! S'authentifier Créer un nouveau compte

MES VENTS CARDINAUX.

Auteur albert 
MES VENTS CARDINAUX.
Mab si tu as un vent en photo...! Lol...

Texte inédit.

Albert Siméoni
L' Enfant de la Goulette.
Mémoires.

21/02/2004


Les vents cardinaux de mon pays.

Il n'est point de vents que je ne connaisse.

Ceux de mon pays soufflent encore dans les souvenirs de ma mémoire. Des Eoles pleins la tête.

Qu'ils viennent du nord, du sud, d'est ou d'ouest , des quatre points cardinaux, je les reconnais selon que la girouette tourne sa position sur nos mats.
Sans qu'ils aient l'aspect de curés en soutane, je sens leur parfum qui venait effleurer mes joues en toute saison.

A chacun ses vents comme on le dit.

Ceux de mon pays, la Goulette, se nommaient Mistral, Sirocco, Brise, Bise ou Tramantane.
Ils chantaient dans le creux de mes oreilles/mémoire des symphonies soient chaudes soit froides.

Les vents de mon pays ne soulèvent ni tempêtes, ni chaos.

Point de vagues déchaînées aussi hautes que des lames d 'acier d'océan qui se dit pacifique ou alors qui ressemblent à des monstres d'eau dévastateurs, ou à des charges en furie inondant nos terres.

Juste quelques excès de colère qui venaient mourir sur la grève. Emportant dans leurs reflux des petits bois morts ou insectes innocents surpris par la petite marée qui passait par-là.

Nos vagues ressemblaient à des corps de femmes ondulants sous la force des souffles; mimant ainsi des actes d'amour.
Sur leurs crêtes- leurs belles crinières blanches d'écume assise, en équilibre éphémère- semblent naviguer à vue vers le port de leur destin; vers la grève qui sera leur cimetière.

Brodées comme des ourlets, sur des robes d'eau, et pareilles à de jeunes mariés allant à la noce, elles viennent marquer par leurs empreintes la grève, sous le souffle du vent.

Il n'est point de vents que je ne connaisse mieux, que ceux de mon pays qui soufflent encore dans mes ouies comme l'écho retenu dans une coquille Saint-Jacques.

Le souffle d'hiver balaie les terrasses et fait fuir les ramiers dans leurs cages de palmiers. Il fait frémir les cordes à linge tendues, sur lesquelles nos vêtements humides, retenus par des 'oiseaux en bois ' ( assafar) , dansent une sarabande connues d'eux même.
Le souffle d'hiver qui nous fait remonter les cols de nos manteaux et fait rentrer nos cous dans nos tranches-cotes. Autrefois.
Il flirte sur nos joues transies. Je sais en quel temps, sans doute avant la naissance de ses frères du Printemps. Moi l'enfant, qui n'a pas oubliè ses intentions.

Passe le vent d'hiver, arrive celui de la belle saison. Doux au toucher, comme une pétale de rose, comme des doigts de femme caressant nos visages d'enfants innocents, aux yeux vierges. L'air a change d'odeur. Les oiseaux de couleur.

Les fleurs naissantes des ventres terreux, se sont vêtues de rouge, de bleu, de blanc et de jaune sur les terrains sauvages en jachère.

L'herbe sauvage a prit place aussi parmi les belles de nuit, dans les ronces et les buissons, non ardents, aux aiguilles piquantes.

La nature en éveil, est en fleur.

Passe le vent du Printemps pour laisser place à celui qui nous vient du sud; le Sirocco de nos étés chauds, chauds comme nos cÅurs remplis d'air marin au goût salé. Soulevant par moments des grains de sable; le ' yajyèj'mêlé de hass-hass qui s'incruste partout dans nos rues étroites, avenues désertes et nos seuils ouverts à tous vents.

Yajèj ââliyè ( chers pour moi).

Comme une étoile filante, l'Eole de mon été s'enfuit. Vient alors le vent d'automne à l'approche de la saison triste; brise ou bise selon le moment et l'humeur du temps.
Annonciateurs de tristesse, balayeurs des feuilles mortes étalées sur nos goudrons, ils décharnent les sommets de nos totems verts pour exporter leur pitance, sans formalité, vers des horizons connus d'eux seuls. Par brassées entières mises dans des chariots invisibles; ces carcasses craquantes jaunies et brunes.

Nos vents, c'est aussi nos 'ballouts' ( affabulations) que nous nous racontions sans arrêt entre nous et que nous soufflons souvent aux 'étrangers tunisois' dans ces années là.

Car quiconque se dit goulettois, porte en lui ses vents et son 'khachouf'.

C'était mes vents en paix, c'est toujours mieux que vendre du vents en poupe aux 'flèyèk' *â¦â¦.Yè Printania.

(Beye el rih el mrèkèb).



ALBERT
Seules les personnes enregistrées peuvent poster sur ce forum. Pas encore enregistré(e) ? cliquez sur S'authentifier ci-dessus.






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved