Ou lâon peut lire que ;
Les néo créationnistes, les conservateurs sont plutôt les Chrétiens fondamentaliste ou du coté des protestants dâinspiration Evangéliques :
Alors que le modernisme est du côté de la pensée Juive :
Dans la première page du Monde du 2 septembre, nous découvrons le dernier en date des grands débats intellectuels qui agitent le monde scientifique de lâHexagone :
« âDessein intelligentâ contre darwinisme. »
Une institution privée, au demeurant plutôt discrète, lâUniversité interdisciplinaire de Paris (UIP), et son fondateur, Jean Staune, sont soupçonnés dâavoir importé en France un mouvement dâidées venu des Ãtats- Unis, le néo créationnisme.
Cette nouvelle école de pensée biologique et cosmologique chercherait à réfuter la théorie de lâévolution des espèces de Darwin.
Les néo créationnistes proposent une autre vision de la naissance de lâUnivers, de la matière, de la vie et de lâhomme, lesquels seraient lâexpression dâun dessein intelligent, dâune suprême raison créatrice, dâune causalité primordiale, dâune programmation initiale à lâorigine de tout ce qui existe, et nullement dâune évolution aveugle et chaotique, des jeux du hasard, de la sélection naturelle et de la lutte pour la survie.
Les défenseurs du néo créationnisme sont, en général, des savants chrétiens.
Certains sont des catholiques inspirés par les doctrines du père Pierre Teilhard de Chardin (1881- 1955), théologien et paléontologue qui, en opposition aux doctrines dominantes dans lâÃglise de son temps, chercha une synthèse cosmique associant la théorie darwiniste de
Iâévolution de la vie du simple au complexe et la â christologique de lâhistoire de la création. Dâautres sont des auteurs protestants dâinspiration fondamentaliste:
Plus discrets et prudents que les véhéments prédicateurs anti-évolutionnistes américains des années 1920 et 1930, ils ne parlent, au moins dans les cercles scientifiques, ni de Dieu, ni de la création divine, ni de la Bible, ni du Livre de la Genèse mais, dans un style plus neutre et laïque, du dessein intelligent qui serait à lâorigine de la vie.
Leurs adversaires idéologiques, pris dans le filet de la passion polémique la plus intense, flairent un véritable complot réactionnaire et obscurantiste.
Celui-ci aurait pour objectif dâabolir les conquêtes de la recherche scientifique moderne et dâintroduire, dans une opération de contrebande intellectuelle, sous un déguisement
pseudo scientifique, lâancienne théologie biblique, tirée du Livre Genèse qui servait, jusquâau XVlll siècle, de référence fondamentale aux sciences naturelles dans les universités européennes, catholiques et protestantes.
Quand, au milieu du XVIII siècle Darwin proposa une nouvelle théorie sur lâorigine de lâhomme, dans lequel il voyait le descendant dâune lignée préhistorique de primates, nombreux ont été les théologiens chrétiens, catholiques et protestants, qui ont vu dans le darwinisme une contestation impie et blasphématoire de la vision biblique de lâhomme, créature unique, créée à lâimage de Dieu.
Une longue campagne anti-darwiniste commença alors.
Elle dure jusquâà nos jours.
La Bible nâest pas un manuel de biologie
Quelle est la vision de la pensée juive dans cette nouvelle guerre des doctrines ?
Elle est plutôt complexe.
Le Livre de la Genèse nâest pas un traité scientifique.
Il parle de lâUnivers sans être un ouvrage de physique:
Quand la Genèse raconte la création de la lumière, le premier jour par la parole divine
Il ne sâagit pas d expliquer lâémergence de lâénergie lumineuse, mais plutôt de témoigner de la Cause Première du Cosmos.
La Bible parle de la vie et de lâhomme, mais nâest pas un manuel dâanthropologie ou de biologie.
Dans le récit de la création de lâhomme, dernière créature vivante créée au sixième jour, il ne sâagit pas d expliquer comment le genre humain est apparu sur terre mais plutôt d enseigner la valeur sacrée de la vie humaine
Le biologiste et penseur juif Jacques Goldberg développe, avec érudition, cette vision de lâÃcriture dans un remarquable ouvrage, Science et Tradition dâIsraél (Albin Michel, 2001).
Un éminente théologien juif contemporain, le Rabbin Abraham lsaac Hacohen Kook (premier Grand Rabbin dâEretz lsraèl en 1920), conscient des déchirements et des crises de lâesprit du croyant face aux découvertes scientifiques qui semblaient, à première vue, ébranler les
fondements de la foi religieuse, proposa, dans un surprenant et passionnant essai philosophique, Torath Hahitpathouth (La Théorie de IâÃvolution.), une audacieuse tentative de synthèse entre lâévolutionnisme, apparemment athée, d une part et la vision kabbalistique des mystiques juifs dâautre part.
Rav Kook conteste la lecture littérale de la Genèse.
Certes, lâÃcriture décrit la de lâUnivers en six jours, la naissance de lâhomme à partir de la poussière de la terre, la création de la femme à partir de la côte dâAdam, la vie du premier couple humain dans un paradis terrestre, le jardin dâÃden, le serpent, les chérubins aux glaives de feu flamboyant...
Mais il faut, dit-il, lire ces chapitres comme des allégories, des énigmes, des symboles de la condition humaine et certainement pas comme des chroniques historiques réalistes
Ãvolution et création étroitement liées
Alors, rien ne sâoppose, dans la théologie juive, à la théorie de lâévolution :
Les espèces vivantes évoluent et se métamorphosent à partir du simple, vers une complexité de plus en plus grande.
De ce point de vue, il donne raison au fondateur de la théorie de lâévolution: Darwin.
Mais, pour Rav Kook, il y a une signification métaphysique et transcendante dans le processus de lâévolution de la vie des espèces, de lâhomme.
Sâécartant de la vision darwinienne qui rattache la vie au hasard, Rav Kook propose une vision où Evolution et Création sont étroitement liées
« Quand nous pénétrons dans lâintimité des fondements de lâévolution ascendante, nous y découvrons la substance divine (le Divin) illuminée avec une absolue clarté, car précisément il nây a pas de fin dans lâoeuvre et la puissance infinie se transforme en acte »
La belle doctrine du Rav Kook semble étonnement proche de la théorie contemporaine du « dessein intelligentâ¦..avec une différence significative.
Lâéminent rabbin et kabbaliste de Jérusalem ne cherche nullement à proposer une nouvelle théorie scientifique qui viendrait prendre la place des théories contemporaines de lâévolution. Le Rav Kook propose un supplément dââme kabbalistique à la doctrine trop mécaniste et matérialiste de Darwin.
Le dessein intelligent, lâintelligence primordiale créatrice dâun univers en éternelle évolution ne sont pas des concepts explicatifs des mécanismes de la matière et de la vie, mais plutôt des idées méta scientifiques, métaphysiques.
Mais le Rav Kook refuse de sâembarquer dans navire des prédicateurs et agitateurs antidarwinistes de son temps.
Il découvre et reconnaît lâimmense valeur scientifique de la théorie de Darwin, mais il propose dâaller au-delà de la pure recherche scientifique, vers la compréhension philosophique et métaphysique de lâUnivers, de la matière, de la vie, de lâhomme.
Franklin Rausky
