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TGM

Envoyé par lapid 
TGM
20 avril 2011, 22:20
Mon TGM, par Monique Zetlaoui









Mon TGM



Entre rêve et Histoire, il chemine le petit train et nous aussi avons le droit de rêver et de prendre quelques libertés avec l’Histoire, si erreurs il y a elles sont voulues.

Tous les matins à l’heure où les ftaïri alimentent leur feu, où les étoiles s’éteignent doucement, laissant à la lune et au soleil un tout petit instant pour une tendre et furtive étreinte, un petit train reconnaissant lève les yeux vers le ciel. Il remercia le mektoub pour cette si jolie vie. Elle n’avait pas si bien commencé son existence, à peine venu peine au monde qu’on l’expédiait sous terre à cheminer dans les sous-sols parisiens.

De Paris, il ne connaissait que d’interminables kilomètres de tunnels gris, noirs, poussiéreux où seules de petites souris qui couraient sur les voies s’amusaient parfois avec lui. De temps à autre à Bir-Hakeim il apercevait la tour Eiffel, son petit cœur palpitait, bouffée d’air, de liberté de bonheur et cette grande dame de fer qui conversait avec le ciel comme il aimerait la courtiser. Pas le temps, bien vite les rails rectilignes, autoritaires, sans la moindre fantaisie le ramenaient sous terre, lui ôtaient ses rêves. Il avait le destin d’un mineur, le bout du nez charbonneux, le ciel, les oiseaux, le soleil, ce n’était pas pour lui. Et, un beau jour, d’élégants fonctionnaires décidèrent qu’il devait partir ailleurs, loin, très loin, si loin. Peu aventurier, il eut peur et se mit tout à coup à les aimer ces galeries souterraines, les petites souris qui se faufilaient entre les rails étaient devenues ses amies, il ne voulait pas les quitter. Mais, les ronds-de-cuir, binocles sur le nez et montres au gousset ne lui demandèrent pas son avis. Il embarqua à Marseille et cloîtré au fond d’une cale, il ne vit jamais la mer dont il ne connut que roulis et tangage, nausées et vertiges. Il ignorait quel destin fabuleux l’attendait.



Tunis





Un joli matin de 1905, il est déposé à l’Avenue de la Marine à Tunis, c’est ici que débute sa vraie vie. Oublié les tunnels, la grisaille, la poussière, et les trainées noirâtres, ébloui, il découvre la mer. Il hume à pleins poumons les embruns marins, il laisse portes et fenêtres ouvertes pour que le vent circule dans ces wagons, ce vent qui lui conte l’Histoire de cette terre qui devient sienne. Il ne se doute pas encore que lui aussi fera partie de cette Histoire, qu’à son tour comme les conteurs de la plus pure tradition, il dira « kan ya maqam fi kadim el zamman… » (Il était une fois au temps jadis), Ouvre tes yeux voyageur, ouvre tes oreilles, regarde, écoute !



Au bout d’une longue avenue bordée de ficus où tous les soirs à dix huit heures sonnantes des milliers d’oiseaux, nichés dans les branches, jouaient une joyeuse symphonie, se trouvait la gare du TGM. La gare ? Juste un auvent bleu et blanc d’où un petit train de bois s’en allait courir sur une trentaine de kilomètres le long de la mer, ma mer, ma Méditerranée. Court-t-il vraiment ? Bien sûr que non, d’ailleurs comment le pourrait-il, la distance entre deux gares est si courte. A peine l’élan pris, que retentit le sifflet du contrôleur, annonçant la prochaine station. Il musarde, flâne, s’arrête parfois de façon inopinée, pour laisser passer un âne au regard doux et triste ou une grappe d’enfants joyeux et indisciplinés qui traversent la voie ferrée. Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis son arrivée sur cette terre qu’il aime passionnément, dont il sait les joies, les souffrances, les besoins, les rêves et les rumeurs. Il n’en veut jamais aux passagers, pour le moins dissipés, qui pénètrent dans ses wagons sans demander la permission, c’est qu’en échange ces voyageurs lui ont ouvert leur cœur depuis l’enfance, son âme se niche au plus profond de chacun d’entre eux et il devine que ces petits garçons aux genoux écorchés qui galopent d’un wagon à l’autre laissant derrière eux, des pépites blanches salées comme la mer, ces patriotes enthousiastes au regard fiévreux, coiffés de la chéchia, ces papas au costume d’alpaga, ces petites filles aux nattes impeccables, ces bédouines impériales, la mélia retenue par l’antique fibule diront tous un jour « tu te souviens du TGM » Il sait qu’à jamais il demeure un morceau de leur enfance, de leur jeunesse, cet âge d’or mythique que chacun trimbale et embellit tout au long de la vie.



Dans ses wagons, recouvertes, d’un sefsari d’un blanc immaculé qu’un Président progressiste, au regard azur va bientôt leur ôter, les belles Arabes ne laissaient voir que leurs yeux ourlés de khôl. A coté, la nonna sicilienne toute de noir vêtue, elle qui fut si pulpeuse autrefois avant tous le spaghetti, tortellini et rigatoni, (mamma mia !....) et les jeunes filles juives timides et aguicheuses qui fredonnaient déjà les premières chansons d’Elvis. Il en a de la chance le petit train, qu’elles sont belles ces femmes qui s’installent dans les wagons, ces jupes coquines qui virevoltent, ces peaux mates et soyeuses, . Et puis ces hommes au regard fier, brûlant, qui oscillent entre courtoisie et désir.

Il ne veut pas les ennuyer comme un vieux professeur imbu de son savoir. Il est malin, le petit train, il sait que pour les intéresser, les éblouir, il faut les faire rêver, quoi de mieux que le septième art pour cela. Il était né en 1900, avec la première ligne de métro, cinq ans après la première projection des frères Lumière Avec talent, avec génie, il se fait cinéaste et fait défiler, sur l’écran- fenêtre, des paysages doux et écorchés, de bougainvilliers aux fleurs insolentes de couleurs, des cactus croulant sous des fruits piquants et… des pans de civilisations, le cinéma peut faire remonter et temps et se télescoper les époques.Tout à coup, toi voyageur éberlué, tu tu regardes l’altière mais gourmande Tanit qui déguste une brick à l’œuf à la Goulette sous l’œil effaré de Baal et rend une visite de courtoisie, à la Madone recluse dans son église de la petite Sicile. Tu aperçois Caton, ébaudi et jaloux de la richesse des verges phéniciens, ivre de rage il pense déjà « Carthago delanda est » il déshabille une granatum punica dont il croque les graines rubis en pensant au sang qu’il fera couler pour la troisième guerre punique. Zina et Aziza ondulent des hanches au Festival de Carthage avant de laisser la place aux gladiateurs. Les Siciliens débarquent en masse au XIX°siècle dans l’espoir d’une vie meilleure, attendris et étonnés et émus les premiers gouverneurs Banu Khorassan hument les effluves de pkaila qui s’échappent des demeures juives, en rêvant de khorresh –e esfenaj









Et du bleu, du bleu à n’en plus finir, celui du ciel, celui des persiennes qui s’ouvrent aux heures fraîches, et les scintillants lapis-lazulis de la mer. Il laisse derrière lui l’avenue, devenue l’avenue de la Marine devenue Jules Ferry puis Habib Bourguiba, il tourne le dos à Bal el Bhar, et s’engage sur une étroite bande de terre. A sa droite, du bleu, à sa gauche du bleu. A gauche, un lac, résidence de royaux flamants roses, hautains et indifférents à l’odeur putride qui émane des eaux. Comme souvent les pauvres, elles sont dignes ces eaux et cachent leur misère derrière une céleste robe bleue, alors qu’ailleurs les eaux croupies ont pour tout vêtement une hideuse robe verdâtre. A droite, l’étroit goulot de mer, Halq al Oued. Voyageur, le sais-tu que ce chenal fut percé dès le Moyen-âge ? Bien vite, il s’avéra inutilisable pour les bateaux à fort tirant d’eau. Plus tard, un nouveau canal reliera la Goulette et Tunis et les paquebots qui glissent sur l’eau salueront respectueusement à grands coups de sirènes le petit train. Les voyageurs écoutent d’une oreille distraite car un spectacle les captive. Suspendus aux fenêtres, accrochés aux portes, ils regardent fascinés la chorégraphie des dauphins et cachalots, ils en oublient de lécher le frigolo qui fond dans leurs mains. Sur les ponts des paquebots s’agitent mouchoirs et foulards.



Goulette Vieille





indique le panneau, de nouveau un auvent bleu, des murs éclaboussés de blanc sur lesquels s’écrasent au plus fort de l’été d’indécentes et violettes figues àla robe fendue , un entêtant parfum de jasmin et le vent, ce nomade caressant ou violent, glacial ou brûlant demeure itinérante des esprits de la mer et du désert. C’est ici, voyageur que tu aimes déguster un sandwich au thon dégoulinant d’huile et lécher voluptueusement une granite de citron glacé. A la fin de l’après-midi, tu t’achemineras lentement vers le port où rentrent les chalutiers qui déversent à quai leur moisson marine. Joyeux brouhaha de vente à la criée, filets déployés et ravaudés, fête du retour. Ce soir dans les riches demeures, on se régalera du royal mérou, du mulet au ventre noir et à l’œil brillant, de crevettes géantes que guettent avec impatience ail, tomates et persil. Les plus modestes dégusteront avec autant de bonheur rougets et autres petites fritures. Pour tous, une seule façon d’accommoder le poisson, chaque Goulettois, le sait ; un poisson ça naît dans l’eau et ça meurt dans l’huile ; tomates, poivrons et œufs eux aussi plongés dans l’huile bouillante les accompagneront. Tard dans la nuit, ce sera au tour des chats, voyous impériaux de festoyer. D’un élégant coup de patte, ils éventreront les poubelles pour savourer avec une distinction toute féline les reliefs des dîners, croquant majestueusement têtes et arêtes. Repus, ils n’oublient pas de faire leur toilette avant d’aller faire hurler de plaisir les chattes des alentours, qui quelques semaines plus tard mettront bas. Le 15 août, toi le musulman, toi le juif, tu suivras la procession de la Madone qui part de la petite Sicile. Furtivement et secrètement, tu invoqueras la Vierge Marie, sais-t-on jamais ? Et le Fort balayé par les vagues, fouetté par les vents, écrasé par le soleil demeure le témoin d’événements que tu as oublié. Pourquoi le vent fait-il autant de vacarme ? Ce n’est pas le vent te souffle le petit train, écoute, entends-tu Saint Louis qui débarque le 17 juillet, il ignore que épidémie de typhus décimera une partie de son armée et que lui-même rendra l’âme à Carthage. Entends-tu les ordres hurlés du terrifiant corsaire Khayr el Din que les Occidentaux appellent Barberousse, les cris des soldats turcs et espagnols qui s’étripent et vois-tu les flaques de sang qui rougissent les eaux du port ? Les gémissements se taisent, des clameurs joyeuses montent vers le ciel. C’est quoi cette liesse, ces youyous ? Mais souviens toi, regarde le « Ville d’Alger »glisser sur les eaux et le voilà le Libérateur, et la foule chante, danse la joie, le printemps est tiède. Il est beau, radieux, il croit si fort à ses rêves et le peuple entier y croit avec lui. Le temps du culte de la personnalité n’est pas encore arrivé. Il enfourche un cheval et la petite fille émerveillée croit qu’il est le prince charmant. Couper, couper hurle le machiniste, un long sifflement, et redémarre le petit train.

Goulette Neuve, Goulette Casino,











deux autres stations pour la même ville qui s’étire indolente le long de la mer, il est loin le temps des Croisés, des pirates et autres envahisseurs. Ici un gros gâteau blanc posé sur le sable, pompeusement baptisé casino, là quelques maisons aux zéligs délavés témoignent d’une opulence d’antan. Stations balnéaires misérables et gaies, aux sols parés de pelures de glibettes qui se prennent pour des mosaïques romaines, aux grands-mères énormes, felliniennes, aux hommes orgueilleux et tellement humiliés. Les embruns puissamment iodés et les odeurs de friture et de grillade de viandes se côtoient étonnés. Nonchalamment, la rouille et les embruns marins grignotent les vélos. Les bouchers, bourreaux des temps modernes suspendent a des crochets des bêtes sacrifiées et les mouches y élisent joyeusement domicile . Il n’y a pas de librairies ici demande la petite fille. On démarre, pas question de fermetures de portes, les petites jambes brunes se balancent sur le marchepied, les petits garçons comptent et recomptent les noyaux d’abricots et le petit train enjambe un canal et filme inlassable la mer jusqu’à





Kherredine, petite bourgade du nom d’un pacha turc, si loin des fastes de la Sublime Porte. Rues alignées, demeures sans charmes, architecture bâtarde, village assoupi presque toute l’année qui tout à coup l’été venu se réveille, village sans grâce et pourtant ….. C’est ici que sont les souvenirs, les émois, les émotions de quatre générations de juifs tunisois. Amours licites et amours clandestines, matchs de foot pieds-nus sur le sol brûlant, parties de cartes pagnolesques et pêches miraculeuses, vélos rouillés et grinçants, guerre de Bizerte et lointains échos de la guerre d’Algérie, guirlandes parfumées de jasmin au cou des femmes et odeurs de grillades, persiflages et jacasseries, cornets de frites et beignets brûlants mais curieux qui lisent les journaux qui les enveloppent. Ventres mous et peaux fanées et la réverbération qui renvoie de jeunes poitrines effrontées, des corps lisses et fermes, coup de soleil et griffures au cœur, premiers effleurements, baisers volés. Petits rien de la vie, souvenirs sans importance qui se muent un jour en nostalgie, nostalgie d’une innocence voulue et naïve. Kherredine Maisons ouvertes et.... cœurs méfiants… Attention au départ.

L’Aéroport

Pas très loin, sur le lac se posaient dès 1926, les premiers hydravions établissant la première liaison avec la France, Antibes-Ajaccio- Tunis. L’amerrissage, sur la base dite de Kherrédine, attirait badauds et curieux et bien de petits garçons pédalaient depuis la Goulette pour voir le grand oiseau de poser. Rien, il ne reste rien de cette excitation. Timide, introvertie, mutique la station ? La vie ne palpite que devant la boutique d’Alfredo le glacier italien à la divine zuppa inglese, il s’applique d’autant plus qu’à la halte suivant un rival tout aussi doué officie. Sur le bord de la route nationale, un imposant bureau de poste, lointain souvenir de l’aéropostale au temps béni des hydravions bien avant qu’El Aouina ne lui ravisse sa place

Le Kram









Le petit train cinéaste aperçoit l’écran d’un cinéma aux sièges branlants, au ciel étoilé pour seul plafond où à la nuit tombée Ben Hur, certains soirs, fait courir ses chars et, d’autres soirs, Rett Buttler embrasse fougueusement et langoureusement la séduisante et coquette Scarlett O’hara sous les sifflets du public. Les adolescentes au cœur chaviré aimeraient bien avoir son audace et se contentent de lécher un onctueux nougat glacé chez Cacciola et les garçons cheveux raidis par le brushing et sexe tout aussi raide ne rêvent que de rencontrer une coquine effrontée. Agha el Kram dont les vergers de figuiers parfumés donnaient les meilleurs fruits du monde est oublié de tous, pourtant la localité doit son nom au fruit (kermâ, désigne le figuier et signifie bénédiction don de Dieu) peut-on rêver de plus joli nom ?

Le ciel n’a pas changé, l’horizon est toujours de mer, les gares chaulées se ressemblent, se confondent mais la petites fille aux nattes disciplinées, à la jupe bleue marine sagement plissée a tout àcoup le sentiment d’entrer dans l’Histoire.





Salammbô, Dermech, Douar Chott,







moins ardent, le soleil, plus léger le souffle du grégal et du sirocco, paisibles et sereines, les rues frangées d’odorants eucalyptus. Les petites stations ombragées s’allongent sur une méridienne de sable et de mer dans la torpeur d’une interminable sieste. Partie de Tyr, entourée de ses suivantes et de valeureux marins, débarque une belle princesse. Elyssa est audacieuse, courageuse et assez maligne pour leurrer un roi qui s’embrouille, penaud ou ébloui par sa beauté, dans ses découpages de lanières de peau de bœuf. C’est ici qu’elle fondera sa nouvelle ville, ce grand Empire que Rome jalousera tant. Dans ses bagages la phénicienne amène l’olivier et la grenade.

Que reste-t-il des faubourgs de Megara , des ports puniques ? Des criques miniatures, des ruines de ruines. Une petite fille imagi-naïve qui passe ici les vacances de sa petite enfance, frotte entre ses mains de très vielles pierres magiques. Qui a dit que les pierres étaient muettes ? Devant elle, tout à coup l’armée des 29 éléphants d’Hannibal embarque. Les éléphants ignorent qu’ils se préparent à franchir les Alpes, mais d’instinct, ils savent qu’ils ne reviendront pas. L’œil triste, ils disent adieu à leurs amis les chats qui bien qu’amateurs de poissons détestent l’eau, eux ne partiront pas. Le TGM roule plus lentement, précautionneusement, ne pas commettre de sacrilège. Sous les rails, une chapelle, plus loin un tophet. Tout à coup les stations s’ébrouent, sortent de leur sommeil, un vacarme assourdissant, c’est celui des quais, les bateaux aux cales pleines qui livreront tout le pourtour méditerranéen, les dockers puniques ploient sous leur fardeau des amphores ventrues, pleine de vin, d’huile et de ce puissant garum.

Carthage,









la locomotive frémit palpite ; c’est qu’elle est émue en dépit de la sérénité des avenues, des nonchalantes calèches alignées près de la gare, des violettes belles de nuit qui attendent la tombée du jour pour étaler en corolles les soies de leurs pétales, robes de bal d’un soir, un nuit, une seul nuit pour séduire. D’élégantes jeunes femmes à la taille serrée, étole de soie négligemment jetée sur les épaules, suspendus au bras de faux Gary Grant, se dirigent vers le Neptune pour déguster dans une atmosphère surannée et désuète des crevettes du bout des lèvres et piétinent allégrement de leurs talons aiguilles le sommeil de ces Carthaginois victimes du premier génocide de l’Histoire. Entendent-elles ces jolies futiles le discours haineux qu’un vieux sénateur prononce à Rome et que l’écho répercute : « Carthago delanda est…Carthago delenda est » Au dessert d’une moue gourmande, les belles redemandent une figue oubliant que ce fruit si sensuel est celui utilisé par le vieux Caton pour déclencher la troisième guerre punique. Sur la table un grand agronome, à jamais enfermé dans une bouteille est devenu un vin prestigieux, Magon. Le petit train médusé voit ses wagons se vider à la nuit tombante la jeunesse doré se dirige vers le Bey-Palladium pour se trémousser sur une musique frénétique, qui offense Dame Tanit et le Seigneur Baal. Le contrôleur vérifie distraitement les tickets et rêve d’un boga glacé. En bas de la pente, ma mer… Rieurs et chamailleurs les enfants courent pieds-nus sur la grève ramassant coquillages et tout à coup le petit train aperçoit les premiers petits, petits bikini, Attention au départ.



Carthage Présidence. (ex Sainte Monique) Exit



Sainte Monique, l’autoritaire mère de Saint Augustin qui avait elle-même délogé Tanit. Il fallait reconstruire ici, il fallait redonner orgueil et assurance à cette terre et, posé sur les eaux bleues un palais. Tel une sentinelle des antiques ports puniques, un président veille sur le pays non loin de l’endroit où quais et loges pouvaient contenir jusqu’à deux cent vingt vaisseaux. Sur la colline de Byrsa, Dame Tanit et le seigneur Baal, scrutent l’horizon, guettant un improbable adorateur venu les célébrer. Du sang d’Hamilcar et d’Hannibal, un 6 août 1967, un valeureux président roule en trombe vers Tunis défendre en pleine guerre des six jours ses concitoyens juifs victime de la vindicte populaire. Le petit train aurait tant aimé qu’il embarqua dans un de ses wagons et pas dans cette arrogante automobile. Respectueux il s’incline du choix du Président, qui sans doute commettra parfois des injustices mais c’est le sort des grands hommes n’est-ce pas, n’est-ce pas ? Roule, roule petit train jusqu’à

Hamilcar.





La terre est rouge, rouge comme les étoffes teintes en pourpre dont les Phéniciens avaient le secret. Les touristes romains qui s’ébattent joyeusement dans l’eau ont oublié depuis longtemps l’implacable inimitié que leur vouait la famille Barca. Le train caméraman s’attarde sur la roche rouge, la mer turquoise, indigo, jade, azur, il voudrait tant la rejoindre, se couler en elle, alors elle lui envoie ses embruns. Il évite le disgracieux hôtel qui tel un soudard a assailli la blonde plage. Il prolonge son temps de quelques secondes pour attendre le petit marchand d’oursins qui panier vide et bourse pleine sans retourne à la Marsa et offre au TGM un panier de senteurs marines, de sel et de varech. La petite fille sage est interdite de frigolos glacés, d’oursins avec une unique cuillère pour tout le monde, c’est une question d’hygiène martèlent les parents. C’est sur cette plage que devenu adolescente elle dévorera quantités d’oursins sans passer de vie à trépas et des frigolos bien glacés qui ne tuent que de plaisir, ses premières transgressions. Plus tard, à la nuit tombée elle ôtera son petit bikini pour ne faire qu’une avec sa mer, mais cela ce n’est pas ton histoire petit train, c’est la mienne.
Sifflet, sifflet, un si court trajet le petit lève le nez pour apercevoir l’exquis petit village de…

Sidi Bou Said,



parfois, même un vaillant petit train ne peut dépasser ses limites, impossible de grimper la douce colline aux senteurs de fleurs d’orangers. Ici, les rôles s’inversent ; « tu as fait défiler le ruban bleu de la mer, tu nous as conté de si belles histoires, prête nous la caméra, petit train, on t’a vu enregistrer, cadrer, mémoriser, ne n’inquiète pas on va le filmer pour toi le village et toi raconte, raconte » Et devant le petit train émerveillé, la pellicule défile. Suspendu entre ciel et ondes, le village laisse courir ses murs chaulés, blancs jusqu’à aveugler, éblouissant même la mer. Dressés vers le firmament, avec les eaux pour berceau, les murs lui volent, lui captent son bleu pour colorer lourds portails de bois cloutés et moucharabiehs. Jebel Manar où brillait le feu qui rassurait les navigateurs puniques et romains. Point de fée sur le berceau du petit village, point de sorcières mais deux hommes bienveillants, séparés par des siècles mais unis par le même amour de la beauté. Abou Said Khalafa ben Yahia el Beji et Rodolphe d’Erlanger suspendus aux étoiles devisent doucement et s’offusquent avec la même des hordes de touristes dépenaillés, des transistors et autre ipods qui hurlent. Eux, là haut, entremêlent avec bonheur chants soufis et musique andalouse. Bougainvilliers, jasmins s’accrochent aux murs, y déploient parfums et couleurs. Les chats colportent rumeurs et ragots se faufilant d’un air princier d’une demeure à l’autre, il y a belle lurette qu’ils ne guettent plus ni souris ni oiseau, régaliens, ils prélèvent leur impôt à chaque table. Le thé brûlant a oublié La Chine et courtise assidûment bendoq et nânâ. Les nuits d’été, éclairées par des rayons de lune, le long des murs blancs, d’effrontées belles de nuits aux pétales mauves et violettes murmurent au vent ; elles se savent belles mais jalousent les jasmins dont le parfum



Sidi Dhrif (l’Archevêché) :

Monsieur l’Archevêque, je reviens chez moi murmure courtoisement Sidi Dhrif, mais je vous en prie prenez votre temps, n’oubliez pas votre missel, venez allons faire une promenade le long de la mer, près du cimetière marin où reposent mes restes. Voyez vous il y a très longtemps, ici même j’ai disserté avec un roumi comme vous, venu nous envahir, j’ai essayé de l’initier au soufisme, vous l’appelez Saint Louis. Notre confrérie aimait le chant et la musique qui montent vers Allah et quelques siècles plus tard c’est un étranger qu’il a envoyé, sur la colline tout près, le baron d’Erlanger pour que vers Lui s’élève la musique. Cela fait un moment que nous marchons, sur cette terre le temps prends son temps, nous sommes déjà à.....
La Corniche, avant dernière station avant le terminus avant ….

La Marsa,





la petite station balnéaire se rêve sans doute en port, mais le TGM sait parfaitement ce qu’elle lui doit. Sans lui et ses prédécesseurs qui la reliaient au Bardo, serait-elle ce qu’elle est aujourd’hui ? Lorsque les petits garçons font courir des trains entre les meubles du salon, le Bey, grâce à son jouet grandeur nature se faisait construire une résidence d’été dans l’ancienne A…les Bledi s’empressent de le suivre et la station s’enorgueillit de cette aristocratie. Mais Le petit tain aime avec autant de tendresse, les beldi et le petit peuple. C’est dans ses wagons qu’ils se côtoient, à peine séparés par une première classe dont la porte claque au premier coup de vent. Mais c’est au Terminus qu’ils se rencontrent vraiment. Creuset de la vie sociale, de notion d’appartenance àune même cité, Salem et le Hafsi. Au Hafsi, les hommes à la djellaba blanche, fraîchement repassée ou au costume de lin, mechmoum àl’oreille discourent avec les chauffeurs de taxis ou les petits artisans. Ici plus de barrière sociale, et puis quel délice que ces après-midi entre hommes, qu’elles sont loin les mères, les épouses, les filles et même les maîtresses. Des après-midi sur la planète homme, ils redeviennent les petits garçons aux yeux pleins de rêves. Ils sirotent, tous avec le même plaisir, un thé brûlant ou une Celtia bien fraîche, dégustent force glaces et granites chez Salem et en catimini iront au Saf-Saf juste avant de renter dîner. Leur appétit d’oiseau étonne la maîtresse de maison, mais l’œil narquois de la petite bonne a deviné bricks et sandwichs. Elle ramène à la cuisine le plat de ganaouiya à peine effleuré, y trempe sa miche de pain , sans le moindre dégout, c’est qu’il y a longtemps qu’elle et Monsieur sont intimes, à l'insu de Madame et ils peuvent bien manger dans le même plat même si ce n’est pas à la même table.




Source pour les photos :

1/ Photos [www.harissa.com] /tgm.htm

2/ Google images : [www.google.fr]
Re: TGM
12 mai 2011, 04:25
il manque une phrase avant "la Marsa".... quelle poésie. merci d'avoir si
bien mélé l'ancien et le présent pour chacune des stations .
je suis ravie d'avoir découvert cet article, je le ferai lire à ma fille.
bon, la nostalgie n'est pas que la mienne elle existe pour nous tous,
alors ok, je suis "normale".

cordialement, shochote.
Re: TGM
23 mai 2011, 04:45
Chochote chalom,
Je viens juste de decouvrir cet article qui resume nos si belles annees liees au TGM et a toutes ses stations qu'il deservait et continue a deservir.
Un tres grand merci a Lapid, et surtout a Monique Zetlaoui.
Re: TGM
23 mai 2011, 04:59
Pas loin de chez moi, il y a une petite rue borde des deux cote de ficus, et a certaines heures, le chant des oiseaux me rapelle tout le temps, cette avenue Bourguiba a Tunis avec le chant de milliers d'oiseaux.
Ya hasra al a Touness el khadra.
Re: TGM
28 juillet 2011, 08:34
Le Saf Saf de la Marsa : une Histoire d’authenticité - Par M.Bouamoud

[www.wat.tv]



Un puits, une noria, une chamelle, un arbre gigantesque et un restaurant. Ce sont là, depuis, au moins, le milieu des années cinquante, les seules caractéristiques qu’on reconnaisse au Café le Saf Saf. Ce n’est pas tout à fait faux. Mais il a derrière lui une histoire de trois cents ans.



La voici.



Ce qui, en plein été, frappe le plus dans cet espace, c’est qu’il offre, sur sa terrasse intérieure, une brise matutinale et câline à même de narguer la chaleur estivale. Jeunes et hommes d’un certain âge viennent quotidiennement s’y installer pour s’adonner – calmement – à quelques parties d’échecs, de rami ou de belote. Autour d’autres tables, des familles clairsemées et quelques touristes. Jusqu’en fin d’après-midi – mais en dehors de la sieste – c’est quasiment le même spectacle de tous les jours. Le soir, c’est une autre ambiance qui prévaut. Bien qu’il n’offre pas une carte assez riche en mets, l’espace, qui ne désemplit pas jusqu’un peu tard dans la soirée, propose juste le fameux plat tunisien, le sandwich au thon, le brik à l’œuf, le fricassé et – imposée par les temps modernes – la pizza, soit des plats à valeur d’hors-d’œuvre mais dont raffolent les Marsois et tous les visiteurs. D’apparence très simple et limitée, cette cuisine présente néanmoins l’avantage de n’avoir jamais dérogé à ses composantes, à sa tradition, à son authenticité. Seul regret, le spectacle d’autrefois est aujourd’hui tronqué : la noria est tristement immobile, et le chameau dans son écurie.




fricasse au saf saf by zouga

Une aubaine dans le désert

Il faut remonter très loin dans le temps pour retrouver l’origine de cet espace. Mais à l’époque, l’Histoire restait encore silencieuse sur certains points. Tout, par conséquent, laisse supposer que cette contrée balnéaire était plus ou moins déserte, en ce sens qu’elle n’était animée que par intermittence, à l’occasion de sa traversée par des caravanes venues d’on ne savait où mais sûrement en partance pour Tunis. Lieu de rencontre et caravansérail d’autant plus profitable qu’il y avait – aubaine inestimable – un puits. Sinon pour le climat du lieu, du moins pour cette source d’eau, les caravaniers prisaient cet endroit qui leur offrait de quoi abreuver leur bétail de tous genres. Bien des décennies plus tard, ils allaient même se rendre compte que l’eau était, non seulement potable pour l’homme, mais semblait présenter quelques vertus thérapeutiques, en tout cas assez bonne pour la digestion.



Ce n’est donc qu’au début du 18ème siècle que l’Histoire commence à balbutier ses premiers mots. Certains beys de la dynastie husseinite avaient jeté leur dévolu sur cet endroit, mais beaucoup plus pour y laisser brouter et s’abreuver leurs chevaux que pour autre chose. A partir de 1835, c’est Mustapha Pacha et jusqu’à Mohamed Lamine, en passant par Ahmed Pacha 1er, qui exigeaient que leurs purs-sangs fussent désaltérés à cette source d’eau. Mais pas seulement : de petites résidences beylicales furent dressées ça et là. Depuis la nuit des temps, la Marsa avait on ne sait quoi de si attirant ; ou c’est peut-être les familles beylicales qui s’y étaient succédé qui lui avaient donné un tel prestige et un tel charme. Bien avant la création de la Municipalité de la Marsa en 1912, un certain Cheikh Bahri, Tunisois né dans la Médina arabe de Tunis, avait acquis l’espace et y avait même construit un café maure, non sans prendre soin de le grillager évidemment. Curieusement, ce n’est pas le puits providentiel qui allait donner son nom à l’espace, mais un peuplier gigantesque trônant à quelques pas de la source. Vieux d’au moins trois siècles, le peuplier, altier et carrément hautain, ombrage de ses branches une bonne partie de la terrasse intérieure. En cherchant l’équivalent de peuplier dans la langue arabe, Cheikh Bahri tomba sur le mot Saf Saf. Sitôt découvert, le nom fut sitôt attribué à l’endroit. Depuis, au moins, un siècle et demi, tout le monde parle du Saf Saf de la Marsa, alors que très peu nombreux sont ceux qui en connaissent le sens. Qu’importe. Un nom et un café sont donc nés…



Fethia, la belle tournante



Bien que devenu propriété privée, le puits du Saf Saf ne pouvait pour autant être fermé au public ; après tout, c’était une aubaine du ciel. Sauf qu’il fallait organiser un tant soit peu les choses, tout le monde ne pouvant continuer à puiser l’eau chacun à sa manière et dans la confusion. Ainsi naquit l’idée d’une noria devant puiser en continu l’eau. Mais au moyen de quelle énergie ?... Epoque oblige ou volonté de rester le plus fidèle à l’originalité de l’endroit, toujours est-il que Cheikh Bahri opta pour une chamelle devant porter un bandeau sur les yeux pour avoir l’impression de fouler un parcours droit et interminable, comme celui menant à quelque lieu de pèlerinage. On connaît tous le procédé : la chamelle, en tournant à son insu, fait tourner la noria qui puise l’eau du puits. Mais ce que très peu de gens savent, c’est que la belle tournante s’appelle Fethia. Et toutes celles qui lui succèderont s’appelleront d’office Fethia. Il n’y a pas de pourquoi. C’est comme ça. Mais d’une seule pierre, donc, Cheikh Bahri avait fait deux coups : de l’eau puisée en permanence (toute la journée, du moins) et le spectacle d’une Fethia très sage et visiblement heureuse de servir sa caravane imaginaire, alors qu’elle ne faisait que tourner en rond.

Les années fastes du Saf Saf

Durant plusieurs décennies, les choses devaient en rester là : le Saf Saf, un lieu de rencontre et de croisement d’individus, abstraction faite de leur couche sociale, de leur religion et de leur sexe. Des familles entières venaient se prélasser, se détendre, siroter un café turc ou un thé à la menthe. Puis, la cuisine juive inspira les maîtres des lieux qui ne sont autres que la descendance de Cheikh Bahri, le Saf Saf étant un legs à succession automatique. Ainsi le brik à l’œuf et le plat tunisien firent leur entrée, vite suivis du fricassé. Nous sommes à l’époque de Abdessatar Bahri, petit-fils du fils de Cheikh Bahri, et le tout premier bachelier de Tunis. Au seuil de l’indépendance du pays, nous tombons sur Mohamed Bahri, agronome de sa qualité, mais devenu premier responsable du Saf Saf. Et c’est sous son ‘‘protectorat’’ que le Café Saf Saf allait connaître ses années fastes. Au palier inférieur attenant la terrasse intérieure, avait été dressée la scène du Saf Saf. La toute première vedette à l’avoir montée était vraisemblablement Ali Riahi avec son orchestre. Le plus vieux serveur du Café rapporte que même Houyem Younès, la célèbre chanteuse libanaise, s’y était produite. Mais une chose est sûre : celui dont, durant plusieurs saisons estivales, le nom était resté longtemps collé au Saf Saf n’était autre que Tahar Gharsa. Les soirées du Saf Saf, à base de malouf, étaient pour les Tunisois de l’époque ce que sont devenus les festivals de Carthage et de Hammamet pour nous autres d’aujourd’hui. Soirées d’autant mieux appétissantes que les grillades de toutes sortes étaient venues à la rescousse du plat tunisien et du brik à l’œuf. A bon entendeur...


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Le SAF SAF - des siècles de rencontres

Il est difficile de retrouver la date de la création du café du Saf Saf, né des rencontres autour d’un puit à la Marsa, où s’arrêtaient les caravanes des marchands allant à ou revenant de Tunis.



Ce point de rencontre connu son essor quand le choix des Beys de Tunis se porta sur la Marsa comme lieu de leur résidence estivale, et devint l’un des cafés les plus connus de la Tunisie.

Tout au long de son histoire, ce café, à l’image de la Tunisie, a su accueillir et se faire retrouver toutes sortes de visiteurs, abolissant les frontières entre les religions, les origines, les sexes ou l’appartenance sociale.
Cette fonction d’amalgame entre les personnes et surtout le fait que le puit d’origine, avec sa noria et la chamelle « Fethia », est resté partie intégrante de l’architecture en ont fait ce lieu de notoriété internationale, poussant même le journal « Le Monde » à le titrer de « plus beau café du monde ».

Avec l’indépendance, le Saf Saf entra avec la Tunisie dans une nouvelle ère. La gamme culinaire s’élargit, ajoutant à la fameuse « Brik du Saf Saf » , adaptée d’une recette juive, toutes sortes de produits du « prêt à consommer tunisien » comme les « fricassés », les « casses-croutes », le « lablabi » (soupe de pois chiches traditionnelle) et les grillades.

Le café continue a se transformer et ajoute un espace culturel, avec la création dans les années 60 d’une scène sur la basse terrasse du café, où se succèdent pendant les soirées estivales les orchestres de Malouf (musique classique orientale) et de nombreux artistes de renom comme Ouarda ou Ali Riahi.



L’architecture typiquement tunisoise du Saf Saf, qui doit son nom à l’abondance des peupliers (nom arabe : saf saf) dans ces environs, rappelle des siècles de métissage de styles au cœur de la Marsa. Les faïences, kiosques en bois peint, et les voûtes du café supérieur sont autant d’empreintes et de témoignages des civilisations et cultures qui ont traversé la Tunisie.

Aujourd’hui, le Saf Saf est toujours le point de rencontre et le cœur de la Marsa. Surtout l’été, quand les tunisiens vivants á l’étrangers reviennent passer leurs vacances en Tunisie, tous se retrouvent au Saf Saf pour se ressourcer, autour d’un verre de thé a la menthe et aux pignons et jouer une partie de « chich-bich » (Backgammon).



Re: TGM
30 juillet 2011, 12:06
La Marsa


Panorama de la baie de La Marsa




il était une fois...La Marsa by mulatre


la marsa - (kobbet lahoua) by weldbardo

Synagogue Keren Yéchoua de La Marsa


Façade de la synagogue

La synagogue Keren Yéchoua de La Marsa, parfois orthographiée Keren Ichoua, est une synagogue tunisienne située au numéro 4 de la rue Slim Haider à La Marsa (banlieue de Tunis).


Synagogue Keren Ichoua - La Marsa-Tunisie by kalfonyh

Inaugurée en 1927, sa première pierre est posée en 1925. Elle est l'œuvre d'une association communautaire juive de La Marsa fondée en 1923 et nommée Keren Yéchoua d'après le nom du philanthrope Yéchoua Sauveur Kisraoui qui offrit le terrain à l'association. Cette synagogue a, au cours de son histoire, vu passer des générations de Juifs tunisiens qui y ont prié, appris, fêté leurs événements familiaux (mariage, Bar Mitsvah, etc.) alors que de nombreuses personnalités et rabbins l'ont fréquentée ou simplement visitée. Elle constitue donc l'un des joyaux du patrimoine juif tunisien et reste hautement respectée par la population musulmane.

Cette synagogue, qui servait de lieu de culte à la communauté juive de La Marsa, comportait également une école talmudique kouttab. Depuis le début des années 1980, du fait de la baisse du nombre de fidèles, la synagogue ne dispense des offices que durant la période estivale (juillet-août), période lors de laquelle de nombreux touristes juifs viennent passer leurs vacances dans les hôtels de La Marsa et Gammarth. Isaac Kalfon en est le ministre-officiant et responsable.

À noter que la synagogue apparaît dans le film Un été à La Goulette de Férid Boughedir.



La synagogue est reconnue pour son cachet architectural de style mauresque. Elle est peinte en bleu et blanc, qui sont aussi les couleurs traditionnelles du pittoresque village de Sidi Bou Saïd surplombant La Marsa. Jusqu'en 1994, la synagogue comportait une coupole qui s'effondra suite à d'importantes intempéries. De grandes tables de la Loi en pierre surplombent depuis lors l'édifice. L'intérieur de la synagogue dispose d'un tabernacle circulaire unique en son genre, et d'une teba (estrade centrale sur laquelle officie le ministre du culte) taillée dans le bois par de célèbres ébénistes.



On raconte que le bey de Tunis, qui était passionné d'art et avait une résidence secondaire à La Marsa, vint assister au façonnage de cette teba. La synagogue comporte bien d'autres objets de cultes et décoratifs (menorahs, lustres, etc.). Elle comporte aussi une bénédiction pour le bey de Tunis puis pour le président de la République tunisienne gravée dans le marbre en hébreu, arabe et français. Enfin, la véranda se trouvant à l'arrière du bâtiment offre un panorama magnifique sur les rivages de La Marsa.


Aperçu de la teba


Heikhal ouvert


Entrée de l'école talmudique

Surnommée par certains fidèles « la synagogue des miracles », la synagogue de La Marsa a vécu bien des péripéties pendant son histoire. Durant la Seconde Guerre mondiale et l'occupation allemande, elle est sauvée d'un bombardement américain. En effet, le siège de la Kommandantur se trouve à seulement dix mètres de la synagogue, dans l'hôtel du Zephyr, et la légende raconte que le pilote aurait repéré l'étoile de David se trouvant sur la coupole de la synagogue et aurait alors déplacé sa trajectoire afin de ne pas atteindre celle-ci. La bombe tomba finalement dans le quartier de Saf-Saf à 200 mètres de la synagogue. Par la suite, des soldats alliés de confession juive vinrent prier à la synagogue et une photo de cette événement y est conservée.

En 1992, une femme non juive s'est présentée au responsable de la synagogue, Isaac Kalfon, afin de lui proposer d'acheter un rouleau de la Loi. Elle l'invite ensuite chez elle afin de lui montrer un parchemin. Lorsque Isaac Kalfon regarde ce dernier, il est stupéfait de reconnaître une partie d'un rouleau volé quelques années auparavant. Avec l'aide de fidèles et de la police, il parvient à faire arrêter la femme et à récupérer le document. En 1994, la synagogue subit durement les intempéries hivernales : la coupole s'effondre et met en danger le reste de l'édifice. Le responsable de la synagogue, avec l'aide de fidèles, sauve le bâtiment alors que la municipalité envisageait déjà d'interdire son accès au public et que le comité de la communauté juive tunisienne œuvrait pour sa démolition1. La synagogue ne dépendant pas de ce comité — c'est une association privée qui l'a fondée — put, grâce à l'élan de générosité des fidèles, être remise en état et fonctionner comme à son habitude.

Dans la nuit du 11 avril au 12 avril 2002, la synagogue subit un saccage au cours duquel des livres de prières sont lacérés voire brûlés et d'autres objets de culte endommagés. Des inscriptions racistes en arabe ainsi que des portraits de Yasser Arafat et des drapeaux palestiniens sont également apposés sur les murs2,3. Ce saccage a lieu quelque temps après l'attentat de la Ghriba. Le gouvernement tunisien présente alors ses excuses et fait tout son possible pour remettre en état le bâtiment2. Depuis cet incident, un policier se trouve en poste 24 heures sur 24 devant la synagogue.

"Saccage d’une synagogue à Tunis !

Dans la nuit de jeudi à vendredi 11 avril 2002, la synagogue Keren Yechoua à la Marsa, la banlieue balnéaire de Tunis, a fait l'objet d'un saccage en règle.
Cette synagogue est en général fermée en cette saison, pour n’ouvrir que pendant l'été afin d’accueillir les touristes qui passent leurs vacances en Tunisie.
Vendredi dernier, ce sont pourtant des visiteurs de passage, pour lesquels la synagogue avait été ouverte exceptionnellement, qui ont découvert la profanation. Des visiteurs précédents ont confirmé quant à eux que jeudi matin la synagogue était encore intacte.

Les malfaiteurs sacrilèges on pénétré dans l’édifice en cassant une vitre du côté de la véranda qui donne sur la plage. Ils ont ensuite jeté les livres de prières à terre, déchirant certains et en mettant le feu à d’autres.

Les intrus ont également tenté, mais sans succès, de forcer le verrou de l'arche sainte, qui contient les Rouleaux de la Loi. Sous la Teba (l’estrade centrale sur laquelle officie le ministre du culte), on a retrouvé un ancien rouleau de Thora qu’ils ont lacéré, le rendant inutilisable, avant de le recouvrir d'un drapeau palestinien.

Les Rimonim (accessoires de valeur en argent ouvragé, qui recouvrent les rouleaux de la Thora lorsqu’ils sont sortis de l’arche) ont été jetés au sol, démontrant, si cela était nécessaire, que l'intention des intrus n'était pas le vol.

Sur les murs, les militants judéophobes ont accroché des portraits de Yasser Arafat et ils ont procédé à des inscriptions racistes en langue arabe.

Les responsables communautaires de la Marsa ont prévenu la police locale qui les a priés de ne rien toucher dans la synagogue. Durant les quatre jours qui ont suivi l’incursion, les autorités tunisiennes ont multiplié les démarches afin d’étouffer l’affaire. Ainsi, le gouverneur et le Président Ben Ali ont-ils présenté leurs excuses aux responsables de la communauté juive de Tunis ; en revanche, ils ont exigé leur silence absolu, pendant qu’une équipe municipale nettoyait toutes les traces de l’outrage."

Ce sont des sources indépendantes qui ont fourni à la Mena les témoignages directs de cet incident raciste, alors que nous choisissions de ne pas soumettre les notables juifs au risque de subir les représailles du régime tunisien..."

Source : [tunis-goulette-marsa.blogspot.com]



En 2007, le bâtiment a fêté son 80e anniversaire.


Veranda synagogue de la marsa

Pour en savoir plus :
[fr.wikipedia.org]
Re: TGM
30 juillet 2011, 12:44
chavouah tov Lapid,

merci pout toutes ces belles photos et cette histoire, je ne connais
absoluement pas La Marsa, seulement le SAF-saf car j'y venais enfant
avec mes parents..

voilà ce que l'exode a fait, je ne connais presque rien de mon pays...
heureusement que les harissiens sont là et c'est très bien....
Re: TGM
01 août 2011, 00:25
Merci Lapid.
Aussi bien pour le Saf-Saf que pour la Synagogue.
Ma tante m'envoyait au Saf-Saf remplir la gargoulette qui gardait bien fraiche cette eau au tres bon gout.Ma tante habitait la rue qui menait au Saf-Saf.
Et Comme je l'ai deja dit,je conduisais mon grand-pere a cette syna, et je jouais dans cette belle veranda,avec vue magnifique sur la mer.
Merci Lapid.
Re: TGM
15 octobre 2011, 21:54
Merci Lapid . Quelle belle promenade dans le passé et que de souvenirs. Ces photos sont inestimables . J'avais l'impression de revivre ma jeunesse , sûrement comme beaucoup d'autres de notre génération .
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