Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

L'Héritage de Manitou

Envoyé par jero 
L'Héritage de Manitou
20 novembre 2006, 09:56
L'Héritage de Manitou

- Témoignages -

Enquête réalisée par Nathalie Szerman pour © ISRAEL MAGAZINE

Le 29 octobre 2006, nous avons commémoré les dix ans de la disparition du Rav Léon Yehouda Askénazi, dit Manitou. Son érudition dans les domaines religieux et profane, sa précision de langage, son humour, sa distinction, lui ont conféré un rayonnement inégalé au sein de la communauté juive francophone. Ceux qui ont eu le privilège d'assister à ses cours se souviennent de ses grandes mains qui traduisaient le mouvement de sa pensée, de sa recherche assidue du terme exact, aidé de son auditoire. Il serait tentant de mythifier Manitou, qui a su insuffler la vie aux versets de la Torah et rappeler la dimension historique et religieuse du retour des exilés sur la Terre d'Israël. Mais son enseignement nous interdit toute mythification. Il disait d'ailleurs : "Méfiez-vous de ceux qui parlent au nom de Dieu." Manitou, dont l'exigence de rigueur était telle qu'il n'était jamais satisfait de la transcription pourtant littérale de ses conférences par ses élèves, n'aurait sans doute pas apprécié qu'on le fasse parler post-mortem. C'est pourquoi nous avons préféré recueillir les témoignages de ses proches et de ses plus fidèles disciples. En hommage aussi à cette autre petite phrase de Manitou : "Le peuple juif n'est pas le peuple du Livre mais de la parole."

Témoignages

Chercher la mémoire de Manitou parmi les vivants me conduit à contacter ses disciples et sa famille. J'ai parcouru tout Jérusalem à la poursuite des uns et des autres car, logiquement, c'est ici que se trouve la plupart d'entre eux. Yehouda Nakache a enregistré, inlassablement, ses cours depuis les années 60. Son travail a servi de base aux ouvrages et aux transcriptions réalisées ultérieurement par d'autres. Marcel Goldman a rassemblé dans les deux tomes de La Parole et l'écrit les articles de Manitou. Michel Koginsky a pour sa part réalisé un album regroupant des textes et des photos de Manitou. Les rabbins Pierre Simsovic et Ouri Cherki dispensent un enseignement fidèle à la pensée de Manitou, et Itaï Askénazi, petit-fils de Manitou, s'occupe de site de la Fondation Manitou, grâce auquel il adapte l'enseignement de son grand-père au public israélien de sa génération. Pour ne citer que ceux-là, car d'autres aussi s'efforcent de transmettre la lumière de Manitou au monde qui les entoure.

Les disciples témoignent

C'est vers le célèbre orientaliste Eliezer Cherki, dont le Rav Marc Kujawski nous dit qu'il est "probablement le disciple le plus fidèle de Manitou", que le Rav Léon Askénazi s'est tourné les derniers jours de sa vie, pour lui demander de l'aider à transcrire ses idées. Pourquoi lui ? Modestement, Eliezer Cherki répond : "Je ne sais pas. Peut-être à cause de la proximité [ndlr : sa famille connaissait celle de Manitou déjà en Algérie]. Je l'aidais à trouver le mot juste. Il craignait déjà que sa pensée ne soit déformée par ses disciples."

A Paris, puis en Israël, Eliezer Cherki a suivi les cours du Rav Léon Askénazi, dont il se souvient qu'ils étaient "gratuits et ouverts à tous, ce qui ne va pas de soi aujourd'hui." Il se remémore ainsi l'enseignement du Rav Léon Askénazi : "Manitou abordait chaque sujet sous la forme d'une question essentielle. Chacun recevait son enseignement comme s'il lui était personnellement destiné. Manitou était à la fois très éloigné et très proche de nous." Et d'approfondir : "Il faut savoir être proche des Sages tout en se méfiant de leur flamme qui brûle. Manitou, dont le rayonnement était intense, avait conscience de sa capacité à brûler. Il préservait la dignité de ses élèves."

Par la suite, le Rav Léon Askénazi a invité plusieurs fois Eliezer Cherki à donner des conférences sur l'islam au Centre Yaïr : "Manitou assistait aux conférences quand il pouvait. Il intervenait et entamait un dialogue. Ces conférences devenaient un événement. Il analysait le christianisme et l'islam à travers la typologie d'Esaü et d'Ismaël. Manitou soulignait que le monde d'Ismaël n'a pas encore fait le saut de la liberté humaine dans l'histoire. Il disait que ce n'était pas un hasard si les musulmans avaient choisi le vendredi comme jour saint, sixième jour de la semaine, car le créateur cesse d'intervenir le shabbat pour laisser la place à l'intervention humaine dans l'histoire. Entrer dans le septième jour, c'est découvrir le rôle de l'Homme dans l'histoire."

Le rabbin Ouri Cherki, petit frère d'Eliezer, dispense aujourd'hui, en français et en hébreu, des cours au Mahon Meir, à Jérusalem, et dans le cadre du Centre Meir d'études juives, qui a ouvert ses portes début novembre 2006. Ouri Cherki a lui aussi enseigné au Centre Yaïr, dont il a repris, sept ans après le décès de Manitou, la direction pendant un an. D'après lui, Manitou "exprimait la pensée ancestrale en termes de culture générale sans tomber dans l'académisme. En cela, il a créé un nouveau langage permettant à une oreille contemporaine de comprendre le langage des ancêtres." Ouri Cherki remarque un "nouvel intérêt en Israël pour la pensée juive originaire de France. C'est la seule pensée juive capable de se mesurer au discours philosophique. Elle est source de 'kavod hadat', selon l'expression du Rav Kook : de respectabilité de la Torah."

Michel Koginsky, pédiatre de profession, vit aujourd'hui en Israël "grâce à Manitou." Il a réalisé sur son maître un album intitulé Un Hébreu d'origine juive. Ayant assisté au dernier cours de Manitou au Centre Yaïr, il se rappelle : "Il était venu accompagné de son gendre médecin, avec un ballon d'oxygène et un micro. Parler représentait un effort physique important. Chaque mot avait son poids." Un nouveau livre intitulé Les Définitions hébraïques de Manitou sortira prochainement, pour les 10 ans de sa disparition. Il regroupe près de 300 définitions d'expressions-clé de Manitou.

Yonite Pariente est une ancienne élève de Manitou, venue un an étudier le judaïsme en Israël dans le cadre de Mayanot et qui a trouvé cohérent de rester construire sa vie sur place. Elle témoigne avec émotion : "Manitou voulait sortir les jeunes de l'assimilation sans les uniformiser, en respectant l'individualité de chacun. Il voulait les ramener à leur identité hébraïque originelle. Pour cela, les Juifs devaient revenir sur leur terre." Manitou disait en effet que les Hébreux, "Ivriim" en hébreu, étaient ceux qui avaient traversé la mer, "Avar Yam" (même racine en hébreu).

Pierre Simsovic est aujourd'hui considéré comme le disciple "officiel" de Manitou. Il l'a connu en classe de Terminale à Yavné, où Manitou enseignait la philosophie, au début des années 1960. Pierre eut le sentiment en l'écoutant que ses connaissances "s'ordonnaient comme les pièces d'un puzzle."

Manitou avait une idée précise de la transmission, rapporte le Rav Simsovic : "Pour lui, l'important n'était pas la technique ou la méthode de l'enseignant, mais l'authenticité de son message. Elle seule garantit la réceptivité de l'élève. Il disait en outre que l'enseignement ne se fait pas de bouche à oreille, mais de bouche à bouche, car l'oreille n'entend pas toujours ce que la bouche dit, mais la bouche de l'élève répète les paroles de la bouche du maître."

La famille témoigne

Si les anciens élèves de Manitou parlent aisément de leur maître défunt, les membres de sa famille se montrent plus réservés, et leur témoignage en est d'autant plus précieux. David Askénazi, dont on ne manque pas de remarquer la ressemblance physique avec son père, œuvre tout en discrétion pour transmettre l'héritage de Manitou, sur lequel il ne s'est vraiment penché qu'après sa disparition, avec l'aide du rabbin Pierre Simsovic ; celui-ci lui a consacré "un nombre incalculable d'heures de cours". Manitou n'était en effet pas le plus présent des pères: "Il était très pris par ses conférences. Les vacances s'écoulaient entre ma mère et mes frères et sœurs, en Bretagne, dans une villa louée au bord de la mer. Mon père nous rejoignait en fin de semaine." Ce qui est déterminant dans l'héritage de son père ? David pèse ses mots : "L'optimisme, la possibilité de changer les choses, la vision d'un monde essentiellement moral."

Ariane Pivko, la sœur de David Askénazi, raconte : "Mon père m'avait une fois emmenée au Cameroun avec lui. Il rendait chaque année visite au président du Cameroun, qui avait entendu parler de Manitou par son médecin. Manitou avait contacté le ministère israélien des affaires étrangères, qui s'était déclaré intéressé par un rapprochement entre le Cameroun et Israël. Mon père y contribuait activement." Israël Pivko, le mari d'Ariane, participe aujourd'hui au travail de la Fondation Manitou et dispense des cours de pensée juive dans la droite lignée de son beau-père.

Le petit frère de Manitou, Daniel Askénazi, est un ancien professeur d'anglais sec et vigoureux, dont la démarche rappelle celle de son aîné. Il m'apprend que Manitou était aussi un artiste : "Il chantait remarquablement bien. Il est d'ailleurs possible de télécharger sur Internet un choeur des frères Askénazi." Manitou a en outre écrit quelques poèmes (voir encadré) dont certains ont été repris par les EIFs. Mais pour Daniel, Manitou était avant tout un éducateur : "Il savait rassembler les gens autour de lui, n'était pas 'que' philosophe !"

Manitou aujourd'hui

C'est toutefois Itaï Askénazi, petit-fils de Manitou, qui représente la rencontre la plus déterminante. "Vous verrez," m'avait prévenue Eliezer Cherki, "il ressemble de façon frappante à Manitou jeune". C'est en effet exactement le même regard, la même intensité, que sur les photos de Manitou à son âge. Mais Itaï n'est pas un Juif de diaspora ; c'est l'Hébreu tel que le rêvait le Rav Léon Askénazi. Itai vit aujourd'hui dans l'appartement occupé par son grand-père jusqu'à sa mort. C'est en ce lieu qu'il me parle longuement de son travail pour la Fondation Manitou

Ce jeune Israélien, papa depuis peu, porte une large kippa tricotée et joue du didjeridoo (instrument à vent aborigène). Comme tant d'Israéliens de sa génération, il est allé chercher la spiritualité en Extrême-Orient (Inde et Japon dans son cas) avant de découvrir, de retour chez lui, l'héritage de son propre grand-père. "Je me suis mis à écouter les cassettes de ses cours et j'ai reçu un choc. Il répondait à mes interrogations. La supériorité de son message sur le bouddhisme réside dans la possibilité de modifier le monde. Le rêve d'enfant de créer un monde meilleur s'avérait possible. Manitou est en outre très universaliste, tout en demeurant très juif. C'est son aspect universaliste qui m'a interpellé et qui aura raison des réticences des Israéliens de ma génération."

Il commence par faire passer les cassettes consciencieusement enregistrées par Yehouda Nakache sur MP3. Puis il ressent le besoin de partager le message de Manitou avec ses compatriotes israéliens : "Je me suis mis à traduire en hébreu les cours de mon grand-père." Les difficultés du passage à l'hébreu ne manquent pas : "La première étape consiste à comprendre parfaitement ce que dit Manitou, qui fait d'innombrables allusions à la culture française, en plus de jeux de mots ! Ses disciples m'aident à les décrypter. Dans ses cours, il pense la Torah pour un public français. J'essaie de retourner à l'essence hébraïque de son message sans perdre ce que le français y a ajouté. Je dois aussi tenir compte du fait que la génération israélienne actuelle est différente de celle des Juifs francophones à laquelle s'adressait mon grand-père. Il me tient à cœur de rendre son message pertinent pour ma génération." Comment fait-il, concrètement, pour répondre à toutes ses exigences ? "Je traduis pour moi-même. Si je suis satisfait du résultat, on peut espérer que les Israéliens de ma génération le seront aussi." Ces cours en hébreu sont consultables sur le site de la Fondation Manitou, régulièrement actualisé : [www.manitou.org.il] .

Nathalie Szerman pour © ISRAEL MAGAZINE
Manitou, mon frère, mon maître
19 mai 2007, 01:56
Manitou, mon frère, mon maître
25 octobre, 2006


Daniel Askénazi est le frère de Manitou. Pour le Jerusalem Post édition française, il raconte quelques aspects de sa jeunesse et la genèse de sa pensée

Sa famille

J'ai neuf ans de moins que Manitou. Je suis né en 1931 et lui en 1922. Nous étions six enfants, trois filles et trois garçons. Manitou était le cadet. Mon père était le grand rabbin d'Oran. Nous avions un grand oncle rabbin, Yehouda Ben Aïch ; le père de ma mère, Haïm Touboul était aussi rabbin. Ma mère était une des rares personnes en Algérie qui avait étudié le Talmud. Son père le lui avait enseigné. Elle connaissait très bien le rite oranais et chantait très bien. Son père estimait qu'il fallait enseigner aussi aux femmes.

Sa scolarité

Nous étions élèves au lycée français d'Oran mais lorsque le gouvernement de Vichy est arrivé au pouvoir, nous en avons été expulsés. Les enseignant juifs ont créé des écoles pour les enfants juifs afin qu'ils puissent poursuivre leur scolarité mais les jeunes en âge de faire leur service étaient envoyés dans un camp de travail. C'est le cas de Manitou qui a été envoyé au camp de travail de Bedeau. Puis il a été intégré au sein des forces françaises libres. Il occupait la fonction d'aumônier, il organisait les fêtes pour les soldats juifs.


La confrontation entre judaïsme et culture occidentale

Mon père tenait absolument à ce que nous allions au lycée. Pour les Juifs, la venue de la France en Algérie et l'école publique étaient des moyens de s'élever socialement. Très tôt nous avons donc été confrontés à une opposition entre une vie familiale, fondée sur la tradition juive, et la vie au lycée où on nous enseignait les sciences et la culture française. Nous étions en plein milieu du xxe siècle, c'était une époque où beaucoup de Juifs considéraient le judaïsme comme quelque chose de dépassé. C'était la raison qui primait. Après la guerre, Manitou est parti étudier à Alger puis à l'école d'Orsay que dirigeait alors Robert Gamzon. Mais il revenait souvent à Oran et ce qu'il nous apprenait était très nouveau pour nous. Je me souviens qu'un de nos cousins, qui enseignait la philosophie, nous disait : "Si la religion est un enseignement moral, en quoi manger cachère est-il moral ?" C'est exactement le genre de questions auxquelles Manitou savait répondre. Il nous enseignait à Orsay en quoi le judaïsme n'était pas seulement une morale au sens strict de la philosophie mais aussi toute une conception de la vie. Cela nous apportait énormément.

Je ne me rappelle pas que Manitou ait jamais douté du judaïsme. On parlait de tous les problèmes à la maison mais il n'y avait pas de remise en question. D'ailleurs ce qu'enseignait Manitou, c'était la sagesse de la foi. Il avait l'intuition d'une vérité et il voyait une contradiction entre la manière dont le monde présentait le judaïsme et celui que nous vivions à la maison. Il avait une grande puissance intellectuelle et une grande faculté d'assimilation des connaissances. Ayant eu cette expérience du judaïsme algérien, il a entrepris la tâche essentielle de formuler dans un langage universitaire de très haut niveau les valeurs d'un judaïsme authentique.

L'influence paternelle

Manitou avait des échanges constants avec mon père. Comme beaucoup de rabbins de cette époque mon père avait une profonde connaissance des textes. La manière de trancher sur les questions de Halakha était très différente de ce que pratiquent les ultraorthodoxes. C'était un judaïsme joyeux et ouvert. Il y avait cette idée que le rabbin était le rabbin de toute la communauté et pas seulement de ses disciples. Il n'y avait d'ailleurs pas de courants libéraux ou conservateurs. Chacun avait sa sensibilité mais il pouvait trouver sa place au sein de la communauté. De même Manitou avait un enseignement ouvert qui lui permettait d'avancer dans l'étude et de se mesurer à toutes les questions qui se posent à l'homme.

Le refus du ghetto

La tentation du repli sur soi s'est surtout développée face à la culture occidentale. Le judaïsme séfarade, lui, a toujours assumé cette confrontation. Comme l'a par exemple fait Maïmonide. La Michna d'ailleurs nous enjoint de savoir répondre aux incroyants. Il n'y a aucune tradition de fermeture chez nous. Il faut dire que les Ashkénazes étaient confrontés aux pogroms et aux prosélytisme chrétien. Chez nous, s'il y avait un prosélytisme chrétien, surtout à destination des plus pauvres, le prosélytisme musulman n'existait pas. Selon moi, ce prosélytisme musulman tel qu'on le voit actuellement se développer en France est un phénomène nouveau.

L'amour d'Israël

La création de l'Etat d'Israël, en 1948, a eu un très grand impact chez nous. Nous accueillions constamment des chli'him qui venaient d'Israël pour réunir de l'argent. Beaucoup de gens à Oran achetaient des terrains en Israël ou une place dans un cimetière. En tant que responsable de la communauté, mon père les encourageait. Son adjoint, le rav Samuel Cohen, était président de la section régionale de la fédération sioniste.

Nous considérions qu'un rabbin ne peut pas être antisioniste. Manitou disait souvent que tous les grands maîtres de la Kabbale du xixe siècle étaient montés en Israël. La question de l'aliya s'est posée pour lui dès la création de l'Etat d'Israël. Mais mon père, qui était conscient de ses grandes qualités pédagogiques, lui a demandé de s'occuper du judaïsme francophone. Plus tard, il m'a dit qu'il avait regretté de ne pas être monté plus tôt mais le travail qu'il a fait en France a été très important pour la communauté.

A partir du milieu des années 1950, il emmenait régulièrement des anciens d'Orsay en Israël. C'est à cette époque qu'il a fait la connaissance du rav Tsvi Yehouda Kook dont il est devenu l'élève par la suite. Le sionisme était toujours présent dans son esprit. Il racontait qu'il avait souvent demandé au rav Kook s'il devait faire son aliya. Le rav ne lui répondait jamais. Mais lorsqu'il est monté en Israël, après la guerre des Six Jours, le rav lui a dit : "Tu en as mis du temps !"

Un frère et un maître

A mon avis, trois personnalités ont marqué le judaïsme français d'après-guerre : Emmanuel Lévinas, André Neher et mon frère. J'étais un de ses élèves les plus assidus. C'était mon frère mais c'était aussi mon maître. C'est une relation particulière et pas toujours facile. Mais j'ai trouvé dans son enseignement les réponses à toutes les questions que je me posais. Il nous montrait comment le judaïsme traditionnel nous permet de se mesurer avec les problèmes que nous rencontrons dans le monde moderne. C'est aussi lui qui m'a ouvert la voie pour l'aliya ; je suis monté un an après lui, en 1969. Mes parents n'ont jamais fait leur aliya mais par la suite, mon père, le grand rabbin David Askénazi, est venu plusieurs fois en Eretz.

Son caractère bien trempé

Les gens qui ont une très grande personnalité ont aussi une très grande sensibilité. Et cela s'exprime aussi dans les rapports sociaux. Quand quelque chose ne correspondait pas à sa conception d'une certaine culture du débat, il réagissait vigoureusement. Par exemple il ne supportait pas les gens qui manquaient de savoir-vivre, les gens qui manquaient de politesse dans la manière de poser une question. Cela ne correspondait pas à l'ambiance qu'il voulait donner à ses cours. En revanche, il avait beaucoup de patience pour les gens qui ne partageaient pas ses opinions. Il plaçait les relations humaines à une niveau très élevé.

Il avait aussi beaucoup d'humour. Aujourd'hui j'entends encore des gens me répéter des plaisanteries qu'ils avaient entendues lors de ses cours. Manitou disait qu'il fallait se méfier d'un rabbin qui n'avait pas d'humour. Il considérait que c'était un bon moyen pour faire passer des vérités parfois difficiles à entendre.
Souvenirs de Manitou
19 août 2007, 13:10
Pour en savoir plus sur Manitou se referer a La Fondation Manitou :

url : [www.manitou.org.il]

Nous avons eu l'honneur en 1968-1969 de cotoyer a Natanya presque tous les jours Manitou qui venait de faire son Alya en meme temps que nous. Directeur des classes de Preparation au Bac francais specialement crees par le Minhal Hastoudentim (Departement des etudiants Olim pour l'Enseignement Secondaire et superieur) ou il y avait trois sections : Mathematiques Elementaires, Sciences Experimentales et Philosophie. Il y avait pres de 100 eleves au total. Le taux de reussite au Bac fut bon : 100% en "Maths Elem." , 83% en Philo et 73% environ en "Sciences Ex.". Manitou avec Avraham Livni (L'auteur de l'excellent livre "Le Retour d'Israël et l'espérance du monde") etaient responsables des cours de Philo tandis que moi-meme etait charge de l'enseignement des Maths en Maths Elem. et Philo ainsi que de la Physique et Chimie en Sciences Ex. Ma femme enseignait l'Anglais aux trois sections. Ce fut une experience enrichissante pour notre premiere annee en Israel. En plus,nous avons eu le privilege de suivre regulierement les cours de Torah , de Talmud et de Judaisme en general sous la direction de Manitou. J'aurais l'occasion par ailleurs de parler de cette premiere annee d'Alya dont j'ai garde un tres bon souvenir.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved