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Liviu Librescu : un héros sans peur et sans tache:
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Liviu Librescu : un héros sans peur et sans tache:
Par Ilan Tsadik © Metula News Agency
Le bilan de lâassassinat collectif perpétré à lâuniversité de Virginia Tech. Par lâétudiant dément Cho Seung-Hui est actuellement de 33 morts. Mais il aurait pu être largement plus élevé sans le sacrifice du professeur israélien Liviu Librescu.
Le Dr. Librescu administrait un cours de mathématiques appliquées dans la salle No. 201, au second étage de lâuniversité. Câest alors quâil a réalisé que le forcené tentait de pénétrer dans sa classe, et quâil tirait dans sa direction.
Librescu, âgé de 76 ans, sâest alors sacrifié sans hésiter en bloquant la porte avec son corps, tout en encourageant ses vingt élèves à sauter par les fenêtres sur un buisson abondant, situé en contrebas. Tous lâont écouté et ont ainsi échappé au massacre.
Depuis le drame, lâensemble des media américains rend un hommage ému au héros de Virginia Tech. . Un savant brillant, que ses collègues décrivent comme un homme aussi éminent que modeste. Tous parlent dâun individu rigoureux avec lui-même, sa famille et ses étudiants, mais extrêmement généreux, exemplaire de droiture et dâhonnêteté.
"Il maintenait la porte fermée, tout en regardant par-dessus son épaule pour sâassurer que tous les autres étaient saufs", a écrit à sa veuve Marlena, lâun des étudiants sauvés par Librescu, ajoutant "câest lâacte le plus courageux que jâai jamais vu et dont je me souviendrai toujours". Lâun de ses camarade sâest montré plus prosaïque, écrivant simplement : "Je pense quâil mâa sauvé la vie !".
Un brave et un juste
Lâun des fils du professeur, Joe, a commenté de Tel-Aviv que lâacte de son père ne lâétonnait pas du tout. Il faut dire que les avatars de lâexistence avaient trempé le caractère de cet homme, totalement dévoué à la science et respectueux de ses racines. Liviu Librescu, né en Roumanie, eut tôt affaire à la barbarie nazie. Le régime collaborationniste de Bucarest, imposé par Hitler, le déporta durant la seconde guerre mondiale au terrible camp de concentration de Tranistria (Moldavie orientale). Câest là que la Roumanie dâalors se débarrassait de ses Juifs et de ses Tziganes : 200 000 personnes y étaient condamnées à des travaux forcés inhumains, dans un camp sans eau courante, sans électricité et sans latrines.
Plus tard, Librescu fut transféré au ghetto central de la ville de Foscani, où il survécut au conflit mondial. La femme quâil épousa, Marlena, est également une rescapée de la Shoah en Roumanie, période durant laquelle 350 000 de leurs coreligionnaires furent exterminés.
Librescu entreprit des études à lâUniversité Polytechnique de Budapest, dont il fut diplômé en 1953 et qui lui conféra un doctorat honoris causa en 2000. Dans cette université, la consternation est grande à lâannonce du décès de lâancien élève et de ses circonstances. Le relais de la Ména en Roumanie mâinforme quâun portrait du savant y a été placé sur une table, au centre dâun auditorium, et que lâendroit croule sous les gerbes de fleurs. Le recteur actuel de lâuniversité, Mme Andronescou, a en outre déclaré : "Nous avons une considération immense pour la manière dont il a réagi et la façon quâil a eue de défendre ses étudiants au prix de sa propre vie".
Au sortir de lâUniversité, Liviu Librescu fit une carrière éclatante au sein de lâAgence Aérospatiale Roumaine. Mais en 1970 sa situation à Bucarest se gâta, lorsquâil refusa de jurer allégeance au dictateur Nicolae Ceausescu. En 1977 il demanda à émigrer en Israël et fut de ce fait immédiatement licencié des fonctions quâil occupait. Une année durant, Librescu se rendit quotidiennement à la bibliothèque de lâuniversité pour poursuivre ses travaux et donner le change auprès de son voisinage, afin dâéviter à ses proches les stigmatisations publiques qui suivaient les demandes dâémigration pour lâEtat hébreu.
Il fallut lâintervention personnelle de feu le 1er ministre Menahem Begin auprès du dictateur des Carpates pour que la famille Librescu soit enfin autorisée à se rendre en Terre Promise. Câest là quâils sâinstallèrent et que vivent aujourdâhui les deux fils du professeur, Arieh et Joe. Joe, qui précise "que son père sâest toujours considéré comme un Israélien et quâil se voyait tel un ambassadeur aux Etats-Unis, tout en demeurant israélien de coeur".
Mais Liviu Librescu était lâun des plus grands spécialistes de la dynamique des pâles de rotors, une discipline peu développée en Israël. Câest pour cela que le rescapé de Tranistria répondit favorablement à lâindustrie militaire américaine qui lui fit un pont dâor pour sâassurer ses services. Il coopéra ensuite à la NASA dans le domaine de la conception de nouveaux matériaux pour la confection des rotors dâhélicoptères.
Ayant atteint lââge de la retraite, Librescu ne put se résigner à demeurer inactif, câest ainsi quâil accepta lâoffre dâenseigner à Virginia Tech. Avec sa venue, lâétablissement universitaire technique de Virginie se hissa parmi les 25 institutions les plus prestigieuses du genre aux USA.
Il y coulait des jours paisibles, en augmentant sa déjà imposante bibliographie, lorsquâil décida de couper le chemin au forcené et de sauver ainsi la vingtaine dâétudiants qui suivaient sa classe. Lundi, le jour du sacrifice de Liviu, se déroulait ici la commémoration annuelle de lâHolocauste nazi, Yom Hazikaron la Shoah ve la Gvoura, le Jour du souvenir de la Shoah et de lâhéroïsme. Il ne fait aucun doute que le Dr. Librescu était sensibilisé, comme tous les survivants, par cette célébration. Il ne fait aucun doute non plus, que par son acte de la plus grande noblesse, il a versé sa contribution à faire échec à la barbarie et à lâusage de la force imbécile et aveugle. Son nom est désormais inscrit sur la longue liste des Juifs qui se sont levés contre la barbarie.
Le corps de Liviu Librescu est actuellement transporté des USA en Israël, où, à sa demande testamentaire, il sera prochainement enseveli au cimetière de Raanana, au nord de Tel-Aviv.
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Par Ilan Tsadik © Metula News Agency
Le bilan de lâassassinat collectif perpétré à lâuniversité de Virginia Tech. Par lâétudiant dément Cho Seung-Hui est actuellement de 33 morts. Mais il aurait pu être largement plus élevé sans le sacrifice du professeur israélien Liviu Librescu.
Le Dr. Librescu administrait un cours de mathématiques appliquées dans la salle No. 201, au second étage de lâuniversité. Câest alors quâil a réalisé que le forcené tentait de pénétrer dans sa classe, et quâil tirait dans sa direction.
Librescu, âgé de 76 ans, sâest alors sacrifié sans hésiter en bloquant la porte avec son corps, tout en encourageant ses vingt élèves à sauter par les fenêtres sur un buisson abondant, situé en contrebas. Tous lâont écouté et ont ainsi échappé au massacre.
Depuis le drame, lâensemble des media américains rend un hommage ému au héros de Virginia Tech. . Un savant brillant, que ses collègues décrivent comme un homme aussi éminent que modeste. Tous parlent dâun individu rigoureux avec lui-même, sa famille et ses étudiants, mais extrêmement généreux, exemplaire de droiture et dâhonnêteté.
"Il maintenait la porte fermée, tout en regardant par-dessus son épaule pour sâassurer que tous les autres étaient saufs", a écrit à sa veuve Marlena, lâun des étudiants sauvés par Librescu, ajoutant "câest lâacte le plus courageux que jâai jamais vu et dont je me souviendrai toujours". Lâun de ses camarade sâest montré plus prosaïque, écrivant simplement : "Je pense quâil mâa sauvé la vie !".
Un brave et un juste
Lâun des fils du professeur, Joe, a commenté de Tel-Aviv que lâacte de son père ne lâétonnait pas du tout. Il faut dire que les avatars de lâexistence avaient trempé le caractère de cet homme, totalement dévoué à la science et respectueux de ses racines. Liviu Librescu, né en Roumanie, eut tôt affaire à la barbarie nazie. Le régime collaborationniste de Bucarest, imposé par Hitler, le déporta durant la seconde guerre mondiale au terrible camp de concentration de Tranistria (Moldavie orientale). Câest là que la Roumanie dâalors se débarrassait de ses Juifs et de ses Tziganes : 200 000 personnes y étaient condamnées à des travaux forcés inhumains, dans un camp sans eau courante, sans électricité et sans latrines.
Plus tard, Librescu fut transféré au ghetto central de la ville de Foscani, où il survécut au conflit mondial. La femme quâil épousa, Marlena, est également une rescapée de la Shoah en Roumanie, période durant laquelle 350 000 de leurs coreligionnaires furent exterminés.
Librescu entreprit des études à lâUniversité Polytechnique de Budapest, dont il fut diplômé en 1953 et qui lui conféra un doctorat honoris causa en 2000. Dans cette université, la consternation est grande à lâannonce du décès de lâancien élève et de ses circonstances. Le relais de la Ména en Roumanie mâinforme quâun portrait du savant y a été placé sur une table, au centre dâun auditorium, et que lâendroit croule sous les gerbes de fleurs. Le recteur actuel de lâuniversité, Mme Andronescou, a en outre déclaré : "Nous avons une considération immense pour la manière dont il a réagi et la façon quâil a eue de défendre ses étudiants au prix de sa propre vie".
Au sortir de lâUniversité, Liviu Librescu fit une carrière éclatante au sein de lâAgence Aérospatiale Roumaine. Mais en 1970 sa situation à Bucarest se gâta, lorsquâil refusa de jurer allégeance au dictateur Nicolae Ceausescu. En 1977 il demanda à émigrer en Israël et fut de ce fait immédiatement licencié des fonctions quâil occupait. Une année durant, Librescu se rendit quotidiennement à la bibliothèque de lâuniversité pour poursuivre ses travaux et donner le change auprès de son voisinage, afin dâéviter à ses proches les stigmatisations publiques qui suivaient les demandes dâémigration pour lâEtat hébreu.
Il fallut lâintervention personnelle de feu le 1er ministre Menahem Begin auprès du dictateur des Carpates pour que la famille Librescu soit enfin autorisée à se rendre en Terre Promise. Câest là quâils sâinstallèrent et que vivent aujourdâhui les deux fils du professeur, Arieh et Joe. Joe, qui précise "que son père sâest toujours considéré comme un Israélien et quâil se voyait tel un ambassadeur aux Etats-Unis, tout en demeurant israélien de coeur".
Mais Liviu Librescu était lâun des plus grands spécialistes de la dynamique des pâles de rotors, une discipline peu développée en Israël. Câest pour cela que le rescapé de Tranistria répondit favorablement à lâindustrie militaire américaine qui lui fit un pont dâor pour sâassurer ses services. Il coopéra ensuite à la NASA dans le domaine de la conception de nouveaux matériaux pour la confection des rotors dâhélicoptères.
Ayant atteint lââge de la retraite, Librescu ne put se résigner à demeurer inactif, câest ainsi quâil accepta lâoffre dâenseigner à Virginia Tech. Avec sa venue, lâétablissement universitaire technique de Virginie se hissa parmi les 25 institutions les plus prestigieuses du genre aux USA.
Il y coulait des jours paisibles, en augmentant sa déjà imposante bibliographie, lorsquâil décida de couper le chemin au forcené et de sauver ainsi la vingtaine dâétudiants qui suivaient sa classe. Lundi, le jour du sacrifice de Liviu, se déroulait ici la commémoration annuelle de lâHolocauste nazi, Yom Hazikaron la Shoah ve la Gvoura, le Jour du souvenir de la Shoah et de lâhéroïsme. Il ne fait aucun doute que le Dr. Librescu était sensibilisé, comme tous les survivants, par cette célébration. Il ne fait aucun doute non plus, que par son acte de la plus grande noblesse, il a versé sa contribution à faire échec à la barbarie et à lâusage de la force imbécile et aveugle. Son nom est désormais inscrit sur la longue liste des Juifs qui se sont levés contre la barbarie.
Le corps de Liviu Librescu est actuellement transporté des USA en Israël, où, à sa demande testamentaire, il sera prochainement enseveli au cimetière de Raanana, au nord de Tel-Aviv.
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