La déchirure - Par Béatrice Slama *
Les Tunisiens des générations de l'après-indépendance évoluant au sein d'une société aujourd'hui culturellement et confessionnellement uniforme, ignorent qu'il y a à peine quelque trente années, être tunisien n'était pas forcément synonyme d'arabe et musulman.
Béatrice Slama rappelle, à travers son propre parcours, ce que fut la Tunisie plurielle, décrit l'appartenance des communautés minoritaires à la Tunisie profonde et montre en quoi il est fondamental, pour la jeunesse tunisienne, de redécouvrir la diversité de son pays, cette autre dimension d'elle-même.
Nous parlons aujourd'hui d'une Tunisie au miroir d'une communauté qui sur le sol tunisien n'est plus. Ou presque plus. D'une communauté dont le souvenir même de ce qu'elle a été est étranger aux générations actuelles de jeunes Tunisiens. L'heure serait-elle venue de retrouver une mémoire et une parole longtemps tue? De retisser des liens jamais vraiment brisés?
Pour évoquer ce passé, un certain passé de la Tunisie qui est aussi notre passé à chacun de nous, nous ne pouvons avoir un regard détaché d'historien ou de chroniqueur car nous y sommes trop impliqués. Nous sommes nés en Tunisie, y avons vécu et, pour la majorité d'entre nous, cru que nous y vivrions toujours. Depuis trente ans, nous n'y vivons plus. C'est sur le fond de cette déchirure que chacun a vécue à sa manière, plus ou moins dramatiquement, que nous parlons aujourd'hui.
Mais nous avons assez de distance pour ne pas nous laisser submerger par les souvenirs et les passions. Comme toujours, entre réflexion historique et nostalgie personnelle, il faut trouver la bonne distance.
Sans doute pour les jeunes Tunisiens d'aujourd'hui qui vivent en pays musulman et ignorent pour la plupart que quelques centaines de compatriotes juifs y vivent encore, pour qui les non tunisiens sont touristes ou coopérants, pour les jeunes tunisois qui vivent dans une capitale qui se déploie à présent jusque sur les lacs et les collines d'oliviers, il est difficile d'imaginer la Tunisie, le Tunis d'il y a encore quarante ans, le Tunis où nous avons vécu, avec le clivage des villes arabe et européenne séparées par la symboliquement nommée Porte de France et la statue de Jules Ferry au fond de l'Avenue.
Dans ce Tunis, il y avait une coexistence plurielle de communautés, de groupes: Tunisiens musulmans et juifs, Italiens, Français, Maltais, qui se croisaient dans les rues, se rencontraient dans les salles de classe, sur les lieux de travail, à la poste, au marché central, dans les boutiques des souks, au théâtre municipal, à Halfaouine pendant les nuits de Ramadan, ou plus tard, lors des soirées de malouf sur les marches du café de Sidi Bou Saïd.
Mais les groupes coexistaient souvent sans vraiment se mêler ni se connaître. Certains sans se rencontrer jamais. Si à Gabès, à Djerba, il etait difficile de distinguer parfois dans la rue certains juifs des musulmans, si à Nabeul, bien des juives étaient enveloppées des mêmes haïks [1] que les femmes musulmanes, si à la hara, familles musulmanes et juives partageaient parfois le même patio, ce qui me frappe dans mon expérience, c'est le cloisonnement entre communautés, la constellation de microcosmes au sein même de la seule communauté juive. J'ai réalisé après coup, combien notre vie d'adolescents était marginale et protégée mais aussi repliée sur elle-même, ignorante des autres, dans notre Tunis réduit à un quadrilatère entre l'avenue de Carthage et la Porte de France, entre la rue d'Angleterre et le Passage. Même au lycée, chez les filles, les copines de milieux différents ne se voyaient guère hors de la cour de récréation. En lisant La chronique des morts de Salmieri je me suis rendu compte que chaque groupe avait son Tunis, ses rues, ses lieux de rendez-vous. Le Tunis de Salmieri me touchait, ce n'était pas le mien.
Mais pour chacun d'entre nous, le sentiment d'appartenance à une terre, une lumière, une légèreté de l'air, des lieux, des odeurs, une terre comme une famille, inséparable de la famille, ce sentiment était si fort que longtemps nous ne nous sommes pas posé de question.
Albert Memmi se définit dans sa complexité [2]. C'est ainsi que beaucoup se sont vécus: juifs arabes tunisiens français — je pourrais ajouter avec d'autres: italiens. C'est cette complexité qui fait que les Juifs tunisiens ne peuvent se réduire seulement à ceci ou à cela. Ils sont ceci et cela à la fois. Ni tout à fait ceci ni tout à fait cela. Enfermés dans une identité et extraordinairement ouverts. Etrangers au chauvinisme, nous avons pourtant connu une forme de campanilisme. Notre Tunisie, notre Tunis était pour nous alors le centre du monde. Le moment privilégié de mes voyages à l'étranger, c'était le retour dans le ciel au dessus de l'Aouina [3]. Chez moi.Je voudrais évoquer en quelques mots mon expérience au Parti communiste parce qu'une partie, certes minoritaire, de la communauté juive s'y est engagée aussi et que les communistes juifs qui ont été torturés, condamnés à mort pendant l'occupation allemande, qui ont été dans les camps et les prisons pendant la lutte pour l'indépendance ont contribué à l'histoire de la Tunisie.
J'ai connu des expériences si riches dans mon rapport au pays, aux autres que, malgré tout ce qui s'est imposé à nous depuis sur la réalité monstrueuse de la dictature dite communiste, sur l'extraordinaire aveuglement qui a été le nôtre et l'effondrement de tant d'espoirs généreux — ce n'est pas le lieu ici d'en parler davantage —, je ne regrette pas ce qui, aussi bien pendant l'occupation allemande que pendant les années qui ont mené à l'indépendance, nous est apparu comme un juste engagement. Je voudrais seulement évoquer ce que nous avons eu la chance de vivre alors. Même si là encore, après coup, on ne peut occulter la part d'utopie et le dur choc de lendemains décevants.
C'est d'abord le sentiment que les barrières invisibles entre ces multiples groupes cédaient: quand nous sommes sortis de l'illégalité, s'est constituée peu à peu une organisation où Tunisiens arabes, juifs, Français, Italiens, militaient ensemble; où cheminots, postiers, fonctionnaires, commerçants, intellectuels se retrouvaient; où dans les meetings et les congrès du parti, les communistes de Tunis étaient mêlés aux mineurs tunisiens de Gafsa ou aux ouvriers français de l'Arsenal de Ferryville, dans une atmosphère jamais connue ailleurs de chaleur et de solidarité.
Dans l'espace public, bien sûr, dans le parti mais aussi à l'Union des jeunes filles, au syndicat d'enseignants. Moins facilement mais aussi dans des espaces privés. Surtout à l'Union des jeunes filles: les relations privées, les confidences, les repas partagés sont plus simples entre femmes même de milieux très différents. Mais aussi entre camarades du Parti, dans les périodes difficiles, par exemple entre 1952 et 1954 où quelques uns d'entre nous, militants musulmans et juifs — mais nous ne le pensions pas alors en ces termes — se retrouvaient presque chaque jour autour d'un plat de spaghettis ou d'une tasse de café.
Mais surtout, ce qu'a permis l'action du parti, c'est une prise de conscience du problème national, un enrichissement du sentiment d'appartenance à ce pays, c'est la possibilité d'une lutte collective contre le colonialisme. C'est parce que j'étais communiste que j'ai désiré mieux connaître l'histoire de la Tunisie et que je me suis passionnée pour l'insurrection de 1864. Mes quinze années à Alaoui [4], mes rapports privilégiés avec les étudiants, mon intervention à leurs côtés lors de l'entrée de la police dans l'établissement en 1952, les pétitions, les grèves qui m'ont liée avec certains collègues, notamment destouriens, n'auraient pas été les mêmes si je n'avais pas été communiste — au sens bien sûr où les militants que nous étions l'entendaient alors. Chacun de nous avait le sentiment exaltant d'être non un spectateur passif mais un acteur, modeste certes, mais un acteur dans l'Histoire en train de se faire.
Ceci est la part de lumière. Déjà, elle portait son ombre: le sentiment, dans notre action quotidienne, de notre différence au sein des "masses" — j'emploie volontairement ce terme avec sa connotation de langue de bois — que le parti cherchait à convaincre et à organiser. Et cette différence nous renvoyait à notre situation de Juifs, au sein même de notre parti et alors que nos choix militants nous coupaient de la majorité de notre milieu d'origine.
Les années qui ont suivi l'indépendance ont été pour moi une période d'enthousiasme, de projets, de travail, d'espérances mais aussi de difficultés et de déceptions. Je rêvais comme beaucoup d'autres d'une vie nouvelle où nous participerions à la construction d'un pays indépendant et démocratique. Non plus seulement lutter contre mais agir pour. C'était une utopie de plus: une fois encore, celle d'avoir une place d'acteur.
Je n'ai pas oublié la fièvre joyeuse qui me soulevait ce 1er juin du retour de Bourguiba [5], cet air nouveau de liberté, le sentiment de vivre un moment historique, un tournant. Quand en 1961, un collègue destourien m'a dit amicalement — oui de sa part, c'était alors un conseil amical et sincère — que je devais songer dans mon intérêt à préparer mes valises, le coup a été dur et lourd de sens. Autour de nous, Français, Italiens, Juifs français et italiens mais aussi tunisiens, étaient partis, partaient.
Mais je n'ai pas songé à partir pour autant. J'ai cette même année acheté une maison et pris un crédit. Dans le nouveau contexte politique, je me passionnais plus que jamais pour mon travail à Alaoui puis à l'Université de Tunis, pour les débats difficiles au sein du syndicat d'enseignants de l'UGTT [6], pour la réforme de l'enseignement de la littérature française.
Mon départ en 1965 a été un arrachement. Il l'a été pour la plupart des Juifs de Tunisie. Mais pour moi, comme pour bien des communistes tunisiens, il était l'échec d'une vie que je croyais consacrer à la Tunisie, à "l'avenir de la Tunisie" pour reprendre le titre du journal que, jeunes militants, nous avons si longtemps diffusé à la criée. Nous qui étions si profondément engagés et enracinés dans ce pays et qui voulions vivre en citoyens tunisiens au sein du peuple dont nous partagions la chaleur, le sens de la convivialité, un certain rapport aux êtres, aux choses, à la vie, nous nous trouvions embarqués dans une nouvelle diaspora.
Sans doute l'Histoire nous avait-elle emportés. La décolonisation pour laquelle nous avions lutté nous mettait désormais en marge, juifs dans un pays musulman, où les élites musulmanes, longtemps étouffées par le protectorat, voyaient s'ouvrir enfin devant elles le pouvoir et les places et où les juifs qui se croyaient chez eux se trouvaient confrontés à diverses formes de mise à l'écart, dans un contexte dégradé par le conflit israélo-arabe. L'Histoire est faite aussi du passé de la communauté dans sa complexité et son ambiguïté, sa déculturation et son acculturation.
Nos enfants, de langue et de culture françaises, n'auraient pas de place dans la Tunisie nouvelle. Nous nous sommes résolus à partir. Victimes et complices de l'Histoire, comme tout le monde. Mais chacun de nous porte une histoire personnelle, des blessures et des choix qui lui sont propres.
Notre grande chance parmi les exilés, les déplacés de cette seconde moitié du siècle, c'est l'autre face de la déculturation et de l'acculturation.
Nourris de valeurs et de culture française, nous avons été accueillis et adoptés par la France sans discrimination. Il a fallu recommencer à vivre. Au-delà des difficultés, des souffrances, beaucoup se sont affirmés, épanouis. Mais pour tous, le lien à la Tunisie reste originel, essentiel. Je me répète souvent une phrase de Colette: "J'appartiens à un pays que j'ai quitté." J'appartiens à une terre sèche brûlée de soleil, à des murs blancs, à des pavés disjoints qui dans un trou d'ombre montent vers Souk el-Attarine [7] et la Bibliothèque Nationale, au Bou Kornine voilé de mauve au fond du Golfe de Sidi Bou Saïd.
Si l'on ne veut pas que cette évocation n'apparaisse un peu comme une "chronique des morts", même si les Juifs présents sont bien vivants et leur mémoire encore brûlante, si l'on désire que la jeunesse tunisienne s'ouvre aux expériences culturelles multiples qui ont fait la diversité de la Tunisie et apprenne cette combinaison de façons d'être que nous avons connue, je voudrais souhaiter que des rencontres similaires soient organisées un jour en Tunisie même, avec la participation de Tunisiens musulmans qui ont vécu avec nous cette période de notre histoire commune et avec qui nous avons tant partagé, de Tunisiens juifs qui continuent à y vivre et en présence des jeunes générations du pays pour qui être à la fois tunisien et juif paraît difficile à concevoir.
* Béatrice Slama a été jusqu'en 1993 Professeur de Littérature à l'Université Paris VIII.
[1] Voile en laine légère.
[2] Voir l'article de Albert Memmi dans ce même numéro de Confluences p. 83.
[3] Aéroport de Tunis.
[4] Lycée à Tunis.
[5] 1er juin 1955, retour de Habib Bourguiba de l'exil.
[6] Union générale des travailleurs tunisiens.
[7] Souk des parfumeurs dans la médina de Tunis.
Réflexion d'Albert Memmi sur le depart des juifs de Tunisie
" Après l'indépendance en tout cas, la bourgeoisie, une partie notable de la population juive, ont cru qu'elles pouvaient collaborer avec les autorites nouvelles, qu'il etait possible de s'entendre avec la population tunisienne. Nous étions des citoyens tunisiens et nous avions décidé de "jouer le jeu". Mais qu'ont fait les Tunisiens ? Tout comme les Marocains et les Algériens, ils ont liquidé - avec intelligence et souplesse - leurs communautés juives. Ils ne se sont pas livrés à des brutalités ouvertes comme d'autres pays arabes; ce qui d'ailleurs aurait ete difficile apres tant de services rendus, l'aide d'une grande partie de nos intellectuels; a cause aussi de l'opinion mondiale qui s'interessait de pres aussi a ce qui se passait dans nos pays; de l'aide americaine dont ils avaient un pressant besoin; mais ils ont étranglé économiquement la population juive. Pour les commerçants c'était facile, il suffisait de ne pas renouveler les patentes, de refuser les licences d'importation, en même temps on avantageait leurs concurrents musulmans. Dans l'administration, ce n'était pas plus compliqué : on n'engageait pas de juifs; ou on mettait les anciens agents dans des difficultés linguistiques insurmontables que l'on n'imposait guère aux musulmans. De temps en temps, on envoyait en prison un ingénieur, ou un grand commis, sur des accusations mystérieuses, kafkaiennes, qui affolaient tous les autres. Sans compter, évidemment, le rôle joué par la proximité relative du conflit israelo-arabe : à chaque crise, à chaque évènement un peu important, la populace déferlait, brûlait les magasins juifs. Cela s'est passe encore pendant la guerre du Kippur. Bourguiba n'a probablement jamais ete hostile aux juifs; mais il y avait toujours ce fameux "retard" qui faisait que la police n'arrivait que lorsque les magasins avaient été pillés et brûlés."
extrait du livre de Michel Abitol, "Le passé d'une discorde" collection tempus page 458
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
« Les Juifs arabes se méfient des musulmans plus encore et que les Européens, et rêvaient d’Eretz-Israël bient avant les Russes et les Polonais. »"L'état d'Israel n'est pas le résultat du seul malheur des juifs d'Europe."
" L'attitude des arabes à notre égard ne semble guère différente de ce qu'elle a toujours été. Les arabes n'ont jamais que toléré l'existence des minorités juives. Ils ne sont pas encore revenus de leur surprise de voir leurs anciens subalternes relever la tête et même vouloir conquérir leur indépendance nationale ! ...
Ils veulent la destruction d'Israel."
André Nahum : La Tunisie, c’est le pays où je suis né il y a 2000 ans - Propos recueillis par Jean-Pierre Allali pour le CRIF - septembre 2007
André Nahum sera l’un des intervenants de la manifestation organisée conjointement par le CRIF et le Centre Rachi d’Art et de Culture consacrée aux Juifs de Tunisie « Et puis un jour…l’exil », qui se déroulera le 17 septembre 2007 à 20h30 au Centre Rachi. Il répond à nos questions.
Pour vous, c’est quoi la Tunisie ?
La Tunisie, c’est le pays où je suis né il y a 2.000 ans. Celui de mes aïeux, de mes morts, celui de mon enfance. Une terre à laquelle j’étais viscéralement attaché jusqu’au jour où l’on m’a fait comprendre qu’elle n’était plus mienne. "Tunis-la-Juive" est morte. Elle ne reviendra jamais plus. J’ai cru après l’indépendance qu’une minorité juive pourrait vivre dans un pays arabe. Je me suis trompé.
Pourquoi, selon vous, les Juifs de Tunisie ont-ils choisi l’exil ?
Je viens de vous le dire. A partir du moment où, du fait des nombreuses discriminations en tous genres, ils ont réalisé qu’ils n’auraient pas leur place en tant que citoyens à part entière dans cette nouvelle République, ils se sont résolus à partir. Ce ne fut pas de gaieté de cœur. Ce fut pour tous un déchirement que notre grand chanteur Raoul Journo a exprimé dans une chanson que tous les Juifs tunisiens ont fredonné un jour :
"Tunis, je ne peux t'oublier.
La nuit je rêve de toi
Ô Dieu aide-moi et console-moi....
...Je t’ai quitté ô mon pays, pays de mes parents et de mes ancêtres.
J’ai quitté le paradis, la villégiature et la beauté
Que de regrets, que de regrets pour toi ô mon pays".
Le plus curieux dans cette histoire, le plus diabolique, c'est qu'on nous a poussés gentiment vers la sortie en nous faisant croire que l’on voulait nous garder.
Pourquoi, pour qui, maintenir vivace le souvenir d’une communauté juive millénaire dont seuls quelques centaines de membres sur plus de cent mille il y a un demi-siècle, vivent encore en Tunisie ?
Oui, nous étions près de cent cinquante mille. Il en reste là-bas un millier à peine. Pourquoi maintenir vivace le souvenir de notre communauté? D’abord, il faut que nos enfants et petits enfants connaissent leurs racines. Il faut leur enseigner, avec l’odeur du jasmin, les valeurs que nous véhiculons de génération en génération depuis des temps immémoriaux ainsi que notre joie de vivre et notre optimisme impénitent.
Notre histoire est grande et belle. Depuis l’époque romaine, depuis la Kahéna, depuis le judaïsme de Kairouan au temps des Aglabides et des Fatimides. Nos ancêtres ont contribué à la création de ce pays. Ils se sont manifestés et ont souvent brillé dans tous les domaines : la médecine, la philosophie, la littérature, l'artisanat, le commerce, l’étude de la Thora.
Pourquoi ne pas le dire à nos descendants ?
Par ailleurs on occulte trop souvent notre exil. Comme s’il avait été naturel, banal et inévitable.
Il faut rétablir la vérité de l’histoire.Il faut que le monde se souvienne qu'un million de Juifs ont quitté de gré ou de force les pays arabes où ils étaient installés depuis des siècles et qu'ils ont dû se réinstaller par leurs propres moyens dans les pays d'accueil, sans aucune aide de l'ONU ni d'aucun organisme international. Que dans la réalité des faits, il y a eu dans ces pays un nettoyage ethnique parfaitement réussi.
Mais à la différence d'autres réfugiés, nous n'avons gardé pour notre pays natal et nos anciens concitoyens ni rancœur ni colère, mais nous ne voulons pas qu'on nous oublie. Est-ce trop demander ?
fils de david sitbon exproprier 1962 nationalise 1964 +de 4000 ha de terre agricole dans la ville de galaat el andeleus et je possede des titres de propriete en parchemin ecrite en langue arabe depuis 2 generations souhaite des reponses en memoire des parents qui ont travaille en grande harmonie avec les habitants de galaat el andeleus.
je transmets un grand bonjour de FRANCE a tous les habitants de galaat el andeleus
Re: Pourquoi mes Parents et mes grands parents sont partis de Bizerte Auteur: jsitbon (IP enregistrée)
Date: 6 August 2009, 23:59
fils de david sitbon exproprier 1962 nationalise 1964 +de 4000 ha de terre agricole dans la ville de galaat el andeleus et je possede des titres de propriete en parchemin ecrite en langue arabe depuis 2 generations souhaite des reponses en memoire des parents qui ont travaille en grande harmonie avec les habitants de galaat el andeleus.
je transmets un grand bonjour de FRANCE a tous les habitants de galaat el andeleus
Une première en Tunisie : une agence qui aide à retrouver les biens des juifs - Par Ftouh Souhail
Quelques jours seulement après la validation par la Knesset d’un projet de loi relative à compensation de citoyens israéliens, obligés de quitter leurs maisons et d’abandonner leurs biens en pays arabe, nous apprenons la création, en Tunisie, de la première agence qui aide à retrouver les biens juifs en déshérence.
Originaire de la ville de Sfax (centre de la Tunisie) et établi en France, Victor Cohen vient d’obtenir l’autorisation du gouvernement Tunisien de lancer Immonconsult Tunisie, un service permettant aux propriétaires de biens en déshérence de retrouver des immeubles, des appartements, des magasins, des terrains ou des propriétés leur appartenant dans les villes ou dans les campagnes de Tunisie, rapporte le site Africa Intelligence.
Il est à noter que l’équipe de l’agence est spécialisée à faire des recherches d’archives dans les tribunaux en Tunisie afin de retrouver la trace de biens et de titres de propriété considérés comme perdus à jamais par leurs propriétaires, en autres les juifs tunisiens.
Elle s’emploie aussi à rechercher les titres de propriété des biens immobiliers auprès des différents cadastres ou d’autres organismes d’état en Tunisie dans le cas ou les propriétaires les auraient perdus.
Immonconsult Tunisie affirme que « le gouvernement tunisien n’a jamais cherché à s’approprier ou à spolier d’une façon quelconque les biens des non résidents et des expatrié, ajoutant que la Tunisie est un pays de droit, qui respecte la propriété privée ainsi que tous les droits des citoyens et des non citoyens »
Les Juifs tunisiens, comme dans le reste des pays arabes, ils partagèrent la douloureuse destinée d’autres populations de réfugiés juifs qui vécurent l’expérience du déracinement et de la perte de leurs biens. Il faut ajouter à cela que l’expulsion des Juifs fut l’occasion d’innombrables actes de violence et de vols perpétrés par des citoyens des pays arabes contre les populations juives locales. En Tunisie, l’ancien président Habib Bourguiba était passif devant la dépossession des communautés juives.
Dans le cadre de ses missions, et lors de ses investigations cette nouvelle agence, récemment créer , elle a trouvé des titres de propriété immobilière ainsi que des biens immobiliers dont les propriétaires vivant hors de Tunisie, ne donnaient plus signe de vie depuis plusieurs dizaines d’années. Immonconsult Tunisie vient de publier ses deux premiers avis de recherches sur le site de l’agence.
AVIS DE RECHERCHE. Annonce n°001
1/Mr GABISON Moise Maurice né à la Goulette le 31 août 1921
2/ Mr GABISON Salomon Gérard Alain né le 8 Juin 1940
3/ Mr GABISON Joseph Bernard né le 10 février 1945
4/ Mme GABISON Blanche, fille de Victor, veuve de GABISON GASTON née le 26 mai 1910
5/ Mr GABISON Jean Luc
AVIS DE RECHERCHE. Annonce n°002
Nous recherchons :
1/Monsieur SAADA HECTOR ETTORE SHALOM ou SCIALOM né en 1900 a Sfax
2/ Son épouse Madame SAADA GILBERTE née a Sousse
L’autorisation du gouvernement tunisien de lancer un tel service, permettant aux propriétaires juifs de chercher leurs biens, constitue incontestablement un signe d’ouverture du pays après la sombre période d’après 1967 qui a connu des circonstances exceptionnelles qui poussèrent les Juifs tunisiens sur les routes de l’exil.
Rappelant enfin que le Département de l’Assistance Judiciaire du ministère israélien de la justice a créé, depuis quelques années, un « Service des Droits des Juifs Originaires des Pays Arabes » pour recenser les dossiers des spoliations des juifs en terres arabes avant et après la création de l’Etat d’Israël.
Ftouh Souhail, Tunisie
Source : [ www.terredisrael.com]
Les derniers juifs de Tunisie - Par Filippo Petrucci - Fevrier 2007
"Pourquoi est-ce la fin? Parce que c'est l'histoire et que nous n'y pouvons rien". Cette histoire, c'est une histoire parmi tant d'autres, celle du peuple hébraïque avec ses demi-frères arabes, c'est celle des juifs tunisiens. La voix qui essaie d'expliquer la disparition d'une présence bimillénaire, c'est celle de David Guetta, octogénaire Secrétaire du Grand Rabbin de Tunis. Le monde de la communauté hébraïque en Tunisie est mort et ce que les survivants peuvent encore dire n'intéresse personne.
C'est une histoire que peu de gens connaissent et dont encore moins se rappellent, parce qu'il est inutile de célébrer la mort d'une culture quand en même temps c'est un monde entier qui meurt.
En 1946 l'Europe prend conscience de la Shoah nazie, qui a privé pour toujours l'ancien continent d'une partie importante de son histoire. Simultanément s'accomplit un autre holocauste, celui-ci seulement culturel. "Il faut bien utiliser les mots", continue Victor Guetta. "Ce qui s'est passé en Europe est aberrant. Ce qui s'est passé ici, à partir de l'après-guerre et jusqu'aux années 50 est seulement triste: nous étions plus de 80 000 en Tunisie avant le deuxième conflit, 2,5% de la population au moins; maintenant nous arrivons à peine à 2000 (soit 0,02%)".
En recherchant les juifs tunisiens il ne faut pas penser rencontrer des orthodoxes bouclés, alourdis par des chapeaux noirs et de grands manteaux, ni entendre des dialogues en yiddish. Ces clichés représentent les juifs Ashkénazes, du Nord et centre Europe. Ceux du Maghreb sont juifs nés avec la "reconquista" de Isabella de Castiglia: ce sont les Sépharades, qui prennent leur nom exactement de l'Espagne, Sefarad en hébreu. Ils sont semblables aux arabes et beaucoup d'entre eux ne connaissent d'ailleurs pas l'hébreu, à l'exception de ce qu'ils ont appris pour prier à la synagogue. "En vérité je n'arrive même pas à le lire", déclare en souriant Mathilde Arbib, 81 ans, dans sa maison parisienne.
A partir de 1948 plusieurs vagues de juifs ont laissé l’Afrique du Nord pour s'installer en France, en Israël ou dans d'autres pays européens. "Tous mes enfants ont quitté la Tunisie. Après la guerre, les notables arabes firent une proposition à mon mari, qui était un commerçant formidable et très aimé par tout le monde: convertis-toi à l'Islam et tu seras le Président de la Chambre de Commerce de Sfax. Il refusa et répondit: comment pourriez-vous avoir confiance en un homme qui se convertit seulement par intérêt? Puis il est mort, mes fils sont partis et enfin, moi aussi j'ai laissé la Tunisie".
La carte des juifs tunisiens était riche de localités: des petites communautés qui étaient là depuis des siècles avant Jésus-Christ et des milliers d'années avant la prédication de Mohammed. Il y avait des villes et des villages peuplés de juifs partout, sur la côte, dans le désert, jusqu'aux frontières plus perdues avec l'Algérie. Aujourd'hui il reste quelques juifs à Sfax, d'autres peut-être à Sousse et encore dans deux pôles: au Nord de Tunis et au Sud de Djerba. L'île de Djerba, très connue pour ses plages bondées de touristes occidentaux, est selon un adage local, "l'antichambre de Jérusalem". En effet, selon la tradition, la première communauté est arrivée à Djerba en 586 avant JC, après la destruction du premier temple par Nabucodonosor. Ces juifs, pour la plupart de la lignée sacerdotale des Cohanim, amenèrent avec eux une pierre du temple détruit de Salomon pour l'utiliser comme pierre de la fondation de leur synagogue: la Ghriba, la "merveilleuse". La Ghriba est la grande synagogue située à Houmt-Souk, village principal à l'extérieur de Djerba, et est encore aujourd'hui le lieu d'un important pèlerinage annuel. Son nom revient souvent dans les bouches des juifs locaux. "C'est là-bas qu'avec ma famille je me suis réfugiée pendant la guerre", explique Renée Didi, elle aussi pluri-octogénaire. "Nous étions là-bas mais nous avions aussi peur car les allemands ont occupé la Tunisie de novembre 1942 à mai 1943. Quand ils passèrent par Djerba ils étaient alors désespérés. Ils ont pris tous les ex-voto en or qui étaient gardés dans la Ghriba; ils ont aussi fait des choses pires."
Beres Saban, chemisier à la retraite, et sa femme Messaouda peuvent le confirmer "J'avais sept ans et ma femme neuf. Les allemands sont arrivés pendant le Shabbat (le samedi juif), notre communauté étant très religieuse, tout le monde était chez soi. Ils prirent le rabbin Halfon et en le menaçant avec le fusil, ils le poussèrent sur la jeep: ainsi ils ont fait le tour de la 'hara Kebira' et de la 'hara Essghira' (les deux quartier juifs). Ils demandaient 50 kilos d'or sinon le rabbin était mort. Enfin nous avons réussi à trouver 40 kilos dont on a augmenté le poids avec des morceaux de cuir. Je me rappelle que mon père, en voyant le rabbin ainsi humilié pendant le shabbat pleura et se griffa tout le visage de rage."
Messaouda produit du vin avec ses fils (à la maison, avec les pieds) et commente "Malheureusement, moi aussi je me rappelle bien. Ma soeur était mariée depuis un an et elle était enceinte, elle mourait de peur. Et je me rappelle aussi que l'on ne sait rien sur cet or; certains disent qu'il est en Suisse, mais il semble qu'en réalité il ne soit pas arrivé en Allemagne car des bandits arabes l'auraient intercepté dans un village voisin d'ici, à Mareth."
A ce moment-là il y avait presque 6000 juifs sur l'île, aujourd'hui ils sont environ 900. André Zaoui, en octobre 1950, écrivait pour la Revue de la Pensée Juive: "La communauté juive de Djerba a le caractère d'une société ancienne et pauvre: la misère et l'absence d'hygiène sont des règles comme la légende et la superstition. Les vêtements des juifs sont identiques à ceux des arabes, y compris le fez rouge. C'est difficile de les distinguer, leurs femmes sont complètement couvertes comme les femmes arabes". C'est une représentation qui sous certains aspects est encore valable aujourd'hui. Qui imagine un riche quartier juif, qui imagine Anvers et ses tailleurs de diamants, est très loin de la vérité. Pas seulement parce que la 'hara Kebira', unique "ghetto" resté, a des routes poussiéreuses et souvent pas goudronnées, mais surtout parce que c'est encore vrai qu'il est impossible de distinguer entre les fils d'Ismaël et les fils d'Isaac: les deux ont le teint foncé, ils s'habillent de la même façon et ils parlent depuis toujours la même langue, l'arabe. Cette communauté est très religieuse: chaque jour des groupes d'au moins cinq personnes se rencontrent pour prier dans les dix-sept synagogues qui existent outre la Griba, et qui de cette manière restent ouvertes. Toutefois, l'hébreu reste la langue pour la prière, l'arabe la langue pour communiquer. Désormais, il y a une école, financée par la communauté même, où les enfants peuvent aussi étudier l'hébreu moderne. Celle-ci aussi est pauvre, il y a de la poussière partout; les jeunes institutrices, filles de la communauté, enseignent l'hébreu, parlent arabe et s'expriment avec un français élémentaire.
La vie en commun arabo-juive ne semble pas problématique, mais il est facile parmi les jeunes arabes d'entendre des commentaires contre le peuple de David. Ils sont faits à mi-voix, comme ceux de Sofien, 38 ans, un des milliers de chauffeurs de taxi de Houmt-Souk, qui éteint le taximètre pour parler avec nous. "Ici sur l'île il y a 6000 juifs; le casino est géré par eux et c'est pour ça que nous, tunisiens, ne pouvons pas y rentrer." Inutile d'objecter que les juifs sont 900 (environ), et que ce sont les lois du Président Ben Alì qui interdisent un tas de choses à son peuple.
Bessadak Kaies a 27 ans, c'est un petit commerçant de Gabès. Il a un grand sourire et parle tranquillement de tout, il a cette chose typique liée à la relaxation des vacances. Si on le questionne sur les juifs et la Ghriba il hausse les épaules "Oui, il y a eu un attentat en avril 2002, mais personne n'est mort, seulement quelques blessés. Au contraire, selon moi ce sont les mêmes juifs qui ont mis la bombe, pour avoir plus de contrôle sur la police." Le kamikaze qui s'est fait explosé avec un camion, très probablement un membre de Al-Qaeda, a tué 21 personnes, presque tous des touristes allemands. Et déjà en 1985 les murs de l'actuelle Ghriba, rebâtie sur les anciennes fondations dans les années 1930, ont été ensanglantés: un soldat, Hatem Chehibi, qui était là pour maintenir l'ordre, s'est mis à tirer des rafales avec sa mitrailleuse. Quatre morts, dont un bébé d'un an.
Il n'y a pas un anti-hébraïsme déclaré, c'est plutôt un sentiment de malaise répandu, alimenté aussi par le conflit israëlo-palestinien. Mais peut-être pour certains, c'est aussi un triste et long héritage de la guerre. "Nous sommes bien ici, c'est notre pays. Et je dois dire que pendant la guerre beaucoup d'arabes nous ont aidé contre les allemands" raconte Isaac Didi, ancien commerçant de 83 ans, dans son salon à Sfax. "Oui, quelques uns étaient contents des nazis, mais en général tout s'est bien passé avec les arabes." Son épouse Daisy, une des plus belles femmes de Sfax dans les années 60, n'est pas d’accord: "La réalité c'est que les arabes ont toujours collaborés avec les nazis. Je me rappelle qu'un jour, mon père n'avait pas mis l'étoile jaune sur nos vêtements; et quand nous sommes sortis, les enfants - mais aussi les autres - nous ont montrés du doigt en disant "ils sont juifs, ils sont juifs."
Le Président Ben Alì, qui dans tous les lieux publics bénit son peuple, fait tout le possible pour maintenir de bons rapports avec la communauté juive restante (comme avait fait son prédécesseur Habib Burghiba). A Djerba le Gouvernement a racheté une synagogue de 1838, la Bet El, qui, si elle avait finie entre les mains des arabes, devait devenir une partie du marché; maintenant elle est en restructuration, tous les travaux sont payés par la République de Tunisie.
Ben Alì a aussi versé environ 350.000 euros pour faire repeindre la grande synagogue de Tunis, bâtie par des maçons italiens dans les années 30 pour accueillir environ 35.000 juifs, et maintenant destinée à en recevoir moins de mille. Devant la porte il y a plusieurs gardes armées et au moins quatre policiers en civil. A l'extérieur, il est interdit de prendre des photos; à l'entrée un policier en civil montre son pistolet et son badge et demande de présenter un passeport ou une carte d'identité pour en faire des photocopies. Enfin, au moment de sortir a lieu un bref interrogatoire, questions, réponses etc. Toute ces mesures de sûreté peuvent s'avérer inutiles quand passe une carriole pleine de figues de Barbarie: une possible bombe est bloquée devant l'entrée alors que les policiers mangent tranquillement les fruits qui leurs sont offerts, le garçon de la carriole est résigné.
David Guetta lui aussi est résigné: "Quand la Tunisie était encore constituée de tribus, les juifs étaient déjà là, vivaient dans les montagnes avec les berbères. Puis nous avons réussi à vivre avec les arabes; nous avons bien vécu avec les tunisiens qui à mon avis sont des arabes plus doux. Nous avons aussi supporté le talon nazi. Aujourd'hui nous sommes toujours moins nombreux, les jeunes sont presque tous partis et les vieux meurent. C'est dommage? C'est l'histoire, c'est tout."
Notes :
Pour cet article, j'ai mené des entretiens à Paris, Tunis, Sfax et Djerba. Pour la rédaction définitive j'ai aussi utilisé:
Histoire des Juifs en Afrique du Nord, André Chouraqui, Hachette, Paris, 1972 (pour les statistiques sur la population tunisienne en général et pour celles sur la population juive de 1909 à 1976)
Les Juifs de Tunisie sous l'occupation allemande p.225-240 dans "CRIMES ENNEMIS EN FRANCE - La persécution raciale", Service d'information des crimes de guerre - Document pour servir à l'histoire de la guerre, Office français d'édition, Paris, 1947 [Jaques Billiet, Directeur du Service d'information des Crimes de Guerre] (aussi pour des statistiques et des données sur la population juive pendant la seconde guerre mondiale)
Juifs en Terre d'Islam, les communautés de Djerba, Lucette Valensi et Abraham L. Udovitch, éditions des archives contemporaines, 1991 (pour l'histoire de l'origine de la communauté de Djerba)
Djerba, ou l'une des plus anciennes communautés juives de la Diaspora, André Zaoui, dans Revue de la Pensée Juive V, Octobre 1950, p.129-136 (passage cité dans l'article)
Les Juifs de Djerba entre crainte et déchirement, Emmanuel Haymann, dans Tribune Juive N° 909, Paris, du 28 Février au 6 Mars 1986 p.14-21 et 23 (pour les données sur la fusillade dans la Griba)
Bonjour,
Je viens de lire votre message avec beaucoup de retard je l'avoue, mais j'ai noté l'école de l'Alliance à la Hara!!! Mes grands parents FAUCI momo et Ignazia étaient concierges de cette école à la rue du tribunal. Avez vous des souvenirs d'eux? Je suis née après leur départ de Tunis et je n'ai eu que des récits de leur vie là bas. Je suis la fille de leur fille Marie et mon père est Rolland FITOUSSI qui habitait rue de Strasbourg.
Merci de partager des souvenirs si c'est possible.
Je vous souhaite une bonne journée et de bonnes fêtes à venir.
Joelle FITOUSSI
La vie pour les Juifs était de plus en plus dure . Je ne parle même pas des événements du Proche Orient . Les avocats par exemple devaient plaider du jour au lendemain en arabe , avec tous les frais supplémentaires qui l'exigeaient , comme par exemple traduire en arabe tous les documents officiels . Les commerçants , comme l'a écrit justement un intervenant , étaient victimes de tracasseries administratives . En fait on visait les professions libérales et les commerçants , activités de la majorité des Juifs . Et puis quand vous voyez partir vos amis les uns après les autres et ce , après le départ des Français qui , il faut le reconnaître nous ont émancipés , l'angoisse vous prenait de vous retrouver seul . Je me souviens de la queue au commissariat de l'Avenue de Paris pour obtenir son passeport , avant de refaire la queue au consulat de France pour obtenir le visa . Après il fallait acheter le billet et économiser 300 fr pour partir en bateau . A l'époque , il y avait le "Ville d'Alger " , le " Ville de Tunis " , l'Eldjezaïr , le Cazalet , le Ville d'Oran , le Kairouan qui était tout blanc . Et puis comme l'a si bien chanté Enrico , quand vous voyez le bateau s'éloignait du quai ainsi que vos amis qui vous ont accompagnés , vous avez un pincement au coeur et vous vous dites : "Une page est définitivement tournée , qu'est ce qui nous attend maintenant ? "
|