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Sion: Israël Et Le Destin Des Juifs |
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Un texte capital écrit il y a trois ans, mais dont les interrogations sont plus que jamais
d'actualité.
[Un grand merci à Nathalie Lerner pour son énorme travail de traduction. -Les Modérateurs.]
Sion: Israël Et Le Destin Des Juifs
Par Charles Krauthammer
1. Un Petit État
Milan Kundera a défini un jour un petit État comme étant "un État dont l'existence même
pourrait être remise en question à tout instant; un petit État peut disparaître, et il le
sait."
Les États Unis ne sont pas un 'petit État'. Le Japon non plus. Ni même la France.
Ces nations peuvent subir des défaites. Elles peuvent même être envahies. Mais elles ne peuvent
pas disparaître.
La Tchécoslovaquie de Kundera pouvait disparaître, et ce fut même le cas à une occasion.
La Tchécoslovaquie d'avant-guerre est une petite nation paradigmatique: une démocratie libérale
créée sur les cendres de la guerre par un monde déterminé à laisser les petites nations vivre
librement; menacée par la convoitise et la taille importante d'un voisin en expansion;
fatalement compromise par une lassitude grandissante de la part de l'Ouest vis à vis "d'une
querelle dans un pays éloigné entre des peuples dont nous ne savons rien"; laissée morcelée et
sans défense, succombant finalement à la conquête. Quand Hitler est entré dans Prague en mars
1939, il déclara:"La Tchécoslovaquie a fini d'exister".
Israël est également une petite nation. Cela ne signifie pas que sa disparition
est son destin. Mais qu'elle pourrait l'être. Qui plus est, par sa vulnérabilité face
à l'anéantissement, Israël n'est pas uniquement une petite nation. Israël est la
seule petite nation -- la seule, point -- dont les voisins déclarent publiquement
que son existence même est un affront à la légalité, un affront à la moralité, et à
la religion, et qui font de son anéantissement un objectif explicite national.
Et cet objectif n'est pas une simple déclaration d'intention.
L'Iran, la Libye, et l'Iraq mènent une politique étrangère qui vise au meurtre des
Israéliens et à la destruction de leur État. Ils choisissent leurs alliés (Hamas,
Hezbollah) et développent leurs armements (bombes suicide, gaz toxiques, anthrax, missiles nucléaires) en
accord avec cette politique. Des pays aussi lointains que la Malaisie n'autoriseront pas la
présence d'un représentant d'Israël sur leur sol ni même ne permettent la projection du film
'La Liste de Schindler' de peur qu'il n'engendre de sympathie pour Sion'.
D'autres sont plus circonspects dans leurs déclarations. La destruction n'est plus l'objectif
unanime de la Ligue Arabe, comme ça a été le cas pendant les trente années qui ont précédé Camp
David. La Syrie par exemple ne le dit plus de façon explicite. Cependant la Syrie détruirait
Israël demain si elle en avait les moyens.( Sa réticence actuelle sur le sujet est largement
due a son besoin de connexion avec les USA d'après la guerre froide). Même l'Égypte, la
première à avoir fait la paix avec Israël et le modèle présumé de 'faiseur de paix', a
construit une vaste armée équipée de matériel américain qui effectue des exercices militaires
très visiblement conçus pour combattre Israël. Son exercice 'géant' "Badr 96" par exemple, le
plus grand mené depuis la guerre de 1973, mettait en scène des simulations de traversées du
canal de Suez.
Et même l'OLP, obligée de reconnaître ostensiblement l'existence d'Israël dans
les accords d'Oslo de 1993, est toujours régie par une charte nationale qui appelle a au moins 14 endroits
à l'éradication d'Israël. Le fait qu'après 5 ans et 4 promesses spécifiques d'amender cette
charte elle reste intacte est un signe qui montre à quel point le rêve de faire disparaître
Israël reste profondément ancre dans l'inconscient collectif arabe.
2. Les Enjeux
La contemplation de la disparition d'Israël est très difficile pour cette génération. Pendant
50 ans, Israël "a fait partie des meubles". La plupart des gens ne peuvent se rappeler vivre
dans un monde dans lequel Israël n'existe pas. Pourtant ce sentiment de 'permanence' a plus
d'une fois été rudement éprouvé -- pendant les premiers jours de la guerre du Kippour quand il
semblait qu'Israël serait envahi, ou encore ces quelques semaines en mai et début juin 1967
quand Nasser fit le blocus du détroit de Tiran et fit avancer 100.000 soldats dans le Sinaï
pour repousser les Juifs à la mer.
Pourtant, la victoire étourdissante d'Israël en 1967, sa supériorité en armes
conventionnelles, son succès à chaque guerre durant laquelle sa propre existence était en jeu, a engendré
l'autosatisfaction.
L'idée même de l'impermanence d'Israël était ridicule. Israël, écrivait un
intellectuel de la diaspora, "est fondamentalement indestructible. Yitzhak Rabin
le savait. Les dirigeants arabes sur le Mont Herzl (lors de l'enterrement de Rabin) le savaient. Seuls les saints de la droite
voleurs de terres et dégainant à toute occasion l'ignorent. Ils sont animés par l'espoir de la
catastrophe, l'exaltation d'assister à la fin"
L'exaltation n'était pas exactement la sensation éprouvée par les Israéliens
quand, pendant la guerre du Golfe, ils eurent à s'enfermer dans des pièces hermétiquement isolées et à porter des
masques à gaz pour se protéger de massacres en masse -- et ce pour une guerre dans laquelle
Israël n'était pas même impliqué. Le sentiment ressenti alors était la peur, la terreur,
l'impuissance, ces sentiments juifs ancestraux que la mode post sioniste d'aujourd'hui juge
anachroniques, si ce n'est réactionnaires.
Mais la volonté ne renverse pas la réalité. La guerre du Golfe a rappelé même
aux plus pleins d'espoir qu' à l'époque des armes chimiques, des missiles, et des bombes nucléaires, une époque
dans laquelle aucun pays n'est à l'abri d'armes de destruction de masse, Israël avec sa
population compacte et son territoire réduit est particulièrement vulnérable face à
l'anéantissement.
Israël n'est pas au bord du gouffre. Il n'est pas au bord du précipice. Nous ne sommes en 1948
ni en 1967 ou en 1973. Et il le sait.
Il peut sembler étrange de commencer une étude sur la signification d'Israël et de l'avenir des
Juifs en contemplant la fin. Mais cela permet de concentrer l'esprit. Et cela permet de mettre
les enjeux en évidence. Les enjeux ne pourraient pas être plus élevés. J'affirme qu' à Israël
-- son existence et sa survie -- sont directement rattachés l'existence et la survie du peuple
juif. Ou encore, pour exprimer cette thèse de manière négative, que la fin d'Israël
signifierait la fin du peuple juif.
Le peuple juif a survécu à la destruction et à l'exil aux mains de Babylone en
586 avant Jésus Christ, il a survécu à la destruction et à l'exil aux mains de
Rome en 70 de notre ère, et finalement en 132. Le peuple juif ne peut pas survivre a une autre destruction et exil.
L'Israël moderne du 3eme État, né il y a de cela 50 ans, est le dernier.
Le retour à Sion est maintenant le principal drame du peuple Juif.
Ce qui a commencé comme une expérience est devenu le coeur même du peuple juif --son centre
culturel, spirituel, et psychologique, pour devenir également son centre démographique. Israël
est la clé de voûte. C'est sur ses épaules que reposent les espoirs -- l'unique espoir -- de
continuité et de survie des Juifs.
3. La Diaspora à l'agonie.
En 1950, il y avait 5 millions de Juifs aux États-Unis. En 1990, leur nombre dépassait
légèrement les 5.5 millions. Durant ces décennies, la population globale des États-Unis a
augmente de 65%. Celle des Juifs stagne. En fait, durant le dernier demi-siècle, le pourcentage
de Juifs au sein de la population américaine est passe de 3 à 2.Et aujourd'hui se précise un
déclin non pas relatif mais absolu. Ce qui a maintenu la population juive et son niveau actuel
a été tout d'abord le 'Baby boom' d'après-guerre, puis l'arrivée de 400 000 Juifs,
principalement de l'Union Soviétique.
Mais le 'baby boom' est terminé. Et l'immigration russe touche à sa fin. Le nombre de Juifs s'y
trouvant n'est pas illimité.
Si on ne tient pas compte de ces anomalies historiques, la population juive américaine
aujourd'hui serait moins importante qu'elle l'était en 1950. Elle sera certainement plus faible
demain qu'aujourd'hui. En fait elle est aujourd'hui vouée à un déclin catastrophique. Steve
Bayme, directeur du 'Jewish Communal Affairs', prévoit carrément que d'ici 20 ans la population
juive aura baissé à 4 millions, une perte d'environ 30%. Dans 20 ans! Une projection de juste
quelques décennies de plus donne un futur encore plus effrayant.
Comment une communauté se décime-t-elle dans des conditions aussi favorables que celles des
États-Unis? Simple: fertilité basse et phénomène endémique de mariages mixtes.
Le taux de fertilité chez les Juifs américains est de 1.6 enfants par femme. Le
taux de remplacement (c'est à dire le taux nécessaire pour que la population reste constante) est de
2,1. Le taux courant est donc 20% sous ce qui serait nécessaire pour une progression nulle.
Ainsi le taux de fertilité à lui seul entraînerait une baisse de 20% à chaque
génération. En 3 générations, la population diminuerait de moitié.
Le taux bas de naissance ne découle pas d'une aversion particulière des femmes juives à l'égard
des enfants. C'est tout simplement un cas flagrant du phénomène bien connu du déclin du taux de
naissance avec l'augmentation du niveau d'éducation et du niveau socio-économique. Des femmes
éduquées, à la carrière brillante, ont tendance à se marier tard et à avoir moins de bébés.
Ajoutons maintenant un second facteur, les mariages mixtes. Aux États-Unis aujourd'hui les
Juifs se marient plus avec des chrétiens qu'avec des Juifs. Le taux de mariage mixte est de
52%. (un calcul plus conservateur donne 47%; l'effet démographique reste fondamentalement le
même). En 1970 le taux était de 8%.
Plus important encore pour la continuité juive est l'identité ultime des enfants nés de ces
mariages. Seulement un sur quatre est élevé dans la tradition juive. Ainsi deux tiers des
mariages juifs produisent des enfants dont trois-quarts sont perdus pour le peuple juif. Seul
le taux de mariages mixtes causerait un déclin de 25% en population à chaque génération.
(calcul mathématique disponible sur demande).En deux générations, la moitie des Juifs
disparaîtrait.
Combinez maintenant les effets de la fertilité et des mariages mixtes et faites la supposition
très optimiste que chaque enfant élevé dans la tradition juive grandira en conservant son
identité juive (c'est-à-dire 0 perte). Vous commencez avec 100 Juifs américains; il vous en
reste 60. En une génération, plus d'un tiers aura disparu. En seulement deux générations, 2 sur
3 se seront volatilisés.
On peut atteindre la même conclusion par un autre raisonnement (en ne prenant pas du tout en
compte les mariages mixtes). Un sondage du Los Angeles Times effectué auprès des Juifs
américains en mars 1998 posait une question simple: élevez-vous vos enfants dans la tradition
juive? Seuls 70% ont répondu par l'affirmative. Une population parmi laquelle le taux de
remplacement biologique est de 80% et le taux de remplacement culturel de 70% est vouée a
l'extinction. Par ce calcul, 100 Juifs élèvent 56 enfants juifs. En deux générations, 7 sur 10
Juifs disparaîtront.
Les tendances démographiques dans le reste de la Diaspora sont tout aussi peu encourageantes.
En Europe de l'Ouest, la fertilité et les mariages mixtes sont le reflet de ceux des USA.
Prenez l'Angleterre. Durant la dernière génération, la communauté juive anglaise s'est
comportée comme une sorte de cobaye expérimental: une communauté de la diaspora vivant dans une
société ouverte, mais contrairement à celle des États-Unis, n'étant pas artificiellement
alimentée par l'immigration. Que s'est-il passé? Durant le dernier quart de siècle, le nombre
de Juifs anglais à diminué de plus de 25%.
Durant la même période, la population juive de France a seulement légèrement
diminué. Cependant la raison de cette stabilité relative est un facteur 'unique': l'influx de la communauté juive
d'Afrique du Nord. Cet influx est terminé. En France aujourd'hui seuls une minorité de Juifs
entre 20 et 44 ans vivent dans une famille conventionnelle avec deux parents juifs. La France,
elle aussi, suivra le chemin des autres pays.
"La dissolution de la communauté juive d'Europe" observe Bernard Wasserstein dans 'Une Diaspora
En Voie De Disparition:Les Juifs En Europe Depuis 1945', n'est pas située dans un lointain
futur hypothétique. Le processus est en train de se dérouler sous nos yeux et est déjà
largement avancé." D'après les tendances actuelles, "le nombre de Juifs en Europe en l'an 2000
n'atteindrait pas plus d'un million -- le chiffre le plus bas depuis la fin du Moyen-Age." En
1900, ils étaient 8 millions.
L'histoire ailleurs est encore plus décourageante. Le reste de ce qui fut un jour la Diaspora
est maintenant soit un musée soit un cimetière. L'Europe de l'Est a été vidée de ses Juifs. En
1939, la Pologne comptait 3.2 millions de Juifs. Il en reste aujourd'hui 3500. L'histoire est à
peu près identique dans les autres capitales d'Europe de l'Est.
Le monde islamique, berceau de la grande tradition juive séfarade et patrie d'un tiers de la
population juive mondiale, est aujourd'hui pratiquement Judenrein. Pas un seul pays du monde
islamique ne compte aujourd'hui plus de 20 000 juifs. Après la Turquie avec 19 000 et l'Iran
avec 14 000, le pays ayant la plus grande communauté juive dans le monde Islamique est le Maroc
avec 6100 Juifs. Il y a plus de juifs à Omaha, Nebraska. Ces communautés ne figurent pas dans
les projections. Il n'y a d'ailleurs rien à projeter. Il n'est même pas besoin de les
comptabiliser, juste de s'en rappeler. Leur expression même a disparu. Le Yiddish et le Ladino,
les langues respectives et distinctives des diasporas européennes et sépharades, ainsi que les
communautés qui les ont inventées, ont quasiment disparu.
4. La Dynamique d'Intégration
N'est il pas dangereux de supposer que les tendances actuelles vont perdurer? Non.
Rien ne fera renaître les communautés juives d'Europe de l'est et du monde islamique.
Et rien ne stoppera le déclin rapide par le biais de l'assimilation de la communauté juive de
l'Ouest.
Au contraire. En effectuant une projection plutôt classique des tendances actuelles -- en
supposant, comme je l'ai fait, que les taux restent fixes -- il est risqué de supposer que
l'assimilation ne va pas s'accélérer. Il n'y a rien à l'horizon pour inverser l'intégration des
Juifs dans la culture occidentale. L'attirance des Juifs vers une culture plus vaste et le
niveau d'acceptation des Juifs par cette culture sont sans précédent dans l'histoire.
Tout ceci est clair. Chaque génération devenant de plus en plus intégrée, les
liens avec la tradition s'affaiblissent (comme on peut le mesurer par la présence à la synagogue et le nombre
d'enfants qui reçoivent une quelconque éducation juive). Cette dilution de l'identité, a son
tour, entraîne une tendance plus forte aux mariages mixtes et à l'assimilation. Pourquoi pas? A
quoi renoncent ils?
La boucle est bouclée et s'auto-renforce.
Prenez deux faits culturels. Avec la naissance de la télévision, il y a de cela un
demi-siècle, la vie des juifs en Amérique était représentée par les Goldberg: des
juifs urbains, résolument ethniques, à l'accent marqué, différents socialement.
40 ans plus tard, le Goldberg ont engendré Seinfeld, le divertissement le plus populaire en
Amérique aujourd'hui. Le personnage de Seinfeld n'a de juif que son nom. Il cite éventuellement
son identité juive sans s'excuser ou sans aucune gêne mais, plus important encore, sans
conséquence. Cela n'a pas le moindre impact sur sa vie.
Une assimilation de ce type n'est pas totalement sans précédent. D'une certaine façon, il y a
un parallèle avec le modèle / d'Europe de l'Ouest après l'émancipation des Juifs à la fin du
18e et au début du 19e siècles.
La Révolution française marque le tournant par l'attribution de droits civiques
aux juifs.
Quand ils ont commencé à quitter le ghetto, ils ont tout d'abord rencontré une
résistance à leur intégration et leur progression. Ils étaient encore exclus des
professions libérales, de l'éducation supérieure, et de la plus grande partie de
la société. Mais, alors que ces barrières commencèrent doucement à s'éroder et les Juifs à avancer socialement (à s'élever dans
la société), les Juifs commencèrent une remarquable adhésion à la culture européenne et, pour
la plupart (ou pour beaucoup), au christianisme. Dans son Histoire du Sionisme, Walter Laqueur
cite l'approche de Gabriel Riesser, un avocat éloquent et courageux de l'émancipation du milieu
du 19e siècle, qui disait qu'un Juif préférant une nation 'virtuelle, non existante' telle
qu'Israël a l' Allemagne devrait être place sous protection par la police non pas parce qu'il
était dangereux mais parce qu'il était clairement dément.
Moses Mendelssohn (1729-1786) était un précurseur. Cultivé, cosmopolite, bien que fermement
juif, il était la quintessence de l'émancipation précoce. Ainsi son histoire est devenue
emblématique de la progression historique rapide de l'émancipation vers l'assimilation: 4 de
ses 6 enfants ainsi que 8 de ses 9 petits enfants furent baptisés.
A cette époque plus religieuse, plus chrétienne, l'assimilation prit la forme du baptême, ce
que Henrich Heine avait qualifie de 'ticket d'admission' dans la société Européenne.
Dans cette fin du 20ème siècle nettement plus laïque, l'assimilation signifie
simplement renoncer au nom 'pittoresque', aux rites, ainsi que tout l'attirail et
autres signes distinctifs de son passé de Juif. L'assimilation aujourd'hui est totalement passive.
Ainsi, à part une visite au palais de justice pour transformer, disons, (Shmattes
by) Ralph Lifshitz en (Polo by) Ralph Lauren, l'assimilation est caractérisée par
une absence d'action plutôt que par l'acquisition active d'une autre croyance. Contrairement aux enfants de
Mendelssohn, Seinfeld n'a pas eu besoin d'être baptise.
Nous savons aujourd'hui, bien sûr, qu'en Europe, l'émancipation par l'assimilation s'est
révélée être un leurre. La montée de l'antisémitisme, en particulier l'antisémitisme racial de
la fin du 19eme siècle, atteignant son apogée dans le Nazisme, a détrompé les Juifs de la
notion que l'assimilation leur fournissait une échappatoire au handicap et aux dangers d'être
juif. La saga de la famille de Madeleine Albright est emblématique. De ses quatre grand-parents
juifs, parfaitement intégrés, parents d'enfants dont certains s'étaient convertis et avaient
effacé leur passé de Juif, trois sont morts en camps de concentration nazis en tant que Juifs.
Cependant, le contexte américain est différent. Il n'existe pas dans l'histoire
américaine d'antisémitisme ressemblant même de loin à celui qui existe dans l'histoire de l'Europe. La
tradition américaine de tolérance remonte à 200 ans, au moment de la fondation même du pays.
La lettre de Washington à la synagogue de Newport s'engage non pas à la tolérance -- la
tolérance témoigne de l'absence de persécution accordée comme une faveur par le dominant au
pêcheur - mais à l'égalité. Cette situation n'a aucun pendant dans l'histoire de l'Europe.
Dans un tel pays, l'assimilation semble donc une solution raisonnable à la problématique d'être
juif. On pourrait faire pire que de fusionner son destin à celui d'une nation grande et humaine
dédiée a proposer la dignité humaine et l'égalité.
Et pourtant, alors que l'assimilation peut être une solution pour les Juifs en tant
qu'individus, elle représente clairement un désastre pour les Juifs en tant que
collectif détenteur d'une mémoire, d'une langue, d'une tradition, une liturgie,
une histoire, une foi, un patrimoine qui en conséquence disparaîtront. Quelque
soit la valeur qu'on attribue à l'assimilation, on ne peut pas en nier la réalité.
Les tendances, démographiques et culturelles, sont nettes. Pas seulement dans les anciennes contrées perdues de la Diaspora, pas
seulement dans son ancien centre européen, mais également dans son nouveau centre vital
américain, l'avenir sera fait de diminution, de déclin, puis de disparition. Ceci ne
se produira pas du jour au lendemain. Mais cela arrivera rapidement, en pas plus de deux ou trois
générations, un temps pas beaucoup plus éloigné de notre quotidien que celui de la création de
l'État d'Israël, il y a de cela 50 ans.
5. Israël: l'Exception
Israël est différent. En Israël la grande tentation du modernisme -- l'assimilation
-- n'existe tout simplement pas. Israël est l'incarnation pure et simple de la continuité juive: c'est la
seule nation sur terre qui habite la même terre, porte le même nom, parle la même langue et
vénère le même Dieu qu'elle le faisait il y a 3000 ans. En creusant le sol, on peut trouver des
poteries du temps de David, des pièces de l'époque de Bar Kokhba, et des parchemins vieux de
2000 ans écrits de manière ressemblant remarquablement à celle qui aujourd'hui vante les crèmes
glacées à l'épicerie du coin.
Pourtant, comme la plus grande partie des Israéliens sont laïcs, certains Juifs orthodoxes
(ultra religieux) contestent la revendication d'Israël à perpétuer une authentique histoire
juive (ou histoire du peuple juif). De même pour certains Juifs laïcs. Un critique français (le
sociologue Georges Friedmann) a qualifie un jour les Israéliens de 'goys parlant hébreu'. En
fait, il y eut même une période durant laquelle il était à la mode au sein d'un groupe
d'intellectuels laïcs israéliens de se qualifier de "Canaanites", c'est-à-dire des personnes
enracinées dans le pays, mais reniant totalement leur tradition religieuse d'appartenance.
Et bien appelez ces personnes comme vous le souhaitez. "Juifs", après tout, est une appellation
assez récente pour ce peuple. Tout d'abord ce furent les 'Hébreux', puis les 'Israélites'.
'Juif' (qui vient du royaume de Juda, un des deux États qui ont succédé au royaume de David et
de Salomon) est le terme de post-exil pour 'Israélite'. C'est un nouveau venu dans l'Histoire.
Comment qualifier un Israélien qui ne respecte pas les règles alimentaires, ne
va pas a la synagogue, et considère Shabbat comme le jour pour faire un tour en voiture à la plage -- ce
qui est en passant une assez bonne description de la plupart des premiers ministres d'Israël --
cela n'a aucune importance. Installez un peuple juif dans un pays qui se paralyse le jour du
Kippour; parle le langage de la Bible; vit au rythme (lunaire) du calendrier hébraïque;
construit ses villes avec les pierres de ses ancêtres; produit une littérature et une poésie
hébraïques, une éducation et un enseignement juifs qui n'ont pas d'égal au monde -- et vous
aurez la continuité. Les Israéliens pourraient s'appeler autrement. Peut-être qu'un jour nous
reléguerons le terme de Juifs à l'expérience d'exil d'il y a 2000 ans et nous les appellerons
les 'Hébreux'. Ce terme a une belle connotation historique, étant le nom que Joseph et Jonas
ont donne en réponse a la question:"Qui êtes-vous?".
Au sein du milieu culturel de l'Israël moderne, l'assimilation n'est pas vraiment le problème.
Bien sur les Israéliens mangent chez Mc Do et regardent les rediffusions de Dallas. Tout comme
le font les Russes, les Chinois ou les Danois. Dire qu'il existe une influence occidentale
(lisez: américaine) forte sur la culture israélienne ne signifie rien de plus que de dire
qu'Israël subit la pression de la globalisation comme toute autre pays. Mais cela ne change en
rien sa particularité culturelle, prouvée par les grandes difficultés qu'ont les
immigrants à s'adapter à Israël.
Dans le contexte israélien, l'assimilation signifie le re-attachement des Juifs
Russes et Roumains, Ouzbeks et Irakiens, Algériens et Argentins à une culture distinctement hébraïque.
Cela signifie donc exactement l'oppose de ce que cela signifie dans la diaspora: cela signifie
l'abandon des langues, coutumes et traditions étrangères. Cela signifie l'abandon de Noël et de
Pâques pour les remplacer par Hanouka et Pessah. Cela signifie l'abandon de la mémoire
ancestrale des steppes et des pampas du monde pour les collines de Galilée et la pierre de
Jérusalem et la désolation de la Mer Morte. Voila ce que ces nouveaux Israéliens apprennent.
C'est ce qui sera transmis a leurs enfants. C'est pour cela que leur survie en tant que Juifs
est assurée. Quelqu'un mettrait-il en doute le fait que le million de Russes qui ont immigré en
Israël aurait été perdu pour le peuple juif s'ils étaient restes en Russie, et que maintenant
ils ne sont plus perdus?
Certains ne sont pas d'accord avec l'idée qu'Israël est le porteur de la continuité du peuple
juif a cause de la multitude de désaccords et de fractures entre Israéliens: Orthodoxes contre
Laïcs, Ashkénazes contre Sépharades, Russes contre Sabras, etc.…
Israël est aujourd'hui engagé dans d'amers débats sur la légitimité du judaïsme
conservateur et réformiste ainsi que l'empiétement de l'orthodoxie sur la vie sociale et civique du pays.
Et alors, quoi de nouveau? Israël est tout simplement en train de récapituler la
norme juive. Il existe des divisions tout aussi sérieuses au sein de la diaspora,
tout comme il en existait au sein du dernier État Juif: "avant l'ascendant des Pharisiens et l'émergence d'une orthodoxie
rabbinique après la chute du second temple," écrit l'universitaire Frank Cross, "le judaïsme
était plus complexe et panaché que nous l'avions supposé"."Les Manuscrits de la Mer
Morte", explique Hershel Shanks, "insistent sur une variété mésestimée jusqu'à aujourd'hui du Judaïsme
de la fin de la période du Second Temple, à tel point que les universitaires évoquent souvent,
non pas le Judaïsme, mais les Judaïsmes".
Le deuxième État était une guerre de sectarisme Juif: Pharisiens, Saducéens, Esséniens,
apocalyptiques de tous bords, sectes aujourd'hui perdues dans l'histoire, sans parler des
premiers chrétiens. Ceux qui s'inquiètent des tensions entre laïcs et religieux en Israël
devraient méditer sur la lutte longue de plusieurs siècles entre les Hellénistes et les
traditionalistes pendant le deuxième État. La révolte de Macchabées entre 167 et 164 avant J.C,
célébrée aujourd'hui à Hanoukka, était, entre autre, une guerre civile juive.
Oui, il est peu probable qu'Israël produise une identité juive unique. Mais cela n'est pas
nécessaire.
Le monolithe relatif du judaïsme rabbinique au Moyen Age est l'exception. Fracture et division
sont les réalités du quotidien dans l'ère moderne, tout comme elles l'étaient pendant le 1er et
le 2ème États. Ainsi, pendant la période du premier temple, le peuple d'Israël était séparé en
deux États en conflit quasi permanent. Les divisions actuelles au sein d'Israël ne supportent
pas la comparaison.
Quelque soient l'identité ou les identités adoptées finalement par les Israéliens,
le fait est que pour eux le problème majeur de la communauté juive de la Diaspora --
suicide par assimilation -- n'existe tout simplement pas. Béni par la sécurité de son identité, Israël se
développe. Et le résultat en est qu'Israël n'est plus seulement le centre culturel
du monde juif, Israël en devient aussi rapidement son centre démographique. Le taux de
natalité relativement élevé entraîne une augmentation naturelle de la population. Ajoutez à cela un taux
net stable d'immigration (presque un million depuis la fin des années 80), et les
chiffres en Israël progressent inexorablement même si la diaspora diminue. D'ici une décennie Israël
dépassera les USA en tant que communauté juive la plus importante au monde. D'ici la fin de
notre vie, la majorité des Juifs du monde vivront en Israël. Cela ne s'était pas
produit depuis bien avant l'ère chrétienne.
I l y a de cela un siècle, l'Europe était le centre de la vie juive. Plus de 80% de la
population juive du monde y vivait. La deuxième guerre mondiale a détruit la communauté juive
Européenne et disperse les survivants vers le nouveau monde, (principalement les États-Unis) et
vers Israël. Aujourd'hui nous avons un univers juif bipolaire avec deux centres de gravite de
taille approximativement égale. C'est une étape de transition pourtant. Une étoile est
en train de s'atténuer, et l'autre de s'éclairer.
Bientôt et inévitablement la face du peuple juif aura été transformée à nouveau,
pour devenir un système mono planétaire avec une Diaspora faiblissante en orbite. Cela sera un retour à
l'ancienne norme: le peuple juif sera concentré -- non seulement spirituellement mais aussi
physiquement -- dans sa patrie historique.
6. La Fin de la Dispersion
Les conséquences de cette transformation sont énormes. La position centrale d'Israël est plus
qu'une question de démographie. Elle représente une nouvelle stratégie hardie et dangereuse
pour la survie du peuple juif. Pendant deux millénaires, le peuple juif a survécu grâce à la
dispersion et l'isolement. Après le premier exil en 586 avant J.C et le second exil en 70 puis
132, les Juifs se sont répartis d'abord en Mésopotamie et autour du bassin Méditerranéen, puis
vers l'Europe de l'Est et du Nord, et éventuellement vers le Nouveau Monde à l'Ouest, avec des
communautés pratiquement aux quatre coins du monde, même en Inde et en Chine.
Tout au long de cette période, le peuple juif a survécu à la pression immense de la
persécution, des massacres et des conversions forcées, pas seulement par sa foi et son courage,
mais aussi grâce à sa dispersion géographique. Décimés ici, ils survivaient
ailleurs. Les milliers de villages et de villes juifs repartis dans toute l'Europe, le monde
islamique et le nouveau monde formaient une sorte d'assurance démographique. Même si de nombreux Juifs étaient
massacrés lors de la première croisade le long du Rhin, même si de nombreux villages étaient
détruits durant les pogroms de 1648 -- 1649 en Ukraine, il y en avait encore des milliers
d'autres répartis sur toute la planète pour continuer. Cette dispersion a contribue a la
faiblesse et la vulnérabilité des communautés juives prises séparément. Paradoxalement
pourtant, elle a contribué à l'endurance et la force du peuple juif comme un tout. Aucun tyran
ne pouvait réunir une force suffisante pour menacer la survie du peuple juif partout dans le
monde.
Jusqu'à Hitler. Les Nazis sont parvenus à détruire presque tout ce qu'il y avait de juif des
Pyrénées aux portes de Stalingrad, une civilisation entière vieille de mille ans. Il y avait 9
millions de Juifs en Europe quand Hitler a accédé au pouvoir. Il a exterminé les deux tiers
d'entre eux. Cinquante ans plus tard, les Juifs ne s'en sont pas encore remis. Il y avait seize
millions de Juifs dans le monde en 1939. Aujourd'hui ils sont treize millions.
Pourtant les conséquences de l'Holocauste n'ont pas été que démographiques. Elles ont été
psychologiques bien sûr, et aussi idéologiques. Cela a été la preuve une fois pour toutes du
danger catastrophique de l'impuissance. La solution était l'auto défense, ce qui signifiait une
reconcentration démographique dans un lieu doté de souveraineté, d'armes, étant un véritable
État.
Avant la deuxième guerre mondiale, il existait un véritable débat au sein du monde juif sur le
sionisme. Les juifs réformistes par exemple avaient été pendant des décennies anti-sionistes.
L'Holocauste a permis de clore ce débat. A part certains extrêmes -- la droite
ultra orthodoxe et l'extrême-gauche -- le sionisme devint la solution acceptée à
l'impuissance et la vulnérabilité juives. Au milieu des ruines, les juifs prirent la
décision collective de dire que leur futur repose sur l'auto-défense et la territorialité, le rassemblement des exiles en
un endroit où ils pourraient enfin acquérir les moyens de se défendre eux-mêmes.
C'était la bonne décision, la seule décision possible. Mais si périlleuse.
Quel curieux choix de lieu pour la dernière bataille: un point sur la carte, un
petit morceau de quasi désert, une fine bande d'habitation juive à l'abri de barrières naturelles on ne peut
plus fragiles (dont le monde exige d'Israël qu'elle y renonce). Une attaque de tanks
suffisamment déterminée peut la couper en deux. Un petit arsenal de SCUDS à tête nucléaire peut
la détruire intégralement.
Pour détruire le peuple juif, Hitler devait conquérir le monde. Tout ce qu'il faudrait
aujourd'hui serait conquérir un territoire plus petit que le Vermont. La terrible ironie est
qu'en permettant de résoudre leur problème d'impuissance, les Juifs ont mis tous leurs œufs
dans le même panier, un petit panier au bord de la Méditerranée. Et de son sort dépend le sort
de tous les Juifs.
7. Envisager l'Impossible
Et si le 3eme État Juif trouvait la mort tout comme les deux premiers?
Ce scénario n'est pas si aberrant: un État Palestinien est né, s'arme, conclue des alliances
avec, disons, l'Iraq et la Syrie. La guerre éclate entre la Palestine et Israël ( au sujet des
frontières ou de l'eau ou du terrorisme). La Syrie et l'Iraq attaquent de l'extérieur. L'Égypte
et l'Arabie Saoudite se joignent à la bataille.
Le front subit des attaques guérilla de la part de la Palestine.
Les armes chimiques et biologiques pleuvent de Syrie, d'Iraq et d'Iran. Israël est envahi.
Pourquoi est-ce la fin? Le peuple juif ne peut il pas survivre comme il l'a fait
quand sa patrie a été détruite et son indépendance politique anéantie comme
ce fut le cas deux fois auparavant? Pourquoi pas un nouvel exil, une nouvelle Diaspora, un nouveau cycle de l'histoire
juive?
Tout d'abord parce que les conditions culturelles de l'exil seraient extrêmement différentes.
Les premiers exils se sont produits à une époque où l'identité était quasiment synonyme de
religion. Une expulsion deux millénaires plus tard dans un monde devenu laïc n'est en rien
comparable.
Mais plus important encore: pourquoi garder une telle identité? Au delà de la dislocation
viendrait l'abattement pur et simple. Un tel événement anéantirait l'esprit. Aucun peuple ne
pourrait y survivre. Pas même les Juifs. Il s 'agit là d'un peuple qui a miraculeusement
survécu à deux précédentes destructions et deux millénaires de persécution dans l'espoir d'un
retour définitif et de Restauration. Israël représente cet espoir. Le voir détruit, avoir des
Isaïe et des Jérémie pleurer les veuves de Sion une fois encore au milieu des ruines de
Jérusalem est plus que ce qu'un peuple pourrait supporter.
En particulier après l'Holocauste, la pire calamite de l'histoire juive. Y avoir survécu est
déjà suffisamment miraculeux en soi. Survivre alors à la destruction de ce qui naquit pour le
sauver -- le nouvel État juif -- consisterait à attribuer au sens de la nation et de la survie
des Juifs un pouvoir surnaturel.
Certains Juifs et certaines communautés dispersées survivraient, bien sûr. Les
plus dévots, déjà une minorité, continueraient tels une tribu exotique, un anachronisme pittoresque du style
Amish, le vestige disperse et à plaindre d'un vestige même.
Mais les Juifs en tant que peuple auront disparu de l'histoire.
Nous supposons que l'histoire juive est cyclique: exil babylonien en 586 av. J.C., suivi par le
retour en 538 av. J.C., exil romain en 135, suivi par le retour, légèrement différé en 1948.
Nous oublions une partie linéaire de l'histoire juive: il y a eu une autre destruction, un
siècle et demi avant la chute du 1er temple. Elle restera irréparable.
En 722 av. J.C., les Assyriens firent la conquête de l'autre État Juif, le plus
grand, le royaume du nord d'Israël (la Judée, dont descendent les juifs modernes, était le royaume du
Sud).Il s'agit de l'Israël des 10 tribus, exilées et perdues pour toujours.
Leur mystère est si persistant que, lorsque les explorateurs Lewis et Clark partirent pour leur
expédition dans les grandes plaines de l'Ouest américain, une des multiples questions préparées
pour eux par le Dr Benjamin Rush à la demande du président Jefferson lui-même fut la suivante:
"Quel lien existe-t-il entre leurs (celles des Indiens) cérémonies et celles des
Juifs?"
"Thomas Jefferson et Meriwether Lewis avaient longuement parle de ces tribus" explique Stephen
Ambrose. "Ils ont envisagé que les tribus perdues d'Israël pouvaient être quelque part dans les
plaines".
Hélas, ce n'est pas le cas.
Les 10 tribus se sont fondues dans l'histoire. En cela elles sont à l'image de la
norme historique
Tout peuple conquis de cette façon et exilé a disparu avec le temps. Seuls les
Juifs ont défié cette norme a deux reprises.
Mais, je le crains, jamais plus.
© Charles Krauthammer & The Weekly Standard, 1998.
Traduit de l'anglais par Nathalie Lerner
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