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Trahison : La France, les Arabes et les Juifs

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Trahison : La France, les Arabes et les Juifs
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Trahison : La France, les Arabes et les Juifs

Par David Pryce-Jones (Encounter Books 171pp £20.99)

Recension de Daniel Johnson, parue dans le numéro de décembre 06 -janvier 07 de « Literary Review »

[www.literaryreview.co.uk]

Adaptation française de Sentinelle 5767

Alors que jâécris, voilà exactement un an quâune orgie de violence a fait éruption dans les banlieues en France, sur une échelle jamais vue depuis des générations. A ce moment-là, ces émeutes ont été mises sur le compte de lâexclusion sociale. Depuis lors, il est devenu clair que les émeutiers ne sont pas simplement des âimmigrantsâ ou des âjeunesâ, mais sont dâabord et avant tout des Musulmans. Quand il mettent le feu à une voiture, leur cri est souvent : " 'Allahu akhbar ! " » ('Allah est le plus grand ! )
La violence de plus est endémique et ubiquitaire. En 2005, il y a eu 110.000 incidents avec violences urbaines, dont 45.000 véhicules brûlés. En 2006, il y a eu en moyenne plus de 100 incidents par jour. Depuis que les émeutes sont supposées sâêtre calmé en janvier dernier, quelques 3.000 fonctionnaires de police ont été blessés. L a France est délibérément rendue ingouvernable.
Cette âintifada à la françaiseâ a été simplement le point culminant dâun processus qui a transformé beaucoup de banlieues en zones interdites pour la police, et de plus en plus pour les non musulmans aussi. En particulier les galvaniseurs de foule islamistes qui sont derrière lâinsurrection ont incité leurs partisans à attaquer des Juifs, qui sont désormais largement dépassés en nombre par les Musulmans en France, dans un rapport dâau moins 1 à 10.
Comment en est-on arrivé là ? Dans cette accusation dévastatrice, le cri du cÅur dâun Anglais qui aime vraiment la France, mais est exaspéré par les Français, lâarrière plan de cette dépression de la société civile émerge graduellement. David Pryce-Jones a découvert lâexplication dans les archives du ministère français des affaires étrangères, connu dâaprès son siège imposant, le Quai dâOrsay. Le corps diplomatique qui a dirigé cette institution comme un club privé â connu des initiés simplement comme âla carrièreâ â est responsable non seulement du déclin du prestige de la France à lâétranger, mais aussi dâavoir créé les conditions de la catastrophe qui sâest produite dans le pays.
Comme tant de mauvais sorts, celui-ci a ses origines dans la mégalomanie du clan des Bonaparte. Depuis plus de deux siècles, depuis lâexpédition de Napoléon en Egypte, la diplomatie française a été prise de la folie des grandeurs : lâidée de la France comme âune puissance musulmaneâ * â phrase qui a un écho nouveau et sinistre aujourdâhui.
Des diplomates français, déterminés à dépasser leurs rivaux britanniques et allemands dans des stratégies politiques de grande puissance, étaient aussi convaincus que la France avait une mission civilisatrice spécifique dans le monde islamique. De même, leur orientalisme sentimental était entièrement compatible avec un antisémitisme institutionnel qui est documenté en détails choquants par Pryce-Jones. La montée de lâantisionisme a transformé cet antisémitisme dâun simple préjugé, peut-être odieux mais marginal en politique étrangère, en un miroir déformant qui a motivé et renforcé les jugements erronés et mortifères qui ont conduit la France à sa situation difficile actuelle.
Les Français avaient la prétention dâêtre la puissance protectrice de tous les catholiques du Moyen-Orient, et ils ont considéré le sionisme comme un concurrent. â associé de plus, à leurs yeux, dâabord avec les Allemands puis avec les intérêts britanniques. En réponse à ce quâil voyait comme une exigence imprudente de Foyer National Juif, le Quai dâOrsay lança efficacement le « Mouvement Nationaliste Arabe » à la veille de la Première Guerre Mondiale.
Une partie de ce livre nâest pas aisée à lire pour des catholiques, car plusieurs des orientalistes les plus outrés qui ont contrôlé la stratégie politique française au siècle passé se sont avérés être des Tartuffe de la pire espèce. Pryce-Jones consacre un chapitre au cas curieux de Louis Massignon, qui était le gourou arabisant du Quai dâOrsay à la fois avant et après la Seconde Guerre Mondiale. La foi de Massignon était un tissu bizarre de catholicisme et de mysticisme islamique, et il termina sa vie comme prêtre melkite. Bien que marié, câétait lâattirance érotique homosexuelle pour les jeunes garçons arabes qui le tourna à lâévidence vers lâEst. Il aimait les affaires dâespionnage, alternant la robe et le turban dâun imam égyptien et lâhabit dâun franciscain. Il aimait Lawrence dâArabie â comme Pryce-Jones le note : « Ils étaient de la même espèce » - mais il aimait à corriger la grammaire arabe de lâAnglais.
Lâinfluence de Massignon fut pareillement pernicieuse. Responsable de la propagande dans le monde arabe, il se consacra à construire un âblocâ ou une âententeâ franco islamique et travailla dur pour saborder le projet sioniste. Sa conversation et ses écrits sont criblés de rage contre « lâignominie des Juifs », et il eut même la témérité de dire à Martin Buber quâIsraël devait faire cesser les âspéculateurs atlantiquesâ dâexploiter le pétrole arabe. Bien quâil soit mort en 1963, Massignon a anticipé la plus grande part de la critique française contemporaine de lâalliance sioniste - anglo-saxonne.
Dâautres intellectuels dâavant guerre ont joué un rôle aussi abominable dans cet épisode de la trahison du rationalisme français â ce que Julien Benda a appelé âla trahison de clercsâ. Pryces-Jones met à part Paul Morand, Jean Giraudoux, et Paul Claudel : tous des écrivains, tous des officiels de haut rang du Quai dâOrsay, tous des antisémites virulents. Il est difficile de ne pas voir dans lâactuel Premier Ministre et homme de lettres, Dominique de Villepin, leur descendant spirituel, quand il décrit Israël comme âune parenthèse de lâhistoireâ.
La seule brève phase de rapprochement entre la France de lâaprès-guerre et Israël, au milieu des années 1950, a eu lieu en dépit du Quai dâOrsay, qui était tenu à lâécart sur la défense et la coopération nucléaire. Lâopération de Suez fut condamnée en partie parce que le ministère devait être tenu en dehors de la confidence. Même le ministre des affaires étrangères de lâépoque, Christian Pineau, devait demander à ses collègues : « Par-dessus tout, pas un mot au Quai dâOrsay ».
Sous le Général de Gaulle, la France revint à sa « politique musulmane » traditionnelle et imposa un embargo sur les armes à Israël. Après la guerre des Six Jours de 1967, de Gaulle imposa le ton des futurs hommes dâEtat français en qualifiant les Juifs de « Peuple dâélite, dominateur et sûr de lui » avec une âambition brûlante de conquêteâ. Il ignora Raymond Aron, qui prévint que de Gaulle avait ouvert une nouvelle ère dans ⦠lâhistoire antisémiteâ, et au lieu de cela, il fit écho au vieux slogan du Quai dâOrsay de la France âpuissance musulmaneâ.
Ensuite, Israël se tourna vers lâAmérique, alors que la France encouragea imprudemment une succession de dirigeants musulmans qui sâavérèrent implacablement hostiles à lâOccident, de Khaddafi, à Saddam Hussein. Ce furent les Français qui transformèrent Yasser Arafat en un personnage sur la scène du monde, et qui tolérèrent ses terroristes en leur sein. Et ce furent les Français qui permirent à lâayatollah Khomeiny de lancer sa révolution islamique depuis une banlieue de Paris.
Le cynisme, la corruption, et lâarrogance des quatre présidents après de Gaulle â Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac â ont renforcé la âdéformation professionnelleâ * du Quai dâOrsay. Loin dâapporter un crédit dâinfluence dans le monde musulman, la âpolitique arabeâ a simplement importé les conflits du Moyen-Orient dans les rues de Paris.
Ce nâest que maintenant, quand le pays est aux prises avec un jihad islamiste, que Chirac a reconnu que lâantisémitisme â dont lâexistence en France a longtemps été niée â est tellement grave quâune « attaque contre un français juif est une attaque contre la France » . Câest le grand mérite de David Pryce-Jones dâavoir documenté le conflit entre cette affirmation des droits des français juifs à lâintérieur, et leur déni à lâétranger par la politique étrangère française. Que le public français prenne en considération cette accusation contre leur classe politique de la part dâun Anglais, câest plus que douteux, mais âBetrayalâ ** devrait résonner pour ceux chez qui Zola nâest pas encore un footballeur, mais lâauteur de « Jâaccuse ».

* [en français dans le texte, Ndt]
** [âTrahisonâ, à paraître, Ndt]

Lire aussi : [michelgurfinkiel.com]

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