Ne pas en faire un Monde ! (info # 021012)

Par Denis Elkoubi © Metula News Agency


Eyal Sivan, dans un long article paru dans le Monde de samedi dernier, disserte autour d’une proposition, qu’il juge, d’emblée, évidente et universelle, au point de s’abstenir de la discuter : "la question du sionisme est dépassée !" Cette affirmation péremptoire aurait pourtant mérité, à elle seule, plus qu'un article. Elle nécessite des précisions et des adaptations. Telle quelle, elle est certainement irrecevable et incompréhensible pour la très grande majorité des personnes concernées.

Si le sionisme est dépassé, comme le communisme et le socialisme, que reste-t-il de ces « ismes » ? Rien ? A suivre Sivan, en deux coups de cuillère à pot, il serait possible d’extraire des mémoires et des comportements, des idées lourdes et consommées. C’est surtout leur remplacement par le vide, qui nous laisse le plus perplexes. Le remplacement de concepts idéologiques par le rien, qui nous semble très improbable, très différent des comportements humains connus, dans les approches du genre Sivan !

Eyal Sivan se pose en propriétaire exclusif d'une grille d'interprétations "modernes" de l'histoire et des événements. Il fait d’ailleurs un usage largement excessif de ce genre d’affirmations orphelines, qui finit par nous asphyxier de certitudes borgnes :

"Pourtant l'amalgame systématique entre antisionisme et antisémitisme est devenu la nouvelle arme d'intimidation des "amis d'Israël"", affirme par exemple Sivan. Cest cocasse, non, de vouloir expliquer les choses, par l’emploi d’une arme qui n’existe pas !

C'est quoi, le non-sionisme, Sivan?

Ou encore : "les institutions juives de France font peser aujourd'hui un danger sur les juifs et le judaïsme, et plus particulièrement sur la cohabitation entre Français juifs et musulmans au sein de la République". Nous qui avions cru observer une campagne d’agressions, dirigée justement contre ces mêmes institutions juives…

Ce sont les juifs de Sivan qui font leur propre malheur, ce sont eux qui, par leur comportement fautif, provoqueraient les réactions d’hostilité de la communauté musulmane. Ce genre d’argumentation dégage des relents de déjà-vu, qui ne nous rappèlent pas forcément des vacances au Club Méditerranée !

Quant à la réalité du terrain, elle ne serait meurtrière, que parce qu'elle serait de type colonial, selon M. Sivan ! Sivan aurait quand même pu consulter les définitions du colonialisme, notamment celles qui figurent dans les ouvrages de Raymond Aaron, avant de poursuivre avec ses affirmations naïves. Cette approche ne résiste pas à la moindre analyse sérieuse, tant il est vrai, que nous avons déjà démontré en détail, à la Ména, que le conflit israélo-arabe ne peut, en aucun cas, être assimilé à un conflit colonial.

S’asseyant sur ses certitudes éphémères, Sivan poursuit la construction de ses châteaux espagnols. Il a choisi "colonial" et ce qui est colonial est donc haïssable. Donc, encore, le soutien de la communauté juive à une entreprise coloniale est "inacceptable" et générateur de conflits, avec la communauté musulmane.

Il est pourtant insuffisant, lors d’une discussion intellectuelle, de plaquer des caricatures réductrices, qui sont appelées à ne servir qu’une seule argumentation, à l’image de la pseudo "guerre coloniale en Palestine-Israël ". Enlevez l’application inepte, autant qu’absurde, du concept "colonial" à cet édifice intellectuel ! Que reste-t-il ensuite de la construction de Sivan ? Sivan !

La pensée d’Eyal n'apporte vraiment pas grand-chose, à qui veut essayer de comprendre honnêtement ce qui se passe au Proche Orient ou en Afghanistan. Elle ne peut guère faire avancer ceux qui sont effectivement épris de paix et qui cherchent à sortir de l'engrenage de la guerre.

Les raisonnements opportunistes de ce genre, ressemblent à "l’information" du monde arabe, celle-là même qui soutient la rumeur, selon laquelle le Mossad avait prévenu 4000 juifs de ne pas se rendre au World Trade Center le 11 septembre. Ne riez pas, charmante Elvire, des pays musulmans entiers, sont toujours persuadés de la véracité de cette affirmation claudicante !

Il semble, malheureusement, qu’il suffise de mal vivre son identité juive, pour accéder au privilège, de gribouiller dans le Monde. Sinon, on pourrait se poser la question, de savoir qui est Eyal Sivan et à quel titre, le Monde lui fait-t-il une tribune, pour répandre de telles incongruités ?

Serait-ce au titre de Maître du cinématographe ? Ou alors de pilier philosophique de l’Occident ? A moins que ce ne soit pour sa représentativité dans le monde juif ?

C’est vrai que l’identité juive est complexe à vivre, elle qui ne sait pas faire abstraction d’une composante nationale. Plus d’un a succombé sous cette complexité et tout comme Eyal Sivan, ils sont devenus fous !

Comprenons-nous bien, ça n’est pas, et en aucun cas, que nous voulions qu’on empêche les Eyal Sivan de s’exprimer. Chacun a le droit de faire entendre son émotion et peu importe ce qui l’a créé ! Ca serait plutôt, qu’une certaine presse, lorsqu’il s’agit d’Israël, se contente d’un mal-être en guise de laisser-écrire, pour lui servir de haut-parleur. Cette presse a quand même un peu tendance à se frictionner le dos avec un certain antisémitisme, à force de dénicher des hérauts du "je ne m’aime plus", en même temps qu’elle barre l’accès à ses colonnes, à ceux qui prennent la peine d’étayer ce qu’ils avancent !

A force de ne plus laisser parler que les caricaturistes d’opinions et de reproduire, sans même la lire, la propagande de l’AFP, le Monde est en train de devenir un journal moyen. Quant à ceux, y compris plusieurs collaborateurs du journal, qui s’étonnent à mon oreille, à la fois de la qualité de nos analyses et du fait, qu’elles ne paraissent JAMAIS sur les pages du Monde, je ne sais vraiment pas quoi leur répondre ! Ca doit être le fait d’une idée particulière des équilibres, une sorte de Symphonie du nouveau Monde !

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