France 2 diffère un épisode de « PJ »
19 décembre 2003 - L'Union de Reims
Les tensions entre les différentes communautés ont conduit, hier, France 2 à différer un épisode de la série policière « PJ ». La chaîne ouvre le débat sur ce dont on peut parler ou non à la télévision.
FRANCE 2 a décidé de différer la diffusion d'un épisode de la série policière du vendredi soir « PJ », intitulé « Religion », qui traitait notamment d'un incendie criminel dans une école juive, perpétré par un juif.
« Cet épisode sera diffusé ultérieurement, dans un contexte plus apaisé que le contexte actuel qui est caractérisé par des actes d'agression antisémites et certaines tensions entre communauté », a expliqué le directeur général de la chaîne publique, Christopher Baldelli, confirmant des informations du Monde daté de vendredi.
Cet épisode « sera diffusé », a-t-il assuré, estimant qu'il était de « la responsabilité sociale d'un diffuseur [.] d'apprécier au moment où il va diffuser (un sujet) si le thème abordé n'est pas de nature à poser des problèmes de compréhension ».
L'épisode écrit par Gilles-Yves Caro a été commandé, validé à toutes les étapes de son élaboration et devait être diffusé le 9 janvier dans la case « polar » de la chaîne publique.
Dans cet épisode, les enquêteurs de « PJ » (c'est la 12e saison de cette série à succès) établissaient qu'un incendie dans une école juive, traité comme un acte antisémite, était en fait imputable à un juif, familier de l'établissement. Débat
Quant à d'éventuelles critiques sur cette décision, la direction de la chaîne indiquait que France 2 « montre en permanence qu'elle n'est pas frileuse et peut traiter de sujets difficiles ».
Frédéric Krivine, co-président de l'UGS (Union de la Guilde des scénaristes) a estimé que cette déprogrammation « ouvre un débat sur ce dont on peut parler ou non à la télévision ».
« Je ne vis pas cela comme une censure rigide », a-t-il indiqué. « Il n'y a que sur le service public que les créateurs trouvent une diversité des formes d'expression ». Selon lui, « trop de scénaristes et de réalisateurs ont l'impression qu'il est difficile de parler des fissures politiques de la France d'aujourd'hui dans les fictions. Cela existe déjà , mais insuffisamment. C'est parce que cela existe que nous sommes inquiets d'une déprogrammation dont nous contestons la logique. On a peur que cela donne un signal aux créateurs à faire encore plus du consensuel », a-t-il dit, estimant que « l'autocensure est un mal français ».
« Le service public parfois traite des affaires et c'est sur le service public qu'on a une chance d'avoir quelque chose sur des sujets difficiles. L'antisémitisme est porteur d'une culpabilité, mais cela ne devrait pas conduire à déprogrammer. Il faut dépassionner ces choses-là », a encore estimé Frédéric Krivine, ajoutant que des représentants de l'UGS, de la SACD, de l'USPA et du groupe 25 images seraient reçus en janvier par la direction de France 2.