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> Sent: Friday, December 02, 2005 9:33 AM
> Subject: [CID-DemocratieMoyenOrient] Lynchage idéologique : La vérité
> sur
> l'Affaire Finkielkraut.
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> Pour envoyer une lettre de soutien à Alain Finkielkraut :
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> www.primo-europe.org
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> VALEURS ACTUELLES/ 2 DECEMBRE 2005
>
> DEMOCRATIE
>
> La liberté de penser est-elle menacée ?
>
> Comment, sur la crise des banlieues, le philosophe Alain Finkielkraut
> a été entraîné dans un piège médiatique.
>Comment l'affaire a été >exploitée. Et à quelle fin. Par Michel Gurfinkiel
>
> "La leçon, c'est que je ne dois plus donner d'interview, notamment
> quand je ne peux revoir le texte final ou contrôler la traduction".
>Alain Finkielkraut faisait le bilan, vendredi dernier, d'une crise médiatique
> sans précédent, dont il venait d'être le prétexte, ou la victime.
> Etrangement, elle était partie d'Israël. Avant de gagner la France. En
> quelques jours à peine, le philosophe avait été villipendé, traîné dans la
> boue, menacé de procès. Et qui plus est, cette affaire avait été largement
> provoquée ou entretenue par des journaux dits de "référence".
>
> Tout commence le 18 novembre. Le quotidien israélien Haaretz -
> politiquement à gauche, antireligieux, "post-sioniste", mais très chic, et
> lu par l'ensemble de l'Establishment de Jérusalem et de Tel-Aviv - publie
> dans ses deux éditions, hébraïque et anglaise, un entretien avec
> Finkielkraut consacré aux émeutes françaises des dernières semaines.
>Titre en hébreu :
>â¦â¦â¦â¦â¦"Ils ne sont pas malheureux, ils sont musulmans".
>En anglais :
>â¦â¦â¦â¦â¦ "Quelle sorte de Français sont-ils donc ?"
>
> Pour le lecteur, il va de soi que ces formules péremptoires, qui
> semblent "exécuter" les émeutiers, et par extension l'ensemble des >"milieux issus de l'immigration", ont Finkielkraut pour auteur.
>En fait, elles émanent de la rédaction.
>Le philosophe ne les a nullement prononcées.
>Il a même dit le contraire. Il souligne que la condition des "jeunes" est >difficile.
>Et quand il s'interroge sur leur crise d'identité, c'est pour souhaiter
> qu'ils "se considèrent comme des Français" :
>"S'ils en viennent à dire :
> `Les Français' en parlant des seuls Blancs, alors nous sommes perdus".
>
> Plus on avance dans le texte, plus le parti-pris du Haaretz est patent.
> Les intervieweurs, Dror Mishani et Aurelia Smotriez, écrivent que
> Finkielkraut les a reçus à Paris, "au Rostand, un café élégant décoré de
> photos orientales et dont la terrasse fait face aux jardins du Luxembourg". >Sous-entendu :
>l'intéressé serait un monsieur à la mode, donc, fatalement, un esprit superficiel.
>
> Suivent des lignes plus perfides encore.
>"La première chose que le philosophe franco-juif Alain Finkielkraut nous >déclare (.), c'est :
>`J'ai entendu dire que Haaretz lui-même a publié un article prenant fait et
> cause pour les émeutes'.
>Une observation, proférée avec quelque véhémence, qui résume assez >bien les sentiments sur lesquels Finkielkraut n'a cessé de revenir depuis >que le 27 octobre, date à laquelle les émeutes ont éclaté dans les >banlieues paupérisées qui encerclent Paris..."
>Le philosophe ne sait visiblement pas qui a écrit l'article qui le chagrine
> (publié le 7 novembre).
>Les lecteurs du Haaretz savent, quant à eux, que c'est Mishani lui-même : >l'intervieweur principal. Qui se garde bien, tout au long de l'entretien, de le >révéler.
>
> Finkielkraut expose ses vues habituelles. Celles qu'il a exposées
> jadis dans La défaite de la pensée (Gallimard), et qu'il a reprises plus
> récemment dans un essai sur Nous autres, Modernes (Ellipses).
>La République lui paraît menacée de toutes parts. Par l'extrême-droite, mais aussi par une gauche néototalitaire, ou par les communautarismes >ethniques et religieux.
>Haaretz reproduit assez fidèlement ces propos.
>Mais en soulignant certains mots. En s'appesantissant sur certaines >observations.
> En insérant, çà et là , un bref commentaire acide.
Ou en jouant sur les illustrations.
>Le diable est dans les détails.
>
> Ainsi, le journal israélien croit pouvoir affirmer, dès le troisième
> paragraphe :
>"Dans le débat intellectuel animé qui se déroule dans les journaux français >depuis le début des émeutes, Finkielkraut fait entendre une voix >déviante,et même très déviante".
>Le mot "déviant" -en hébreu comme en anglais- signifie a priori "discordant" ou "non-conformiste".
> Mais il suggère quelque chose de plus sombre : la "déviation" morale, y
> compris sexuelle.
>
> Un peu plus loin, Haaretz laisse le philosophe s'étendre sur la présence
> de nombreux Noirs au sein de l'équipe de France de football et ajouter que :
> "Si on fait une telle remarque aujourd'hui en France, on va en prison". Ce
> qui laisse supposer qu'il s'oppose aux lois qui répriment les injures
> raciales.
>
> Autre manipulation, une photographie de Finkielkraut, en tête de
> l'interview, porte la légende suivante : "Vous les Israéliens, vous me
> comprenez".
>Ce qui laisse entendre que le philosophe se prévaut, avec une
> audience juive, de la solidarité communautaire, ou ethnoreligieuse, qu'il
> réprouve chez les musulmans.
>En fait, le propos, une fois encore, est apocryphe.
>Finkielkraut s'est borné à dire : "Je n'ai pas parlé d'une 'intifada' des >banlieues, et je ne pense pas que ce terme doit être employé.
>Mais je constate que les émeutiers ont envoyé les plus jeunes d'entre eux >en première ligne.
>Vous avez connu une telle situation en Israël..."
>
> L'interview ne suscite guère de débat en Israël même :
>A peine quelques mails sur le site interactif de Haaretz. Mais il est bientôt >traduit en français, par Michel Warschawski et Michèle Sibony, des >Israéliens d'origine française.
>Deux "résistants", comme l'écrivait en 2003 Denis Sieffert, dans la revue >d'extrême-gauche Politis.
>Entendons par là : deux relais quasi-professionnels des organisations >palestiniennes extrémistes.
> Pays démocratique, Israël tolère ce type de comportement.
>Ailleurs, et notamment dans le monde arabe, il pourrait être traité avec moins d'indulgence.
>
> La traduction Warschawski-Sibony s'appuie sur la version hébraïque,
> plus"dure" et plus réductrice que l'anglaise.
>Avec des intertitres au vitriol
> : "L'école en France et des bienfaits du colonialisme",
>"Non à l'antiracisme !",
>"Si cela ne leur plait pas, qu'ils rentrent chez eux !"
>... Rapidement diffusée - notamment par Internet - dans les milieux de
> gauche, d'extrême-gauche, propalestiniens, islamiques, elle fait l'effet
> de la dépêche d'Ems :
>le télégramme fort courtois que le roi Guillaume Ier de Prusse avait écrit >en 1870 à l'intention de Napoléon III
>mais qui, abrégé et réécrit par Bismarck, s'était transformé en insulte et >avait rendu la guerre inévitable.
>Finkielkraut apparaît désormais comme un "raciste" explicite, dont le >langage "ne se distingue plus de celui du Front national".
>
> Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
> (MRAP),
> une ONG proche à la fois du parti communiste et des milieux islamistes
> (elle a soutenu le port du voile à l'école), porte plainte.
>D'autres organisations demandent la suppression de Répliques, l'émission >de haut niveau que le philosophe anime depuis vingt ans sur France->Culture.
>Ou exigent son départ de l'Ecole polytechnique, où il enseigne l'histoire des idées.
>On n'est plus très loin de "l'interdiction professionnelle".
>
> Le coup de grâce, à cet égard, vient de Sylvain Cypel, rédacteur en
> chefau Monde.
>Dans le numéro daté du 24 novembre, ce dernier publie un texte
> intitulé - en gros caractères â
>La voix "très déviante" d'Alain Finkielkraut au quotidien "Haaretz".
>En fait, ce n'est pas un article, mais une compilation.
>Cypel se borne à mettre bout à bout des passages litigieux ou passant >pour tels de l'interview.
>Pourtant, il signe.
>Un geste qui semble avoir pour but de donner le maximum d'autorité et de
> légitimité à la campagne contre le philosophe.
>
> Le penseur catholique Paul Thibaud, ancien directeur de la revue
> Esprit,
> estimait dimanche dernier que "Finkielkraut était tombé dans un piège".
>On est en effet contraint, Ã ce point, de s'interroger sur les liens qui
> existent ou pourraient exister entre les divers protagonistes.
>Haaretz et Le Monde sont associés au sein d'un réseau international de >presse,
> nettement orienté à gauche où figurent également le journal italien La
> Reppubblica ou le quotidien anglais The Guardian.
>Cela implique que certains textes sont publiés en commun.
>Et que >certaines campagnes d'opinion puissent se propager d'un pays à >l'autre.
>
> Mais ce qui est plus frappant encore, ce sont les affinités entre
> Mishani Cypel ou Warschawski.
>Le premier, enseignant à l'université Ben Gourion de
> Beershévah, rejoint le troisième dans la plupart de ses options
> idéologiques. Il est l'auteur d'études dépeignant les grands écrivains
> israéliens comme des "fascistes". Et le scénariste d'un film décrivant
> l'oppression que subiraient les travailleurs arabes en Israël,
>Questions d'un ouvrier mort (2002).
>
> Quant au Français Cypel, dont le père publiait le quotidien yiddish
> Unzer Wort ("Notre Parole"), ses positions d'ultra-gauche et son anti->israélisme ne sont des secrets pour personne. Et lui avaient valu, voici >quelques années, quelques remarques amères de la part d'Elie Barnavi, >l'ambassadeur le plus à gauche qui ait jamais représenté Jérusalem à >Paris.
>
> Pourquoi s'en prendre à Finkielkraut plutôt qu'à un autre ? Parce
> qu'il est emblématique :
>Républicain, juif fidèle à ses origines mais récusant tout >communautarisme ou tout alignement systématique sur Israël,
> réfractaire au politiquement correct, soucieux d'éthique dans tous les
> domaines, y compris l'école ou les moeurs.
>Et plus profondément, parce qu'il serait susceptible de faire basculer une >large partie des milieux intellectuels ou universitaires vers un >conservatisme modéré de bon aloi.
>
> En fait, d'autres "affaires Finkielkraut" ont précédé celle-ci.
Dès 2003,Daniel Lindenberg le classait, dans son livre Rappel à l'ordre (Seuil)
> Parmi les "nouveaux réactionnaires". Pour s'en tenir à l'année 2005, il y
> a d'abord eu le "tollé" qui a suivi, au mois de mars, ses remarques sur le
> "mauvais coton idéologique" - "noirisme" militant, soutien Ã
> l'ex-humoriste Dieudonné M'bala M'Bala - que fileraient actuellement les
> Antilles.
>Puis, un mois plus tard, un "scandale absolu" :
>Finkielkraut signait un manifeste condamnant le racisme à l'envers pratiqué par des écoliers ou lycéens d'origine africaine contre des condisciples d'origine européenne
(le "racisme antiblanc").
>
> Une telle cible ne se rate pas. Surtout pas après les émeutes du
> milieu de l'automne.
>La presse de gauche ou d'extrême-gauche éditorialise toujours
> sur le caractère strictement social ou économique de ces violences. Mais
> publie en même temps des reportages sur le terrain où apparaît une toute
> autre réalité.
>Des maires communistes déclarent sans ambages au Nouvel
>Observateur qu'ils ont demandé l'intervention de l'armée de la République.
> Le "pays réel" parle comme Finkielkraut.
>Il faut donc le faire taire. D'urgence.
>
> © Michel Gurfinkiel & Valeurs Actuelles, 2005
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