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Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)

Envoyé par lapid 
Re: Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)
11 janvier 2008, 22:33
Jacquot, je viens de t'envoyer un message en prive.
Re: Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)
11 janvier 2008, 22:33
Jacquot, je viens de t'envoyer un message en prive.
Je suis aussi sous les pseudos de Mr_Germain, Breitou et Albert, Jano etc.
Re: Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)
12 janvier 2008, 02:39
salut breitou,

je t'ai envoyé ce matin un message en réponse au tiens bonne journée

jacquot
Re: Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)
12 janvier 2008, 12:33
LES MEMOIRES D’UN GOULETTOIS
PAR ALBERT SIMEONI (BEBERT)
L’ENFANT DE LA GOULETTE


18/6/89 21/4/2003

Hier…….


‘ MARBRERIE L. SIMEONI’

-Vente au détail.
-Tous travaux de coupe.
-Entretien de caveaux.
-Confection de tombes.
-Travaux et prise de mesure sur place.
-Ponçage et lustrage.
-Déplacement sur chantier.

Telle était l’enseigne accrochée au fronton de la Marbrerie. Au 15 Rue Bab-El-Khadra à Tunis, prés du ‘Sabat él Dziri’.

En 1960, mon père repris lentement, après sa faillite, son ancienne activité ouverte sous la patente au nom de ma mère. Un local de 20 M2 sur rue, dans un quartier passant.

Mon père, à ces débuts, se fournissait en petite matière première , de menues plaques taillées à la bonne mesure et de diverses épaisseurs, chez Monsieur Nani Boublil, son patron qui commercialisait différents carrelages en tout genre et des sanitaires importés. Son usine fabriquait aussi des carreaux en mosaïque, du coté de Dubosville, sur la route de Mégrine. Une grande fabrique.

Mon père, tout en étant patron de son petit artisanat, cumulait la fonction de contre maître chez cette famille hors paire tant leur générosité était grande. Elle ne le calculait pas sachant mon père en difficulté en ce temps là. Il lui fournissait la petite marchandise à bas prix.
Que ton âme soit beéni et qu'elle repose en PAIX YARF NANI. AMEN.

Un ouvrier bien qualifié du nom de Mongi, une force de la nature, graveur bi-langue présidait donc dans les lieux en l’absence de mon papa. Nous étions spécialisés dans la confection des plaques mortuaires en arabe et de tombes juives. Point de grosses machines, l’espace ne le permettait pas.

Voyant que son affaire prenait du poil de la bête au fil des mois, et vu l’exiguïté du local Ayouch soudoya un voisin gitan ou maltais qui logeait juste derrière le mur de la ‘fabrique’ par une petite liasse de dinars. La famille toute heureuse de l’aubaine, quitta les lieux et offrit ainsi l’occasion à mon défunt père, de casser le mur attenant et d’agrandir sa surface. Le second voisin sans doute allèche par le fric, eut vent de l’affaire et proposa à mon papa sa chambre et ainsi de suite. Sept familles s’exilèrent pour notre bonheur. Dans les mêmes conditions.

En fait, ils habitaient tous dans une oukalla, dont l’hygiène laissait à désirer. Ajoutons à cela la poussière du marbre et le bruit des marteaux, qui se dégageaient par les lucarnes du local qui donnaient sur la cour, et vous avez là une mixture bienfaisante qui encouragerait les meilleures volontés du monde à déménager. Il s’appropria en plus des chambrettes, une vingtaine de mètres carrés pris sur la cour pour installer un puits artésien et non cartésien. Et son petit stock de plaques en pierre. C’est ce qu’on appelle ‘Mesmar mta Chyââ ‘ ou l’esprit
D’entreprise.

Toujours avec la bénédiction du gérant juif qui avait pour D ieu, le fric. Il aurait pu lui vendre sa mère, mon père, qu’il aurait acheté.

Le magasin était passe de 20 à 120 mètres carrés en moins de deux ans sous l’œil bienveillant de ce gérant de l’époque Monsieur Madar qui touchait sa commission au passage pour chaque contrat signé. Une aubaine pour Deidou qui passa du stade artisanal à celui d’entreprise. Une grosse tronçonneuse et deux polissoires achetées à la ferraille et remises en état, donnèrent une nouvelle impulsion à la marche du travail.

Le décollage de son affaire prit sa vitesse supérieure en 1969. Quatre employés furent embauchés pour se retrouver trois ans plus tard au nombre de 10.

En Janvier 1971, mon père éprouva le besoin de m’inviter à rejoindre son entreprise afin de prendre en main la destinée de la paperasserie qui prenait de l’ampleur d’autant plus que mon patron de père projetait d’importer du marbre de CARRARE. Sur mes conseils.

L’établissement des licences et les ouvertures de crédit, bref les démarches bancaires et autres dédouanements, échappaient au contrôle de baba Ayouch qui se torchait souvent les lèvres, après avoir mangé son casse croûte huileux, avec les relevés bancaires de la BNT. Compte 5322 quand il ne s’asseyait pas carrément dessus.

La compta était à inventer. Bref, je joignis l’utile à l’agréable en m’habillant aussi de la tenue ouvrière. J’appris si bien le métier en si peu de temps, que je commençais à poser problème à mon père, qui voyait, d’un œil jaloux , l’apprentissage rapide de cet intrus, moi, ce néophyte en la matière, venir le contre dire sur tels ou tels travaux. Dans un domaine qui ne m’appartenait pas. Comble de l’insolence.

Je m’irritais par sa façon peu moderne d’entreprendre les choses. Ce qui soulevait souvent des règlements de compte à la maison en présence de ma mère qui se retrouvait, ni juge ni arbitre mais simple témoin de joutes dont elle ne pouvait, hélas, prendre partie et pour cause. Et sous l’œil indifférent de ‘la pastèque’ de mon jeune frère indifférent à nos différents. A nos querelles.

J’étais devenu un professionnel en la matière en un an. Rien de ce qui se rapporte au marbre ne m’était inconnu. Le coefficient de dilatation de ce matériau ne m’était plus étrangère. Et même son origine au toucher. Et parfois son odeur. Il m’arrivait aussi de le goûter pour en connaître la provenance, s’il était salé cela voulait dire qu’il provenait des cotes marines. Etc……Mechouch ( fade ) …. ? J’y ajoutais un peu de ce condiment…   

Maxo * était graveur professionnel bien avant moi dans l’échoppe.

Je quittais définitivement le pays et tout le reste en 1989. Pour me reconvertir bien malgré moi, en France, dans un métier de femme , esthètie, cosmétologie et aphrodisiaque, le tout épicé d’ un soupçon de magie.

Tberkalah ââla sidi bnèdèm ‘ (D ieu bénisse pour l’humain que je suis)

Après un métier de dur me voilà à présent, par la grâce de mon petit Max, projeté dans un métier de …..P D…   . 5X5 pour moi.

Mon père David Deidou Siméoni dit AYOUCH ( ‘Z’L) par ses amis, décéda en le18/12 1980 un vendredi vers le midi. Il a vécu comme un pacha, aimant et aimé par tous. Juifs, musulmans et chrétiens.

C’est par son labeur et l’amour qu’il nous portait, qu’il a pu et su, lui, qui ne savait même pas signer, relever les défis qui s’imposaient à lui, avec foi , mitsvoths et autres générosités. Je pourrais parler de mes parents pendant des années et des années mais même l’éternité ne me suffirait pas à tout relater.

C’est ça la mémoire perpétuelle. A perpétuité.

ANECDOTES.

Un jour, mon papa glissa par inadvertance, juste derrière mon frère qui gravait.
Ce dernier n’osa faire le geste le plus simple qui soit ; ramasser mon léger et pauvre papa. Il fit semblant de rien et continua sa tâche comme si rien ne s’était passe. Mon père fut relevé par les employés. Une fois remis de sa glissade, il raconta sa mésaventure en pleurant en présence de ma mère et de mon frère..

‘Chefni taht ouldèk ou mè èjnich…Yè Hayè…’
(‘Il m’a vu tomber et il n’a rien fait pour me soulever)’

dit il avec des trémolos dans la voix à ma mère qui le réconfortait en lui disant…

‘Mè tè khédch ââli i habèk Max….’
(‘Mais non ne prends pas sur lui, il t’aime ton fils… !’)

Quant à mon frère placide comme une pastèque, il répétait pour sa défense , à qui voulait l’entendre…..Avec flegme…

‘Ouaktèch taht…Ya baba…. ?’
(‘Quand étais- tu tombé… ?’)
Et ma mère d’en rajoutait pour sauver la mise….

‘Cheft mè chèféckch… !’
(‘Tu a vu, il ne t’a pas vu… !’

Mon père…..’ Mè chèfniche…. ? In yadin radou….El loulèd ahzar… !’
(‘Il ne m’a pas vu…. ? Juron sur son fils…. ! Ce fils insensible…’)

En fait, il n’en n’est rien , mon frère est une crème, aujourd’hui, soumis à sa nana…Sa femme..

Autre….petite histoire…

Lui…….Il l’appelle au téléphone du magasin devant moi, moi qui adore ce genre de choses……D’une voix de mouton… tendre et douce..

‘Allooooo…. ! Nana*….. ? Tu va heu… ! Venir , Nana….Pour me faire un voyage de marchandises….Nanaaaaaa ……. ?

Il écarte le combiné de son oreille……J’écoute la Nana….Un rugissement pire que celui des lions du Zoo de Vincennes….

Lui ….’ Tu as dis oui Nanaaaaa…. ?’ Un beuglement pire que celui des beugles s’en suit après les rugissements.

Lui…..’Hein Nannnaaaa…. ? C’est OKKK….. ? Merci Nana…. !’

Moi…’ Et bien ….. !’

Lui….’ ECOUTE BEBERT…. ? Tu sais, moi je n’aime personne OK ? ? ?

Moi….’ Même tes enfants… ?’

Et là il explose de rire…le tordu au cœur tendre.

* Nana….Il la surnomme comme ça sa femme…pour amadouer l’amidon.
Re: Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)
13 janvier 2008, 03:41
cher breitou,

honneur a ceux qui reconnaissent leurs bienfaiteurs. Mais dis toi bien que c'est aussi grace a votre courage , a votre détermination et a votre honneteté que vous avez réussi, le proverbe aides toi le ciel t'aidera est bien à propos.

Cordialement

JACQUOT
Re: Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)
13 janvier 2008, 04:52
Oui, mon cher L'honnetetè....Tu ne pouvais pas si bien dire.
Mon papa nous l'avait aussi gravèe sur nos frontons.
Re: Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)
10 août 2008, 08:17
Lorque j'etais à Tunis j avais ecris une lettre des lecteurs dans le journal LA PRESSE DE TUNIS et j indiquais que dans le belveder la Koubba avait le sol avec du marbre sur lequel on voyait des lettres hebraiques et que par consequence le marbre provenait de tombes juives;Nous avons eut la visite dun fonctionnaire de la mairie de Tunis, je vous laisse immaginer l engoisse de mes parents j ai suivi ce fonctionnaire au belvedere et je lui ai montré le marbre, puis plus de nouvelles le marbre de la koubba a t il eté changé ?
Je ne sais pas
Re: Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)
14 mars 2009, 05:24
L'ANCIEN CIMETIERE ISRAELITE DE TUNIS (dit du " Passage ") : des origines à son expropriation en 1958 - Etude effectuée par Albert - Armand MAAREK - Historien

" Par un Cimetière , cela commença …. et le vent de l'errance se leva …. "

De nos jours , l'ancien Cimetière israélite de Tunis (dit de la Place du " Passage "), n'existe plus en tant que tel ; en lieu et place , s'étend un vaste parc public qui recouvre la grosse majorité des tombes creusées au cours du temps . L'importance symbolique acquise , le long des siècles par cette immense nécropole dans la mémoire collective des Juifs de Tunisie est incontestable . Charles Haddad , qui fut le dernier président de la Communauté israélite de Tunis , a publié un ouvrage : " Juifs et Arabes au pays de Bourguiba ", dans lequel il révèle les détails essentiels des événements qui ont abouti à l'expropriation du Cimetière et à sa désaffectation par le Gouvernement tunisien indépendant , en 1958 . Ce qu'il faut savoir , cependant , c'est que ce même Cimetière avait déjà eu maille à partir avec les autorités en place , quelques années seulement après l'établissement du Protectorat français , en 1887 .

Quelles étaient donc les caractéristiques les plus frappantes de cette nécropole juive de Tunis ? Quelles traces historiques a-t-on pu en garder , malgré tout , à travers l'existence de tombes les plus célèbres et , notamment celles de Grands rabbins aux épitaphes éloquentes ?

A . L'ancien Cimetière israélite de Tunis : caractères particuliers et épitaphes rabbiniques

1 . Les particularités de l'ancien Cimetière : L'ancien Cimetière israélite de Tunis présentait des caractéristiques très particulières , tant sur le plan géographique que sur le plan juridique :
il était situé , en effet , en plein centre-ville , à Tunis : il formait un quadrilatère de 65 000 m² , limité par l'ex-avenue Roustan , la rue Navarin , la rue des Salines et l'avenue de Londres . Il était divisé en deux parties inégales : la plus grande réservée aux tombes " Touansa " et la plus petite aux tombes " Grana ". On y honorait , les lundi et jeudi , les sépultures des Grands rabbins : Isaac Taïeb , Isaac Lumbroso , Ichoua Bessis , Haï Taïeb …. Quand le Cimetière fut plein , la Communauté fit l'acquisition d'un nouveau terrain (en 1894), qui prit le nom de Cimetière du Borgel (du nom du Grand rabbin Eliahou Borgel , décédé en 1898) ; cependant l'ancien Cimetière restait toujours fréquenté pour la toilette rituelle des défunts , les condoléances aux familles , les pèlerinages … Sur le plan juridique , la situation était également très particulière , liée à un contexte historique très ancien : le terrain avait été acheté , des siècles plus tôt , en plusieurs lots , payés par les deniers de la Communauté israélite , au nom de sept notables (il n'y avait pas encore de notion de personnalité morale) ; les titres étaient rédigés en langue arabe , enroulés dans des tubes en métal . Ceux-ci étaient régulièrement transmis à chaque Président de la Communauté de Tunis .......LIRE LA SUITE SUR LE SITE SUIVANT :

L'ANCIEN CIMETIERE ISRAELITE DE TUNIS (dit du " Passage ") : des origines à son expropriation en 1958

2. Le projet de jardin public et l'expropriation du Cimetière ,

. Le projet de jardin public sous le Protectorat Dans les années qui suivirent ces graves événements , le problème du Cimetière israélite demeurait toujours pendant , dans la mesure où , par la progression urbaine , sa position en centre-ville apparaissait de plus en plus comme un spectaculaire " hiatus " territorial . Le Gouvernement , rendu plus prudent par les précédents événements , projetait cependant de le désaffecter et de le transformer en jardin public : il fut proposé à la Communauté de faire procéder à cette opération contre une rente annuelle de 50 000 francs (année 1911) ; les avis sur cette question étaient partagés dans l'opinion publique juive : les uns invoquaient les raisons religieuses et sentimentales qui interdisaient de désaffecter un cimetière israélite , d'autant plus que certaines personnes y possédaient des tombes de proches parents ;d'autres , par contre , assuraient que si les coutumes interdisaient certes aux particuliers de désaffecter un lieu pareil , ce principe ne s'appliquait pas au niveau de l'Etat ; de plus , la proposition de rente gouvernementale pouvait servir à alimenter le budget des œuvres sociales communautaires . Les autorités restaient , malgré tout , prudentes et s'efforçaient de ne pas brusquer les choses , conscientes de marcher sur un terrain sensible : aussi projetaient-elles de nommer une Assemblée de notables juifs de la ville pour trouver une solution " sans trop faire crier la population israélite ". L'affaire du Cimetière en était donc à ce stade , à la veille de l'indépendance du pays .

. Indépendance du pays et décision municipale (1956- 1958)

La Tunisie acquit son indépendance en 1956 et , désormais la Communauté israélite eut à faire face à de nouvelles autorités . Le 25 Février 1958 , le Journal Officiel de la République tunisienne faisait état de la demande d'immatriculation , au profit de la Municipalité , du Cimetière israélite de Tunis (considéré comme propriété communale et non privée). Cette annonce provoqua évidemment un émoi considérable dans l'opinion juive ; le Conseil de la Communauté , présidé par Charles Haddad , qualifia cette décision d'" expropriation illégale " ; une demande d'audience fut immédiatement adressée au Maire de Tunis .

. Négociations et recherche d'un compromis..

Ali Belhaouane , personnage affable et cultivé , se déclarait favorable à la recherche d'un compromis , sans " arrière-pensée " de spoliation : la solution se situait , selon lui , entre les nécessités de l'urbanisme et les droits imprescriptibles , matériels et religieux de la Communauté . Ceux-ci se référaient à des consultations rabbiniques du Rabbin David Ktorza dans lesquelles étaient réaffirmée l'interdiction absolue d'exhumer les corps : dans la terre où git un cadavre est attaché le principe de propriété inaliénable et éternelle . Une exception était cependant admise : l'exhumation était possible s'il s'agissait de faire transporter le corps en Terre sainte . Le compromis semblait donc se dessiner entre l'acceptation par la Communauté de l'inéluctabilité de la désaffectation du Cimetière et l'admission par les autorités municipales , après exhumation des 60 000 corps , de leur transfert en Terre sainte (la dénomination d'" Israël " était soigneusement évitée). De plus , le Maire de Tunis promettait une compensation , aux frais de l'Etat , pour les Israélites : l'aménagement d'un bloc scolaire , d'une synagogue , d'un " mikvé " , d'une maison de vieillards , d'un dépositoire ….. Un coup du sort allait brutalement faire interrompre le déroulement des négociations : la mort subite d'Ali Belhaouane le 9 mai 1958 ; l'accord engagé allait-il , malgré tout être confirmé ?

. Remise en cause et expropriation :

Le 11 juin 1958 , Charles Haddad fut convoqué , avec le Grand rabbin par le nouveau gouverneur Zaouche : personnage connu pour entretenir des relations de bonne compagnie avec certaines familles de la bourgeoisie juive mais également pour son caractère changeant . Le langage , en effet , fut d'emblée très direct : le gouverneur se déclarait chargé par le gouvernement de récupérer au plus vite le Cimetière considéré comme un bien communal ; les droits de propriété de la Communauté étaient définitivement écartés ; il fallait donc , indiquait-il , libérer rapidement les lieux : c'était l'annonce de l'expropriation officielle . On était loin du ton conciliant pratiqué par son prédécesseur . Il fut rappelé au gouverneur les impératifs religieux en pareille matière et les entretiens antérieurs avec Ali Belhaouane ; le gouverneur déclarait n'en avoir trouvé aucune trace !!!

Le Grand rabbin insista sur l'interdiction absolue d'exhumer sans réinhumation en Terre sainte . Huit jours plus tard , nouvelle convocation chez le gouverneur qui insista : " il y a la lettre et l'esprit de la religion , vous m'imposez un bluff . Pensez dons tunisien et cessez de faire du Sionisme" : l'allusion à " la Terre sainte " passait donc du plan spirituel au plan politique. Etait-ce là la raison profonde de ce changement d'attitude alors que l'accord avait paru possible du vivant d'Ali Belhaouane ?

Zaouche demanda à visiter le Cimetière ; sa volonté de confisquer l'immense nécropole était manifeste : ce vaste espace au cœur de la ville ne le laissait manifestement pas indifférent , mais comment exhumer 60 000 tombes ? L'inquiétude gagnait les esprits des responsables communautaires ; le lieu était trop chargé de mémoire et de spiritualité : les sépultures des Grands rabbins avaient souvent constitué des points de repères pour d'autres tombes de disciples et de notables , regroupées autour d'elles .

L'ultime convocation fut décisive : pour le gouverneur , les choses n'avaient que trop duré , il fallait en finir ; les corps seraient exhumés , placés dans des caisses au dépositoire , en attendant , assurait-on , leur acheminement en Terre sainte . Un écrit en ce sens fut d'ailleurs remis au Grand rabbin mais en éludant curieusement l'expression " Terre sainte " (30 juin 1958) . Les exhumations commencèrent rapidement : quelques dizaines de corps furent déterrés puis , brusquement , les opérations furent vite arrêtées ; malgré les démarches du Grand rabbin , les autorités firent la sourde oreille : tout cela n'avait été , en fait , qu'un vaste simulacre . Il n'était plus question de travaux au Cimetière , encore moins d'éventuel transfert en Israël , dans la mesure où cela avait été sérieusement envisagé ; pour les autorités tunisiennes , l'affaire était désormais terminée ….
L' " errance " évoquée par Charles Haddad (voir l'introduction) fut-elle la conséquence déterminante de l'expropriation du vieux Cimetière juif ?
Il semble bien que la ligne politique du Gouvernement tunisien en 1958 était nettement orientée vers la réduction de l'autonomie acquise par la Communauté israélite de Tunis : en effet , à l'expropriation de la vaste nécropole s'ensuivit la décision de dissoudre le Conseil de la Communauté israélite de la capitale en juillet 1958 . La ligne dure était donc dominante , au sein des autorités nouvellement indépendantes : l'effacement de la mémoire séculaire , par Cimetière interposé , a pu certes provoquer ou du moins accélérer l'exode des Juifs de Tunisie craignant , sans doute , que l'esprit sinon la lettre des relations imposées aux Juifs d'avant le Protectorat ne rattrape le présent et l'avenir du pays , à nouveau maître de son destin .

Aujourd'hui , sur le territoire de l'ancien Cimetière , s'étend un grand jardin public de 7 hectares que les Cohen s'interdisent de parcourir . Les 60 000 tombes reposent toujours sous la pelouse de ce vaste parc .
Quelques dépouilles de Grands rabbins ont pu , par faveurs exceptionnelles , être réinhumées au Cimetière du Borgel. Celui-ci est actuellement en voie de dégradation ; cependant , une association de sauvegarde et de préservation de ce cimetière de Tunis s'est constituée à Paris , en mars 2007 : l'A.I.C.J.T. (Association Internationale du Cimetière Israelite de Tunis) présidée par le Professeur Fellous (Vice-Présidente : Monique Hayoun) .
Elle s'efforce de faire respecter et réaliser le vœu des illustres rabbins , imaginé et formulé par Charles Haddad : " Nous voulons être poussière avec la poussière et nous serons contents de vivre seulement dans vos mémoires , ô fils d'Israël . "


Sources archivistiques et bibliographiques

HADDAD Charles , Juifs et Arabes au pays de Bourguiba , Aix-en-Provence , Imprimerie Paul Roubaud , 1977
SEBAG Paul , Histoire des Juifs de Tunisie , Paris, l'Harmattan , 1991

Publication de l'AICJT Octobre 2008
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