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REVEILLON DU 31 DECEMBRE ET JUDAISME |
Chers tous,
Nous avons collecté les réactions au libre propos de Jean-David Hamou sur la
question du réveillon de jour de l'an, réactions dont nous vous proposons
ici une petite synthèse. Rappelons que l'aimable président de notre non
moins aimable association, engageait ses coreligionnaires à ne pas marquer le
rendez-vous du 31 décembre, en raison du caractère initialement chrétien de
cette célébration, même si, aux yeux du plus grand nombre, il ne s'agissit
plus aujourd'hui que d'une fête civile. Il signalait également le
problème de la mixité des danses, propre à nombre des soirées organisées
à cette occasion, et qu'interdisent nos sages.
Parmi les courriels enregistrés, les uns ont simplement manifesté leur
approbation sans autre commentaire, d'autres leurs réserves. Parmi ces
derniers, un correspondant a trouvé ce billet "extrêmement
sectaire". Tel n'était certes pas le propos, qui invitait précisément
à la réflexion et au débat sur ce thème, en pleine indépendance de pensée.
Cependant, les réponses les plus intéressantes traduisent des sentiments
plus partagés:
Arielle nous écrit qu'à ses yeux, le réveillon du 31 décembre n'est certes
pas réellement une fête religieuse: il est associé, dans l'esprit du plus
grand nombre, à un changement d'année, et non à la circoncision du
"divin enfant". Mais, poursuit-elle, faire un réveillon à cette
occasion constitue un usage qui nous est étranger, "et l'on se doit d'éviter
de le faire. En revanche, il est vrai que comme la plupart d'entre nous ne
travaillons pas le lendemain, cela peut être l'occasion de se retrouver, mais
sans "flonflons, cotillons" et autres voeux de bonne année."
Chalva est pour sa part d'accord avec le propos général de ce billet,
"bien que j'aie quand même les boules d'avoir tenu à rester chez moi
alors que tous mes amis s'éclataient dehors". Elle relève que, "
bien que cette fête soit le fruit d'une croyance qui n'est pas la nôtre,
elle a perdu de sa connotation religieuse, et aujourd'hui, les gens fêtent
tout simplement la
nouvelle année civile. Alors, est-ce qu'il faut forcément jouer aux
consciencieux qui n'oublient pas que le calendrier est basé sur la vie de
Jésus, alors que la plupart des gens ne le savent plus et que tout le monde
s'en f...? Je ne sais pas si la problématique ne s'est pas déplacée
au fil du temps... Il n'en reste pas moins que je n'ai pas envie de le fêter
tant que je n'aurai pas résolu cette question... le débat reste
ouvert."
Patricia se demande, quant à elle, s'il est bien certain que le réveillon
possède, à l'origine, une thématique chrétienne. Pour sa part, elle y voit
une fête civile et non religieuse: "cela fait une occasion de plus de
faire la fête et d'être entre amis et rien de plus."
Sur la question qu'elle (se) pose, nous avons consulté le Directeur de
l'Institut catholique de Paris (rue d'Assas), qui nous a fort aimablement
répondu que le 1er janvier n'entrait pas à proprement parler dans le
calendrier liturgique chrétien, mais qu'il était l'occasion 1) de réunions
de prière 2) d'une bénédiction pontificale généralement pour la paix.
Quant à la mention de la circoncision de Jésus, il en est effectivement
question dans les Evangiles; et si l'on constate que huit jours séparent bien
le 25
décembre (fête de la nativité) du 1er janvier, ce n'est pourtant que le 2 février
que la lecture de ce passage est faite à l'église. Il y a donc
dissociation entre le thème initial dont est empreint le 1er janvier (qui
n'en existe pas moins, si nous comprenons bien) et l'entrée de ce thème dans
la liturgie.
Le Rabbin Alain Michel, que nous n'avons pas encore l'heur de connaître, nous
adresse depuis Jérusalem une longue réponse où il discute de nombreux
points, qui déborderaient quelque peu le cadre de cette modeste revue
d'opinions. Il fait valoir en particulier qu'au cours des siècles, les
emprunts juifs aux usages environnants n'ont pas été rares, et cite à ce
propos le cas de la kippa, qui serait selon lui d'origine babylonienne, ou
l'allumage de bougies sur la tombe des tsaddiqim où il voit l'écho d'usages
musulmans. Au sujet de la mixité, il n'approuve pas la position de la "séparation
totale", et invite plutôt à réfléchir à "ce que doit être une
véritable éducation morale dans une société constituée et d'hommes, et de
femmes." L'on ne saurait mieux dire! Reconnaissons cependant qu'il n'était
pas question, dans le billet initial, de prôner une séparation totale des
garçons et des filles (laquelle serait au surplus fâcheuse pour la courbe
des mariages), mais de rappeler la position juive en matière de mixité des
danses; signalons aussi que les activités d'Autour du Livre sont mixtes, pour
la grande majorité d'entre elles.
Revenons donc au 1er janvier. Après l'angle liturgique(qu'avait abordé pour
nous le Directeur de l'Institut catholique), le Rabbin Michel avance une
vision historique: Le 1er janvier "est au départ une fête paiënne, qui
célèbre le retour de la lumière après le solstice d'hiver, et qui se
trouve dans presque toutes les grandes civilisations." La notion de
nouvel an est apparue beaucoup plus tard, après que cette fête eut été
canalisée par l'Eglise. Si tel est bien le cas, le paganisme originel de
cette célébration
serait-il moins problématique que son orientation chrétienne tardive?
Yona est en revanche un garçon de sensibilité 'harédi. C'est surtout la
mixité des danses qu'il évoque, et ajoute: "Il est à constater que les
questions relatives à la tsniout (pudeur) au sein de notre peuple sont
rarement abordées par nos institutions religieuses (...) Or la faute de
guilouy arayote (unions charnelles interdites) dépasse de très loin le
simple festin du 31 decembre."
Le mot de la fin (qui est une plaisanterie) sera laissé à Arnaud:
"Comme ce que tu dis sur tous les sujets chauds, je suis d'accord et pas
d'accord. Disons que c'est sympa de fêter la brit (circoncision) d'un juif, même
mort il y a deux mille ans ... "
Voilà pour aujourd'hui. En tous les cas, et quelle que soit (ou en raison même
de) la variété des opinions présentées, nous avons apprécié cet échange
avec nos correspondants, que nous saluons, bien fraternellement.
autourdulivre@free.fr
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