El'Horiènne" (le dénudé)

Durant de nombreuses années, au coin de la rue de Rome et de la rue des Tanneurs à Tunis, trônait un personnage remarquable et son étal de nougats, tout aussi remarquables que lui. On disait qu'il était rebouteux et qu'il possédait des dons de guérisseur exceptionnels. On disait qu'il était connu de toute la haute société. On disait que même le Résident Général faisait appel à ses services.

Il avait un surnom "El'Horiènne" (le dénudé) qui ajoutait à mon questionnement inquiet. Le jeune garçon que j’étais, impressionné par ses dons comme par sa taille imposante, s’interroge encore. Qui était-il ? Et pourquoi ce surnom ? Qu’est-il devenu ? Vais-je, grâce à vous et cinquante ans après, satisfaire ma curiosité historique?

Il a fait partie de notre quotidien et a été au centre de notre vie. Lorsque je retourne là-bas, je ne peux jamais passer ce coin de rues sans le revoir et m’interroger.

Si vous le connaissiez ou si vous connaissez sa famille, si vous pouvez me renseigner, vous aurez contribué à me rassurer.


MICHEL KHAYAT

mickhay@laposte.net

Je me souviens très bien de ce personnage et de sa charrette à bras qu'il éclairait, la nuit tombée, avec une lampe à acétylène avec son odeur forte si caractéristique. Elle consistait en un récipient en métal contenant des cailloux en carbure de calcium sur lesquels gouttait de l'eau.

Quand un client venait le voir en raison d'un torticolis ou d'un lumbago, il l'emmenait dans le couloir de l'immeuble le plus proche et, en quelques manipulations, il soulageait ses douleurs. Je ne suis pas sûr qu'il faisait payer tous ses clients.

Ce coin rue des Tanneurs-rue de Rome était très animé. C'est là qu'on trouvait le café de la Lyre. On y rencontrait plusieurs camelots qui vendaient à la sauvette des cigarettes (RT halouzi) ou des tickets de tram à l'unité, ce qui était interdit dans les deux cas. Ils s'enfuyaient dès qu'un képi apparaissait.

Malheureusement je ne me souviens pas du nom de ce personnage et je ne l'ai plus jamais revu.

RT halouzi : la plus mauvaise qualité des cigarettes de la Régie Tunisienne des tabacs, l'équivalent des Gitanes brunes sans filtre en France

Meyer

Voila ta lampe a acetylene.

On ne disait PAS Acetylene, on disait CARBURE, ou plutot CARBIR.
Pièces jointes:

Braham merci. Effectivement c'était ce type de lampe.

Si tu veux des détails sur son fonctionnement

[ecole-francaise-de-speleologie.com]

j'etais gamin et tres turbulent, je m'etais foule la cheville, et je marchais peniblement.
Mon papa, Simon Z'AL m'avais emmene chez ce rebouteux, qui apres un petit massage, me dit, allez courre !, incroyable, je me suis mis a courrir sans aucune douleur.
Merci a Jero de nous faire revenir pres de cinquante ans en arriere.
Yom tov et sameah.

Meyer, mon ami

Arrivant du Sud, où nous avions une grande maison avec électricité et eau courante, a la H 'ara de la Capitale, notre statut économique tomba très bas avec le décès de mon père Z"L.
Sans électricité, la lampe a carbure était le compagnon fidèle de mes veillées durant les années d'études a l'ORT. Cette lampe éclairait mieux que la lampe a pétrole.
J'allais, tous les quelques jours, acheter les Pierres de carbure chez l'épicier. Il les tenait hermétiquement fermées dans un tonneau métallique, qu il ouvrait comme une boite de peinture.

Je me rappelle encore ce petit ronronnement de la réaction dans le ventre de la lampe.

Quant a l'odeur, on ne la sentait que quand le gaz d'acétylène, crée par le contact des gouttelettes d'eau avec le carbure, n'était pas allume.
Quand une pierre n'était pas encore épuisée et qu'on allait dormir, on vidait l'eau.
Mais quand elle était finie et qu'on ouvrait le conteneur intérieur pour jeter les déchets, une sorte de cendre blanche grise, pour les remplacer par une pierre fraîche, l'odeur était vraiment insupportable.

Dernièrement, j'avais achète cette lampe durant mon voyage en Tunisie. Cette lampe en aluminium épais est plus solide que celle de mon enfance, qui était faite en tôles fines de boites de conserve.
Pièces jointes: