. Voilà comment est née, il y a près de dix ans,
l'«affaire Wingdings». Et l'histoire refait surface presque chaque année depuis 1995
sur les newsgroups du Net, puis autour des machines à café, avec toujours les mêmes
réactions étonnées ou scandalisées. Jamais, cependant, la rumeur n'avait resurgi avec
autant de force que depuis les attentats du 11 septembre. Bien évidemment, il n'y a pas
de message secret. Il n'y a qu'une lecture subjective d'associations de symboles et des
coïncidences de touches. Voilà cinq ans, l'un des créateurs de Wingdings s'en amusait
lui-même sur un forum spécialisé en typographie: «C'est quasiment devenu un jeu. En
tapant "LBJ JFK" (puis en le traduisant en Wingdings, ndlr), on peut avec
suffisamment d'imagination découvrir que Lyndon Johnson a été impliqué dans
l'assassinat de Kennedy. Certains tapent même le nom de leur épouse pour deviner si
celle-ci a un amant», écrivait Charles Bigelow. Reconstruction. «Nous sommes choqués
de la récupération morbide et déplacée de cette coïncidence sur certains newsgroups
d'Internet depuis plusieurs jours», déplorait cette semaine Pascal Brier, directeur du
marketing de Microsoft France, dans l'une des multiples mises au point que la société a
dû faire depuis 1992. Oui, mais tout de même, ce numéro de vol qui devient quasiment un
story-board des attentats? Il se trouve que «Q33 NYC» ne correspond à aucun des quatre
numéros de vol impliqués dans les attaques. C'est en revanche une jolie reconstruction a
posteriori. La rumeur a au moins un mérite: elle met sous les feux de l'actualité cet
art presque ésotérique qu'est la typographie. Cela ne lui était pas arrivé depuis la
Deuxième Guerre mondiale. «En 1941, l'Allemagne nazie avait pris un décret interdisant
l'usage des caractères gothiques, jugés trop proches des caractères "hébreu
carré", donc trop juifs, rappelle Yves Perrousseaux, fondateur de l'atelier
typographique du même nom. Mais il faut bien dire qu'en dehors de ces cas exceptionnels,
les débats sur la typographie sont rarement sortis du microcosme.».
| Page d'accueil | Objectif | Histoire | Religion | Coutumes | Délires | Commentaires | Arts | La bouffe | |Links | Galerie Photo | Contacts | Musique | Tunes Célèbres | Chatroom | Annonces | Enregistrement | Souvenirs | |Communautés | Recherche | Samsara | Fun |
Pour toutes informations, critiques et commentaires, envoyez un émail a : jhalfon@mediaone.net