Dans la Genèse selon Jean Simon Sarfati, la vie serait apparue sur Terre par des combinaisons aléatoires de macromolécules il y a environ 3,8 milliards d'années. Si la datation de l'origine de la vie sur Terre semble un fait admis, le fossé qui sépare l'inerte du vivant est devenu un goufre à mesure de l'augmentation des connaisances. Même si les 800 millions d'années prébiotiques représentent un temps considérable pour des réactions chimiques, les chances d'un assemblage aléatoire de l'ADN ou de l'ARN à partir de ses composantes élémentaires sont si faibles qu'elles équivalent à zéro. La somme totale des molécules de proteines comprenant 100 unités d'acides aminés est de 20 à la puissance 100, excédant le nombre de particules de matière dans l'univers observable. Autant demander à un singe d'écrire la bible en tapant sur un clavier au hasard. D'où la question fondamentale de savoir si la surface de la Terre a été inséminée d'un autre lieu. Cette hypothèse évoquée au siècle dernier, appelée "Panspermie" se nourrit de la découverte de molécules organiques dans les comètes, les nuages interstellaires et les météorites, comme celle de Murchinson, tombée en 1969 en Australie, qui abritait plus de 500 molécules organiques dont des acides aminés et des acides gras. Mais reporter le problème fondamental de la création du Vivant à partir du non-Vivant sur une autre planète ne fait que déplacer le problème. En observant cette rose en face de moi qui comprend plus de complexité et de délicatesse que tout l'Univers, je me dis que même si l'on m'accordait des millions d'années, je serais incapable de synthétiser la moindre cellule de ses pétales à partir de ses composants. Supposons un l'instant (Dieu m'en préserve!) que je sois Dieu, et que je repère une planète ni trop petite, ni trop grosse, ni trop près ni trop loin de son étoile le Soleil, et que je veuille y ensemencer de la vie, afin que 4 milliards d'années plus tard, des étres évolués appelés humains puissent s'émerveiller de ma création (principe anthropique). D'abord se pencher sur le problème classique de l'oeuf et de la poule. En simplifiant, la vie peut se définir comme l'interaction de deux types de molécules: les acides nucléiques (ADN, ARN) d'une part et les enzymes (proteines) de l'autre. Les acides nucleiques, qui contiennent l'information génétique, sont répliqués grace aux enzymes. Parallélement, les enzymes ne pourraient être produites sans les acides nucléiques qui en détiennent la recette. Il faut donc synthétiser une espèce d'ARN appelée ribozyme capable de se répliquer sans l'aide d'enzymes et ayant revêtu à la fois les habits de l'oeuf et de la poule. Il me faut à présent utiliser un modèle moléculaire, à la manière de Crick et Watson, et détenir toutes les briques necessaires à cet assemblage: Les phosphates, le ribose (pour l'ARN) ou le desoxyribose (pour l'ADN) , et les bases Adénine (A), Thymine (T), Guanine (G), Cytosine (C), et Uracile (U). Accrocher le ribose au phosphate puis les bases au ribose pour obtenir une double hélice tournant à droite avec la correspondance A-T et C-G, afin d'établir un code génétique universel qui permettra avec le temps de fabriquer aussi bien les bactéries que les plantes, les animaux et l'homme. Les hommes s'escrimeront en vain à créer d'autres modèles de double hélice avec d'autres sucres et d'autres bases, ce qui démontre à quel point mon choix était judicieux. A présent, synthétiser les proteines et les enzymes. Un jeune blanc-bec nommé Stanley Miller a prétendu découvrir en 1956 la génération spontanée (privilège qui n'appartient qu'à moi!) parce qu'il avait obtenu dix des vingt acides aminés essentiels en envoyant des décharges électriques dans un mélange de méthane, d'azote, d'eau et d'ammoniaque. Seulement, d'une part l'atmosphère prébiotique n'était pas réductrice, et d'autre part ses acides aminés étaient désespérément racémiques (DL). Pasteur, qui était un amateur de bons vins, après avoir tordu le cou à la génération spontanée (seul le vivant peut produire du vivant, disait-il), découvrit la chiralité en observant des cristaux de tartrates sur les barriques de vin, qu'il associa à la présence de carbones asymétriques dans la molécule. Ceci rend une molécule chirale non superposable à son image dans le miroir. et capable de faire tourner le plan de polarisation de la lumière vers la droite (formes D), ou vers la gauche (formes L). Comme je suis Dieu, je vais décréter que tous les acides aminés droits (D) et tous les sucres gauches ( L) seront rayés de la surface de la terre. Je me les réserve pour créer la vie sur une autre planète où tous les ADN et ARN tourneront à gauche, de même que les cordons ombilicaux, les liserons, et les coquilles d'escargots (sauf une sur un million), et où tout le monde roulera à gauche, sauf les Britanniques. Outre les millions de nucléotides, de protéines et enzymes, il va me falloir suppléer aux besoins énergétiques de la cellule en créant les mitochondries et les porphyrines, enrober tout celà dans le cytoplasme, puis isoler le tout du monde extérieur en utilisant les lipides et les stéroides pour fabriquer la membrane semi-perméable. Pour couronner le tout, il me faut donner à ma création une touche "bricolée" en introduisant des introns et des gènes redondants ou inutiles. Tout celà pour aboutir à l'espèce vivante la plus simple que représente une archaebactérie procaryote capable de se développer dans les milieux anaérobies et thermophiles. Et dire que les Juifs ont pu imaginer que j'aie pu créer tout celà en un jour! Pour m'avoir surestimé et présumé de mon pouvoir, je vais leur parler par l'intermédiaire d'un prince égyptien piètre orateur, et leur imposer les 613 halakhot. Ainsi ils seront privés de choucroute garnie, de langoustes, de fruits de mer, de jambon de Parme et de Chateau Margaux! Bon, il ne me reste plus qu'à semer une poignée de bactéries sur Terre. J'irai consulter dans deux jours (1 jour divin = 1,9 milliards d'années terrestres) dans la rubrique Adra de Harissa.com pour savoir où ils en sont, ces rkiks!