J'ai rencontré une femme kamikaze à Colombo

J'ai rencontré une femme kamikaze à Colombo

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J'ai rencontré une femme kamikaze à Colombo (rencontre rapportée dans Le Monde)

De cette rencontre je tire néanmoins quelques conclusions simples l'effet de secte, l'extase de la mort et du martyr La faiblesse de toutes les explication en termes de misère détresse "proletaires-absolus-qui-ne-posseraient-que-leur-propre-corps -et-n'auraient-d'autre-ressource-que-de-jeter-leur-propre-vie- sur-le-marche-de-l'histoire-universelle"

L'échec de toutes les théories progressistes ancrant ce genre d'acte suicidaire dans je ne sais quel désespoir en faisant l'impasse sur ce qu'a de spécifique le délire fondamentaliste. Et puis le fait aussi que face a quelqu'un qui fonctionne ainsi face a un home qui est prêt a donner cette vie en échange des neuf vierges qu'on lui promet au paradis, face aux dizaines de
human bombs en puissance qui sont probablement déjà mêlées a la population de Jérusalem et Tel Aviv, les armées régulières, la vigilance des citoyens sont tragiquement démunies. Ce colonel du Fatah dont j'avais rapporté la sentence "nous aimons beaucoup plus la mort que les juifs n'aiment la vie".

Cela dit c'est un sondage selon lequel 3 palestiniens sur 4 seraient favorables a la poursuite des attentats suicides. Ce chiffre laisse sans voix comment ne pas dire qu'il va dans le sens de cette radicalisation de la rue palestinienne "Non plus la colère mais la haine, cette haine terrible recuite depuis des décennies au feux doux des médias, des manuels scolaires empoisonnes, des prêches de certains imams. Une haine qui ne reproche plus aux juifs d'occuper telle ou telle partie de la Palestine, de se doter de tel ou tel gouvernement... mais simplement d'être le corps étranger en terre d'islam, souillure indélébile, scandale. Une haine totale comme dans les années 50 et 60 et que l'on croyait révolus, sur le refus d'Israël comme tel et de l'espoir de le voir bientôt quitter la scène... et qu'Israël pourrait être après tout une parenthèse dans l'histoire du moyen orient.

Je ne dis pas que cette haine soit inexpiable, mais je dis que cette paix qui est le salut d'Israël, il faudra prendre l'habitude pour un temps de la vouloir pour deux.

Quelle politique face aux débordements mystiques des kamikazes dont la multiplication précipiterait Israël dans la crise la plus tragique de son histoire ?

Faire pression sur Arafat sans doute, le sommer de mettre au pas les fauteurs qui dépendent de lui.

Exiger qu'il agisse sur des radios, des journaux qui eux aussi sont sous son entier contrôle et dont les appels au meurtre quotidiens sont donc de sa responsabilité personnelle.

Obtenir enfin qu'il fasse remettre en prison les 100 ou 110 militants impliques dans la vague d'attentats de 1996 et qu'il a fait libérer en octobre dernier... Mais cela ne suffira pas et Israël ne sortira de cette nasse que si l'on prend enfin conscience qu'il n'y a qu'une manière a la fois digne et efficace de protéger Israël : tracer une frontière et s'y tenir, se donner
tous les moyens militaires et politiques de la défendre; en bref en séparant les population de Cisjordanie et de Gaza, en démantelant toutes les implantations juives de Judée et Samarie, condamner Arafat a cet État dont visiblement il ne veut pas et qui est pourtant la seule issue.

© Bernard-Henri Lévy, Le Point, 2001.

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