Reponse au Rav Attali, Simon et Isabelle Mes chers Tunes, mes chers Rabbins, mes chers laïques, mes chers amis,

Je reçois des copies de vos correspondances du débat qui se mène sans fin, puisque je trouve que chacun en lui-même a raison. J'ai lu et relu les messages adréssés de l'un à l'autre afin de trouver les différends qui existent. J'arrive à une conclusion, que chacun vit dans son monde et chacun voit les choses de sa propre perspective, ce qui ne peut pas nous unir. Donc j'ai éssayé de trouver ce qui peut nous unir, et là j'ai dû faire recours à une parabole que j'ai lue et que voici: "Quelques personnes étaient allées dans une barque en pleine mer, afin que chacun donne un compte rendu de son aventure. Chacun retourna avec un récit différent, un remarqua l'étendue infinie de l'eau, l'autre le ciel bleu, l'autre les poissons, l'autre le soleil qui brille. Ils étaient pourtant dans la même barque, mais chacun a été impressionné par autre chose."

J'avais une fois écrit en réponse à la femme qui avait écrit "Réveillez vous Séfarades!" que lorsque nous avons quitté la Tunisie comme du temps de l'exode d'Egypte, nous avons laissé derrière nous nos cotabs, nos synagogues, nos institutions sociales et religieuses et nos maîtres et Rabbins. Donc chacun se trouvait seul à se débattre pour survivre. En attendant nos enfants sont devenus la proie à tous les religieux qui avaient une institution et pouvaient s'occuper d'eux. Chacun de nous avait du s'adapter aux mode de vie de son entourage, aux moeurs de ses voisins et obéir aux lois du pays. En un mot SURVIVRE qui est la devise du judaïsme. J'ai dû faire recours aux arguments de nos sages d'avant, comme "HARAMBAM" Rav Moses Ben Maïmoun aussi connu comme Maïmonides. Celui-ci répondait aux Rabbins qui lui demandaient conseil: "Quoi faire devant la menace de mort ou de la conversion à l'Islam." HARAMBAM répondait: "Laissez ce qui est dehors dehors et faites dedans ce qui est dedans."

Il ne faut pas oublier qu'il a fallu des siècles pour créer la tradition juive tunisienne. Lorsque les Juifs tunisiens étaient occupés à s'acclimater comme immigrants dans les pays adoptés, nous sommes restés dépouvus de nos institutions. Nos leaders religieux étaient eux aussi dispersés à travers le monde. Les parents se battaient d'abord pour leur existence laissant ainsi nos enfants éxposés à toute influence et je cite quelques-unes: l'assimilation, la conversion à d'autres religions etc..

Nos enfants devaient eux-mêmes se battre pour s'intégrer dans les nouvelles sociétés, que ce soit la française, l'israëlienne, italienne, allemande, scandinave, des Pays-Bas, canadienne, américaines et beaucoup d'autres que nous, les parents leur avons imposées, de par notre décision d'immigrer. Du reste, tous les immigrants, de tout peuple et de toute religion, ont tendance à perdre leur ancienne culture et à adopter celle du pays qui les accueille.

Les Ashkenazes, de leur point de vue, devaient avant tout venir au secours des jeunes Juifs abondonnés, laissés à la merci de la société non-juive.

Oui, nous avons eu une belle et riche tradition et elle existe encore chez certaines familles, mais il y avait toujours, dans les pays que nous avons choisi, le manque d'une institution qui aurait pu d'abord identifier, puis saisir les besoins de la nouvelle génération, ensuite répondre à ces besoins d'une façon éfficace et intelligente.

Dans l'absence d'un cadre sérieux à nous, nous devons remercier les Ashkenazes pour tout ce qui'ils ont fait. N'en voulez pas aux autres pour ce que vous-mêmes vous ne pouviez pas encore faire à l'époque.

La tâche sacrée d'éduquer les enfants incombe tout d'abord aux parents. Et il n'est jamais tard, pour bien faire. Toute initiative dans cette direction ne manquera pas d'apporter des fruits positifs. Même ceux qui ne se sentent pas religieux peuvent toujours transmettre les traditions auquelles ils tiennent pour leurs valeurs morales. En celà la culture judéo-tunisienne est très riche. Et en fin de compte ce qui compte c'est le coeur. Gardons le coeur pur et nous serons tous bénis, que l'on soit religieux ou pas. Pour moi tout Tune a un bon coeur et reste un bon Tune.

Amicalement votre