UN HUMAIN PARMI LA FOULE
Le petit pogrom auquel on a assisté jeudi soir au Parc des Princes relève à présent d'une banale modernité.
On remarquera ici encore que l'anti-israélisme et l'antisémitisme ont fait excellent ménage.
On remarquera également que les petites frappes nazillonnes semblent s'être parfaitement entendues avec quelque arabes antifeujs pour bouffer du youpin.
Il faut reconnaître également qu'Israël a commis une faute grave en laissant les joueurs de Tel-Aviv triompher de Paris.
L'Ãtat juif, c'est bien connu, ne pouvant humilier personne impunément.
On observera en outre que Canal+, qui a eu la haute main sur le Paris S.G. depuis des lustres, toujours prompt dans ses émissions à dénoncer le fascisme même là où il ne se trouve pas forcément, a toujours mis des gants de soie pour caresser dans le sens du poil les supporteurs les plus écÅurants d'Europe.
Mais heureusement, il y a eu Antoine, le flic noir.
Celui qui, au mépris manifeste de sa sécurité, a soufflé au jeune juif poursuivi par la vociférante racaille : « Reste bien derrière moi... ! »
Alors, foin des commentaires compassés ou retenus.
Jeudi soir, il y avait un humain parmi la foule.
C'est bien utile, tout de même, une police contre la barbarie.
Bonne nouvelle : l'estimable Antoine Spire a annoncé jeudi dernier qu'il démissionnait, avec Cedric Sporin, de la Ligue des Droits de l'Homme.
On citera quelques-unes de ses excellentes motivations (Le Monde du 24 novembre) :
« la L.D.H. a cru pouvoir répondre au racisme dont sont victimes les jeunes issus de l'immigration en faisant preuve de complaisance à l'égard des organisations religieuses qui prétendent les représenter. La dérive s'amplifie.
Après avoir affirmé qu'il s'agissait de discuter avec l'islam politique, on a insensiblement glissé vers le débat libre avec l'islamisme radical... (...).
Dans le même mouvement, elle a tergiversé en hésitant à réagir lors de la recrudescence des actes antisémites en 2003. (...). On peut aussi se demander pourquoi le Proche-Orient sollicite un tel engagement de la Ligue, qui ne dit presque rien à propos du Darfour ou de la Tchétchénie, ou se tait devant les discours négationnistes et antisémites du président iranien ! (...).
Sans distance à l'égard du mouvement social, trop souvent ambiguë ou même compromise à l'égard d'un intégrisme islamiste dangereux, et en recul sur la lutte contre l'antisémitisme et la défense de la liberté d'expression, la Ligue a perdu sa légitimité d'autorité morale de la République. Depuis longtemps, elle n'est plus l'organisation conçue pour défendre Dreyfus ».
Voilà qui est bien dit. Quoiqu'un peu tard.
Et pas assez.
La Sainte Ligue a dévoyé depuis longtemps ses buts et son glorieux passé.
Elle a depuis longtemps trahi la mémoire et les combats de Zola et de Daniel Meyer en se vautrant dans la xénophilie la plus délirante.
Mais il est vrai que son flirt poussé avec le MRAP façon Aounit a consacré définitivement la dérive pro-islamiste d'une organisation dont désormais l'intitulé relève d'une publicité mensongère que même la presse bien-pensante commence lentement à réaliser.
Trop lentement.
GWG