SPECTACLE DE RUEâ¦
Paris le 1/11/2004.
LE TROMPETISTE.
Station STRASBOURD-ST DENIS.
A la croisée de deux corridors, de métro. Un trompettiste.
Debout lâépaule droite adossé au mur, ses joues grossies dâair par lâeffort, soufflent dans sa trompette qui a perdu de son éclat.
Une bouteille de vin vide prend la pose dans le fond dâune valise ouverte où quelques pièces de monnaie en cuivre sont éparpillées.
Des filets de notes désordonnées sâéchappent par lâembouchure creuse de sa trompette.
Ses doigts pianotent sur des pistons qui, vraisemblablement, ont du mal à sâenfoncer et à suivre lâartiste.
Je ne reconnais aucun refrain. Sa musique semble venue dâailleurs, de Roumanie ou des gens du voyage qui nâont pas de patrie. Peut être. Allez savoir.
Je suis incapable de déchiffrer ces sons qui viennent briser le silence dâun jour de deuil, dans une station déserte.
La musique étant universelle, jâen conclue quâelle est aussi humaine.
Je veux bien être magnanime mais ces sons cassés ébrèchent les oreilles des carreaux blancs muraux bref, je mâinvite à la pitié et au respect pour son effort.
Le malheureux attend une obole. Une pièce de monnaie jetée par un improbable musicologue
dans le fond de sa malle.
Un espoir lui ferait sans doute comprendre quâil joue bien.
Il est à ce prix.
ALBERT
