Merci nonette d'avoir atttiré notre atenttion en cette période de chaleur caniculaire:
WATERMARKS
NAGE LIBRE
Yaron Zilberman
CONNAISSEZ-VOUS lâHakoah ?
Probablement pas. LâHakoah â qui signifie la force en hébreu â fut fondé en 1909, à Vienne.
Hitler fête ses 20 ans.
A cette époque, déjà , les athlètes juifs nâétaient pas très bien vus dans les centres de sport autrichiens.
Ainsi le Dr Kôrner, un dentiste viennois très en vue, fonda-t-il cet Hakoah qui devint lâun des plus grands clubs de sport européens de lâentre-deux-guerres.
Il était surtout réputé pour son équipe de football et sa section de natation.
Pendant les années 30, lâHakoah fut à son apogée.
Son adversaire le plus redoutable? LâEwask, le club pronazi autrichien.
En 1938, après lâAnschluss, le parti nazi ordonne la dissolution du club et les nageuses émigreront vers les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou, plus tard, lsraél.
Le film de Yaron Zilberman raconte donc la fabuleuse et courageuse épopée de ce club. Soixante-cinq ans plus tard, le réalisateur part à la rencontre de ces championnes.
Treize sont encore en vie, Il en interviewa huit.
Leurs témoignages, câest-à -dire leurs souvenirs, au-delà de lâintense émotion quâils provoquent, sont des documents essentiels.
La caméra de Zilberman nâest jamais voyeuriste et son film mêle habilement et sans ennui images dâarchives et conversations dâaujourdâhui non dénuées dâhumour.
Lâune des anciennes athlètes, devenue aveugle et psychothérapeute, dirige un séminaire dont le thème est : « Vieillir, câest pas de la tarte. » Câest dire !
Aucun pathos, donc, mais une sorte de joie a posteriori de ces femmes exceptionnelles qui portèrent avec fierté lâétoile de David sur leurs maillots une pièce.
Quâelles étaient sublimes, ces jeunes filles glissant dans le bassin olympique de la piscine viennoise Crawl, brasse, dos crawlé, papillon, plongeon, chacune sa spécialité.
Une certaine force dââme aussi lorsquâelles refusèrent de se rendre aux JO de Berlin en 1936. Quand, sur une idée géniale du réalisateur, les femmes se retrouvent plus dâun demi-siècle après à Vienne et quâelles nagent ensemble, lâoeil ému du spectateur se remplit de lâeau de cette piscine mythique.
Câest un documentaire sur une leçon de courage, sur le corps, sur le plus beau des sports â la natation ââ sur la féminité, sur la bêtise de lâantisémitisme, sur la beauté de la jeunesse et celle de la vieillesse.
En résumé, un film salutaire.
On dit merci.
Anthony Palou
64 LE FIGARO MAGAZINE - Samedi 24 juin 2006
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