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hagada du XXI e siecle

Auteur hajkloufette 
hagada du XXI e siecle
Une haggadah du XXIe siècle


Les uns étaient persécutés, et massacrés. LâEtoile jaune sur la poitrine, la mort en usine, la peur, la famine, câest le Juif que lâon assassine. Les autres croyaient vivre en Canaan sur leur terre dâIslam, câétait là tout leur drame.

Ils voyaient Jérusalem dans les rues de Djerba, pensaient que lâAlgérie était le paradis, et le Maroc le pays où coulaient le lait et le miel.

Les uns, ou ce quâil en restait, partirent le violon sous le bras, les cendres sur le front, les autres ont fui le Maghreb, la valise ou le cercueil, ils ont choisi un pays dâaccueil.

Lorsque la terre se dérobe, sous la Maison de Jacob, elle trouva asile à Gochen-sur-Seine. Au nom dâun passé glorieux, du temps où les ministres ou les chercheurs, les prix Nobel ou les ritournelles sâappelaient Joseph le Juif, on les laissa sâinstaller dans les quartiers les plus huppés.

Là, ils fructifièrent. Des rues abandonnées, ils en firent des Sentiers dâabondance, la mode était leur fer de lance, mais aussi la finance. Cohen, Abitbol ou Fridmann, ils gardèrent leurs noms pour en faire des renoms dans le monde musical ou médical. Et ces hommes jadis hideux firent très vite des envieux.

On commença à voir en eux des arrivistes trop dangereux. De nouveaux gouvernants oublièrent tout ce que ces hébreux avaient apporté à leur pays. A Gochen-sur-Seine, la vie alors se fit plus dure, et chacun devint un peu plus esclave de son quotidien, de ses passions, de ses ambitions. Les persécutions antisémites oubliées vinrent très vite les rattraper.

Et les voilà de nouveau en danger. Ils durent ôter leur kippa, et effacer tout signe distinctif. Leurs lieux de culte étaient gardés et leurs enfants injuriés.
Dans les couloirs de lâElysée, un jeune énarque, qui avait passé toute sa jeunesse dans les hautes sphères du pouvoir, était promu à un brillant avenir : Premier ministre ou, pourquoi pas, président de la République. Devant cette recrudescence de lâantisémitisme, il se sentit proche de la communauté et se mit à convaincre ses concitoyens des méfaits du racisme. Sa fougue était légendaire et certains commençaient à voir en lui un protecteur des Juifs.

Il promulgua quelques lois dans ce sens et nâhésita pas à participer à de nombreux débats télévisés. Au cours dâune émission contradictoire de grande écoute, il asséna à son adversaire, un antisémite notoire, des arguments si convaincants que lâhomme dut démissionner de son partie, ce qui le mena à une mort politique certaine.

Les critiques les plus acerbes, frisant souvent lâantisémitisme, sâensuivirent, toute la classe politique se ligua contre lui pensant que le défenseur de la cause juive était, cette fois, allé trop loin.

Fini sa carrière politique, la mort dans lââme, il dut quitter la France pour sâexiler en Amérique. Là, il abandonna toute velléité politique et travailla comme simple ouvrier sur une chaîne de montage de voitures.

Lâusine appartenait à un dénommé Ytro, un des hommes les plus puissants du pays, qui devint, je vous passerai les détails, son beau-père. Reconnu par un journaliste de tabloïde à sensation, celui-ci se mit à fouiner dans le passé de notre homme et découvrit quâil était Juif.

Il le surnomma Moïse, au vu des similitudes quâil avait avec le personnage biblique. Conforté dans ses convictions, Moïse, donc, étudia des années durant, si bien quâun jour il eut la profonde conviction que Dâieu lui avait assigné une mission : faire sortir les Juifs de France pour les conduire dans le pays que lâEternel leur avait promis.

Il retourna sur sa terre natale, bien décidé à mener à bien ce que Dâieu lui avait ordonné. Il dut sâimposer comme lâhomme de la situation et ce ne fut pas chose facile.
Il était coiffé dâune énorme kippa blanche qui couvrait la totalité de sa chevelure, son visage était recouvert dâune barbe fournie, déjà poivre et sel, et son costume noir ne le quittait jamais. Son accoutrement des plus provocateurs ne lui laissait que peu de marge de manÅuvre.
Il harangua la communauté juive pour quâelle revienne à ses valeurs, quâelle ne baisse plus la tête et quâelle ose montrer à tous ses signes distinctifs de religiosité.
Il alla même jusquâà demander à tout juif de placer une mezouza sur les linteaux de sa maison. Très vite il fut catalogué dâagitateur et de fauteur de trouble par lâensemble de la classe politique et des médias. Même sa propre communauté ne le prenait pas très au sérieux, malgré les signes évidents de sa bonne foi.

Sa vision du Sionisme était révolutionnaire et un grand nombre de rabbins se désolidarisèrent de son action. Moïse mit en garde le gouvernement sur lâimminence dâattentats islamistes, à lâinstar de lâEspagne. Il ne fut pas entendu et lâon continua à accuser Israël dâêtre responsable de la terreur dans le monde.

Et lâon connaît la suite. Lassé de lutter contre tous, et plus particulièrement contre les siens, Moïse décida dâaffréter autant dâavions que nécessaire pour lâAlyah des Juifs de France.
Seul 1/5ème de la communauté le suivit, tout comme lors de la sortie dâEgypteâ¦

Alors, lorsque cette année vous lirez la haggadah de Pessah, quand viendra le moment de passer le plateau du Séder au-dessus des têtes de votre famille et que vous direz : « Hier, nous étions esclaves, aujourdâhui, nous sommes libres. Cette année nous sommes ici, lâannée prochaine à Jérusalem », vous imaginerez que vous avez vécu en Egypte à cette époque-là, et vous vous demanderez, au regard de votre situation actuelle, si vous aurez fait partie des 1/5ème. Ceux qui suivirent Moïse.

Allez, ne soyez pas amers, et Pessah Cacher véSaméhah !
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Serge Benattar

Tres bel edito d actuj
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