LA GOULETTE - ce paradis des grands et des petits

le soleil se couchait on pouvait l apercevoir entre deux immeubles cette grosse boule rouge qui disparaissait tout doucement dans les profondeurs
nous venions de nous lever d une longue sieste l odeur de la mer collait encore sur notre peau nous avoins hate de sortir et rencontrer nos amies
nos robes de cotonade etaient de couleurs ce qui faisait ressortir notre bronzage d ete ells etaient a fleurs ou en vichi ou decorees de nids d abeilles

on ne s eloignait pas, le long des petites ruelles les odeurs de fleurs egayaient nos coeurs une odeur de roses et d eglantines

un vent doux sifflait sur nos visages brules par le soleil mais tellement beaux et de bonne mine
ici les bus ne passaient pas on pouvait voir la caleche au cheval guidee par un italien Umberto ou des grands se plaisaient a faire le tour de la Goulette
sur notre passage on s arraitait prendre un bomboloni ou un paquet de frites salees. nous longions la rue du café vert jusqu a l ancient petit port de la Goulette avec quelques pieces dans nos poches

de nouveau les odeurs se melaient ce qui nous ravivait

jasmins 'feul ' mais grilles{katania} 'tabouna avec les petites olives noires de Grece 'les graines de lin salees {malh ou bnina} 'glibettes ...

nous nous attardions chez le marchand de jouets ambulant poste en face du café vert ils vendaient toutes sortes de bric abrac en jouet ainsi que des fils a scoubidou a ses cotes se trouvait la charette au nougat
les gens au café vert etaient atables avec un cidre ou un café arabe ou the au pignon pour toute une soiree nous savions que nous n avions aucune chance de trouver une place le soir tombe

chacun scrutait l autre tres discretement en faisant un salut de la tete
Presque tout le monde se connaissait plus particulierement les grands les jeunes allaient s assoir contre le mur d en face le café vert que l on nommait ' le mur des lamentations'
le peu d argent de poche que les parents leur remettaient, ils le gardaient pour aller dans une boite de nuit a la Marsa ou alors s atabler pour une brique a l oeuf

passe le café vert , nous observions les gens assis au pas de leur porte sur des chaises longues colorees un jasmin a la main et de l autre leur eventail ils etaient quelques uns habilles de jeuba {djelaba} et de savates {beulgha de peau de chevre}
les restaurants etaient pleins: poisons complets ' entrecote et spaguettis' grillades et chips ou tout simplement une kemia

le temps nous parraissait toujours trop court pendant les vacances et vers la fin c etait d autres odeurs qui faisaient notre joie: cartable et cahiers neufs ainsi que de nouveaux tabliers d ecole

la partie de peche
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c etait avec impatience que j attendais ce moment j en revais la nuit - il etait 4 heures du matin et j avais 4 ans - mes parents me reveillaient
c etait moi qui leur avait demande - tout etait deja pret le couffin et la sacoche remplis de vivres des sandwitchs de toutes sortes ,un petit makoud, de la pasteque et du melon des peches et de la boisson - les fils de peche attendaient trempes toute la nuit dans une bassine d eau pour assouplir le fil

Papa m avait prepare un petit filet enroule sur du liege avec un tout petit plomb et un petit hamecon
sur la route entre la Goulette et Tunis nous nous arretions pour prendre notre petit canot - la mer etait peu agitee et mes parents esperaient de passer une bonne journee ainsi qu une bonne peche - papa tirait sur un fil et faisait demarrer le moteur du canot et tout doucement nous nous eloignons du quai vers les profondeurs de la mer - il faisait encore nuit il n y avait personne

j avais deja faim le repas que Maman avait prepare etait apetissant et je ne voulais pas attendre midi pour manger un petit sandwitch
a la peche il fallait etre serieux surtout ne pas deranger et puis il y avait des techniques a apprendre comme la PAPIATA , c est un fil attache a un baton relie a un hamecon et que l on laissait toute la journee sans le tenir pour attraper du poisson

les appats etaient achete la veille : des petits vers TRIMOULINYA enveloppes dans une algue , des couteaux , des petites crevettes GUAMBRI
un gros vers TOBOU garde dans une petite bouteille et dans la jounee des petits poissons servaient d appats comme le goujon , le petit maquereau - pour attraper le poisson- serre pedant que le canot flottait ou de gros poisons comme la" gueulaya" , le merou , celui ci il etait remontait avec le filet de peche car il etait trop lourd , et bien sur une pate prepare avec du pain et de l eau, mon pere y rajoutait une goutte d anisette ou du fromage il disait que les poisons aimaient bien : les mulets surtout, la canne a peche etait reserve a Papa et Maman le loup { le bar} n etait pas facile a attraper il ne possede pas de dents et lorsqu il se sent piege a l hamecon il fait une galipette et coupe le fil avec son opercule { au niveau des branchies } donc pour l avoir il faut sutout pas tirer sur le fil mais le laisser avaler une grande quantite de fil et ainsi le fatiguer

la petite boite verte renfermait toutes sortes d hamecons et de plombs

mon appat c etait la TRIMOULINYA je ressens encore cette sensation lorsque le poisson mordait a l appat et hop j avais appris plus tard a connaitre la maniere de le remonter, la plupart c etaient des sparlottes ca ressemblait a de petites daurades il y avait aussi des marbrets des daurades et des petits mulets -je ne m en lassait pas ensuite maman me faisait plonger avec elle en profondeur

nous quittions vers les 2 heures de l apres midi sans retourner bredouille , le vivier etait plein et dans l attente deja d une nouvelle partie de peche

aujourdhui les souvenirs me reviennent en regardant la petite boite verte, les hamecons les plombs ainsi que les fils sont toujours la
je n ai donne que les cannes a peche

la partie de peche - suite
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PAPIATA : c etait la facon dont le bouchon bougeait en continu et ensuite plongeait tout d un coup , au bout du fil c etait une seufraya , de la famille des mulets avec une tache jaune sur l opercule

Le mois dernier, mai 2016, je suis partie me promener à Tunis, voir et sentir ce qui avait fasciné mon enfance, non seulement à Mutuelleville et au lycée Armand Fallière,s mais à La Goulette, bien sûr ....je me souvenais des longues tablées familiales chez Bichi, - les enfants à une table à part, quel luxe ! - l'odeur appétissante du poisson grillée, la méchouia trop épicée, et surtout le spectacle de la rue où les familles déambulaient, pour voir et être vu. Le temps des rires et de l'insouciance...
Cette fois, le temps avait passé, mais l'ambiance était la même : chaleureuse, des serveurs appliqués àes vous faire plaisir, vous faisant choisir les meilleurs morceux, vous apportant la méchouia en attendant la cuisson et surtout les grandes tablées de familles tunisiennes, présidées par le pater familias, les fils et belles-filles, les enfants petits et grands, sans doute venus célébrer un anniversaire ou conclure une journée de travail qui avait empéché les mères de cuisiner. Un vrai bonheur de voir ainsi la traduiion perpétrée... J'y reviendai, sûrement. Simone Darmon-Manceau