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VITAMINE T COMME TORAH
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Un jour que je me promenais dans une rue très piétonne du centre ville, je croisai un vieil ami ; à première vue, je ne reconnus pas sous la barbe et le chapeau noir ce visage qui pourtant mavait été très familier ; mais nos regards se croisèrent, ce qui eut pour effet darrêter nos pas ; nous fîmes demi-tour et nous nous retrouvâmes lun en face de lautre, interloqués et émus de nous être soudainement souvenus lun de lautre.
« Simon ? dis-je la première. Nêtes-vous pas Simon R. ? » Simon, car cétait bien lui, acquiesça en minterrogeant à mon tour :
« Mais alors tu es Joyce
? Joyce ATTAL ma camarade de Lycée et de Fac. ! Hé oui ! un peu vieillie,
mariée, et étonnée de te rencontrer ainsi vêtu ! Cest une longue
histoire. Oh ! jaimerais tant lécouter
si tu as le temps bien
sûr. En ce qui me concerne les enfants sont à lécole et je peux discuter avec toi
jusquà 16h30. Alors cest entendu ! Allons nous asseoir sur ce banc,
car je ne peux pas tinviter dans un café, cest assour ! »
Cest ainsi que je pris conscience de la véritable métamorphose de cet ami que
javais connu libertin jusquà afficher un nihilisme allant souvent
jusquà la dépravation. Tout à coup, il me revint en mémoire toutes nos
discussions au sujet de la vie, de la morale et de la religion, et je me revis en train de
prévenir ce monsieur des désordres quil encourait en pensant et en agissant de
cette sorte ; je compris à ce moment que cet être en mal de lui-même avait plus
dune fois choqué et inquiété la croyante que jétais déjà à
lépoque ; cétait pour ces raisons que javais toujours su tenir mon
âme, encore fragile, de ce juif désuvré.
Comment avait donc opéré un tel miracle ? Etait-ce donc une réussite de la téchouvah ?
Jécoutai ce que Simon voulut bien me confier.
Les yeux baissés, il commença en ces termes : « - Te rappelles-tu cette horrible
époque où tu me regardais tristement agir de manière inconsidérée et répréhensible
?
Oh, oui ! répondis-je en soupirant.
En ces temps
jétais dépravé au point de souiller tous ceux qui mapprochaient , et
pourtant, tu continuais à essayer de raisonner mon âme perdue ; je me souviens de ce
dernier été, juste avant les vacances, tu me dis au revoir en me faisant promettre de
regarder un jour vers le ciel ; jen avais ri, mais je promis en te rétorquant que
les couleurs du ciel étaient pour moi aussi moi aussi noires quune nuit après une
sortie trop arrosée dalcool
»
Je linterrompis :
« -Javais mal de te voir arriver en Amphi, hilarant et titubant, la bouche pâteuse
et le verbe trop haut ; néanmoins, tu étais un génie qui dun côté
samusait à se détruire dans immoralité et le peu de vertu, et dun autre
coté, réussissait à chaque examen à te hisser parmi les premiers de la promo.
- Cest vrai que ni lalcool, ni les nuits blanches navaient heureusement
deffet sur mes études que je pus terminer sans embûches. Je reviens donc à ce
dernier été ; tout le monde était rentrer chez soi, et je vaquais lâme en peine
aux environs de lUniversité. Je venais de finir brillamment ma dernière année
mais cela me provoquait une amertume incontrôlable qui m écurait ; je
massis à une terrasse de bar, lair provoquant, la chemise ouverte
impudiquement qui découvrait un torse sur lequel brillait mon étoile de David, te
souviens-tu de sa grande taille ?
-Javoue que je la trouvais un trop voyante et surtout vulgaire, dis-je.
- Cétait exactement le look qui me convenait à cette époque ! Je regardais passer
les autres en sirotant un verre de Gin. Un étrange personnage se planta devant moi et me
dit « Es-tu israélite ? Oui, pourquoi ? répondis-je, lair effronté.
Jaimerais que tu acceptes de mettre les Téphilines. Quest-ce
que cela ?, je fis mine de nen avoir jamais en connaissance. » Le personnage se mit
à décrire les bienfaits accordés à ceux qui mettaient les Téphilines, pendant que je
lui riais au nez, linterrompant à chaque instant, et essayant de le dérouter pour
le faire douter de sa foi et le perturber à jamais ; cétait mon jeu préféré !
et tu étais la seule de mes amis qui avait pu résister cela jusquà
lapparition de ce personnage. En effet, il semblait imperturbable et avait réponse
à chaque argument aussi désorientant aurait pu-t-il être pour un autre que lui ; je
devais me rendre à lévidence : rien ne pourrait le faire penser différemment et
javais perdu au jeu ! Jacceptais ma défaite, et pour être beau joueur, je
tendis ma tête et mon bras pour quil y mit les Téphilines, ce quil
sempressa daccomplir.
- Tu as mis les Téphilines, alors que tu ne croyais à rien !
- Eh oui ! Je les ai portées, et jai répété les mots dHébreu quil
me dit. Ce que je nai jamais raconté à quiconque cest leffet que cela
produisit dans mon âme que je croyais inexistante : elle se manifesta, je fus pris de
frissons, et de crainte, je me mis alors à douter ! Il avait gagné et jen eus
peur. Cest à cet instant, la tête couronnée du sceau dAchem et le bras
enserré de cuir noir, que je compris quon néchappe pas à sa destinée de
juif et que je naquis une seconde fois en tant que tel. Le religieux me remercia,
lair de rien, et repartit ; il savait
- Pourtant, les nouvelles que javais de toi ne me montrèrent rien de toutes ces
choses.
- Jai lutté, jai lutté pour exister et rester tel que javais été.
Mais chaque fois que je dérivais, je prenais conscience du mal que je minfligeais,
je pervertissais volontairement mon âme pour ne pas lever les yeux vers ciel, et chaque
fois que je me perdais, mon esprit me faisais apparaître la pureté de ton visage et
celle du religieux en train de me placer les Téphilines. Jai lutté des années
durant contre mon propre moi juif, ce moi que javais entrevu un matin de juillet.
- Et comment es-tu parvenu à ce que tu es aujourdhui ?
- Jallais ainsi, je finis mon internat, je devins médecin cancérologue ;
cest pourquoi plus les gens mouraient autour de moi, plus ils souffraient, plus je
prenais conscience de linefficacité de la médecine et de limpuissance dans
laquelle je me retrouvais. Javais de plus en plus de mal à croire en autre chose
quà la fragilité de la vie quelle quelle soit ; je refusais de voir la
lumière du ciel alors que je portais le deuil de mes malades. Pourtant, un jour, un ami,
notre ami commun, Robert M., vint consulter. Je lui fis faire des analyses qui
révélèrent quil était atteint de linexorable maladie ; je dus le lui
apprendre. Après avoir entendu la sentence, Robert se leva et me dit quil avait une
chose très importante à entreprendre, que néanmoins il me faisait confiance et
quil viendrait se faire soigner régulièrement. Te souviens-tu de Robert ce
terrible malotru, toujours mal luné et grognon ?
- Oui, bien sûr et je suis très affligée par ce que tu me racontes.
- Ecoute ceci : Robert vint chaque semaine en consultation à lhôpital, la maladie
sinstallait mais cela semblait le rendre de plus en plus heureux, à tel point que
sa personnalité en fut transformée ; je le vis aussi devenir tout autre et un jour
porter la kippah ; il arriva amaigri mais radieux, je lui demandai ce qui le mettait en si
grande joie, il me répondit D-ieu ! Jai haussé les épaules. Quelques temps plus
tard je fis des test en je constatais que mon malade se portait mieux comme par miracle.
Je le reçus une nouvelle fois et je dus constater que lamélioration était
évidente et visible. Je linterrogeais sur le secret de sa forme : « Jai vu
tant de pauvres hommes atteints du même mal que toi que je sais que tu aurais dû être
très affaibli à ce stade ; comment se fait-il que tu rayonne dune telle forme ?
Je prends de la vitamine T, dit-il. De la vitamine T ? Quest-ce que
cela ? Je ne connais pas. Quelle est cette substance ? Ce nest pas ni
substance organique, ni même chimique. Cest de la vitamine T comme TORAH, et
jen prends chaque matin en mettant mes Téphilines et en fréquentant la synagogue,
et chaque soir en assistant aux cours du Rabbin. » Il y eut un miracle et Robert est en
rémission aujourdhui.
- Toi quas-tu fait après cela ?
- Mon esprit curieux voulut goûter à cette vitamine qui avait su ramener Robert à la
vie. Je me rendis à la synagogue et je tentais lexpérience, jai pris de la
vitamine T chaque jour un peu plus et je suis devenu tel que tu me vois aujourdhui :
un croyant, un juif qui donne comme conseil médical la prise régulière de vitamine T
comme TORAH, car elle est la seule qui détient le pouvoir de la vie.
- Cest extraordinaire, tu es la preuve humaine quau plus profond de son
scepticisme, le juif a toujours auprès de lui la lumière qui lui permettra
déclairer son âme afin quelle retrouve la voie qui le conduira à D-ieu Je
te remercie de ce bel exemple de Téchouvah et je te promets quun jour je
raconterais ton histoire. »
Nous nous sommes séparés en nous souhaitant mutuellement bonne continuation dans la voie
qui rééduque à la vie et à lamour.
Et si vous voulez rester en bonne santé noubliez pas les conseils de Robert et de
Simon : prenez votre vitamine T comme Torah tous les jours !
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