Ancien cimetiere juif de l'Avenue Roustan (aujourd'hui, Jardin Habib Thameur)

Par ailleurs, j'ai evoque cet ancien cimetiere israelite qui, a la suite de l'extension de la ville de Tunis vers des nouveaux quartiers en dehors de la Medina, a fini par etre situe au coeur meme de la ville europeenne. Cet ancien cimetiere s'est donc retrouve a l'interieur d'un perimetre limite par l'Avenue de Londres (aujourd'hui rebaptise rue de Londres), par la rue des Salines et par l'Avenue Theodore Roustan ( rebaptise a l'Independance Avenue Habib Thameur).

Je me souviens que dans Harissa en 2002, il y avait eu une polemique autour de ce cimetiere avec quelques echanges quelque peu amers. Mon but n'est pas de relancer le debat mais de rappeler uniquement certains temoignages :

Premier temoignage : celui d'un de mes freres

"Ce fameux jardin a été l'un des facteurs de notre départ. C'était un cimetière israélite acheté au 19e siècle avec les deniers de la communauté israélite, en dehors de la ville de Tunis.
Mais la ville moderne s'est étendue de la porte de France au Belvédère en englobant le cimetière où se trouvaient des Tzadikims comme Rabbi Hai Taieb (Lo met) qui "a protégé la famille dans ses examens scolaires grâce aux prières de Maman qui ouvrait la fenêtre de la chambre du fond pour s'adresser à lui les mains ouvertes".

A l'indépendance il a été décidé par le gouvernement d'exproprier la communauté (sans aucune compensation). Il avait été convenu que les ossements seraient retirés tombe par tombe et expédiés en Israël.

J'ai été témoin du retrait de ces ossements en passant de nombreuses heures à la fenêtre. Le retrait des ossements de Rabbi Hai Taieb a été suivi par une longue procession en prière autour du cimetière.

Mais c'en était trop pour les autorités tunisiennes, qui trouvait le temps trop long et, brusquement, un beau jour, de nombreux bulldozers abattirent l'enceinte du cimetière pour retourner la terre la mélangeant définitivement avec les restes de nos aïeux.

Cela s'est fait malgré les protestations véhémentes de la communauté, mais nous n'avions plus droit à la parole. Le chef de la communauté, Maître Charles Haddad, décida alors de quitter lui aussi la Tunisie....J'aimerais voir une telle situation en Israël avec un cimetière musulman, sans que le monde entier ne se soulève."

Mon Temoignage :

Voici un de mes nombreux commentaires a ce sujet datant du 10 novembre 2002 :

"Au sujet du cimetiere Israelite (aujourd'hui Jardin Habib Thameur) situe entre le Passage, l'avenue Theodore Roustan (aujourd'hui avenue Habib Tameur) et l'avenue de Londres, je voudrais apporter mon temoignage.

En effet, ma famille habitait l'Avenue de Londres pres du Passage et, je pouvais, d'une des fenetres de notre appartement, observer tout ce qui se passait dans une grande partie de ce cimetiere.

Le maire de Tunis de l'epoque (1957-1959) avait fait part a la communaute israelite de Tunis de son intention de transformer ce cimetiere en jardin public. Bien entendu, la Communaute juive, proprietaire de ce cimetiere, refusa mais, devant la force utilisee (des bulldozers forcerent les grilles du cimetiere), finit, la mort dans l'ame, par ceder. La seule faveur accordee fut celle de pouvoir deterrer certains rabbins renommes dont rebbi Hai Taieb afin de pouvoir les enterrer de nouveau au cimetiere du Borgel.

Dans une grande emotion et un chagrin immense, la communaute juive assista a ce triste spectacle qui s'avera d'autant plus penible que les bulldozers commencerent leur sale travail enmettant a nu les ossements de nos morts.

Ainsi debuta le debut du "gommage" de toute presence juive en Tunisie qui remontait a plus de deux mille ans bien avant la conquete de la Tunisie par les arabes.

Pour information, il m'a ete rapporte que le maire de Tunis, instigateur de ce projet, et son executeur (un architecte juif ! ) moururent peu apres l'inauguration de ce jardin dans des circonstances tragiques. Quant aux juifs dans leur grande majorite, ils evitaient, afin de ne pas profaner l'ancien cimetiere, de fouler le sol de ce jardin et les trottoirs des rues l'entourant dont celui de l'Avenue Habib Thameur."

La suite, tout le monde la connait. A vous de juger et aussi d'apporter vos temoignages.

Pour moi, ce fut un tournant important dans ma vie puisqu'une telle situation renforca ma decision de quitter en 1958 mon pays natal afin de poursuivre mes etudes en France en attendant que ma famille me rejoigne finalement en 1964 ( alors que la communaute juive, dans sa grande majorite, avait deja quitte, dans cette periode 1958-1964, la terre ou il y avait eu une presence juive depuis pres de 2000 ans. La derniere vague importante suivit apres la Guerre des Six jours et les emeutes du 5 juin 1967, ou, entre autres, des sefers thora et la Grande Synagogue de l'Avenue de Paris a Tunis furent brules )."

Temoignage d'Albert Simeoni :

"A la seule différence, c'est que personne dans notre communauté ne fut avertie à temps pour prendre les dispositions qui s'imposaient à cette époque pour déterrer nos morts et les transférer au Borgel, après accord des familles concernées, comme ce fut le cas pour les défunts du cimetière des catholiques qui eux furent prévenus dix ans avant le début des travaux et ont transféré les corps de leurs proches dignement. Au Borgel aussi.

Je crois savoir, que pour nos mos morts de l'avenue de Londres,ils ont été enterrés dans une fosse commune au Borgel..Juste une caisse.
Ni plus ni moins…Quelques ossements….

UN ANCIEN MARBRIER GOULETTOIS."

ci-dessous, vue aerienne (par Google Earth) au-dessus du Jardin Habib Thameur. Sur cette photo je peux apercevoir l'endroit de l'immeuble ou j'habitais
Pièces jointes:

Vue aerienne de Tunis (de plus haut par Google Earth) ou on peut mieux se rendre compte de la situation du Jardin Habib Thameur au centre de la ville.
Pièces jointes:

Ayant quitté la Tunisie en fin 57 je n'ai pas eu a subir cette sauvage humiliation, Dieu merci !

Mais ceci m'a inspiré tout de suite la comparaison des nouveaux civilisateurs tunisien avec celle des dirigeants de la cité de Tel-Hanan-Nesher, à l'entrée Est de Haïfa.

Un cimetière musulman se trouvait sur la grande route qui passe aux limites de cette ville. Apres plusieurs débats, un grand pont fut construit de manière à survoler la partie du cimetière qui dérangeait. Le lieu resta intact.

Tout cela en sachant que dans ce lieu était enterré un des plus grands assassins de juifs à l'époque du Mandat britannique. Respect mal placé d'un ennemi qui fut d'une lâchete indescriptible.

Ce criminel a mérité, par sa conduite, l'admiration des palestiniens qui ont baptisé leur fusée "Kassam", (fusée qu'ils lancent chaque jour sur Sderot.) en son nom: Ezzedin el-Kassam.

D'ailleurs une des brigades de terroristes, qui se font exploser en tuant des enfants juifs, porte aussi son nom.

Allez comprendre…!! Le hero des meurtriers palestiniens, les plus cruels, repose sans etre derange, en pleine ville israelienne.

Ci-dessous, un plan simplifie du quartier de Tunis (publie par ailleurs par Jero) ou etaient situes le cimetiere juif et ses alentours.
Pièces jointes:

Voici l'emplacement ou etaient enterres nos rabbins dans l'Ancien Cimetiere juif de Tunis et dans differents endroits au centre de Tunis.
Pièces jointes:

Cimetière israélite de Tunis - Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre -

Le cimetière israélite de Tunis, dit Beit Ha'Haïm, est un ancien cimetière juif situé en plein cœur de la ville de Tunis (Tunisie). Il se situait sur l'avenue de Londres près du quartier de La Fayette.

Symbole de la présence juive dans la ville pendant plusieurs siècles, il est initialement aménagé en dehors des limites de Tunis avant que la ville européenne ne voit le jour dès la fin du XIXe siècle. Remplacé en 1898[1] par le nouveau cimetière juif situé dans le quartier périphérique du Borgel, les inhumations y cessent immédiatement[2]. C'est à partir de 1956 que plusieurs tombes de rabbins très respectés comme Natane Borgel, 'Haï Taïeb, Yit'haq HaCohen et Yechouê Bessis sont déplacées au Borgel.

Communément considéré comme la propriété de la communauté juive, la municipalité menée par le Néo-Destour le voit comme une partie du domaine public communal. C'est pourquoi, dans le cadre de la désaffectation de divers cimetières municipaux, il est rasé en 1957 pour y aménager un jardin public, le jardin Habib Thameur, après en avoir transféré les dernières sépultures au Borgel[2]. D'autres ossements sont également transférés en Israël. Toutefois, certaines sources[réf. nécessaire] affirment qu'une majorité des sépultures auraient été retournées au bulldozer lors de l'aménagement du nouveau jardin, attitude qui aurait marqué la communauté juive et précipité de nombreux départs dans les années qui suivirent.

Références

1. ↑ Paul Sebag, Tunis. Histoire d'une ville, éd. L'Harmattan, 1998, p. 340
2. ↑ a  b  Paul Sebag, op. cit., p. 633

LU SUR ADRA

1/ LE CIMETIERE DU PASSAGE - Par Hai

[www.harissa.com]

2/ "Le cimetière juif, vieux de plusieurs siècles, situé en pleine ville moderne et dans lequel se trouvaient les tombes de rabbins vénérés, est entièrement rasé et transformé en jardin public. Un simulacre de transfert des sépultures vers Israël est organisé. Mais les faits sont là : des milliers d’ossements de Juifs, broyés et mêlés par les bulldozers et les pelleteuses, sont toujours sous les pieds des visiteurs de ce parc de la capitale."

[www.harissa.com]

La photo non datée ci-dessous (prise de [www.harissa.com] ) montre le Passage (place Anatole France) avec les avenues de Paris et Roustan. On voit quelques automobiles à conduite extérieure et plusieurs voitures à chevaux. On peut penser qu’elle date du début du 20ème siècle. On voit à droite le mur-est du cimetière qui donne sur l’avenue Roustan. On remarque que celui-ci empiétait sur cette avenue en diminuant sa largeur de plus de la moitié, au niveau de l’hôtel Majestic.

Des photos et des plans ultérieurs montrent que l’avenue Roustan a été par la suite (à quelle date ?) élargie en supprimant ce retrécissement. Il serait intéressant de savoir dans quelles conditions cette modification a été entreprise et de quelle façon elle a été coordonnée avec les responsables de la communauté juive, en particulier pour le transfert des sépultures.

Vue aérienne (non datée) du quartier du cimetière : [www.harissa.com]

Pièces jointes:

Henri Bellicha (Raphaël) s'était fixé pour but de redessiner le plan de Tunis à partir des différents documents qu'il avait rassemblés, en gardant les noms des rues d'avant 1956.

Il m'avait fait parvenir la partie qui correspondait à mon quartier, dans laquelle on voit le cimetière. C'est le dernier mail qu'il m'envoya.

J'ai fait un montage en mettant en regard le document original et le dessin d'Henri. On peut voir le résultat remarquable auquel il était parvenu. On note que le mur du cimetière avait été aligné.

Au cas où le dessin de Henri serait reproduit il est demandé instamment de ne pas "oublier" d'en citer l'auteur.

[La mention "dessin de H.B." est de moi]
Pièces jointes:

quel était l'architecte qui dessina le jardin habib thameur ?

L'entreprise qui exécuta la vasque centrale était la marbreie Jules HADDAD Avenue de londres

une anecdote :

en mission en tunisie vers fin 1970 j'ai occupé une superbe villa a el menzah ou tous les revetements de sols étaient composés de marbres récupérés du cimetière juif en question, car j'ai découvert une plaque de marbre que le carreleur avait oublié de retourner, ou il y avait des inscriptions de pierres tombales en hebreu .