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La notion de compromis est étrangère à la culture politique du Moyen-Orient |
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par Moti Kedar de l'Université de Bar Ilan (Israël), janvier 2001
Traduit de l'hébreu pour CJE par Marie-France Bruneau et Menahem Macina Droits réservés
: CJE
De nombreux Israéliens s'interrogent ces jours-ci : "Les Palestiniens ne voient-ils
donc pas
qu'ils vont encore perdre une occasion ? Ne comprennent-ils pas qu'ils se nuisent à
eux-mêmes ?
Pourquoi ne se hâtent-ils pas de clore l'affaire avec Barak avant l'arrivée de Sharon
?"
Même d'importants porte-parole de la Gauche, comme Yossi Sarid, leur expliquent qu'
"il n'est
pas question de discuter du droit au retour" car ce serait la fin du sionisme pour
notre
génération ; et pourtant [les Palestiniens] en parlent sans arrêt comme d'une
revendication
"minimum" à laquelle ils n'accepteront jamais de renoncer. Alors, qu'est-ce qui
les pousse ?
Pourquoi n'acceptent-ils pas le compromis qui leur est proposé, par exemple Jérusalem et
le
mont du Temple en échange de la renonciation au droit au retour ?
La réponse est claire pour quiconque connaît de l'intérieur la culture politique du
Moyen-Orient : la notion de compromis ne fait pas partie de cette culture politique. Nous
l'avons rapportée d'Europe et c'est sur elle que se fondent des concepts politiques et
sociaux
comme le pluralisme et la démocratie. Le compromis est à la base même du régime
démocratique.
Il est la conséquence du sentiment qu'a un groupe de renoncer à quelque chose qu'il
estime lui
appartenir ou lui "revenir de droit", parce que l'autre partie renonce, elle
aussi, à quelque
chose qui lui appartient ou qui lui "revient de droit".
Le compromis est donc le mécanisme qui permet à divers groupes de tendances opposées de
vivre
ensemble dans une même structure sociale et politique, et il constitue un élément
important
également dans la mise en œuvre de la politique extérieure de cette structure
commune.
La culture politique en Orient est construite sur un autre principe : celui de
l'absolutisme.
L'islam, qui caractérise la culture dominante du Moyen-Orient, est de tendance
totalisante, et
de nature absolue, car le Dieu unique, éternel et tout-puissant donne à l'homme un ordre
absolu, inconditionnel et immuable, et l'homme a l'obligation d'obéir à Dieu
aveuglément, sans
compromis. Le sens du mot "islam" est 'dédication' [ou 'consécration à une
oeuvre ou à une
personne']. Les dirigeants de l'islam furent durant 1400 ans des souverains absolus, ou à
tout
le moins ils aspiraient à l'être, et en général ils ont essayé de gouverner au nom de
Dieu. Le
slogan "din allah bi'lsaïf" ( la religion d'Allah à [la pointe de] l'épée )
exprime cette
tendance de façon concrète et naturelle, et chaque enfant apprend à l'école la
harangue de
Alhadjadj ben Yossef quand il fut nommé gouverneur de la population de Oumia, à Koufa en
Irak
(traduction de Asher Goren) : "Eh bien, habitants de Koufa !!
Je vois des têtes qui ont mûri (comme des fruits) et l'heure est venue pour elles
d'être
cueillies, et c'est moi qui en suis le maître."
Quand on examine la ligne directrice des relations de l'islam avec des entités
extérieures, on
s'aperçoit que les états islamiques ont vécu en paix avec d'autres états surtout quand
ils
n'avaient pas d'autre choix. Le régime ottoman, qui a modelé la région jusqu'à la
première
guerre mondiale, n'a pas non plus transmis aux arabes de l'Orient une culture politique de
compromis.
Dans les états arabes modernes, aucun mécanisme de compromis ne s'est développé et, en
dehors du Liban, le régime de tous les états arabes est celui d'un pouvoir exercé sur
la population du pays par une faction (militaire, tribale ou familiale). Dans aucun état
arabe n'existe un système légitime de remplacement de la faction au pouvoir par une
faction alternative, car aucune faction dominante n'est disposée à renoncer au pouvoir
qui est le sien sur sa population. Des idéologues nationalistes dans le monde arabe ont
surtout parlé de l'unité (locale, commune aux arabes ou aux musulmans ) sur la base de
l'unanimité, existante ou souhaitée, et ainsi la notion de compromis est devenue
superflue. En effet quand tous sont unis et unanimes dans le domaine intérieur, il n'y a
personne avec qui il faille transiger : il n'y
a donc pas besoin de parvenir à des compromis.
Et si l'on ajoute à cela la question de l'honneur, à propos duquel ni l'individu ni le
groupe
ne peuvent transiger, on s'aperçoit que toute question liée aux droits du groupe est
présentée,
à un stade ou à un autre, comme "une affaire d'honneur", et par conséquent le
groupe s'interdit tout compromis.
L'histoire de l'Etat d'Israël est pavée des conséquences de cette situation: la
proposition de
partage de 1947 n'a pas été acceptée par les Arabes. La ligne verte d'avant 1967
n'était pas
une ligne de compromis entre pays, mais une ligne de cessez-le-feu imposée aux pays
arabes du fait de leur impuissance à faire céder Israël. Sadate n'a pas transigé sur
un seul pouce du
territoire du Sinaï, et la chose a été présentée au public égyptien comme "une
affaire
d'honneur". Hafez El Hasad n'a pas accepté de compromis sur le retrait complet
d'Israël (
"jusqu'au dernier millimètre") aux frontières du 4 juin 67, et même la
frontière
internationale, pourtant très proche de la ligne du 4 juin, ne lui a pas donné
satisfaction.
Hussein a obtenu la souveraineté sur tout ce qu'il estimait lui appartenir, y compris sur
des
territoires de la Arava, et ces jours-ci les Palestiniens prouvent qu'ils n'ont pas
l'intention
de faire des compromis sur ce qui leur paraît être leur droit, y compris Jérusalem et
le droit au retour.
L'interview de Hussein Alshihi, vice-président des "Tanzim", par Esti Perez sur
Reshet beth [la seconde chaîne], le 25 décembre 2000, en est une bonne illustration.
Quand Madame Perez lui a demandé pourquoi les Palestiniens ne renonçaient pas au droit
au retour, en contre-partie du renoncement israélien à Jérusalem, Alshihi a répondu :
"Êtes-vous prête à vous laisser couper la main droite en échange de ce qu'on vous
laisse la main gauche ?"
Une réponse comme celle-là montre qu'un compromis avec un Israël où les Juifs ont la
majorité ne figure pas dans le dictionnaire des notions politiques de Hussein Alshihi.
Les chants et les discours diffusés sans interruption dans les stations de radio
palestiniennes ( l'officielle et les pirates ) lient entre elles Jérusalem et Jaffa,
Hébron et Haïfa, Sichem et Ashkélon, Jénine et Saint Jean d'Acre, Bethléem et
Nazareth. Les manuels d' enseignement et les plaques des rues présentent la carte de la
Palestine : de la mer jusqu'au fleuve ; et quiconque n'est pas d'accord, qu'il boive les
eaux de la plage de Gaza !
Faute d'autre choix, la rue palestinienne préférera la poursuite de la situation
d'occupation à
tout compromis sur le droit au retour, car la situation d'occupation lui permet de
combattre à
la fois contre l'occupation et pour le retour. Du fait qu'il n'y a aucune chance que les
Palestiniens acceptent un compromis sur le droit au retour, à quoi bon toutes les
tentatives de
parvenir à un accord avec eux sur les autres problèmes, car tout accord sera brisé
après que
nous en aurons payé le prix.
C'est pourquoi, si nous sommes soucieux de sécurité ( car il est difficile d'espérer
obtenir
plus que cela ), nous n'avons qu'un seul choix : nous séparer des Palestiniens sur une
ligne
qui reflètera les intérêts sécuritaires d'Israël, et ce sans relation avec la ligne
verte. De
toutes façons, même quand nous nous étions derrière cette ligne, avant 67, ils n'
aimaient
vraiment ni elle ni nous, et l'époque des feddayin est encore gravée dans nos mémoires.
Il n'y
a aucune raison que nous transigions sur ce qui est important pour nous du point de vue
national, historique et sécuritaire, quand de l'autre côté règne une culture politique
du "tout
est à moi" dont le compromis n'est pas une composante. Des générations passeront
avant que le monde arabe accepte de considérer un Israël à majorité juive comme un
Etat légitime ; et d'ici là nous attendent - comme disait Churchill : "du sang, de
la sueur et des larmes".
Avec l'autorisation de CJE ( http://www.chretiens-et-juifs.org
) qui a l'exclusivité de la
distribution du texte.
"CJE" cje@pi.be
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